Scandale d’une entreprise Réalisé par: Ferid chatti 2lfig2
Soupçons de moteurs truqués chez Renault : un scandale comparable au "Dieselgate" Volkswagen ?
Un extrait de procès-verbal cité par Libération semble indiquer que Renault a installé un dispositif frauduleux sur ses véhicules pour réduire les émissions polluantes lors des tests. Renault est dans l’œil du cyclone. Le constructeur français est mis en cause par un article de Libération qui s’appuie sur un procès-verbal rédigé par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). "Renault SAS a trompé les consommateurs sur les contrôles effectués et notamment le contrôle réglementaire de l'homologation sur les émissions de polluants. (…) La société a utilisé une stratégie ayant pour objectif de fausser les résultats des tests antipollution", stipule le document cité par le quotidien. Des conclusions appuyées par un rapport de la DGCCRF consulté par l'AFP. Ce possible scandale rappelle évidemment le "Dieselgate" de Volkswagen, révélé fin 2015, même si les deux affaires ne sont pas exactement du même ordre.
Avec ou sans logiciel ? Les conclusions de la DGCCRF laissent peu de place au doute. Selon l’organisme, les écarts importants entre les performances de certains moteurs diesels Renault au moment de leur homologation en laboratoire et leur utilisation en conditions réelles "permettent de soupçonner l'installation d'un dispositif frauduleux qui modifie spécifiquement le fonctionnement du moteur pour en réduire les émissions de NOx (oxydes d'azote) dans des conditions spécifiques du test d'homologation, afin que les émissions respectent les limites réglementaires". Dans un autre rapport de la DGCCRF dont l'AFP a pris connaissance mercredi, Renault est clairement accusé de "calibrer", "depuis plus de 25 ans", ses moteurs en vue de passer les tests. Un soupçon déjà évoqué anonymement par des membres de la Commission Royal chargée d'établir les fraudes des constructeurs sur les moteurs diesel, en août dernier. C’est exactement pour la même tricherie que Volkswagen a été cloué au pilori dans le "Dieselgate". Le constructeur allemand avait installé un logiciel clandestin qui limitait les émissions de gaz polluants le temps de passer les tests, puis se désactivait quand la voiture faisait de la route. Pour l’instant, la DGCCRF fait état d’un "dispositif frauduleux" installé sur les véhicules Renault mais ne précise pas s’il s’agit d’un logiciel ou d’un outil différent.
Deux scandales de grande ampleur Comparer le scandale Volkswagen avec les accusations qui pèsent actuellement sur Renault serait prématuré. Les ramifications du "Dieselgate" ont poursuivi le constructeur allemand pendant des mois et des mois. Mais on peut déjà évaluer l’ampleur des révélations de Libération. Selon le document rédigé par les enquêteurs de Bercy, près de 900.000 véhicules Renault auraient pu être commercialisés avec l’aide du dispositif truqueur. Un chiffre comparable aux 946.000 véhicules truqués et vendus par Volkswagen dans l’Hexagone, sur les 11 millions écoulés dans le monde.
L’implication de la direction en question Dans la foulée des révélations de l’Agence environnementale américaine EPA sur la présence d’un logiciel truqueur chez Volkswagen, la direction du constructeur était mise en cause. Avant de démissionner, le PDG du groupe Martin Winterkorm avait incriminé un "petit groupe" de managers et nié avoir été mis au courant. Mais au fil des révélations, il a été établi que le PDG ainsi qu’une partie des membres du directoire étaient au courant, pour certains depuis 2014. La direction de Volkswagen aurait même essayé d’étouffer le scandale en passant un accord avec les autorités américaines.
Renault clame son innocence Renault clame son innocence. A l’inverse, Renault continue de clamer son innocence dans cette affaire. En février, un mois après le lancement de l’information judiciaire, le groupe avait indiqué ne pas avoir passé de provisions dans ses comptes 2016 pour faire face aux éventuelles conséquences financières de l’enquête. "Nous sommes très confiants, nous n'avons pas triché, nous l'avons dit, nous le redisons", avait alors justifié la directrice financière de Renault. Mercredi, suite à la publication de l’article de Libération, le constructeur a publié un communiqué dans lequel il "rappelle qu'aucun de ses services n'a enfreint les règles, européennes ou nationales, relatives à l'homologation des véhicules. Les véhicules Renault ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution". Renault ajoute réserver ses explications aux trois magistrats en charge d'instruire ce dossier.