L’évaluation dans le supérieur Quoi? Comment? La pertinence de l’évaluation ? Vincent Carette Université Libre de Bruxelles
A. Que dit la littérature sur l’évaluation dans le supérieur ?
1. Que sait-on des acquis des élèves? Peu de choses… - Les acquis des étudiants ne sont pas suffisament explicités, identifiés, répertoriés - Les acquis majeurs, aux yeux des étudiants et du monde du travail, ne seraient pas ceux qui sont au cœur des examens traditionnels - Si l’enseignement supérieur recentrait ses pratiques d’évaluation sur ces acquis professionnels, on peut émettre l’hypothèse qu’elle parviendrait à les développer davantage.
2. Pourquoi sait-on si peu de choses sur les pratiques d’évaluation des acquis dans l’enseignement supérieur ? Hypothèses : Des pratiques d’évaluation peu standardisées : - une longue tradition de la « liberté académique ». - une grande diversité de conceptions de l’évaluation Une évaluation normative qui ne de fonde pas sur des objectifs explicites de formation Un manque de validité et de fidélité des épreuves.
3. Pourquoi devrait-on en savoir davantage? Pour les étudiants : - un déficit d’équité - la motivation des étudiants et leur engagement dans un apprentissage en profondeur semblent être favorisés par la transparence de l’évaluation. - Le manque de clarification de critères peut être tenu pour un des facteurs qui entrave la démocratisation de l’accès et de la réussite au supérieur. - Le manque de repères quant aux objectifs à atteindre peuvent conduire les étudiants à éprouver des difficultés à orienter leurs pratiques d’étude et à déterminer ce qu’ils doivent mettre en œuvre pour réussir.
B. Comment améliorer les pratiques d’évaluation des acquis dans la supérieur ?
L’évaluation dans le supérieur Quoi ? Comment? Pour répondre à ces questions, il faut également poser la question du Pourquoi?
Evaluation diagnostique
Diagnostiquer quoi? Quels sont les savoirs dans l’enseignement supérieur? Ils se présentent sous la forme de « textes » - pratiques « sources » - pratiques « cibles » Objectif : amener les élèves à « mobiliser » leurs acquis au regard de ces deux pratiques.
Diagnostiquer quoi? Ces exigences rejoignent la notion de compétences - que l’on retrouve dans la formation initiale - qui est une exigence du monde du travail
Evaluer comment? (Warren Pipper) (1994), trois manières de mesurer les acquis des étudiants dans l’enseignement supérieur. - à partir des performances que l’étudiant produit dans des conditions standardisées d’examen (examens écrits, oraux, par QCM, en laboratoires,…) - - à partir des performances que l’étudiant produit en dehors de conditions standardisées d’examen (essai, dissertation, travaux, rapports, compte rendu d’expériences) - à partir des rapports que des personnes extérieures ont rédigés à propos des performances de l’étudiant (maître de stage, tuteur.)
Evaluer comment? 4 conditions Premiere condition : Il faut présenter aux étudiants des tâches complexes, c’est-à-dire des tâches qui demandent pour les résoudre le choix et la combinaison d’un ensemble de concepts et de procédures appris. Deuxième condition : Il faut présenter aux étudiants des tâches inédites, c’est-à-dire des tâches que les étudiants n’ont jamais rencontrée.
Evaluer comment? Troisième condition : Il faut que les étudiants maîtrisent effectivement les procédures nécessaires à la réalisation de la tâche. Quatrième condition : Il faudrait que l’épreuve puisse aider l’enseignant à réaliser un diagnostic.
Evaluer comment ? Exemple : Formation d’instituteur : cours de pédagogie Concepts étudiés : évaluation formative, pédagogie différenciée, pédagogie du projet, constructivisme. Examen oral : Situation : Vous êtes amenés à organiser une réunion de parents durant laquelle vous exposez votre manière d’organiser les apprentissages. Un parent, légèrement irrité, prend la parole et vous interpelle sur le manque, à ses yeux, d’exercices systématiques réalisés par les élèves en classe. Comment réagissez-vous? - Si difficulté de l’étudiant à répondre à cette question, possibilité de l’interroger directement sur les concepts Cette démarche permet de faire un diagnostic.
Les limites de ce type d’évaluation… validité et fidélité… pertinence: La pertinence est le caractère plus ou moins approprié de l'épreuve, selon qu'elle s'inscrit dans la ligne des objectifs visés » (De Ketele et al 1989) le centre du débat contraintes : les contraintes de nombre d’étudiants et de temps
Les limites de ce type d’évaluation…
La pertinence de l’évaluation L’enjeu du débat : Le type d’évaluation utilisée oriente : - la manière des étudiants d’étudier… Le type d’évaluation utilisée risque d’orienter - les caractéristiques des pratiques pédagogiques efficaces…
Conclusions - Favoriser les moments d’évaluation formative - S’interroger sur ce que l’on évalue (compétences, procédures, concepts…) - Privilégier les épreuves qui évaluent des compétences en jeu dans la pratique « source » et/ou les pratiques « cibles ». - S’interroger sur la cohérence de l’évaluation dans l’ensemble du cursus de l’étudiant - Privilégier la pertinence à la validité et à la fidélité tout en se souciant de ce problème. - S’interroger sur l’opportunité d’un apprentissage universel évalué à partir d’épreuves standardisées.