Les composants essentiels du récit. Séance du 13 avril 2012
Les « ingrédients » des récits médiatiques Raconter une histoire, c’est réduire du temps, une durée longue sur laquelle l’homme n’a pas de prise, en une temporalité narrative. Cette saisie temporelle propre au récit permet de donner sens à ces histoires, de créer des identités narratives. Raconter, c’est donner à voir des personnages. Raconter, c’est opérer des choix stylistiques : modes d’énonciation, alternance des scènes…
Temps et récit Genette La logique temporelle du récit le différencie d’une simple saisie du réel (ordre, durée, fréquence). Ricœur Les récits ont la capacité de rendre intelligible un temps qui, sans cela, serait indéterminé et non signifiant.
Temps et récit médiatique 1. Temps et médias Les événements prennent sens dans leur appropriation et leur interprétation par les grands systèmes de médiation. Les représentations du public sont désormais presqu’autant construites par les récits médiatiques que par la fiction ; Le système médiatique organise notre rapport au réel, c’est à travers ce filtre que le monde prend/fait sens.
Temps et récit médiatique Deux phénomènes : Accélération du temps (de production et de réception de l’information) L’événement « doit » être rapporté en direct, pendant qu’il se déroule. La saisie brute des informations ne laisse pas de temps à la reconstruction, à la reconfiguration. Interactivité (images de synthèse)
Temps et récit médiatique 2. Temps, médias et contenus Contenus événementiels/logique de flux tendu Si la fonction première de la presse est d’organiser le « chaos événementiel » en récit journalistique séquencé… Contenus « mythiques » et temps cyclique … la presse a aussi pour fonction de nourrir l’imaginaire de son public : Ex : les faits divers, les aventures sentimentales des stars sont des récits qui échappent à la logique du flux tendu pour rejoindre le temps cyclique du mythe.
Temps et récit médiatique 3. Temps, médias et supports Les différents médias n’ont pas le même rapport à la temporalité : Magazine hebdomadaire Presse quotidienne Radio et télévision Internet
Personne réelle et personnage 1. Dans le roman Un personnage est un être de papier (≠ personne) Un personnage se définit par son nom (attentes), ses attributs (traits physiques, psychologiques, etc.), ses actions et ses paroles, son devenir. Un personnage favorise l’investissement du lecteur dans le récit.
Personne réelle et personnage médiatique 2. Dans les médias Glissement de la personne au personnage Les personnalités politiques, les stars, ne sont connues du public qu’à travers les récits des médias. Or les personnages servent de fils conducteurs au récit Incidence de la construction narrative du récit médiatique dans la construction des représentations que le public se fait de ces événements. Les rapports affectifs ou pulsionnels aux personnages construisent notre rapport au monde.
Personne réelle et personnage médiatique Le conflit est inscrit dans le récit, et les personnages se construisent selon une logique d’opposition. Il existe trois types de personnages dans le récit médiatique : Les acteurs du conflit Le(s) médiateur(s) Les groupes d’anonymes.
Personne réelle et personnage médiatique Les acteurs des conflits Focalisation sur les leaders (politiques, militaires) Personnalisation forte Accentuation des antagonismes autour d’un axe simple : « bon/mauvais » ; « démocratie/dictature ».
Personne réelle et personnage médiatique Les personnages monstrueux : du fait divers au fait de société La figure du monstre, seule manière de dire l’innommable Figure angélique ≠ antagoniste diabolique
La figure du monstre « La haine », Le Point, 22 mars 2012 Narration et description : focalisation avec les victimes et leurs familles (nommées précisément) Narration contemporaine et ultérieure Personnage : pas d’antagoniste identifiable (nom, environnement, auxiliaires) « Le tueur au scooter », « l’inconnu », « l’assassin », « un criminel ». Focalisation sur les armes (un colt 45, un pistolet- mitrailleur ) et le véhicule (un scooter T Max)
La figure du monstre « La haine », Le Point, 22 mars 2012 Jugement Incompréhension (« pourquoi ? ») Motifs (« piste islamiste ») Inscription de l’assassin dans des séries criminelles « ils ont semé la mort ». Enjeux moral et éthique : réaffirmation du contrat social et du vivre ensemble harmonieux dans la diversité confessionnelle La haine ≠ le chagrin, l’effroi, la paix