La monnaie et le financement de l’économie

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Transcription de la présentation:

La monnaie et le financement de l’économie Christophe Rodrigues Formation continue, Papeete, mars 2018

La monnaie et le financement de l’économie En guise d’introduction : La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires : Dans les programmes d’économie et gestion (STMG et STS – économie droit et management des entreprises) Dans les programmes de sciences économiques et sociales

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme d’économie (cycle terminal de STMG) Source : Bulletin Officiel n°13, 29 mars 2012, annexe 1

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme d’économie (cycle terminal de STMG) Source : Bulletin Officiel n°13, 29 mars 2012, annexe 1

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme d’économie (cycle terminal de STMG) Source : Bulletin Officiel n°13, 29 mars 2012, annexe 1

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme d’économie-droit et management des entreprises (Section de technicien supérieur) Source : Programme d’économie-droit dans les STS relevant du secteur tertiaire. Direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle, septembre 2009

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme d’économie-droit et management des entreprises (Section de technicien supérieur) Source : Programme d’économie-droit dans les STS relevant du secteur tertiaire. Direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle, septembre 2009

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme d’économie-droit et management des entreprises (Section de technicien supérieur) Source : Programme d’économie-droit dans les STS relevant du secteur tertiaire. Direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle, septembre 2009

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme d’économie-droit et management des entreprises (Section de technicien supérieur) Source : Programme d’économie-droit dans les STS relevant du secteur tertiaire. Direction générale pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle, septembre 2009

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme de Sciences économiques et sociales (Classe de Première ES) Source : Aménagement apporté aux programmes de SES – DGESCO, mai 2013

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme de Sciences économiques et sociales (Classe de Première ES) Source : Aménagement apporté aux programmes de SES – DGESCO, mai 2013

Introduction - La monnaie et le financement de l’économie dans les programmes scolaires Programme de Sciences économiques et sociales (Classe de Terminale ES – Economie approfondie) Source : Aménagement apporté aux programmes de SES – DGESCO, mai 2013

La monnaie et le financement de l’économie Une proposition de réflexion en deux étapes : La monnaie, de quoi parle-t-on ? Qu’est-ce que la monnaie ? La monnaie est-elle un actif… un peu différent des autres ? Un système économique sans monnaie est-il possible ? Qui crée la monnaie ? Comment contrôler la création de monnaie ? Quelle place pour la monnaie dans une économie de marché ?

La monnaie et le financement de l’économie Une proposition de réflexion en deux étapes : La monnaie, de quoi parle-t-on ? Les banques et le financement de l’économie Qu’est-ce qu’une banque ? Financement de marchés ou financement intermédié ? Quelle est la place des banques dans le financement de l’économie ? Comment financer le système économique ? Qu’est ce qu’une banque systémique ? Comment réguler les banques dans la globalisation financière ?

1. La monnaie : de quoi parle-t-on ? Petrus Christus. Un orfèvre et deux clients (1448) MMA, New-York

A. Une première approche pour définir la monnaie : … ou comment ne pas répondre à la question ! « La monnaie représente en économie ce qu’est la quadrature du cercle en géométrie ou le mouvement perpétuel en mécanique » Stanley Jevons « Certains objets trouvent, dans l’usage que l’on en fait, la meilleure définition » Ralph G. Hawtrey, La circulation monétaire et le crédit. 1935. William Stanley Jevons (1835-1882) Fondateur de l’école marginaliste britannique Ralph. G. Hawtrey (1879-1975) Economiste anglais

La monnaie est un étalon de valeur A. Une première approche pour définir la monnaie : … identifier les services qu’elle rend à la collectivité ! Identifier les fonctions monétaires permet : De choisir l’actif qui prendra la statut de monnaie … et de définir la monnaie !! Un actif prend le statut de monnaie dès lors que : La monnaie est une unité commune grâce à laquelle les prix des différents biens et les transactions sont évalués dans un langage chiffré unique, commun à tous les membres de la communauté de paiements. 1. Il remplit une fonction d’unité de compte La monnaie réduit le nombre de prix relatifs par rapport à une situation de troc sans unité de compte. La monnaie est un étalon de valeur

La monnaie supprime la « double coïncidence des besoins » A. Une première approche pour définir la monnaie : … identifier les services qu’elle rend à la collectivité ! Identifier les fonctions monétaires permet : De choisir l’actif qui prendra la statut de monnaie … et de définir la monnaie !! Un actif prend le statut de monnaie dès lors que : 2. Il remplit une fonction d’intermédiaire des échanges Dans une économie monétaire, les produits achètent la monnaie, laquelle achète les produits. La monnaie est un moyen de paiement général qui supporte sans délai toutes les transactions : « la monnaie est un droit immédiat sur les biens » (Léon Dupriez). La monnaie supprime la « double coïncidence des besoins »

« La monnaie est un lien entre le présent et l’avenir » A. Une première approche pour définir la monnaie : … identifier les services qu’elle rend à la collectivité ! Identifier les fonctions monétaires permet : De choisir l’actif qui prendra la statut de monnaie … et de définir la monnaie !! Un actif prend le statut de monnaie dès lors que : La communauté de paiements doit se doter d’institutions dont la fonction est de garantir la confiance dans la monnaie : cette confiance est le socle sur lequel la valeur de la monnaie se pérennise. 3. Il remplit une fonction de réserve de valeur « La monnaie est un lien entre le présent et l’avenir » (J.-M. Keynes) La monnaie déplace vers l’avenir le pouvoir d’exercer un droit sur les biens : « la monnaie est un droit différé sur les biens » (Léon Dupriez).

A. Une première approche pour définir la monnaie : … identifier les services qu’elle rend à la collectivité ! Identifier les fonctions monétaires permet : De choisir l’actif qui prendra le statut de monnaie … et de définir la monnaie !! Un actif prend le statut de monnaie dès lors que : 1. Il remplit une fonction d’unité de compte 2. Il remplit une fonction d’intermédiaire des échanges 3. Il remplit une fonction de réserve de valeur Actif : élément du patrimoine qui présente une valeur positive pour son détenteur. On distingue les actifs selon leur degré de liquidité : a) les actifs monétaires ; b) les actifs financiers ; c) les actifs réels. Liquidité : aptitude d’un actif à être converti à bref délai et sans coût de transaction en monnaie La monnaie est le seul actif dont le degré de liquidité est infini.

(monnaie marchandise) A. Une première approche pour définir la monnaie : … qui présente malgré tout une portée heuristique ! Conception fonctionnaliste de la monnaie Une thèse séduisante pour rendre compte du processus de dématérialisation historique de la monnaie monnaie métallique coulée : Le potin gaulois. IIIème siècle avant JC. Pièce de monnaie généralement en bronze coulées et non frappées Monnaie métallique frappée : monnaie Lydienne (Lydie, actuelle Turquie) de l'époque de Crésus frappée avec une tête de lion et de taureau (VIe siècle avant JC). Crésus est le dernier roi lydien qui a régné de 560 à 546 avant JC. Sa richesse légendaire est fondée sur les mines et les pépites d’or du fleuve Pactole, et sur le contrôle des routes commerciales aboutissant à la mer Égée. Il fut le premier à frapper des monnaies d’or et d’argent. Paléo-monnaie (monnaie marchandise) Monnaie métallique Billets de banque Monnaie scripturale

A. Une première approche pour définir la monnaie : … qui présente malgré tout une portée heuristique ! Conception fonctionnaliste de la monnaie Une thèse qui démontre que la caractéristique première de la monnaie est d’être le seul moyen de paiement général : La monnaie présente un pouvoir libératoire général C’est le seul moyen de paiement qui permet de s’acquitter de toutes les dettes La fonction d’unité de compte peut être assurée par un étalon de valeur fictif qui n’est pas un moyen de paiement ! Ancien Régime en France : Unité de compte : livre tournois (1203-1795) Diversité des moyens de paiements : Monnaies locales 1 Livre Tournois 20 sous 240 deniers

A. Une première approche pour définir la monnaie : … qui présente malgré tout une portée heuristique ! Conception fonctionnaliste de la monnaie Une thèse qui démontre la contradiction entre la fonction d’intermédiaire des échanges et celle de réserve de valeur : Fonction d’intermédiaire des échanges : impératif d’abondance / liquidité Fonction de réserve de valeur : impératif de rareté / illiquidité Fonction d’intermédiaire des échanges Fonction de réserve de valeur Condition d’abondance + - Condition de liquidité + - Caractéristique de la monnaie : degré absolu de liquidité La fonction de réserve de valeur peut être satisfaite par des actifs non monétaires Quelle définition de la monnaie ?

S. Jevons (1876). La monnaie et le mécanisme de l’échange. A. Une première approche pour définir la monnaie : … qui élude la nature de la monnaie ! William Stanley Jevons (1835-1882) Fondateur de l’école marginaliste britannique Une conception instrumentale de la monnaie : Hypothèse 1 : la monnaie est un outil qui permet de simplifier les échanges Hypothèse 2 : les échanges marchands préexistent à la monnaie Hypothèse 3 : le troc est la forme primitive de l’échange marchand Hypothèse 4 : il existe un primat de l’économie réelle sur l’économie monétaire Conclusion : la monnaie remplit une fonction civilisationnelle « La forme primitive de l’échange consista sans doute à donner les objets dont on pouvait se passer pour obtenir ceux dont on avait besoin. Ce trafic élémentaire est ce que nous appelons « barter », en français « troc », nous le distinguons de la vente et de l’achat dans lequel on ne veut garder que peut de temps l’un des articles échangés, pour s’en défaire ensuite en procédant à un second échange. L’objet qui intervient ainsi temporairement dans la vente et dans l’achat est la monnaie ». S. Jevons (1876). La monnaie et le mécanisme de l’échange.

A. Une première approche pour définir la monnaie : … qui élude la nature de la monnaie ! Une conception invalide des origines de la monnaie : Invalidation des hypothèses 1 et 2 : Une économie coordonnée par le marché et dépourvue de monnaie n’a jamais existé Invalidation de l’hypothèse 3 : « Fable du troc » C’est l’invention de la monnaie qui rend possible l’échange marchand Débat scientifique autour de l’hypothèse 4 : Primat de l’économie réelle ou primat de l’économie monétaire ? Vilar, 1978 Kindleberger, 1990 Godelier, 1982

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste Douglass North (Prix Nobel d’économie 1993) : « Les institutions sont les contraintes établies par les hommes qui structurent les interactions entre eux » « Ces contraintes prennent la forme de règles dont les individus se dotent pour vivre en société, règles sur lesquelles ces derniers ont peu de prise » « Les institutions sont les règles du jeu à l’intérieur desquelles se déroulent les relations économiques »

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste La monnaie : un rapport social Economie marchande : système économique dans lequel la coordination par le marché est prépondérante La production résulte de travaux privés qui sont réalisés indépendamment les uns des autres (marchandise) Une telle production n’est possible que s’il n’existe pas de dispositif de coordination a priori Le marché est une forme de coordination horizontale non intentionnelle Karl Marx (1818-1883) Le Capital, 1867

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste A. Beitone, M. Osenda, « Le concept de coordination dans les manuels de SES Une étude de transposition didactique », 2014

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste Point vocabulaire ! Coordination : procédure qui permet de rendre cohérentes entres elles les décisions des agents économiques. On distingue : La coordination par le marché (mécanisme de prix) La coordination par la hiérarchie (économie planifiée ou organisation) La coordination par la coopération

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste La monnaie : un rapport social Le marché comme mode principal de coordination des activités économiques conduit à fragmenter la société Exemple : division du travail dans une économie marchande précapitaliste Nécessité d’un dispositif institutionnel de socialisation des travaux privés Par exemple, dans une société fondée sur le marché et dotée d’une certaine division du travail, à chaque fois qu’un agent (un artisan tanneur, un charpentier, un tisserand, etc.) produit une marchandise, rien ne permet a priori de dire combien il pourra en vendre, ni à quel prix, ni si cela lui permettra de vivre lui et sa famille des fruits son travail. Rien ne lui permet de dire par ailleurs si les autres agents seront, en retour, en mesure de produire les marchandises dont il a besoin pour vivre, ni à quel prix, etc. Face à cette menace de fragmentation, il est nécessaire qu’il existe un dispositif institutionnel de socialisation des travaux privés. La monnaie est ainsi cette institution qui permet, via les échanges monétaires, d’assurer un certain degré de centralisation. Karl Marx (1818-1883) Le Capital, 1867

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste La monnaie : un rapport social La monnaie n’est pas réductible à un actif (marchandise ou métal précieux) auquel on attribuerait des fonctions singulières La monnaie est un rapport social : c’est la réponse institutionnelle à la fragmentation que produit l’échange marchand Par exemple, dans une société fondée sur le marché et dotée d’une certaine division du travail, à chaque fois qu’un agent (un artisan tanneur, un charpentier, un tisserand, etc.) produit une marchandise, rien ne permet a priori de dire combien il pourra en vendre, ni à quel prix, ni si cela lui permettra de vivre lui et sa famille des fruits son travail. Rien ne lui permet de dire par ailleurs si les autres agents seront, en retour, en mesure de produire les marchandises dont il a besoin pour vivre, ni à quel prix, etc. Face à cette menace de fragmentation, il est nécessaire qu’il existe un dispositif institutionnel de socialisation des travaux privés. La monnaie est ainsi cette institution qui permet, via les échanges monétaires, d’assurer un certain degré de centralisation. « Dans l’ordre économique, la monnaie est l’instrument de conversion de l’individuel en collectif et du privé en social » (Aglietta, Orléan, 1998)

Trois enseignements de la monnaie comme rapport social B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste La monnaie n’est pas une substance, mais une relation fondée sur un ensemble de règles Trois enseignements de la monnaie comme rapport social Une économie marchande dépourvue de monnaie ne peut exister : la monnaie rend possible le marché Plusieurs enseignements importants peuvent être dégagés de cette conception de la nature de la monnaie énoncée par Marx : en premier lieu, avancer que la monnaie est un rapport social signifie qu’elle n’est pas une « chose », ni une marchandise particulière choisie parmi toutes celles qui sont produites dans l’économie : Marx remet ici en cause la tentation d’une définition substantialiste de la monnaie. La monnaie est par nature une abstraction. Elle est une relation sociale fondée sur un ensemble de règles explicites ou implicites ; règles qui assurent l’articulation entre la fragmentation de l’économie marchande (les travaux privés qui conduisent à la production des marchandises) et la coordination ex post qui permet d’assurer la cohérence de l’ensemble du système social. La monnaie est l’instrument permettant la validation sociale des travaux privés. Dans le système capitaliste, qui est un cas particulier d’économie de marché, ce rapport social conduit à une relation particulièrement asymétrique : la monnaie est l’instrument par lequel les rapports d’exploitation sont dissimulés derrière l’apparence d’une relation marchande équitable, c’est le « fétichisme de la marchandise ». En deuxième lieu, lorsque Marx montre que la monnaie est le rapport social essentiel qui rend possible l’échange marchand et par conséquent l’économie de marché elle-même, on en déduit logiquement qu’une économie marchande dépourvue de monnaie ne peut exister. Ainsi, non seulement le troc est une « vue de l’esprit », mais en outre cette fable du troc repose sur une incohérence interne forte car chercher à rendre compte de l’échange marchand indépendamment de la monnaie ne permet pas de comprendre la nature véritable de ce type d’échange. Enfin, en dernier lieu, la monnaie n’a pas de raison d’être dans une économie qui n’est pas fondée sur l’échange marchand : si le travail est socialement validé ex ante comme par exemple par un système coercitif de normes fondé sur la hiérarchie (politiques, religieuses, familiales, etc.) ou par une coordination horizontale fondée sur la coopération, la question de la monnaie et donc de son existence dans l’économie ne se posent pas (schéma I.2). Les économies non marchandes sont dépourvues de monnaie : elles coordonnent sur d’autres dispositifs les activités économiques

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste La monnaie : un rapport social Un cas d’école de la dialectique entre économie monétaire-marchande et économie non monétaire – non marchande : les Baruya de Papouasie Nouvelle-Guinée

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste La monnaie : un rapport social Un cas d’école de la dialectique entre économie monétaire-marchande et économie non monétaire – non marchande : Au sein de la société Baruya, point de monnaie, point de marché et des échanges coordonnés par la hiérarchie et/ou la coopération Entre la société Baruya et les autres sociétés, le sel devient monnaie et rend possible une coordination fondée sur les relations marchandes Un commerce inter-tribal avec paiement en barres de sel Source : https://www.inrap.fr/dossiers/Archeologie-du-Sel/Qu-est-ce-que-le-sel-/Ailleurs-dans-le-monde#.WqSrOYIiGL8

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste Marché La monnaie est la réponse institutionnelle à la fragmentation produite par l’échange marchand Le marché n’est possible que sous condition que l’économie soit monétaire Institutions

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste La monnaie : une institution fondatrice des économies de marché Ambivalence de la monnaie : La monnaie produit une violence symbolique : elle légitime les hiérarchies dans l’ordre social tout en canalisant cette violence La monnaie garantit le caractère décentralisé des décisions, la liberté des contractants et l’équité requise pour le transfert des droits de propriété « La monnaie est un lien social à double face : celle de la nécessité et de l’obligation d’un côté, celle de l’ouverture à l’échange et de la confiance de l’autre » (Aglietta, Orléan, 1998)

B. Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste La monnaie : une institution fondatrice des économies de marché La confiance dans la monnaie est une convention qui découle d’un construit social Cette confiance est possible par les liens qui se tissent entre l’institution monétaire et d’autres institutions : Etat, banque centrale, réseau de banques commerciales… Quels fondements de la confiance dans la monnaie ? Convention Confiance méthodique Confiance hiérarchique Confiance éthique La confiance méthodique en premier lieu repose sur la régularité des paiements et sur la routine des règlements conduisant à une sécurisation des moyens de paiement au sein du territoire considéré. Le fait que la monnaie soit utilisée de manière rituelle, qu’elle occupe une place centrale et simultanément peu réfléchie dans la vie quotidienne des individus permet de renforcer de manière inconsciente la confiance qui est conférée dans le système monétaire. La confiance hiérarchique en second lieu repose sur la reconnaissance, par les membres de la communauté de paiement, d’une instance qui leur est supérieure. Il existe un rapport de subordination entre les individus et cette instance par le biais duquel celle-ci est garante de la continuité de la confiance dans la monnaie. La robustesse de cette confiance dépend de la légitimité attribuée à l’autorité concernée ; légitimité qui peut être de nature religieuse ou politique (et le cas échéant démocratique). la confiance éthique repose sur l’adhésion collective de tous les membres de la communauté de paiements à des valeurs supérieures et considérées comme universelles. Dans les sociétés modernes, caractérisées par la prégnance de l’individualisme, la confiance éthique se construit notamment autour de valeurs qui assurent la promotion des droits et des libertés individuels. Dans ce cadre, la monnaie occupe une place essentielle pour renforcer et reproduire ce système de valeurs. Contrainte monétaire Contrainte métallique : Monnaie substance Contrainte institutionnelle : Monnaie signe

1. La monnaie : de quoi parle-t-on ? Propos d’étape : Une première composante de la définition de la monnaie : La monnaie est une institution centrale pour les sociétés qui accordent une place significative au marché dans la coordination de leurs activités économiques. La monnaie est un moyen de paiement qui est l’actif le plus liquide dans une économie : elle présente un pouvoir libératoire général.

1. La monnaie : de quoi parle-t-on ? Propos d’étape : La monnaie : de quoi parle-t-on ? Une première approche pour définir la monnaie : la conception fonctionnaliste Une réponse à la question de l’origine de la monnaie : l’approche institutionnaliste Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ?

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Création de monnaie et formes de monnaie Monnaie marchandise Monnaie de crédit La monnaie marchandise se caractérise par le fait que le moyen de paiement présente une valeur intrinsèque égale à sa valeur monétaire Selon P.-B. Ruffini, la monnaie de crédit se caractérise par le fait que « le support du moyen de paiement est constitué par une créance sur une institution émettrice »

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Création de monnaie et formes de monnaie Monnaie marchandise Monnaie de crédit En première approche, la monnaie métallique n’implique pas de relation de créance et de dette Mais toute forme de monnaie est une institution ! La monnaie métallique est une monnaie de crédit parce qu’à travers elle c’est la « dette de vie primordiale » (Aglietta) de la société qui s’exprime Monnaie métallique : Monnaie pesée, monnaie comptée (coulée), monnaie frappée. Dans tous les cas, il existe une composante de monnaie de crédit Pour la monnaie métallique, le socle de la confiance dépend d’une convention construite par la communauté de paiement : contrainte métallique

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Création de monnaie et formes de monnaie Monnaie marchandise Monnaie de crédit La monnaie de crédit est fondée sur une relation de créance et de dette : a) entre les parties co-contractantes lors des échanges b) entre les détenteurs de monnaie et le système institutionnel La monnaie de crédit est une dette de l’institution émétrice envers le détenteur de la monnaie. Pour la monnaie de crédit, le socle de la confiance repose sur un dispositif institutionnel dans lequel les métaux précieux sont démonétisés : contrainte institutionnelle

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Monnaie métallique et monnaie de crédit sont deux types-idéaux ! Création de monnaie et formes de monnaie Monnaie marchandise Monnaie de crédit « On oppose souvent monnaie de métal précieux et monnaie dite fiduciaire. Nous apercevons maintenant que toute monnaie est fiduciaire. L’or, à ce jour, n’est que la première des monnaies fiduciaires ; il n’est pas plus mais il n’est pas moins ». François Simiand, La monnaie comme réalité sociale, 1934 LOUIS XIII (1610-1643). Louis d'or à la mèche longue, 1641.

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Point vocabulaire ! Création de monnaie et formes de monnaie Monnaie marchandise Monnaie de crédit Monnaie marchandise : se définit comme un actif ayant une valeur intrinsèque égale à sa valeur monétaire. Monnaie de crédit : elle se définit comme un actif monétaire dont la valeur est – au moins en partie – fonction d’une relation de créance et de dette Remarques : 1) La monnaie marchandise comme la monnaie de crédit présentent degré absolu de liquidité : elles permettent de s’acquitter de toutes les dettes au sein de la communauté de paiements 2) Seule la monnaie de crédit est elle-même une dette : c’est la seule dette qui permet de s’acquitter de toutes les dettes

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Point vocabulaire ! Création de monnaie et formes de monnaie Monnaie marchandise Monnaie de crédit Monnaie de crédit : elle désigne toutes les situations où le support du moyen de paiement est constitué par une créance sur une institution émettrice. Cette créance peut être inscrite sur du papier ou seulement dans les livres de comptes de l’institution émettrice. Dans ce deuxième cas, les paiements sont effectués par jeu d’écriture. Créance : une créance est un élément de l’actif du bilan d’un agent économique. La créance est la contrepartie d’une dette et donne au créancier le droit d’exiger, à l’échéance, le remboursement de cette dette.

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Paléo-monnaies Monnaie marchandise Création de monnaie et formes de monnaie Monnaie marchandise Monnaie de crédit Quel dispositif institutionnel et quel mécanisme pour créer de la monnaie dans chaque type-idéal ? Quelle évolution historique pour passer d’un type idéal à l’autre, tout en assurant la pérennité du système économique ? Monnaie métallique Billets de banque convertible Dématérialisation de la monnaie : Passage de la contrainte métallique à la contrainte institutionnelle Formes monétaires Papier-monnaie Formes monétaires modernes : Monnaie fiduciaire (billets de banque, monnaie divisionnaire) Monnaie scripturale Monnaie de crédit

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? La Banque royale est fondée en 1718 Les institutions financières et la création de monnaie Le système économique « invente » des institutions dédiées pour créer et réguler la monnaie : les institutions financières Certaines de ces institutions financières prennent le nom de « banque » Cette institutionnalisation est le fruit d’une histoire… mouvementée ! « C’est la grosse quantité de monnaie et le faible intérêt qui lui est assorti qui permettent aux hollandais de commercer à meilleur prix que les autres nations » J. Law. Attaque de la calèche de Law, 22 mars 1720 Rue Quincampoix, Paris John Law (1671-1721)

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Les institutions financières et la création de monnaie Le système économique « invente » des institutions dédiées pour créer et réguler la monnaie : les institutions financières Certaines de ces institutions financières prennent le nom de « banque » Cette institutionnalisation est le fruit d’une histoire… mouvementée ! « L’expérience que fit la France avec J. Law fut telle qu’on hésita même à prononcer le nom de « banque » pendant les 150 années suivantes (…). La banque de France fondée en 1800 fut une exception. (…) Il est révélateur de constater que les institutions bancaires se nommèrent caisses, crédit, société ou comptoir, mais pas banque ». C. Kindelberger, Histoire financière de l’Europe occidentale, 1990 C. Kindleberger (1910-2003)

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Masse monétaire constante Le système de monnaie métallique : le banquier mandataire En situation de contrainte métallique : pas de création monétaire par les banques Le volume de « papier » est strictement égal à la quantité de métal mis en réserve « La monnaie de crédit est un substitut monétaire à la monnaie métallique » (Ruffini) Mise en réserve (mise en banque !) BANQUE Mise en circulation (ticket de consigne !) La monnaie métallique est la contrepartie de la créance !

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Le système de monnaie métallique : le banquier mandataire Possibilité de relâchement de la contrainte métallique : monétisation de créance par le mécanisme de l’escompte Exemple : escompte d’une lettre de change à 60 jours Condition d’efficacité : une information symétrique sur la contrepartie de la monétisation de créance ! Une création monétaire à court terme ! Hausse de la masse monétaire BANQUE Escompte de la lettre de change ANF1 Créancier Lettre de change ANF2 Débiteur L’actif financier (lettre de change) est la contrepartie de la créance monétisée !

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Le système de monnaie de crédit Avec la démonétisation de l’or : disparition de la fonction du banquier mandataire Pourtant, dans les représentations collectives, la banque est bien un « intermédiaire financier » Principe « frappé au coin du bon sens » : la banque prête les dépôts qu’elle enregistre ! Pourquoi un tel contresens ? Héritage de l’époque de l’or monétisé ! (« Relique barbare » selon J.-M. Keynes) Dans le débat public, le banquier est un escroc qui prête avec profit ce qui ne lui appartient pas ! Représentation de la tirelire collective !

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Le système de monnaie de crédit Cœur de métier de la banque : création monétaire ex nihilo Les banques créent la monnaie qu’elles prêtent : pari bancaire Mais cette création monétaire ne s’effectue pas sans contrepartie ! Deux cas de figure types de création monétaire Cas de figure n°1 : La contrepartie de la monnaie créée : ouverture d’une créance sur l’économie Ouverture d’une ligne de crédit entre la banque et un ANF (exemple : crédit à la consommation) Contrepartie de la monnaie nouvelle mise en circulation : créance de la banque sur l’ANF A l’échéance, la monnaie créée est détruite

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Le système de monnaie de crédit Cœur de métier de la banque : création monétaire ex nihilo Les banques créent la monnaie qu’elles prêtent : pari bancaire Mais cette création monétaire ne s’effectue pas sans contrepartie ! Deux cas de figure types de création monétaire Cas de figure n°2 : La contrepartie de la monnaie créée : monétisation d’une créance préexistante entre ANF Achat par la banque d’une créance entre deux ANF Exemple : achat de titre de créance par la banque sur le marché financier Exemple : escompte de lettre de change Contrepartie de la monnaie nouvelle mise en circulation : actif financier A l’échéance, la monnaie créée est détruite

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Modèle à une seule banque : Absence de contrainte systémique au pouvoir de création monétaire de la banque Le système de monnaie de crédit Cas d’école : le recours à l’observation directe fait obstacle à la compréhension du système monétaire Nécessité de recourir à la modélisation Modèle de création monétaire à une banque Modèle de création monétaire à plusieurs banques

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Modèle à plusieurs banques : La concurrence bancaire implique la circulation d’une high powered money car nul ne paie avec sa propre dette ! Le système de monnaie de crédit Cas d’école : le recours à l’observation directe fait obstacle à la compréhension du système monétaire Nécessité de recourir à la modélisation Modèle de création monétaire à une banque Modèle de création monétaire à plusieurs banques

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Modèle à plusieurs banques : La concurrence bancaire implique la circulation d’une high powered money car nul ne paie avec sa propre dette ! Le système de monnaie de crédit Cas d’école : le recours à l’observation directe fait obstacle à la compréhension du système monétaire Nécessité de recourir à la modélisation Modèle de création monétaire à une banque Modèle de création monétaire à plusieurs banques

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Modèle à plusieurs banques : La concurrence bancaire implique la circulation d’une high powered money car nul ne paie avec sa propre dette ! Le système de monnaie de crédit Cas d’école : le recours à l’observation directe fait obstacle à la compréhension du système monétaire Nécessité de recourir à la modélisation Modèle de création monétaire à une banque Modèle de création monétaire à plusieurs banques Dans un système fondé sur la concurrence bancaire, chaque banque émet une monnaie qui lui est propre (monnaie privée) Le système implique un dispositif institutionnel hiérarchisé et la création d’une banque des banques : la banque centrale La monnaie banque centrale a notamment vocation à effectuer les paiements interbancaires

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Le système de monnaie de crédit Un débat central : multiplicateur de crédit et diviseur de crédit Deux acquis essentiels : Ce sont les BSR qui créent l’essentiel de la monnaie en circulation La banque centrale dispose d’un pouvoir d’intervention indirect sur les créances monétisées

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Le système de monnaie de crédit Un débat central : multiplicateur de crédit et diviseur de crédit Multiplicateur de crédit : La monnaie créée est un multiple de la première vague de monétisation Primat accordé aux réserves excédentaires en monnaie centrale détenues par les BSR

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Création monétaire par les BSR ANF1 ANF2 ANF3 Banque A Banque B Emission de monnaie BSR masse monétaire BANQUE CENTRALE Refinancement bancaire Fuites interbancaires Monnaie centrale interbancaire (2) Emission de monnaie centrale (1) + (2) Monnaie fiduciaire (1) Monnaie scripturale Le système de monnaie de crédit Un débat central : multiplicateur de crédit et diviseur de crédit Diviseur de crédit : La BC conduit la politique monétaire en régulant a posteriori les activités de crédits des BSR Après avoir arrêté leur stratégie de crédit, les BSR cherchent à se refinancer en monnaie centrale

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Banque Création monétaire Financement de l’économie Création d’emplois Hausse des revenus Amélioration des conditions d’existence des populations Volume de monnaie en circulation : Création – destruction monétaire Destruction monétaire Comment assurer les règlements entre des clients appartenant à différentes banques ? Incompatibilité entre les monnaies privées Nécessité d’une monnaie étalon : La monnaie centrale Et d’une banque assurant la supervision : la banque centrale Contrainte de liquidité pour les banques de second rang La banque centrale assure a posteriori et la régulation du système Le système de monnaie de crédit La portée heuristique du modèle de diviseur de crédit Depuis longtemps, les réserves excédentaires en monnaie centrale ne servent pas de support aux stratégies de crédit Au moins depuis 2008, les BC contrôlent peu le processus de création monétaire !

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? - Billets et Monnaie divisionnaire - Dépôts à vue en euros - Dépôts bancaires à terme avec préavis inférieur ou égal à trois mois (exemple : livret A de la Caisse d’épargne) - Dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à deux ans (exemple : plan d’épargne logement) M2 M3 Instruments négociables du marché monétaire émis par les IFM : Titres OPCVM monétaires Titres donnés en pension livrée Titres de créance d’une durée inférieure ou égale à deux ans Les agrégats monétaires

C. Comment la monnaie est-elle créée dans le système économique ? Agrégats monétaires France Zone euro   Encours en milliards d’euros % Billets et monnaie divisionnaire / 1034 9,5 % Dépôts à vue 752 41 % 5570 51,4 % = M1 6604 60,9 % Dépôts préavis < à 3 mois 607 33,1 2161 19,9 % Dépôt à terme < 2 ans 139 7,6 1447 13,3 % M2 – M1 746 40,7 % 3608 33,3 % = M2 1498 81,7 % 10212 94,2 % OPCVM monétaires 254 13,8 479 4,4 % Titres en pension 21 1,1 77 0,7 % Titres de créances < 2 ans 61 3,3 71 0,6 % M3 – M2 336 18,3 628 5,8 % = M3 1834 100 % 10840 Les agrégats monétaires Agrégats monétaires France et Zone euro Encours en milliards d’euros, décembre 2015 Source : à partir de « Banque de France, bulletin n°207 », octobre 2016 ; calculs C. Rodrigues et A. Beitone.

1. La monnaie : de quoi parle-t-on ? Propos d’étape : Proposition de définition de la monnaie : La monnaie est une institution centrale pour les sociétés qui accordent une place significative au marché dans la coordination de leurs activités économiques. La monnaie est un moyen de paiement qui est l’actif le plus liquide dans une économie : elle présente un pouvoir libératoire général. La monnaie est une dette qui permet de s’acquitter de toutes les dettes. Conventionnellement, on retient deux formes de monnaie qui constituent M1 : les billets et les pièces (monnaie fiduciaire et divisionnaire) et les dépôts à vue en monnaie du territoire

La monnaie et le financement de l’économie Une proposition de réflexion en deux étapes : La monnaie, de quoi parle-t-on ? Les banques et le financement de l’économie Qu’est-ce qu’une banque ? Financement de marchés ou financement intermédié ? Quelle est la place des banques dans le financement de l’économie ? Comment financer le système économique ? Qu’est ce qu’une banque systémique ? Comment réguler les banques dans la globalisation financière ?

La monnaie et le financement de l’économie Les banques et le financement de l’économie Une proposition de réflexion en deux étapes : La monnaie, de quoi parle-t- on ? Les banques et le financement de l’économie 1. Qu’est ce que le financement de l’économie ? 2. Financement de marché, financement intermédié 3. Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? 4. Concentration bancaire et risque systémique 5. Les enjeux de la régulation bancaire

2. Les banques et le financement de l’économie Qu’est ce que le financement de l’économie ? Le financement désigne toutes les opérations par lesquelles les agents (ménages, entreprises, Etats) se procurent les fonds nécessaires à la conduite de leurs activités économiques Agents en capacité de financement épargne > investissement besoin de financement épargne < investissement Entreprises, La plupart des Etats Ménages, Quelques Etats Marchés des capitaux Institutions financières Autofinancement partiel

2. Les banques et le financement de l’économie Qu’est ce que le financement de l’économie ? Les fonctions de la finance Un système financier remplit 6 fonctions essentielles 1. Il transfère les richesses dans le temps 2. Il gère les différents risques 3. Il met en commun les richesses 4. Il diffuse de l’information Robert C. Merton Economiste américain, Prix Nobel 1997 5. Il organise les règlements 6. Il instaure des mécanismes incitatifs pour régler les conflits liés aux asymétries informationnelles

2. Les banques et le financement de l’économie Qu’est ce que le financement de l’économie ? Parmi les agents en CdF on distingue : Les agents non financiers (ANF) Les institutions financières Parmi les IF, on distingue celles qui ont un pouvoir de création monétaire (IFM) et les autres (IFNM) telles que les entreprises d’assurance, les fonds communs de placement… Autofinancement Financement externe Financement non monétaire Financement monétaire Entreprises non financières Ménages Etats Institutions financières non monétaires Institutions financières monétaires Agents non financiers Institutions financières Agents en capacité de financement

2. Les banques et le financement de l’économie Qu’est ce que le financement de l’économie ? Financement non monétaire et financement monétaire Ces deux modes de financement coexistent empiriquement Pour autant, ils renvoient à un débat théorique ancien : Tradition classique, néoclassique et autrichienne : seul le financement non monétaire est légitime Tradition keynésienne et tenants de la monnaie endogène : le financement monétaire assure la dynamique de l’économie Autofinancement Financement externe Financement non monétaire Financement monétaire Entreprises non financières Ménages Etats Institutions financières non monétaires Institutions financières monétaires Agents non financiers Institutions financières Agents en capacité de financement

2. Les banques et le financement de l’économie Système financier Financement de marché, financement intermédié S’agissant du financement externe, on distingue deux dispositifs : Financement de marché Financement intermédié Financement de marché Intermédiation financière

2. Les banques et le financement de l’économie Financement de marché, financement intermédié Un exemple de financement de marché : le crowdfunding Un financement « hors-système » ? Un financement pour quel risque de contrepartie ? Quelle qualité de l’information ? Comment articuler les divers besoins en liquidité des agents ? Le financement participatif est notamment utilisé par les créateurs d’entreprises, par des très petites entreprises (TPE) ou des petites et moyennes entreprises (PME) pour se financer. La démarche consiste à présenter un dossier sur un site spécialisé en exposant le projet d’entreprise ou d’investissement et à la soumettre au vote des crowfunders. Le site se rémunère en prélevant un pourcentage des sommes collectées. Il s’agit donc bien d’un financement direct puisque des épargnants à la recherche de placement accordent directement un crédit ou prennent une participation dans le capital de l’entreprise qui cherche à se financer. Selon une étude du service d’études économiques de BNP-Paribas ce mode de financement bien qu’en forte croissance reste au total très modeste. En France, à la fin 2013, il a permis de collecter 78,3 Millions d’euros sur un total d’encours de crédit de 816,7 milliards d’euros de crédits aux entreprises (Nahmias, 2015, p. 14). Le développement de ce type de financement souffre de deux difficultés majeures : - un problème de liquidité : les fonds sont immobilisés pendant une période relativement longue et il n’existe pas de marché secondaire sur lequel on pourrait revendre facilement les actifs acquis ; - il y a une forte asymétrie d’information : les apporteurs de capitaux peuvent difficilement évaluer la qualité des emprunteurs et la solidité de leur projet.

2. Les banques et le financement de l’économie Financement externe Financement de marchés Financement intermédié Finance « directe » par le marché des capitaux Finance « directe » hors marché des capitaux Titres de propriétés Titres de créances Crédits entre ANF : Crowdfunding Crédits commerciaux entre firmes et intra-groupes Crédits non bancaires émis par les IF Crédits bancaires émis par les IFM Monétisation de créances Transfert d’épargne Financement de marché, financement intermédié Quelle gestion du risque de marché ? Quelle gestion du risque de crédit ? Attention à la confusion avec financement monétaire et financement non monétaire !

2. Les banques et le financement de l’économie Economie à découvert : Fonction prépondérante du crédit bancaire Refinancement des banques directement auprès de la BC Primat des relations bilatérales entre les ANF et les IF Financement de marché, financement intermédié Une typologie idéale des financements de l’économie : J. Hicks (1974) Economie à découvert Economie de marché financier Economie de marché financier : Fonction prépondérante de l’autofinancement et de l’émission de titres (marché financier) Refinancement des banques sur le marché monétaire Primat des relations multilatérales entre les ANF et les IF John Hicks (1904-1989) Attention : toute économie monétaire est nécessairement une économie d’endettement

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Qu’est ce qu’une banque ? Une banque est une institution financière qui est habilitée à effectuer des opérations de banques c’est-à-dire : octroyer des crédits par des opérations de monétisations de créances réceptionner les dépôts des ANF gérer leurs moyens de paiements produire des prestations de services de placement financier Les banques disposent du pouvoir de création monétaire (distinction avec les autres institutions financières) Terminologie de la zone euro : établissement de crédit et institution financière monétaire (IFM)

2. Les banques et le financement de l’économie Merton Miller (1923-200) Prix Nobel 1990 Franco Modigliani (1918-2003) Prix Nobel 1985 Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Peut-on scientifiquement identifier un dispositif de financement plus efficace que les autres ? Théorème de Modigliani-Miller (1958) Des conditions de validité restrictives du théorème : Information parfaite Absence de coûts de transaction Absence de distorsions fiscales Equivalence entre le risque de marché et le risque de crédit Postulat de l’efficience des marchés ! Le théorème énonce que la valeur d’un actif est indépendante du mode de financement qui a permis l’achat de cet actif. La flexibilité du prix des actifs sur le marché neutralise les changements de la structure financière des firmes : indifférence entre le financement des activités par fonds propres ou par emprunt

2. Les banques et le financement de l’économie Dani Rodrik et Arvind Subramanian distinguent 4 formes types d’institutions : Celles qui protègent les droits de propriété et garantissant l’exécution des contrats : institutions « créatrices de marchés » Celles qui encadrent les marchés et limitent leurs défaillances : institutions « de réglementation des marchés » Celles qui garantissent une protection sociale, la redistribution des revenus et la gestion des conflits : institutions « de légitimation des marchés » Celles qui permettent les politiques conjoncturelles (banque centrale) : institutions de « de stabilisation des marchés » Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Peut-on scientifiquement identifier un dispositif de financement plus efficace que les autres ? L’efficacité du dispositif de financement de l’économie dépend de la qualité du contexte institutionnel Dani Rodrik Arvind Subramanian

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques et l’intermédiation financière Dans beaucoup de PDEM (y compris depuis la seconde mondialisation) : L’autofinancement est préféré au financement externe le financement intermédié est préféré au financement de marché 4 catégories de facteurs explicatifs : Présence d’asymétries informationnelles Présence de coûts d’agence Imperfection des marchés de capitaux de sorte que le risque de crédit est préféré au risque de marché Exigence de liquidité des ANF

2. Les banques et le financement de l’économie Les banques de dépôts (joint stock banks) se chargent de monétiser des créances à court terme. Leur passif se compose essentiellement de dépôts à vue des ANF les banques d’affaires (merchant banks) monétisent des créances de long terme (elles procèdent généralement à de la création monétaire pour acheter des titres de créances ou de propriété sur le marché financier) Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques et l’intermédiation financière Banques de dépôt ou banques d’affaire ? LES BSR peuvent adopter des différences de stratégies face aux crédit : Stratégie agressive : demande structurelle de monnaie centrale  banque d’affaire Stratégie passive : offre structurelle de monnaie centrale  banque de dépôt Etats-Unis : abrogation du Glass Steagall act en 1999 France : loi bancaire de 1984

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques et l’intermédiation financière Intermédiation bancaire ou intermédiation financière ? Convention de la Banque de France Taux d’intermédiation bancaire Taux d’intermédiation financière Volume des crédits octroyés par les IFM / Volume des financements externes obtenus par les ANF Volume des crédits et financements octroyés par les IF / Volume des financements externes obtenus par les ANF

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques et l’intermédiation financière Intermédiation bancaire ou intermédiation financière ? Source : Banque de France, 2011

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques et l’intermédiation financière Intermédiation bancaire ou intermédiation financière ?

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques et l’intermédiation financière Intermédiation bancaire ou intermédiation financière ? Source : BdF, Stat info. Financement des SNF, 1 » mars 2018

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques et l’intermédiation financière Intermédiation de bilan ou intermédiation de marché ? Qui endosse le risque de crédit ? L’épargnant et non l’institution financière L’institution financière et non l’épargnant Intermédiation de marché ! Intermédiation de bilan ! Transfert d’épargne hors bilan Transformation bancaire : Création monétaire Transfert d’épargne

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques et la globalisation financière Le financement direct de l’économie n’est pas une caractéristique de la mondialisation ! Les banques se sont adaptées à la globalisation financière : marchéisation des crédits bancaires (modèle « originate to distribute ») Mondialisation commerciale et mondialisation productive Endettement structurel des Etats Globalisation financière Montée de la finance de marché Risque de crédit ? Décloisonnement et dérèglementation des marchés Bouleversement du cœur de métier des banques ! Risque de marché ? Changement idéologique : domination du libéralisme économique Evolution de la règlementation : Loi bancaire de 1984 en France ! Gramm-Leach-Bliley act en 1999 aux Etats-Unis !

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques se sont adaptées à la globalisation financière Les banques deviennent systémiques ! Faillite de Lehman Brothers, aout 2008

2. Les banques et le financement de l’économie Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques se sont adaptées à la globalisation financière Les banques deviennent systémiques ! Source : http://finance.sia-partners.com/les-banques-systemiques-au-niveau-mondial-une-reglementation-adaptee-pour-des-profils-diversifies

2. Les banques et le financement de l’économie Qu’est ce que le risque systémique ? Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques se sont adaptées à la globalisation financière Les banques deviennent systémiques ! M. Aglietta : le risque systémique résulte de l’agrégation des réponses rationnelles des agents aux divers risques qu’ils perçoivent Dans certaines conditions, cette agrégation accroît l’instabilité financière au lieu de la réduire Une illustration du risque systémique : Le cheval de Bill !

2. Les banques et le financement de l’économie Bouleversement du cœur de métier des banques ! Risque de crédit Risque de marché Recul des activités de financement monétaire Hausse des activités de financement non monétaires Explosion de la taille des bilans bancaires Bouleversement de la structure des bilans bancaires Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques se sont adaptées à la globalisation financière Les banques deviennent systémiques !

2. Les banques et le financement de l’économie Schéma (simplifié !) d’un bilan bancaire Concentration bancaire et risque systémique L’explosion de la taille des bilans bancaires accroit l’instabilité financière Un indicateur essentiel dans le bilan bancaire : les fonds propres Le passif du bilan bancaire regroupe l’ensemble des ressources collectées par les banques. Ces ressources sont essentiellement de trois types : les fonds propres ; les dettes de marchés (c’est à dire les titres émis par les banques et dont elles sont les débitrices) ; les dépôts de leurs clients (pour la banque les dépôts sont une dette : elle doit honorer le contrat qui la relie à son client et satisfaire la fonction de règlement : le client doit pouvoir disposer des fonds comme il le souhaite) L’actif du bilan bancaire regroupe l’ensemble des emplois liés à l’activité bancaire (les richesses détenues par le banque). Il existe 4 catégories principales d’actifs : les crédits aux ANF ; les crédits immobiliers ; les achats de titres par les banques (c’est à dire les titres émanant d’autres sociétés – financières ou non financières – ou des Etats achetés par les banques et dont elles sont les créancières) ; les bénéfices mis en réserves   Attention à ne pas confondre les dettes de marchés, c’est à dire les titres émis par la banque (la BNP par exemple qui émet une obligation qui est ensuite achetée par un ANF – agent non financier - ou une IF qui devient le créancier) qui représentent pour la banque une dette inscrite au passif de son bilan et les achats de titres en provenance d’autres institutions (SNF, IF ou Etats) par la dite banque par le biais desquels celle-ci dispose d’une créance vis-à-vis de l’institution émettrice qui sont inscrits à l’actif du bilan bancaire. Rappel : les dettes sont inscrites au passif du bilan tandis que les créances sont inscrites à l’actif.

2. Les banques et le financement de l’économie Concentration bancaire et risque systémique Qu’est ce qu’un fond propre bancaire ? les fonds propres constituent la seule ressource non remboursable versée au bilan des banques, c’est à dire la seule ressource qui ne soit pas une dette Les fonds propres sont constitués des actions émises par la banques (les apports en capitaux des propriétaires) + les bénéfices mis en réserve Les fonds propres permettent d’éponger les pertes en cas de problèmes de solvabilité ! Exemple : quand une banque ne détient pas plus de 4 % de son bilan en fonds propres, cela veut dire que 96 % de son actif (c’est à dire de ses engagements) repose sur ses dettes !

2. Les banques et le financement de l’économie Actif total des groupes bancaires (Union européenne et Etats-Unis) en % du PIB national et régional, 2011 Concentration bancaire et risque systémique L’explosion de la taille des bilans bancaires accroit l’instabilité financière Les grands groupes bancaires européens, en total de bilan, équivalent souvent au PIB en volume du pays de la maison-mère des banques considérées ! Sur l’ensemble de l’Europe, le secteur bancaire représente en 2017 entre 300 et 600 % du PIB des plus grands pays européens ! Source : Rapport Liikanen, 2012

2. Les banques et le financement de l’économie Concentration bancaire et risque systémique L’explosion de la taille des bilans bancaires accroit l’instabilité financière Les grands groupes bancaires européens, en total de bilan, équivalent souvent au PIB en volume du pays de la maison-mère des banques considérées ! Sur l’ensemble de l’Europe, le secteur bancaire représente en 2017 entre 300 et 600 % du PIB des plus grands pays européens ! Source : J. Couppey-Soubeyran, C. Nijdam. Parlons banque ! La Documentation française, 2014

2. Les banques et le financement de l’économie Concentration bancaire et risque systémique L’explosion de la taille des bilans bancaires accroit l’instabilité financière La concentration bancaire réduit l’intensité de la concurrence tout en créant des « mastodontes bancaires » (L. Scialom)

2. Les banques et le financement de l’économie Concentration bancaire et risque systémique L’explosion de la taille des bilans bancaires accroit l’instabilité financière La concentration bancaire réduit l’intensité de la concurrence tout en créant des « mastodontes bancaires »

2. Les banques et le financement de l’économie Concentration bancaire et risque systémique L’explosion de la taille des bilans bancaires accroit l’instabilité financière La concentration bancaire réduit l’intensité de la concurrence tout en créant des « mastodontes bancaires » 4 Banques universelles françaises font parties des banques européennes systémiques (BNP-Paribas, Crédit agricole, BPPCE, Société générale) BNP-Paribas a une taille de bilan équivalente au PIB de la France (2017) En Allemagne : une seule banque systémique ! Problème avec les banques françaises : Too big to fail Too interconnected to fall Too big to save ! Banque systémique : Fat cat ! Laurence Scialom Economiste, Membre du conseil scientifique de l’ACPR (autorité de contrôle prudentiel et de résolution)

2. Les banques et le financement de l’économie Concentration bancaire et risque systémique L’explosion de la taille des bilans bancaires accroit l’instabilité financière La concentration bancaire réduit l’intensité de la concurrence tout en créant des « mastodontes bancaires » Enseignement de la théorie économique : les marchés oligopolistiques en présence de rendements d’échelle croissants sont efficaces Les études empiriques montrent que dans le secteur bancaire ce sont les acteurs de taille intermédiaire qui ont la structure de coût le plus faible Grandes banques : déséconomies d’échelle du fait des coûts d’organisation Banque systémique : Fat cat ! Laurence Scialom Economiste, Membre du conseil scientifique de l’ACPR (autorité de contrôle prudentiel et de résolution)

2. Les banques et le financement de l’économie Concentration bancaire et risque systémique L’explosion de la taille des bilans bancaires accroit l’instabilité financière La concentration bancaire réduit l’intensité de la concurrence tout en créant des « mastodontes bancaires » Quelles raisons de la concentration bancaire ? Recherche d’un plus grand pouvoir de marché (barrières à l’entrée puis stratégie collusives) Recherche d’une couverture par les autorités politiques et monétaires (bail out) en cas de crise d’insolvabilité (too big to fail) Banque systémique : Fat cat ! Laurence Scialom Economiste, Membre du conseil scientifique de l’ACPR (autorité de contrôle prudentiel et de résolution)

2. Les banques et le financement de l’économie Bouleversement du cœur de métier des banques ! Quelle place pour les banques dans le financement de l’économie ? Les banques se sont adaptées à la globalisation financière Les banques deviennent systémiques ! Risque de crédit Risque de marché Recul des activités de financement monétaire Hausse des activités de financement non monétaires Explosion de la taille des bilans bancaires Bouleversement de la structure des bilans bancaires

2. Les banques et le financement de l’économie Schéma (simplifié !) d’un bilan bancaire Concentration bancaire et risque systémique La déformation de la structure des bilans bancaires accroit l’instabilité financière Au passif : hausse des dettes de marchés au détriment de la part des fonds propres A l’actif : hausse des titres acquis sur les marchés financiers au détriment des crédits

2. Les banques et le financement de l’économie 1980 2002 2014 ACTIF (en %) Crédits à la clientèle 84 38 36,8 Créances sur titres financiers 5 47 39,7 Valeurs immobilisées (réserves) 9 7 6,9 Divers 2 8 16,6 Total ACTIF 100 PASSIF (en %) Opérations interbancaires (solde) 13 5,6 Dépôts de la clientèle 73 27 32,7 Dettes sur titres financiers 6 52 39,5 Fonds propres 8,1 14,1 Total PASSIF Concentration bancaire et risque systémique La déformation de la structure des bilans bancaires accroit l’instabilité financière Financiarisation des bilans bancaires ! Bilan simplifié des banques en France, en % de l’actif et du passif Source : à partir des données de la Banque de France (ACPR), calculs C. Rodrigues

2. Les banques et le financement de l’économie Concentration bancaire et risque systémique La globalisation financière et les stratégies bancaires augmentent le risque systémique du fait : De la concentration bancaire De la hausse des activités sur titres versées au bilan des banques et de la chute de la part de leurs fonds propres

2. Les banques et le financement de l’économie Hausse de la taille des bilans bancaires Concentration bancaire et risque systémique La globalisation financière et les stratégies bancaires augmentent le risque systémique du fait : Du développement de la titrisation De la hausse des activités sur produits dérivés et notamment les activités hors bilan : surévaluation par les banques de leur ratio de fonds propres ! De la hausse du shadow banking ! Crise systémique Banques systémiques Financiarisation des bilans bancaires Risque systémique Incitation rationnelle au transfert de risques Hausse des activités hors-bilan Shadow banking Recherche d’une meilleure couverture individuelle contre les risques Asymétries informationnelles Comportements opportunistes

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire 1974 : création dans le cadre de la Banque des règlements internationaux (BRI) du Comité de Bâle 2016 : 28 pays membres du Comité de Bâle Siège de la BRI à Bâle, Suisse

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire 1988 : Après le krach de 1987, « Accords de Bâle I » : Ratio Cooke : ratio international de solvabilité. Les banques doivent respecter la contrainte d’au moins 8 % entre le total de leurs actifs pondérés par les risque et leurs fonds propres Objectif : imposer une capitalisation minimale aux banques par une régulation microprudentielle Résultat : portée très limitée du fait de la majoration de la mesure des fonds propres La contrainte exigeait de facto un ratio de seulement 2 % de fonds propres ! Le régulateur et les banques : un drôle de jeu du chat et de la souris dans lequel le régulateur est une souris !  Incitation des banques à la minoration des risques

2. Les banques et le financement de l’économie Convergence apparente d’intérêt entre les banques et le régulateur : les banques ont réussi à imposer leurs propres modèles de calcul des risques ! Conséquence paradoxale : Hausse du risque systémique ! Les enjeux de la régulation bancaire 2004 : « Accords de Bâle II » : Ratio Mc Donough : ratio international de solvabilité. Les banques doivent respecter la contrainte d’au moins 8 % entre le total de leurs actifs pondérés par les risque et leurs fonds propres  changement dans la méthode de calcul de pondération des risques Processus de surveillance prudentielle (Stress tests) Recours à la discipline de marché (discours des banques en faveur d’une plus grande transparence) Résultat : Bâle II est mis en application juste avant la crise de 2007 et Lehman Brothers répondait favorablement au ratio ainsi qu’aux stress tests avant sa faillite en 2008 ! Défaut de coordination !!

2. Les banques et le financement de l’économie Convergence apparente d’intérêt entre les banques et le régulateur : les banques ont réussi à imposer leurs propres modèles de calcul des risques ! Conséquence paradoxale : Hausse du risque systémique ! Les enjeux de la régulation bancaire 2004 : « Accords de Bâle II » Hypothèse : en rendant plus robuste chaque banque, on pensait accroitre la stabilité financière  négation du risque systémique ! Limite de la régulation microprudentielle Bâle II a renforcé la pro-cyclicité du système financier : Pour répondre aux règles prudentielles, les banques sont incitées à des contractions de crédits et de désendettement (deleveraging) durant les phases récessives Pendant les phases haussières de cycle  hausse des prises de risques ! Défaut de coordination !!

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire 2008 : Face à la crise mondiale, le régulateur n’a pas le choix : Si insolvabilité d’une banque : Impossibilité de bailing in + « Too big to fail »  bailing out Renflouement des banques (Dexia, AIG) Renforcement des fat cats !

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire Tirer les leçons de la crise de 2008 : quelles solutions ? Supprimer les banques ? Attribuer le monopole de la création monétaire aux banques centrales ? Soumettre les banques à une régulation institutionnelle robuste !

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire Accords de Bâle III : sommet du G20, Pittsburgh 2009 Hausse du ratio de capitalisation (avec notamment une mesure plus « dure » des fonds propres) Prise en compte des engagements hors bilan (incitations pour les banques à ne pas sortir les actifs les plus risqués de leur bilan !) Obligation pour les banques de détenir des actifs plus liquides dans leur bilan Le lobby bancaire a vivement contesté ces nouvelles mesures notamment en arguant du fait que cela fera accroitre le shadow banking ! – C’est le pompier qui crie au feu et qui souffle sur les braises !

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire Accords de Bâle III : sommet du G20, Pittsburgh 2009 Hausse du ratio de capitalisation (avec notamment une mesure plus « dure » des fonds propres) Prise en compte des engagements hors bilan (incitations pour les banques à ne pas sortir les actifs les plus risqués de leur bilan !) Obligation pour les banques de détenir des actifs plus liquides dans leur bilan Le lobby bancaire a vivement contesté ces nouvelles mesures notamment en arguant du fait que cela fera accroitre le shadow banking ! – C’est le pompier qui crie au feu et qui souffle sur les braises !

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire Le dispositif de Bâle III est toutefois insuffisant Sur le plan des Etats, de nombreux pays européens ont voté des lois bancaires (Royaume-Uni, Belgique, Allemagne, France) : La loi bancaire en France de 2013 : loi Moscovici à partir des propositions du rapport Liikanen (initialement, il s’agissait d’imposer un retour à la séparation bancaire) Mobilisation efficace du lobby bancaire (FBF)  détricotage de la loi Moscovici ! Aux Etats-Unis : tentative de réglementation (règle Volcker de 2010)  Mobilisation du lobby bancaire !

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire Le dispositif de Bâle III est toutefois insuffisant Nécessité d’une réglementation coordonnée internationale L’Union bancaire européenne Siège de la Commission européenne Bruxelles, Belgique

2. Les banques et le financement de l’économie Les enjeux de la régulation bancaire L’Union bancaire européenne à partir de 2012 Les trois piliers de l’Union bancaire : Une Autorité européenne chargée d’une surveillance prudentielle centralisée des banques : fonction attribuée à la BCE depuis 2014 dans le cadre du mécanisme de surveillance unique (MSU) Un mécanisme de résolution unique (MRU) des crises bancaires : avec la hausse de la capitalisation, le bail in devient possible avant le bail out !  En vigueur le 1er janvier 2015 ; Projet controversé de création d’un fond européen de garantie des dépôts (mutualisation de la garantie des dépôts – MGD) Siège de la Commission européenne Bruxelles, Belgique

La monnaie et le financement de l’économie En guise de conclusion Analogie avec le conte du Roi nu : le système financier actuel fonctionne de sorte que les banques ne se rendent pas compte qu’elles sont nues et personne n’ose le leur dire ! Tant que les intérêts des banques ne convergent pas avec l’objectif commun de stabilité financière, la situation de la finance mondiale se dégradera Anat Admati Economiste américaine, Stanford Martin Hellvig Economiste allemand, Mannheim 2013

La monnaie et le financement de l’économie En guise de conclusion Proposition 1 : Hausse de l’exigence des règles microprudentielles pour accroitre la capitalisation bancaire Accompagné d’une mise en place des règles macroprudentielles mondiales pour encadrer les bulles spéculatives Anat Admati Economiste américaine, Stanford Martin Hellvig Economiste allemand, Mannheim 2013

La monnaie et le financement de l’économie En guise de conclusion Proposition 2 : Renoncer à la séparation bancaire (le Glass Steagall Act est obsolète !) entrelacement du risque de crédit et du risque de marché par lequel s’exerce le lobby bancaire ! Taxation des pratiques risquées, qu’elles portent sur le risque de crédit (titirisation !) comme sur le risque de marché (bulles et produits dérivés) Anat Admati Economiste américaine, Stanford Martin Hellvig Economiste allemand, Mannheim 2013

La monnaie et le financement de l’économie En guise de conclusion Proposition 3 : Impératif de baisse de la taille des bilans bancaires : Des banques de taille plus « modeste » et mieux capitalisées permettraient en particulier de recourir à davantage de bailing in au moment d’une crise bancaire et ainsi réduire l’aléa moral (coût collectif du principe « too big to fail »). Anat Admati Economiste américaine, Stanford Martin Hellvig Economiste allemand, Mannheim 2013

La monnaie et le financement de l’économie En guise de conclusion Proposition 4 : L’Union bancaire en Europe est impérative Son efficacité est conditionnée par : La mise en œuvre de politiques de zones plus actives (politiques industrielles, politiques sociales) pour que les performances économiques des territoires convergent ! Une union budgétaire européenne ! Anat Admati Economiste américaine, Stanford Martin Hellvig Economiste allemand, Mannheim 2013

La monnaie et le financement de l’économie Un livre pour poursuivre la réflexion A. Beitone, C. Rodrigues, Economie monétaire, théories et politiques. Armand Colin, coll. « cursus », 2017

La monnaie et le financement de l’économie Merci de votre attention ! Pour toute demande d’information complémentaire : Kriss.rodrigues13@gmail.com http://lewebpedagogique.com/christopherodrigues/