Politique d'investissement et Indicateurs economiques Auteur: Joel Delgado Lagunez
LA POLITIQUE D’INVESTISSEMENT SITUATION DU PROBLÈME Dans l’avenir d’une entreprise nous devons prévoir certains investissements, il vaut mieux que ces investissements soient envisagés avec beaucoup de rigueur quant à la définition des choix. Nous devons nous intéresser plutôt aux investissements de remplacement d’équipements vieux ou obsolètes qui permettent de maintenir un niveau de production défini à l’avant. Afin de déterminer la date de remplacement, le technicien de maintenance doit se poser plusieurs questions : - quelle est la durabilité prévisionnelle de cet équipement ? - à quel moment ce matériel approvisionne-t-il un gain d’exploitation maximal ? - à quel moment doit-on arrêter les actions de maintenance ? - à quel moment faut-il déconsidérer ce matériel ? - faut-il le rénover, le reconstruire ? le remplacer à « l’identique » ? le remplacer par un matériel « nouvelle génération » ? a-t-il une valeur de revente ? Décider le remplacement d’un équipement est directement lié à un problème d’investissement. Un certain audace est toujours nécessaire, la démarche de l’exploitation avec le vieux matériel étant la solution de facilité à court term
ÉLÉMENTS DE VOCABULAIRE : Les normes AFNOR établissent quelques notions économiques relatives à ce problème : Durabilité (NF X 50-500), « durée de vie potentielle d’un bien pour la fonction qui lui a été assignée dans des conditions d’utilisation et de maintenance données ». Coût global de référence (NF X 60-010), « ensemble des dépenses induites pour l’utilisateur par l’acquisition d’un bien, pour un usage de référence et une durabilité donnée ». D’un point de vue pratique on utilisera le coût global de possession appelé aussi LCC afin de caractériser les résultats d’exploitation. - Coût moyen d’unité d’usage (NF X 60-010), « rapport entre le coût global de référence et la durabilité estimée en nombre d’unité d’usage ».
LE COÛT GLOBAL DE POSSESSION D’UN MATÉRIEL (LCC) : Le coût global de possession d’un équipement est la somme de l’ensemble des coûts qu’il occasionne, pendant toute sa durée de vie. REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DU COÛT GLOBAL DE POSSESSION Cette représentation graphique tient compte des hypothèses suivantes : - le taux d’utilisation de l’équipement est constant. - les coûts de fonctionnement et les recettes restent stables dans le temps. LCC = (Ca + Cu + CM + Cp\) Ca Coût d’acquisition de l’équipement Cu Coûts cumulés de fonctionnement (matière, fourniture, personnel, …) CM Coûts cumulés de maintenance Cp\ Coûts cumulés d’indisponibilité
Les hypothèses précédemment citées permettent de mettre en évidence deux droites : V pour le cumul des recettes et F pour la somme de Ca + Cu . Les coûts de maintenance et d’indisponibilité augmentent dans le temps du fait de la diminution de la fiabilité de l’équipement. Cette somme CM + Cp\ se traduit par la courbe C.
LES COÛTS MOYENS ANNUELS DE MAINTENANCE (d’un matériel) : INTÉRÊT DU LCC Le LCC visualise le développement de tous les événements économiques qui arrivent au long des heures cumulées de service du matériel. C’est un bon outil de gestion, à condition d’avoir un système de saisie « analytique » des coûts et de les actualiser. LES COÛTS MOYENS ANNUELS DE MAINTENANCE (d’un matériel) : Généralement on le rencontre noté Cmu : coûts moyens par unité d’usage. dans certaines application on le rencontre sous la forme de Cmf : coût moyen annuel de fonctionnement car il prend en compte dans son calcul les frais d’exploitation. Ils permettent de révéler de façon simple la durée optimale d’exploitation d’un matériel. En effet, la courbe Cmu = f(t) passe par un minimum correspondant à la « durée de vie économique ». Cmu Durée de vie économique t(années)
A tout instant un équipement possède : - une valeur d’investissement, notée VA (ou Ca) (étude, achat, installation) ; - un cumul de ses coûts de défaillances, notée CD ; - un cumul des coûts de fonctionnement, notée DF (ou Cu) ; - une éventuelle valeur de revente, notée RV. Le moyen annuel, la nième année, est donnée par : remarque : - L’expression du Cmf peut s’adapter en fonction de l’historique de l’équipement, si une rénovation est faite à ce matériel on peut rajouter le coût lié à la rénovation. Si le matériel nécessite pour sa mise au rebut une dépense d’argent, la valeur de revente doit alors s’ajouter aux autres coûts. - L’unité d’usage la plus utilisée est l’année, mais on peut avoir aussi des kilomètres, une consommation, etc.
LE PROBLÈME DE L’ACTUALISATION DES COÛTS : MISE EN SITUATION DU PROBLÈME : Toute l’approche sur la politique d’investissement est faite à partir des coûts cumulés et non des coûts par période donnée. Pour effectuer les cumuls, nous devons analyser des valeurs homogènes, il faut donc calculer les frais de fonctionnement en « euros courants » année par année et les transformer en « euros constants », c’est ce qu’on appelle l’actualisation. Le taux d’actualisation est analogue aux taux d’intérêt des placements financiers. Il peut donc varier d’une entreprise à une autre mais aussi pour une même entreprise d’un matériel à un autre, selon les taux d’intérêt des placements au moment de l’achat. TAUX D’ACTUALISATION DE L’ARGENT CONSTANT : (noté i) L’actualisation est (1+i)n, en effet 1 euro maintenant vaudra : (exemple, si le taux d’actualisation est de 8%, i=0.08) (1+i) Euros dans 1 an (1+i) x (1+i) x … x (1+i) (1+i)2 Euros dans 2 ans (1+i)n Euros dans n années Valeur actuelle de 1 Euro à recevoir dans n années Valeur actuelle de 1 Euro à recevoir dans 2 an Valeur actuelle de 1 Euro à recevoir dans 1 an Inversement nous avons : (1+i)n 1 (1+i)2 (1+i) x … x
QUAND REMPLACER UN ÉQUIPEMENT LA DURABILITÉ, ANALYSE PRÉVISIONNELLE D’UN MATÉRIEL. Nous allons différencier trois périodes commerciales : de commercialisation, de garantie, hors garantie. Et deux périodes de maintenance : à durabilité économique, à durabilité consentie. Période de commercialisation Garantie Hors garantie tA tG Temps tB tx t0 tz Durabilité économique Durabilité consentie tx est le terme de la période optimale économique d’utilisation du matériel. tz est la date de la décision du déclassement de l’équipement (rebut, revente, ou reconstruction). Remarques : - La durabilité admise (tx,tz) peut être intéressante s’il est possible de réduire les coûts de défaillance en fin de durée de vie. - Attention à la fourniture des pièces détachées après tb, date de fin de commercialisation du matériel.
LE LCC ET SON UTILISATION : Le LCC est un outil d’aide à la décision, figurant utilement au tableau de bord de gestion économique. Il visualise et cumule toutes les données économiques saisies (mois/mois, puis an/an) au long du cycle de vie d’un équipement. Ne pas oublier que le cumul des coûts implique leur actualisation. mini, pente OM, tangente à la courbe LCC menée depuis le mise en service t0 , permet de déterminer tM, date optimisée de remplacement de l’équipement (et non tN, comme il semblerait). Ce résultat se justifie expérimentalement par des calculs de recherche opérationnelle qui permettent de déterminer le modèle mathématique de la courbe LCC.
EXPLOITATION DU COÛT MOYEN ANNUEL : Représentation Soit un équipement mis en service à t0. nous allons envisager la sixième année, trois hypothèses de choix : 1 – nous prolongeons la vie de l’équipement ; 2 – nous le rénovons ; 3 – nous le remplaçons à l’identique. Cmf
Exploitation : - Le premier résultat exploitable est la détermination de la période économique de remplacement. Il est à remarquer que la constitution du Cmf est semblable à celle du LCC. Ces deux outils, différents par leur représentation, sont donc « de la même famille », le mini du Cmf correspond au point N du LCC. - Lorsque le taux d’utilisation du matériel est variable, il peut s’avérer plus descriptif d’utiliser un coût moyen ramené à l’heure d’utilisation, et noté Cmh, actualisé ou non. Ou Cmh = Cmf/h, h est le nombre d’heures de service dans l’année. Le troisième résultat touche à la politique de renouvellement des matériels. Reprenons le graphique précédent, à la sixième année : Option 1 : nous prolongeons l’utilisation de la machine. A court terme (années 7 et 8), c’est la solution économique. A long terme, au-delà de l’année 10, c’est la plus onéreuse. Option 2 : une rénovation permet de limiter l’investissement, ce qui, à l’horizon 10 ans, est plus intéressant. Par contre, la dévalorisation est importante (revente : faible ou nulle). Option 3 : remplacement à l’identique par une machine neuve. L’investissement est important, mais ce n’est la meilleure solution qu´à partir de la douzième année.
LES INDICATEURS ÉCONOMIQUES : (les ratios) Antérieurement nous avons mis en évidence deux ratios économiques qui sont le LCC et le Cmf. Ils permettent de relever la durée de vie d’un équipement. D’autres Ratios normalisés (norme NF X60-020) permettent une visualisation rapide des performances du service maintenance ou de l’entreprise. LES RATIOS ÉCONOMIQUES : Un ratio établi un rapport de deux données, il sert : - à mesurer avec clarté une réalité. - à contrôler des objectifs. - à se comparer entre unités distinctes, entreprises ou secteurs d’activité. - à prendre des décisions adaptées (politique d’investissement, politique de maintenance, gestion du personnel). Le tableau suivant propose quelques-uns des ratios qui sont définis dans la norme NF X60-020 : Ratio complémentaire : Temps actif de maintenance préventive/temps actif de maintenance Importance de la maintenance corrective dans les interventions actives de la maintenance R5 = temps actif de maintenance corrective / temps actif de maintenance Possibilité d’analyser aussi : Nombre de défaillances/quantité de production Définition du taux de défaillance R4 = nombre de défaillances / temps de fonctionnement A suivre avec le taux d’activité (par exemple : période de grande activité et recours à la sous-traitance) R3 = coûts des travaux de sous-traitance / coûts de maintenance Indicateur d’évolution de l’efficacité technique de la maintenance R2 = coûts de défaillance / coûts de maintenance + coûts de défaillance Valeur ajoutée : valeur de la transformation d’une matière d’œuvre en produit fini À priori le plus judicieux pour les comparaisons inter-entreprises dans des secteurs identiques R1 = coûts de maintenance / valeur ajoutée produite OBSERVATIONS INTÉRÊT RATIOS