Une analyse instrumentale du focus et de la joncture en warlpiri Un article d’Andrew Butcher et de Jonathan Harrington Titre original, 2003. Butcher Andrew, Flinders University, Australie A fait sa thèse sur les pauses dans le discours, leurs fonctions communicatives et leurs corrélats acoustiques Harrington Jonathan, Université de Munich depuis 2006, avant Université de Kiel. Variations & chgts
Plan de la présentation Introduction Méthode Résultats Discussion La présentation suit l’organisation de l’article en modifiant à l’occasion l’organisation interne de chaque partie
INTRODUCTION
Le warlpiri En blanc les langues de la famille pama-nyungan. Le warlpiri est parlé par environ 3000 locuteurs dans la zone indiquée par la flèche D Carte 1: Langues aborigènes d’Australie tirée de http://clas.mq.edu.au/speech/phonetics/phonology/aboriginal/ et adaptée de Evans (1995)
Le warlpiri: inventaire phonologique Système trivocalique Pas de trait de voisement Pas de fricatives Deux fois plus de sonantes que d’occlusives
Le warlpiri: Structures de base du mot et de la syllabe Syllabe: CV(C), dernière toujours CV, pas d’attaques ni de codas complexes Mot : Cluster consonantique uniquement à l’intérieur du mot CV(C)CV, neutralisation rétroflexe/alvéolaire à l’initiale de mot Phénomènes plus riches et plus complexes à l’intérieur du mot
Le warlpiri: Accentuation Accent lexical: première syllabe du morphème Dernière syllabe de morphème jamais accentuée Focus: position initiale de syntagme (Laughren 1996)
Objectifs & hypothèses Démêler les effets phonétiques du FOCUS de l’accent lexical: Focus => expansion supralaryngée et de durée (de Jong 1995, Harrington et al. 2000)? Effets phonétiques de la JONCTURE au niveau du mot et infra (morphémique): Différences subtiles de timing (Fougeron & Keating 1999) et affaiblissement du segment initial du deuxième item si mot-composé (Nash 1986)? Allongement en fin de syntagme? Focus => montée de f0? Premier objectif: pas de distinction claire dans la littérature et connaissances des effets du focus uniquement avec des langues germaniques
METHODE
2 x 2 = 4 dialogues pour tester l’indépendance des niveaux prosodiques Joncture: /kuju#puŋu/ («tué l’animal ») vs /kuju+puŋu/ (« le chasseur ») dorénavant #/+ Focus (position initiale de syntagme): /kuju#puŋu ŋanta napanaŋkaɭu/ vs /napanaŋkaɭu ŋanta kuju#puŋu/ (Focus vs Focus)
Enregistrements En théorie 4 locuteurs x 10 séries x 4 phrases = 160 occurrences de /kuju(#/+)puŋu/ Dans les faits, 2 locuteurs et 64 occurrences Locutrice principale a écrit les dialogues
Données extraites /j/-target: f2 max /uju/: partie voisée de /kuju/ (durée + f0) /p/: durée d’occlusion dans /puŋu/ /ŋu/: dans /puŋu/ (durée)
RESULTATS
/kuju/ Pic de f0 pour Focus Différence de timing pour une locutrice
/kuju/ Figure 1: Contours moyens de f0 après alignement sur /j/-target avec focus (trait plein) et sans focus (pointillés) pour les locuteurs BP et TR en frontière de mot (gauche) et de morphème (droite
/kuju/ /uju/ significativement plus long avec frontière de mot (#) /uju/ significativement plus long dans Focus que Focus Principalement dû à allongement de la «rime» /uj/
/kuju/ Figure 2: Durée moyenne du début du voisement de /u/ jusqu’à /j/-target avec F vs F et # vs +
/kuju/ Focus => Variation spectrale/supralaryngée plus importante Pas d’abaissement de f2 pour /u/ F2 plus élevé pour /j/-target BP: 1973 Hz -> 2102 Hz TR: 1746 Hz -> 1812 Hz
/kuju/ Figure 3: Trajectoires de f2 pour /uju/ avec focus (trait plein) et sans focus (pointillés) en temps normalisé
/puŋu/ /ŋu/ significativement plus long en Focus, position finale de syntagme. Pas d’effet de frontière (#/+) /p/: Durée d’occlusion plus longue en frontière de mot (#) qu’en frontière de morphème (+) Maintien de l’effet de frontière avec ou sans Focus
/puŋu/ Figure 4: Durée moyenne d’occlusion de /p/ pour Focus/Focus et #/+
DISCUSSION
Allongement de la rime initiale, montée de f0 et hyper-articulation de la consonne: position initiale ou focus? Allongement en fin de syntagme Différences de timing #/+ persistantes avec ou sans focus: Niveaux hiérarchiques de la prosodie (Harrington et al. 2000, Beckman et al. 1992 etc…) Occlusion de /p/ plus longue pour # cohérent avec le modèle de Keating & Fougeron (1997): + intégré => + faible
Anglais: allongement et hyper-articulation sur voyelles Warlpiri: allongement et hyper-articulation sur consonne Explication en termes d’inventaires phonologiques. « L’hyper-articulation a pour effet la mise en valeur du plus grand nombre de contrastes » Remarque personnelle: durée distinctive en initiale de mot
Figure 5: Spectrogramme /uju/