La Similitude Perçue Entre Soi Et Autrui : Une Question De Libre Choix ? Bérénice Saidah, Luc Vieira & Florence Spitzenstetter Contact : Florence.Spitzenstetter@unistra.fr Introduction La comparaison sociale est souvent décrite comme un processus stratégique qui vise à répondre à certains objectifs (auto-évaluation, rehaussement de soi, amélioration de soi) ; les personnes qui se comparent choisissant alors des cibles de comparaison qui répondraient à ces objectifs. Mais, beaucoup de comparaisons ne relèvent pas d’une stratégie délibérée et représentent davantage une réaction spontanée à l’environnement sans intention spécifique de la part de celui qui se compare (Mussweiler, Rüter & Epstude, 2004). Toutefois, dans les deux cas (comparaison choisie ou « subie »), les auteurs considèrent que l’élément clé qui guide le processus de comparaison relèverait de la similitude perçue entre soi et la cible (Collins, 1996 ; Mussweiler, 2001). La question qui se pose est de savoir si cette similitude perçue peut être de même ampleur en cas de « cible de comparaison» choisie ou subie ? Méthode Résultats 78 personnes ont participé à cette étude. Elles ont eu à sélectionner une photographie de visage (cible) parmi 4 photos différentes en ayant pour consigne de choisir la photographie de la personne avec laquelle elles partageaient le plus ou le moins de points communs ou sans consigne spécifique. Enfin, un dernier groupe s’est vu remettre une seule photo aléatoirement distribuée. Tous les participants ont alors eu à évaluer leur niveau de similitude perçue par rapport à cette cible en se positionnant sur une échelle allant de 1 (très peu ressemblant) à 7 (extrêmement ressemblant). Les participants ont ensuite dû participer à une seconde tâche présentée comme indépendante. Ils ont évalué le degré de similitude entre 2 images décrivant des scènes de loisir sur une échelle allant de 1 (très peu similaires) à 7 (très similaires). F(3,74)=7.15 ;p<.01 Discussion F(3,74)=6.74 ; p<.05 Les résultats révèlent que les participants ayant choisi une photographie sans critère supplémentaire se sont jugés aussi similaires à la cible que les participants ayant choisi la photographie sur la base d’un maximum de points communs. A l’inverse, les participants à qui l’on a imposé une photographie se sont jugés aussi différents de la cible que les participants ayant choisi la photographie sur la base d’un maximum de différences. Concernant la perception de similitude entre les deux images, il apparait que les participants en condition de simple choix ou de choix sur la base des ressemblances ont jugé les deux images plus ressemblantes que les participants des deux autres conditions (photographie imposée ou choix sur la base des différences). Le choix d’une cible semble par conséquent être guidé par la recherche de similitudes alors que la confrontation à une cible imposée semble engendrer une recherche de différences. Ainsi, l'impact d'une comparaison sociale sur l'auto-évaluation(assimilation ou contraste)pourrait s’avérer différent selon que le standard de comparaison est choisi ou imposé. Références bibliographiques Collins, R. L. (1996). For better or worse: The impact of upward social comparison on self-evaluations. Psychological Bulletin, 119, 51–69. Mussweiler, T. (2001). "Seek and ye shall find": Antecedents of assimilation and contrast in social comparison. European Journal of Social Psychology, 31, 499-509. doi: 10.1002/ejsp.75 Mussweiler, T., Rüter, K., & Epstude, K. (2004). The ups and downs of social comparison: Mechanisms of assimilation and contrast. Journal of Personality and Social Psychology, 87, 832–844. doi:10.1037/0022-3514.87.6.832