Daniel GAONAC’H Laboratoire LMDC (Langage, Mémoire et Développement cognitif) Université de Poitiers – CNRS Apprendre, dans une perspective communicative? Poitiers, Ranacles 2006 23.11.2006
Communication(s) … Objectif, objet d’apprentissage Activités motivantes Moyen d’apprendre la langue? L’engagement dans une situation de communication conduit-il nécessairement à la maîtrise du code linguistique?
LM ? Interactions Reformulations Implicite Exposition massive
Une caractéristique majeure du langage naturel Moi Tarzan, toi Jane du point de vue de la communication, le langage fonctionne même si sa forme est dégradée.
Le besoin d’entrer dans une communication… La possibilité de le faire avec des moyens limités… assurent-ils la possibilité d’apprendre?
Postulat pessimiste Cette propriété du langage conduit nécessairement à l’échec de l’apprentissage d’une L2
Postulats optimistes Possibilité de se fonder sur les liens formes-activités Utilité de la réflexion sur la forme à partir de ses propres productions Utilité des situations dans lesquelles le sens doit être négocié Efficacité des reformulations même si la communication a réussi
Activités de langage Simulation de situations du monde réel Problème de communication à résoudre Contrainte de compléter la tâche: activité liée à une réussite Centration sur la signification (plutôt que sur la forme)
Ca fait beaucoup de choses ! Activités de langage = tâche ± complexe (+ intéressant si + complexe ?) = langue ± complexe (+ intéressant si > compétences actuelles?) Ca fait beaucoup de choses !
Apprendre une langue = l’utiliser de manière « fluente » Traitement rapide et facile des énoncés Dissociation entre les connaissances invoquées pour réaliser un traitement leur mise en œuvre en situation
Apprendre une langue = l’utiliser de manière « fluente » Efficacité de la production Qualité de la production Confort et fatigue du locuteur Favorable aux acquisitions nouvelles en situation d’interaction
Un processus est automatique lorsque Il est mis en œuvre très rapidement Il est peu coûteux en ressources cognitives → il peut être mis en œuvre en parallèle avec d’autres processus Sa mise en œuvre n’est pas gênée par des processus interférents → il est difficile d’en empêcher la réalisation Exemple de l’accès lexical en LE : Segalowitz et coll. Nation, 1993
Compatibilité forme * signification du point de vue attentionnel ? LM: apprentissage incident L2: apprentissage explicite rôle du déclaratif coût cognitif important difficulté d’utilisation dans le cadre d’une tâche complexe Compatibilité forme * signification du point de vue attentionnel ?
Comment traiter la question au plan didactique? Apprentissage de règles + pratique des règles apprises Acquisition d’une compétence de communication I. Le statut des règles dans l’enseignement d’une LE II. Le rôle des énoncés qui servent de support à l’enseignement d’une LE
I. Les règles et leur mise en œuvre: le modèle ACT* d’Anderson Mémoire déclarative / procédurale Activités fondées sur des connaissances déclaratives Activités fondées sur des connaissances procédurales → les activités qui impliquent une mise en œuvre rapide nécessitent la procéduralisation
La procéduralisation en LE Dans Anderson, 1983 : 1. planification d’une phrase en anglais 2. planification de la traduction française 3. génération de la phrase en français
La procéduralisation en LE Dans Anderson, 1983 : 1. planification d’une phrase en anglais 2. planification de la traduction française 3. génération de la phrase en français
La connaissance des règles facilite-t-elle leur utilisation? DeKeyser, 2003 : les compétences procédurales ne sont pas acquises à travers des mécanismes spécifiques, indépendants des connaissances Il y a à la fois: Transition : déclaratif procédural Cohabitation : déclaratif + procédural (cf. aussi Bialystok, 1979) ( N.B. : ≠ Krashen)
Towell, Hawkins & Bazergui, 1996 Productions d’anglophones en français avant et après un séjour de 6 mois en France Effets Sur la durée des pauses (conceptualisateur de Levelt): NON Sur la vitesse d’articulation (articulateur de Levelt): NON Sur la longueur et la complexité des unités produites entre les pauses (formulateur de Levelt): OUI = vitesse à laquelle les locuteurs peuvent accéder aux connaissances utiles (contenu, lexique, syntaxe) pour une production en temps réel
II. Le rôle des énoncés qui servent de support à l’enseignement Hakuta, 1974 Wong-Fillmore, 1976
La théorie de Logan, 1988 automatisation = transition - d’un calcul algorithmique - à la récupération en mémoire d’un exemple de solution
Une « formule », c’est une chaîne linguistique qui possède une cohérence du point de vue - de sa forme (relativement invariante) - de son usage (reconnu dans la communauté) - de sa dépendance situationnelle (fonction déterminée dans une situation donnée) qui peut être plus longue et plus complexe que celles que l’apprenant est susceptible de maîtriser à cette étape de l’apprentissage qui est initialement acquise sans qu’il puisse y avoir usage productif des règles sous-jacentes qui est acquise comme un tout cohérent au plan phonologique, ce qui assure une bonne fluidité de production
Une « formule » peut servir … → d’« entrée » pour d’autres acquisitions → de base à une analyse susceptible d’aboutir à la maîtrise des règles Ces fonctions « didactiques » ne sont pas incompatibles avec celle de « recours » dans l’utilisation de la langue Myles, Hooper & Mitchell, 1998 : l’utilité du surentraînement
Conclusion Dans le cadre de l’approche communicative: Utilité de construire des situations qui conduisent à la répétition d’un même énoncé ? Importance du choix des énoncés au regard de l’activité visée? Articulation du surentraînement et de l’exploitation flexible