Prévention de l'imprégnation par le plomb chez l'enfant : apport des nouvelles données de surveillance 29 avril 2011 Philippe Bretin, Anne Etchevers, Camille Lecoffre, Yann Le Strat, Marie-Laure Bidondo, Alain Le Tertre
Le saturnisme chez l’enfant –Intoxication avec symptômes non spécifiques –Existence d’un biomarqueur d’exposition : la plombémie –Liens connus plombémie – effets santé –Dépistage basé sur questionnaire aux parents + prescription plombémie –Cas de saturnisme chez l’enfant = plombémie ≥ 100 µg/L = seuil d’intervention –Pas de seuil connu aux effets délétères du plomb –Publications récentes réévaluent le danger du plomb aux faibles doses
Surveillance de l’activité de dépistage Par l’InVS, à partir de 1995 Objectifs principaux : –Décrire les activités de dépistage –Quantifier et connaitre les caractéristiques des cas Méthode : –Renseignement d’une fiche d’information pour chaque plombémie prescrite et enregistrement par CAPTV –Listings fournis aux CAPTV par les laboratoires doseurs –Notification des cas déclarés (ARS)
Incidence annuelle du saturnisme chez l’enfant de 1995 à 2009
Activité de dépistage du saturnisme chez l’enfant de 1995 à 2009
Taux de cas de saturnisme parmi les enfants bénéficiant d’une première plombémie
Enquête de prévalence du saturnisme chez l’enfant Saturn-Inf Objectifs –Estimer la prévalence du saturnisme au niveau national –Estimer la distribution des plombémies par région administrative –Etudier les déterminants de la plombémie Méthodes –Enquête transversale en milieu hospitalier (143 services) –France métropolitaine + Guadeloupe + Martinique + Réunion –3831 enfants de 6 mois à 6 ans inclus
Enquête de prévalence du saturnisme chez l’enfant Résultats Forte diminution de la prévalence du saturnisme : –0,11% [0,02-0,21] chez les 1-6 ans (n=4331) –2,1% [1,6 -2,6] (n=84 000) en Diminution générale de l’imprégnation au plomb: –moyenne géométrique 15 µg/L (versus 36 µg/L) –percentile 95 : 34,5 µg/L
Enquête de prévalence du saturnisme chez l’enfant Moyennes géométriques régionales
Enquête de prévalence du saturnisme chez l’enfant Déterminants des plombémies moyennes
Interprétation des nouvelles données Comment expliquer la baisse d’imprégnation en population générale ? –Les facteurs de risque d’exposition classiques subsistent –Fréquence et intensité de l’exposition en diminution –Ce que l’on sait de l’évolution des sources : Suppression essence au plomb (1 er janvier 2000) Diminution plomb dans l’alimentation (Leblanc 2004) Amélioration en continu de l’habitat, démolition de logements anciens Traitement des eaux potables pour les rendre non corrosives (réglementation) Remplacement de canalisations de branchement en plomb Comment expliquer la chute du rendement du dépistage ? –Effet de la diminution générale de l’imprégnation –Actions de lutte contre l’habitat indigne ciblées sur zones de dépistage
Implications sur le dépistage Il reste des cas de saturnisme –L’activité de dépistage en identifie actuellement 250/an –L’enquête de prévalence les estime à 4400 chez les 1-6 ans en France métropolitaine –Une enquête en population générale peut sous estimer le nombre de cas (forte hétérogénéité spatiale du saturnisme chez l’enfant) Les critères de repérage individuel des facteurs de risque (guide DGS 2006) sont bons –Liés à la plombémie dans enquête prévalence –Prévalence du saturnisme chez les enfants de 1-6 ans ayant bénéficié d’une plombémie en fois plus élevée qu’en population générale –Ajouter une question sur l’usage de khôl et de céramiques artisanales Mais de plus en plus difficile de trouver des enfants intoxiqués : –abandonner l’appel au repérage systématique des facteurs de risque par tous les praticiens –concentrer le dépistage chez des praticiens ayant une clientèle à risque –mettre en place les outils nécessaires pour cibler les praticiens concernés
Implications sur la prévention primaire Il reste des sous-populations fortement surexposées pour lesquelles des actions spécifiques doivent être conduites: –Poursuivre la lutte contre l’habitat indigne –Informer les familles ayant des pratiques à risque (Khôl, céramiques artisanales) Le plomb ayant des effets sans seuil, les gains en matière de santé publique sont principalement à attendre d’une réduction globale de l’imprégnation de la population –Poursuivre les actions engagées pour diminuer les expositions (repérage des peintures au plomb, suppression des canalisations de branchement en plomb)
Implications sur la prévention primaire : faut-il aller plus loin ? Réévaluation récente du danger du plomb : nouveaux objectifs Pistes de réduction : –Apport alimentaire = imprégnation de fond –Etre plus strict dans la gestion du risque en habitat ancien (entreprises, bricoleurs) –Elaborer un plan d’action pour la suppression des canalisations intérieures en plomb –Reprendre le repérage des sites pollués par le plomb –Restreindre les usages du plomb dans les produits de consommation Nécessité d’un consensus sur les relations dose-effet Nécessité d’introduire des données économiques dans les décisions
Remerciements Partenaires de la surveillance du dépistage du saturnisme chez l’enfant –Médecins déclarants –Centres antipoison et de toxicovigilance (CAPTV) –Agences régionales de santé (ARS) –Laboratoires d’analyse de la plombémie Partenaires de l’enquête nationale de prévalence du saturnisme (Saturn-Inf) –Société française de pédiatrie (SFP) –Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) –Agence nationale de l’habitat (Anah) –Association scientifique et technique pour l’eau et l’environnement (Astee) Financement : Direction générale de la santé