Conférence du 07 janvier 2010 IDI - Arts et Métiers Paris Tech.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Préserver la compétitivité des industries chimiques et du secteur pharmaceutique Une gestion responsable des restructuration. 1Dublin, 2013.
Advertisements

GOUVERNANCE, PARTENARIAT ET OBSERVATOIRES SOCIAUX. NOUVELLES SOLUTIONS POUR DE VIEUX PROBLÈMES? OBSERVATORIO LOCAL DE EMPLEO UNIVERSIDAD DE HUELVA TROISIÈME.
De linformation à la gestion des connaissances Introduction J. LINK-PEZET Dess SIAD Janvier 2001.
Gestion des ressources humaines et droit du travail
ECONOMIE BTS 1&2 LES OBJECTIFS
GÉRER LES COMPÉTENCES.
MANAGER LES RESSOURCES HUMAINES
Les Acteurs Non Étatiques et la dimension participation dans laccord ACP-UE de Cotonou Par Siméon DOSSOU.
La sécurité économique
D5 : Maitrise de l’Information
La diversité culturelle, entre mondialisation et mutations des processus d’industrialisation et de marchandisation de la culture Philippe Bouquillion Professeur.
Rénovation STMG : programme de Management
III. L’énergie russe et le monde En quoi la renaissance de la puissance russe est-elle fortement liée aux évolutions des enjeux énergétiques mondiaux ?
MANAGEMENT DES ORGANISATIONS
Au programme des BTS Tertiaires Septembre Les objectifs de lenseignement de léconomie Fournir des éléments de compréhension des grands débats économiques.
Les compétences à développer et leur évaluation
La décennie qui vient de sécouler a en effet été fortement marquée par « lirrésistible ascension » de la notion de compétences dans le champ de léducation.
Intelligence économique et management de l ’information
Le management de l’entreprise
REMUNERATION, PRIMES, INTERESSEMENT
Le temps des propositions 1. Constats. Le contexte et les besoins de demain. Lexercice du métier et lacquisition de compétences 2. Propositions. Pouvoirs.
MRP, MRP II, ERP : Finalités et particularités de chacun.
Altaïr Conseil Maîtriser l'information stratégique Sécurisé
Stratégie force hydraulique Canton du Valais Jean-Michel Cina, Chef du Département de léconomie, de lénergie et du territoire Conférence de presse
La diversification stratégique
Intelligence Économique et Veille Stratégique:
La démarche mercatique
COMMENT APPRÉHENDER LA VALEUR DES MARQUES ? YVES ACH - GRANEM 24 MAI AUDIT CONSEIL HOLDING.
Chapitre 10 : La veille mercatique et commerciale
Intelligence Economique et PME 1. Cest en raison de plusieurs évolutions majeures du contexte économique que le concept dintelligence économique a émergé
Management stratégique et management opérationnel
CONSTAT GENERAL Les enseignements professionnels en baccalauréat industriels sont caractérisés par une approche globale et concrète. Cela s’appuie sur.
ENTREPRISE.
1 Faire rouler un train est prendre un risque quil faut maîtriser: - le respect des rôles de chacun, et le réalisme vis à vis de la réalité ferroviaire;
Tenter une définition de la défense globale
Techniques de recherche dinformation BTS CI Catherine Kosma-Lacroze.
SEMINAIRE DE CONTACT novembre 2008 Outils de gestion de projet.
BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR ÉLECTROTECHNIQUE
ORGANISATION DES ADMINISTRATIONS ET DE L’ÉTAT FRANÇAIS
Intelligence économique
Fiche de présentation Coordonnées étudiant (nom, âge, adresse, mail, profession des parents) Stages et emplois saisonniers (nom, ville, tâches exécutées)
1. Les Etats dans le commerce international 1.1 Le débat libre échange – protectionnisme 1.2 Le champ des politiques commerciales 2. La question de la.
La veille et l’intelligence économique 1. Qu’est-ce ?
Cette formation s’adresse :  aux titulaires d’un bac généraliste, technologique ou professionnel  aux étudiants en réorientation.
 Une bonne gouvernance ?  Les niveaux de fonctionnement de l’organisation universitaire  Que disent les audits?  Les enjeux actuels  Acteurs et parties.
VERS « UNE NORME EUROPEENE » SUR LE MANAGEMENT DE L’INTELLIGENCE STRATEGIQUE Philippe CLERC LOUVAIN-LA-NEUVE 15 novembre 2013.
Intelligence économique et veille industrielle
Initiation à la conception des systèmes d'informations
Techniques documentaires et veille stratégique Anne Pajard, avril 2008
Droit à l'information et secret des affaires dans le monde de
Séquence 2 LES SYNDICATS.
UFD 62. EC2 : cours n° 4 Gestion Electronique des Documents
CNAM - FORUM FRANCO-RUSSE IRT RAILENIUM – Olivier ADAM Le 31 mars 2015
Me Jean Chartier – Président de la CAI au Québec et de l’AFAPDP Enjeux de la régulation : comment assurer une protection efficace des renseignements personnels.
L’Art du partage de l'information
INNOVATION ET PRODUITS NOUVEAUX
Le cabinet d’avocat: une entreprise du droit Présentation de Maître Mame Adama GUEYE Formation Continue CIFAF Dakar 2 Décembre 2014.
Martine Miny - MPInstitut - Référentiels et métiers de management de projet - Mastère IESTO - 9 février 2004 Référentiels et métiers de management de projet.
MANAGEMENT DES ORGANISATIONS COURS : M-C CESARE
Enquête sur les pratiques de veille et d’intelligence économique des entreprises bretonnes Etude réalisée par l’Arist Bretagne.
L’information commerciale, ressource stratégique.
Introduction: Emergence de la nouvelle société du savoir 1) Aujourd’hui, plusieurs Études et Rapports établissent l’avènement des Sociétés du savoir qui.
Atelier régional sur la coordination, le financement et les systèmes statistiques nationaux Objectifs et résultats attendus Dakar 26, 27 et 28 Janvier.
Réalisé par : Ibrahimi salma Elharnouny chaimae.
La culture d’entreprise et le patriotisme économique Eva Vree Adrianne van de Ree.
Dispositif Régional d’Information sur les Mutations Economiques (DRIME) Dispositif Régional d’Information sur les Mutations Economiques (DRIME) Veille.
Le contrôle de gestion dans le secteur public
VEILLE ET PREVISION  les différents types de veille et leur utilité  les 4 étapes dans le processus de veille  importance et principaux objets de la.
LE PROJET STRATÉGIQUE UN PROJET STRATÉGIQUE. POUR PERMETTRE A CHACUN DE… Donner du sens à l’action Partager une vision commune Se mobiliser.
L’intelligence économique et le knowledge management
Transcription de la présentation:

Conférence du 07 janvier 2010 IDI - Arts et Métiers Paris Tech

1. La mutation conflictuelle endogène du capitalisme. 2. La rupture des logiques de bloc de la Guerre Froide. 3. L’évolution des formes de la guerre. 4. L’émergence de la société de l’information. 5. L’impératif d’une gestion offensive de la connaissance.

1. La mutation conflictuelle endogène du capitalisme  Celle-ci est liée à la difficulté accrue de conquête des marchés. Pour le dire autrement, dans un monde globalisé où les nouveaux marchés se font rares et où le nombre de compétiteurs économiques augmente sans cesse, la concurrence s’exacerbe de manière naturelle : l’accroissement continu des tensions concurrentielles fait partie du « patrimoine génétique » du capitalisme ;  un tel phénomène apparaît inévitable dans le cadre des lois fondamentales du libéralisme économique.

2. La rupture des logiques de bloc de la Guerre Froide  Elle a généré une métamorphose et une complexification des rivalités liées aux intérêts de puissance. Il n’est plus possible de dissimuler la réalité des clivages et affrontements géoéconomiques en prétendant que la scène internationale se structure exclusivement en fonction d’une gigantesque course de puissance militaire et politique, géostratégique et idéologique, entre les deux supergrands et leurs alliés. À l’évidence, elle s’organise selon les exigences d’une compétition économique mondiale entre des nations et des blocs plus ou moins cohérents. En conséquence, certains alliés politico-militaires apparaissent clairement comme de redoutables adversaires économiques (ce que l’on nomme la dialectique alliés/adversaires).

3. L’évolution des formes de la guerre  La transformation des formes de la guerre, articulées sur les métamorphoses de la contrainte, a établi la guerre économique comme conflictualité dominante (mais, bien évidemment, non exclusive !) dans le cadre néanmoins incontestable de relations de coopération / concurrence, dénommées «coopétition».

4. L’émergence de la société de l’information  Ce qui signifie 3 choses : l’explosion de la quantité de données, d’informations et de connaissances produites par les sociétés développées contemporaines (ce qui impose une grande capacité de sélection),  l’augmentation du nombre de données et opinions portées à la connaissance du public, et l’accession de la connaissance au rang d’élément majeur du capital stratégique des acteurs économiques(c’est-à-dire la source de l’avantage compétitif, concurrentiel, et de la suprématie politique).  Ce rôle déterminant de la connaissance dans la production et les échanges témoigne de la dématérialisation progressive d’une part insigne de la croissance économique (le secteur tertiaire ne cessant d’augmenter sa participation à l’augmentation de la richesse globale des nations) et prouve sans contestation possible que les hommes créent aujourd’hui de la prospérité en manipulant des signes…

5. L’impératif d’une gestion offensive de la connaissance  Puisque la connaissance a acquis le statut de capital stratégique, indispensable pour conserver ou acquérir une position dominante, elle est donc devenue tout à la fois l’arme et l’enjeu d’une lutte acharnée: la guerre pour et par la connaissance (la «guerre cognitive»), plus largement connue sous le nom de «guerre de l’information». En effet, il ne suffit pas d’acquérir de l’information, de la connaissance : il faut encore la maîtriser au sens large, en orienter le flux ou le rendre rare. Savoir avant les rivaux, savoir ce que sait l’autre, interdire à son concurrent de savoir, manipuler ce que l’autre sait ou croit, deviennent des facteurs de puissance. Si l’information permet la décision, elle constitue aussi un moyen de contrôler les autres

 Le sens le plus usuel « d’ information » est apparu sous la IIIe République, au cours des années 1880, avec le développement de la presse: il s’agissait de désigner ce que l’on portait à la connaissance d’un public. Information(s), données et connaissance(s).

 Le renseignement : domaine réservé ou synonyme de connaissance ?

 Le Pentagone cognitif explique donc l’émergence de l’intelligence économique concurrentielle et stratégique. En effet, les entreprises, mais aussi les pouvoirs publics, devaient forger l’outil adéquat permettant de s’adapter à ces 5 modifications majeures de leur environnement puisque celles-ci ont induit des conséquences influençant directement le modèle capitaliste –c’est –à - dire la vie de l’entreprise et les échanges économiques en général. Ces conséquences sont au nombre de 5 :

1 La complication du management stratégique des organisations (c’est-à-dire du processus décisionnel), née de l’accroissement de la complexité de l’environnement global (politique, économique, social, culturel) et des difficultés conséquentes à le gérer.

2 L’accroissement des incertitudes (économiques, politiques, etc.) liées à cette complexité, lesquelles se révèlent déstabilisatrices pour les stratégies commerciales et financières, ainsi que pour les stratégies de développement global.

3 La multiplication incessante des acteurs économiques, source de tensions concurrentielles supplémentaires

4 La nécessité de sélectionner et d’interpréter les éléments pertinents au sein de la masse croissante de données et d’informations produites par nos sociétés, ceci afin de créer de la connaissance utile pour les acteurs économiques.

5 L’influence croissante des réalités de l’entreprise (ses objectifs, ses méthodes, ses réussites, ses difficultés, son inscription dans le jeu social…) dans les enjeux de puissance des États, qu’elles soient instrumentalisées ou «instrumentalisantes».

 La riposte des acteurs économiques, les entreprises en tête :  1) L’adoption de cultures entrepreneuriales et de styles de management stratégique prenant davantage en compte la dimension «conflictuelle» de la vie économique des nations.  2) La valorisation et l’assimilation de savoir-faire intégrés (veille, sécurité économique, influence) relatifs à la recherche, à l’analyse, à la protection, à l’utilisation et à la diffusion de l’information.  3) L’appel aux pouvoirs publics.

 Le débat sémantique :  une formule dérivée de l’anglais « Intelligence» ou du français Intelligence ?  Economique : une finalité ou un domaine d’expertise ?  Services de Renseignement et cabinets d’intelligence économique : parenté ou complémentarité?

 Rapport dit Martre: «L’intelligence économique peut être définie comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement, et de distribution en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques. Ces diverses actions sont menées légalement avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l’entreprise. »  Référentiel d’intelligence économique du SGDN réalisé sous la supervision d’Alain Juillet, Haut Responsable pour l’intelligence économique : «L’intelligence économique consiste en la maîtrise et la protection de l’information stratégique pour tout acteur économique. Elle a pour triple finalité la compétitivité du tissu industriel, la sécurité de l’économie et des entreprises et le renforcement de l’influence de notre pays.»

 Une culture du combat économique  Elle s’articule sur quelques mots clés, idées et concepts relevant du pentagone cognitif (qui est aussi un pentagone stratégique de la postmodernité) : guerre économique, géo économie, stratégie de puissance, guerre de l’information, stratégie du faible au fort, soft power, information stratégique…Cette culture forme un ensemble de nouvelles grilles de lecture intellectuelles résultant de l’émergence de logiques globales inédites (évolutions géopolitiques consécutives à la fin de la Guerre Froide, installation conséquente de la guerre économique comme conflictualité dominante –essentiellement entre les nations occidentales – métamorphoses des formes de la contrainte, développement de la société de l’information…)

 Un «alliage » de savoir-faire :  La veille  La sécurité du patrimoine de l’entreprise  L’influence

 Une politique publique :  Organiser le recueil de l’information stratégique, et structurer la production et la diffusion de la connaissance issue de la sphère publique.  Mobiliser les compétences et les moyens des pouvoirs publics (partenariat public/privé) : fonds d’investissement mixtes, mutualisation des expertises, coopération des services de l’Etat avec des entreprises...  Défendre le périmètre de souveraineté économique. Mettre en œuvre des stratégies nationales d’influence.

….