Club Médecine Interne du mardi 20/09/2016. Ségolène Perrineau, interne, Service de Néphrologie du Dr Belenfant, Hôpital André Grégoire, Montreuil. Madame.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
CONNECTIVITES Citer celles pour lesquelles le médecin généraliste peut être directement concerné dans le dépistage et la prise en charge Quand penser.
Advertisements

Néphropathies vasculaires
Insuffisance rénale aiguë
BIOLOGIE DU LUPUS Pr Zahir AMOURA
Une femme de 40 ans décrit des douleurs des chevilles apparues en décembre 2009, insuffisamment soulagées par la prise d’antalgiques mais répondant bien.
Détection des Anticorps Anti-ADNnatif pour le Diagnostic du Lupus Erythémateux Systémique Étude Comparative de 7 Trousses de Dosage Immuno-enzymatique.
LA POLYARTHRITE RHUMATOÏDE
INSUFFISANCE RENALE AIGUE
Insuffisance rénale aigue
Néphropathies glomérulaires
Cas clinico-biologique en auto-immunité
Cas clinique Exposé par : BENHIBA Imane Service d’immunologie
Mme G, 58 ans.
CONNECTIVITES LUPUS ERYTHEMATEUX DISSEMINE SCLERODERMIE
Protéinurie, Hématurie et Leucocyturie
Les Néphropathies Glomérulaires
NEPHROPATHIES GLOMERULAIRES
Un peu de néphro… Réanimation médicale Poitiers. M elle T.,21 ans, hospitalisée pour insuffisance rénale rapidement progressive. Pas d’antécédent personnel.
Syndrome de glomérulonéphrite rapidement progressive
Anémie microcytaire Correspondance internat:
Abord des maladies rénales
Une femme de 82 ans est amenée au SAU par les pompiers car elle est très fatiguée depuis 2 semaines et ne peut pratiquement plus se déplacer à cause d’œdèmes.
L’Insuffisance Rénale en ville
Syndrome néphrotique.
Cas clinique hématurie microscopique
Le diagnostic biologique des maladies auto-immunes
Médecine Interne et Gynécologie-Obstétrique
Laurent Martin-Lefèvre CHD La Roche sur Yon
Protéinurie, syndrome néphrotique, hématurie, glomérulopathies
Présentation cas clinique
Cas clinique M H. 31 ans, thèse en informatique, adressé par la consultation d’opthalmologie. Consulte à St Victor en 2002 pour flou visuel.
Monsieur L, âgé de 57 ans, adressé dans le service pour une insuffisance rénale chronique modérée Antécédents : - Tabac 20 paquets/année - Dylipidémie.
Protéinurie, syndrome néphrotique, hématurie, glomérulopathies
B. Ranchin; lyon B. Llanas; Bordeau M.Francoise; Chalon; janvier 2016
Unité de Néphrologie-Hémodialyse pédiatrique
Cas clinique.
Diagnostic Biologique des Borrélioses de Lyme. Démarche du diagnostic sérologique 16e Conférence de Consensus en Thérapeutique Anti-Infectieuse, Borréliose.
La Mutation JAK2 V617F dans la Thrombocytémie Essentielle : Facteur prédictif de thrombose, A propos de 3 cas d’un service de médecine interne SAYAD Hanane,
Service de Néphrologie – Hémodialyse Centre Hospitalier William Morey Chalon-sur-saône Docteur Abdelkader BEMRAH IFSI Beaune, le mardi 03 novembre 2015.
Présenté par Dr TEBBANI. L’insuffisance rénale chronique (IRC) est définie par une diminution progressive et irréversible du débit de filtration glomérulaire,
M. DESSAINT (interne) Juin 2016 OEDEME AIGU HEMORRAGIQUE DU NOURRISSON.
Les syndromes rénaux.
M. COPPIN, S. LORIC, S. JEANNE, N. SOLTANI, M. LOGAK, E. PARRAGA, R
Syndrome Cardiorénal Prédire la dégradation de la fonction rénale par le dosage de biomarqueurs de congestion cardiaque et dʼagression rénale aiguë MEMOIRE.
Service de Néphrologie
Dépistage organisé du cancer du sein en France
Présenté par DR KOURTEL
Syndrome ascitique.
pour la réanimation du choc septique, étude pilote.
Maladie de Crohn. Diagnostic positif : 1. Circonstance de découverte : 2. Examen clinique : Manifestations digestives Manifestations extra-digestives.
Syndrome nephritique Dr .GASMI A.
Conduite À Tenir devant un sepsis sévère
EXAMENS PARACLINIQUES EN NEPHROLOGIE
Syndromes néphrotiques Qui faut-il anticoaguler ?
Cas clinique Monsieur B âgé de 65 ans consulte pour présence de sang rouge dans les selles depuis un mois L’interrogatoire révèle dans ses antécédents.
Microangiopathie thrombotique paranéoplasique
Influence des traitements concomitants sur le risque infectieux des PTH et PTG de première intention Eloi Vignon.
connectivites Université de Constantine 3 Faculté de médecine
DEPISTAGE DE LA PRÉ-ÉCLAMPSIE : et Analyse de la littérature.
Néphropathies Glomérulaires
Syndrome Néphritique Dr:s.djelouah.
Quels sont les éléments sémiologiques à retenir
Les Néphropathies interstitielles
Td inflammatoire Dr : CHIKOU.
Glomérulonéphrites.
La prise en charge chirurgicale d’une urgence métabolique : adénome parathyroïdien avec hypercalcémie maligne (02 cas) Dr M.BOUDOU, Dr R.JABI , Pr M.BOUZIANE.
Congrès National de Chirurgie 2019
Obs. Dr JF Cuny et coll. Service dermatologie CHU Nancy-Brabois
Hematurie Septembre 2006.
Transcription de la présentation:

Club Médecine Interne du mardi 20/09/2016. Ségolène Perrineau, interne, Service de Néphrologie du Dr Belenfant, Hôpital André Grégoire, Montreuil. Madame B, 69 ans. Un syndrome néphrotique inattendu.

Antécédents Médicaux: - Polyarthrite rhumatoïde depuis 8 ans suivi en Rhumatologie avec atteinte destructrice articulaire et anticorps anti CCP positifs. - Pas de diabète, pas de dyslipidémie, pas d'HTA, pas de tabac. Chirurgicaux : - Cholecystectomie/Appendicectomie. Gynécologiques : - G8 P7, une fausse couche à 3 mois d'aménorrhée. Familiaux : - Cancer du pancréas chez le père. - Asthme chez la mère. - Polyarthrite chez le père et les trois frères.

Traitements habituels - METHOTREXATE 20 mg / semaine - PREDNISONE 5 mg / jour - OMEPRAZOLE 20 mg / jour - FOSAMAX 70 mg / semaine - FER FERREUX - KALEORID - ACIDE FOLIQUE - LAMALINE si besoin

Histoire de la maladie ● Depuis 15 jours : asthénie, anorexie. ● En ville : ● - HTA de novo (systolique 150 mmHg) ● - IRA (creatinine 249 µmol/l, vs 90 µmol 4 mois auparavant)

Histoire de la maladie ● Aux urgences : ● - HTA 185/85 mmHg, ● - créatinine 304 µmol/l, ● - protéinurie importante à la BU, ● - échographie rénale : reins à 103 et 119 mm, moyennement différenciés, pas de dilatation des cavités pyelocalicielles. ● => transfert en néphrologie pour prise en charge.

Clinique ● Poids 86 kg, BMI 29,6 kg/m2 ● TA 189/80 mmHg, FC 69/min, T° 36,6°. ● Oedemes des membres inférieurs jusqu'aux tibias, tugescence jugulaire, minimes crépitants aux deux bases. ● Abdomen souple. ● Pas de signe fonctionnel urinaire, pas d'hématurie macroscopique. ● Examen cutané normal. ● Arthralgie ancienne du poignet droit sans arthrite.

Biologie - Urée 16,1 mmol/l, créatinine 319 µmol/l (DFG 12 ml/mn), - Sodium 142 mmol/l, potassium 4,8 mmol/l, bicarbonates 10,2 mmol/l, - Calcium corrigé 2,48 mmol/l, phosphore 2,06 mmol/l, 25 OH vitamine D : 23,4 nmol/l, PTH : 222 pg/ml - Hémoglobine 10,2 g/dl, VGM 90 fl, GB /mm 3 (PNN , lymphocytes 770), plaquettes /mm 3. - Bilan hépatique normal, TSH: 0,92 µU/ml. - Albuminémie : 20,0 g/l, pré albumine : 0,31 g/l. - Rapport protéinurie/créatininurie : 0,44 g/mmol. - ECBU : Hématurie > 10 5 /ml, Leucocyturie > 10 5 /ml. => Syndrome néphrotique impur

Bilan immunologique - Complément C3 0,90 g/l, C4 0,34 g/l. - EPP :Syndrome inflammatoire. Hypogammaglobulinémie modérée. - Anticorps anti nucléaires : positifs à 640 (fluorescence mixte homogène et mouchetée) - Anticorps anti DNA natifs : négatifs. - Anticorps anti rnp, sm, ssa ro52, ssa ro60, ssb Jo1, centromères B : négatifs, Anticorps anti scl 70 : douteux. - ANCA : négatifs. - Cryoglobuline : négative. - Facteur rhumatoïde : 42 U/ml, Anticorps anti CCP > 500 U/l. - Anti cardiolipine : négatifs, anti Beta2GP1 : négatifs. - Recherche d'anticoagulant circulant : douteux (2 test de dépistage raccourcis, possible activation du prélèvement).

Hypothèses GNRP jusqu'à preuve du contraire => Bolus de corticoïdes en urgence. Biopsie rénale.

● Cohorte rétrospective ● 1077 patients de 2004 à 2014 ● IRC : protéinurie > 1+ ou DFG < 60 ml/min ● IRC : 24,5 % à l'inclusion ● Incidence cumulée : 59,5% chez les patients non IRC à l'inclusion ● Risque augmenté en cas de prise de CTC et d'AINS (HR 1,44) Polyarthrite rhumatoïde et rein

● 65 biopsies rénales entre 1976 et 2015 ● 60% syndrome néphrotique, 46% hématurie ● - Amylose AA 31% ● - Glomerulonéphrite mésangiale 18% (incidence en hausse) ● - Glomerulonéphrite extra-membraneuse 17% (AINS, sels d'or, incidence en baisse) ● - Glomerulonéphrite extracapillaire proliférative 15% ● - Hyalinose segmentaire et focale 9%, ● - Lésions glomérulaires minimes 5% (AINS) ● - Néphrite tubulo-interstitielle 5%

Ponction biopsie rénale « Glomérulonéphrite à dépôts d'immunoglobuline et de complément avec lésions actives (nécrose glomérulaire avec prolifération extra capillaire sur trois glomérules) et chroniques. Présence d'abondants dépôts au sein des parois artériolaires en immuno- fluorescence: dépôts d'anti IgG, anti IgM, anti kappa, anti lambda, anti C3 et anti C1q. Une étiologie lupique est possible (il s'agirait alors d'une classe IV-G (A/C), de classification ISN RPS 2003) à confronter aux données cliniques et biologiques.»

Rein normal

Prolifération glomérulaire extra capillaire

Dépots glomérulaires de C1q

Ponction biopsie rénale « Glomérulonéphrite à dépôts d'immunoglobuline et de complément avec lésions actives (nécrose glomérulaire avec prolifération extra capillaire sur trois glomérules) et chroniques. Présence d'abondants dépôts au sein des parois artériolaires en immuno- fluorescence: dépôts d'anti IgG, anti IgM, anti kappa, anti lambda, anti C3 et anti C1q. Une étiologie lupique est possible (il s'agirait alors d'une classe IV-G (A/C), de classification ISN RPS 2003) à confronter aux données cliniques et biologiques.» => RHUPUS

Classification des GN lupiques d’après l’INS/RPS CUE N

Critères diagnostiques du lupus érythémateux disséminé selon l'American College of Rheumatology 1997 ● 1-Eruption malaire en ailes de papillon ● 2-Eruption de lupus discoïde ● 3-Photosensibilité ● 4-Ulcérations orales ou nasopharyngées ● 5-Polyarthrite non érosive ● 6-Pleurésie ou péricardite ● 7-Atteinte rénale: *protéinurie > 0.5g/24h ou *cylindres urinaires ● 8-Attteinte neurologique *convulsions ou *psychose ● 9-Anomalies hématologiques: *anémie hémolytique ou *leucopénie < 4000/mm3 ou *lymphopénie < 1500/mm3 ou *thrombopénie < /mm3 ● 10-Désordre immunologique *présence de cellules LE ou *anticorps anti-ADN natif ou *anticorps anti-Sm ou * anticoagulant circulant de type lupique ou anticorps anti-cardiolipine ou fausse sérologie syphilitique. ● 11-Anticorps antinucléaires à taux anormal (en l'absence de médicaments inducteurs) ● La survenue concomittante ou successive de 4 critères affirment le diagnotic.

Critères diagnostiques du lupus érythémateux disséminé Selon l'American College of Rheumatology 1997 ● 1-Eruption malaire en ailes de papillon ● 2-Eruption de lupus discoïde ● 3-Photosensibilité ● 4-Ulcérations orales ou nasopharyngées ● 5-Polyarthrite non érosive ● 6-Pleurésie ou péricardite ● 7-Atteinte rénale: *protéinurie > 0.5g/24h ou *cylindres urinaires ● 8-Attteinte neurologique *convulsions ou *psychose ● 9-Anomalies hématologiques: *anémie hémolytique ou *leucopénie < 4000/mm3 ou *lymphopénie < 1500/mm3 ou *thrombopénie < /mm3 ● 10-Désordre immunologique *présence de cellules LE ou *anticorps anti-ADN natif ou *anticorps anti-Sm ou * anticoagulant circulant de type lupique ou anticorps anti-cardiolipine ou fausse sérologie syphilitique. ● 11-Anticorps antinucléaires à taux anormal (en l'absence de médicaments inducteurs) ● La survenue concomittante ou successive de 4 critères affirment le diagnotic.

Traitement ● Poursuite corticoïdes : Prednisone 1mg/kg/j, ● Perfusions de Cyclophosphamide 0,6 g/m2 à M0 et M1 (protocole NIH), ● Antihypertenseurs, ● Prophylaxie par Cotrimoxazole. ● Anticoagulation efficace ● => Bonne évolution initiale : pic de créatinine à 434 µmol/l puis créatinine en baisse à 240 µmol/l. Pas de nécessité de dialyse. ● => Décès d'un choc septique compliquant une aplasie fébrile après la 2e perfusion de Cyclophosphamide.

Rhupus -« syndrome de chevauchement » entre PR et LED ? Ou entité à part entière… => Patients remplissant les critères des deux maladies. - Description initiale en 1960 par Toone. Toone et al. The LE cell in rheumatoid arthritis. Am J Med Sci Nov; 240: Terme inventé en 1971 par Peter Schur. Schur PH. Systemic lupus erythematosus. In: Beeson PB, McDermott W (Eds) Cecil-Loeb textbook of medicine, 13 edn. WB Saunders, Philadelphia. 1971; p 821 -Incidence : 0.01%–0.2% des patients PR / <2% des patients LED. Fernández et al. Lupus arthropathy: historical evolution from deforming arthritis to rhupus. Clin. Rheumatol. 2004;23:523–6. - Physiopathologie inconnue (Associations HLA –DR: 67% des patients rhupus possèdent l’epitope qui active le développement des anti-CCP. Rôle des hormonoes en post ménopause?

Rhupus - Etude rétrospective sur 56 patients rhupus de 2000 à Diagnostic princeps: PR pour 83,9% des patients (LED dans les 1 à 40 ans plus tard). - Comparaison vs patients LED: - Evolution plus longue. - Atteinte rhumatologique plus sévère (prévalence des anti-CCP et du FR plus élevée, polyarthrite et nodules rumatoides plus fréquents, sd inflammatoire plus féquent). - Atteinte lupique moins sévère (index d’activité plus bas, rash malaire, anemie hémolytique, atteinte rénale et neurologique, hypocomplementemie moins fréquentes).

Rhupus et Rein - Cohorte prospective patients LED consécutifs => 10 rhupus. - Atteinte rénale moins fréquente (p=0,01) en cas de rhupus. - Pas de différence neuropsy/cutannée/hémato/séreuses. - Atteinte articulaire érosive: Rhupus = PR et > LED.

Rhupus et rein: traitement? - Femme de 52 ans. - PR depuis 16 ans. - Rash malaires, arthrites multiples, pancytopénie, épanchements pleuraux, protéinurie, FAN et anticorps anti DNA natifs. - PBR: Glomerulonephrite lupique classe IV-G. - BOM: aplasie médullaire. - Traitée par Ciclosporine et Prednisolone efficace. Pas de recommandation spécifique pour les néphropathies.

Merci de votre attention !