Circonscription de Montdidier janvier 2013
Des projets autour de la poésie « À l’école, pour l’enfant, la poésie est là, doit être là pour déranger, pour faire apparaître tout à coup que le langage des hommes peut devenir chair et sang, et surtout capable, selon le sens étymologique du mot poésie, de faire que l’impossible soit possible. » GEORGES JEAN, Pour une pédagogie de l’imaginaire ,Casterman, 1976
Poème nom masculin. Un poème, c’est une petite histoire écrite en vers avec des rimes. Victor récite un poème qu’il a appris par cœur. Poésie nom féminin. 1. La poésie, c’est l’art d’écrire des poèmes. 2. Une poésie, c’est un poème. Laure apprend une poésie par cœur. Poète nom masculin et féminin. Un poète, une poète, c’est un écrivain qui écrit des poèmes. Victor Hugo est un grand poète. ( Définitions tirées du « Robert Benjamin, CP-CE, 2006)
Elle parle pour tout le monde. La poésie, c’est la « capacité de faire parler la langue comme personne pour tout le monde »(Alain Borer). La poésie sollicite la langue là où personne ne le fait, elle récuse les parlers ordinaires et utilitaires, les stéréotypes, les formules usées… La langue poétique peut ainsi paraître inhabituelle, étrange. Mais cette étrangeté-là n'est pas facilité ou coquetterie, ni hermétisme pour initiés. Elle parle pour tout le monde. En tant que personne, l’élève est interpellé par la poésie. Elle retravaille son rapport à sa propre langue, et elle exprime dans son parler un rapport aux autres, au monde et à soi-même L'élève lecteur de poésie est sollicité par cette rencontre, séduit, inquiété, enrichi, éclairé, amusé,… La poésie à l’école, EDUSCOL 2004/mise à jour 2010
Rencontrer la poésie en maternelle Ecouter des poèmes lus par l’enseignant Découvrir et manipuler de recueils, d'anthologies présents dans la classe. En PS, l’éducation à l’écoute doit être privilégiée, Elle suppose une attention, au sens le plus beau du mot attention, « tendu vers ». L'élève doit être plongé dans le poème. Par exemple; le jeu du téléphone – la maîtresse transmet une information à l’oreille d’un enfant qui doit la transmettre à son voisin, (repérer collectivement les différents types d’erreurs (phonologiques, sémantiques, syntaxiques). Il est possible de complexifier l’énoncé de départ ou encore d’organiser une « course » entre deux équipes, le but étant de transmettre le message le plus fidèlement et le plus rapidement possible.
La poésie: une forme littéraire non narrative, non théâtrale, mais porteuse d’une « intention » Les comptines A l’origine, formule parlée ou chantée qui servait à départager, à désigner celui à qui sera attribué un rôle particulier dans un jeu. On les utilise pour: jouer avec la voix, développer la dissociation et la coordination des gestes, entraîner la mémoire( suite de jours nombres mois…) Elles favorisent une approche ludique de la langue Prononciation : Virelangues Appropriation des réalités sonores : rimes, assonances. Imprégnation de modèles syntaxiques. Appropriation de la face écrite de la langue Développement de l’imaginaire et de la créativité.
Confronter les manières de dire, les réceptions « Le besoin de poésie semble relever des exigences fondamentales de la sensibilité humaine » (Jean ROSTAND). plusieurs recueils d’un poète : on mettra à disposition plusieurs recueils d'un même poète (au moins trois) ainsi que trois extraits de ces mêmes recueils (un par recueil) ; il s'agit de retrouver le recueil d’où provient chacun des extraits et d'argumenter sur les thématiques pressenties un poète et un recueil : on mettra à disposition un recueil d'un poète et plusieurs extraits de ce recueil (quatre par exemple) ainsi qu'un extrait provenant d’un autre recueil de ce poète ; il s'agit de trouver cet intrus et d'argumenter • plusieurs recueils de plusieurs poètes : on mettra à disposition plusieurs recueils de deux ou trois poètes ainsi que des extraits de ces recueils ; il s'agira de retrouver le recueil dont est issu chaque extrait et d'argumenter là encore sur les thématiques Confronter les manières de dire, les réceptions Au-delà des échanges sur les choix et les parcours personnels, il importera d'organiser des confrontations de lectures communes.
« Un poème par jour. i vous ne faisiez que cela, vous feriez l’essentiel. Parce qu’un enfant qui entend un poème chaque jour, dans la classe, et un poème différent à chaque fois, d’époque différente, de nature différente, de forme différente, alors il enrichit extraordinairement sa compréhension de ce qu’est la poésie. » « Lisez de tout. Soyez des lecteurs gourmands, vous n’êtes pas obligés de vous imposer des pensums. Si ce que vous lisez vous met mal à l’aise ou vous est hostile, vous n’êtes pas obligé de continuer. Ou alors vous pouvez vous dire : si cette poésie m’agace, c’est qu’elle a quelque chose à voir avec moi, peut-être ! Parce que, ce qui a quelque chose à voir avec nous, ce n’est pas forcément dans une sorte d’adhésion immédiate » Jean-Pierre Siméon : L’école, l’enseignant, la poésie
DES MOYENS POUR FAIRE EXISTER LA POESIE DANS SA CLASSE 1. Le rôle de l’enseignant Pour entrer en poésie avec sa classe, l’enseignant doit d’abord entrer lui-même et pour lui-même, Comme un chasseur d’images l’amateur de poèmes: se met à l’affût, profite de rencontres, délaisse les auteurs qui ne lui parlent pas, relit, recopie, apprend les poèmes qu’il aime pour les passer à d’autres, avance sans souci d’un but à atteindre. 2. Aménager sa classe On peut créer dans sa classe un coin de poésie, où l’on rassemble des recueils de poèmes, des anthologies, à commencer par celle de la classe. On peut aussi agrandir des poèmes sur des affiches, écrire au tableau le poème de la journée, suspendre des poèmes calligraphiés à différents endroits de la classe, composer un mobile avec des poèmes.
3. Planifier son enseignement - Des temps des temps réguliers de poésie à l’emploi du temps . - La minute de poésie peut servir de transition ou clôturer la journée - Un instrument de poésie, une boîte à musique ou une clochette peuvent ouvrir et fermer ce rituel. - L’enseignant peut porter un chapeau réservé à ce moment, utiliser parfois une marionnette… - L’occasion peut être un anniversaire, l’arrivée de la pluie, l’approche d’un événement, la venue du printemps… - On y varie les façons de dire les poèmes (seul, à deux, en sous-groupe, tous ensemble, alternativement, en canon…). - On y invite les élèves à exprimer leurs réactions. - La semaine ou la quinzaine ou le mois de poésie: On y organise une rencontre avec un poète, des rencontres interclasses, un spectacle de poésie, une période intense d’écriture, etc.
4. Démarche : immersion, exploration et expérimentation →L’enseignant lit de la poésie aux élèves tous les jours, les encourage à en lire, à relire certains poèmes. → Il présente différentes anthologies et fait collectionner des poèmes aux élèves (par thème, par auteur, par forme, etc.). → Il crée un coin-poésie, organise des expositions temporaires, à la BCD, dans la classe, etc. Exploration → Il suscite des réactions variées et des interprétations par la discussion, la mise en jeu, les arts visuels, la musique, la danse. → Il fait comparer des poèmes ou des poètes (notion d’intertextualité), fait découvrir des outils poétiques. Expérimentation → Il propose un environnement pour créer, offre des occasions de production collective, encourage les efforts personnels. → Il valorise les productions par la lecture à haute voix, l’exposition et la publication.
Activités d’entraînement portant sur les compétences techniques « La diction d’un poème est l’occasion pour l’enfant de rendre clair et sombre, ouvert et fermé, transparent et opaque, son langage. » Georges JEAN, A l’Ecole de la Poésie, Retz. → Travail de la posture - S’habituer à parler en regardant le public, en n’oubliant personne, diriger son regard avec intention (donner le texte) - Se tenir droit face au public. → Entraînement à maîtriser sa voix : projection, pose, adaptation - Parler fort sans crier = projeter sa voix - Dire un mot en accentuant tantôt les voyelles, tantôt les consonnes - Dire un texte, une phrase ou un mot, plus ou moins fort, à voix murmurée ; chuchoter fort - Dire des sons longs, courts, s’arrêter sur un son - Dire des sons aigus, graves, des sons qui montent et qui descendent. → Entraînement à articuler - Dire un texte très vite, le surarticuler pour ne plus buter sur les mots Dire des allitérations → Entraînement à maîtriser le souffle - - Dire des phrases de plus en plus longues sur le souffle de l’expiration - Dire un texte ou une phrase en variant les groupes de souffle.
Activités d’entraînement portant sur les compétences d’interprétation Entraînement à rythmer un poème - Coder sur un poème les groupes de souffle et les pauses = varier la durée et l’endroit des pauses Explorer les rythmes sur lesquels on peut dire un poème = varier la vitesse. Exercices d’intonation - Dire le même mot ou la même phrase avec des intonations différentes (colère, crainte, surprise, joie, naïveté, ravissement…) - Jouer avec les intonations linguistiques : déclarations, interrogations, exclamations, interdictions…
Le printemps des poètes Un des objets fondamentaux du Printemps des Poètes est de favoriser l’ouverture du regard sur la poésie et encourager la lecture de poèmes comme pratique culturelle. Aussi, son action en direction du milieu scolaire est-elle naturelle et primordiale. Jean-Pierre Siméon, directeur artistique
15e Printemps des Poètes, du 9 au 24 mars 2013, ≪ Les voix du poème ≫ Des sa naissance, au début des temps humains, la poésie est une parole levée. Qu'il soit murmure, cri ou chant, le poème garde toujours quelque chose de son oralité native. Il est donc peu ou prou une affaire de voix, la voix intérieure du poète répondant aux voix du monde. Le partage des poèmes dans la cite, qui est depuis quinze ans l'ambition du Printemps des Poètes, passe nécessairement par la voix haute. Le Printemps des Poètes 2013 fera entendre plus que jamais cette polyphonie vivante. Mode d’emploi Nous souhaitons donc que, durant les 15 jours de mars, dans mille et mille lieux, s’élève la parole poétique, que le plus grand nombre soit convié à se faire passeur de poèmes. Il s’agit que les acteurs de la manifestation s’emparent des multiples modes de transmission orale inventés en 15 ans, toutes façons de communiquer le poème par la voix haute : lecture du poète, du comédien, de l’amateur de poésie, lecture a l’oreille, lecture au micro, sur les ondes radiophoniques, lecture enregistrée, musicale, performance, lecture dans le noir, poème chante, brève lecture quotidienne en classe ou en bibliothèque, lecture inattendue dans les transports en commun, dans les commerces, salles d’attente…
« Le poème est un cri d’amour : il appelle à une mystérieuse communion, il cherche une autre voix, une moitié qui est vous-même... Si la poésie ne vous aide pas à vivre, faites autre chose. Je la tiens pour essentielle à l’homme autant que les battements de son cœur... » (Pierre SEGHERS).
Propositions d’actions