Communauté politique et naturalité de la cité La question du politique chez Aristote
Vie et œuvre 385 – 322 av. J.-C. Né dans une petite cité Sans origine aristocratique (donc sans destin politique) Aucune trace d’ambition politique réelle Attitude réaliste : attentif aux conditions concrètes de la politique Texte de référence : Les Politiques, Coll. GF, Flammarion, 1990
Définition de la communauté « une certaine communauté » Procède de la nécessité pour des êtres humains de s’associer en vue de certaines fins Chaque communauté peut être définie par sa cause - couples : union hommes/femmes en vue de la procréation - maisonnées : union parents/enfants/esclaves en vue de la satisfaction des besoins de la vie quotidienne - villages : union de plusieurs familles en vue de la satisfaction de besoins non quotidiens
Processus de constitution d’une cité: foyer village cité Satisfaction des satisfaction des besoins état d’indépendance besoins vitaux vitaux non quotidiens totale: vie bonne, quotidiens bonheur
Fin de la cité : le Bien suprême Particularité de la cité politique : avoir pour fonction la fin ultime (ou cause finale), le Bien suprême bonheur (NB : la cause finale est recherchée pour elle-même et non comme moyen pour atteindre une fin extérieure La cité est la fin dans laquelle toutes les communautés trouvent leur accomplissement Taille optimale de la cité : celle qui permet l’autarcie
Forme et cause efficiente de la cité : la politeia Forme de la cité : ensemble des déterminations qui font qu’elle est telle et non autrement Forme = « qu’est-ce que c’est que » = constitution = caractère propre politéia Lois de la cité = forme de la cité Modèle naturaliste
Naturalité de la cité La cité est la fin d’un processus naturel : du besoin élémentaire de l’individu au bien suprême (bonheur) de la communauté Processus naturel >< idée d’un « état de nature » (cf. philosophes contractualistes ) Antériorité de la cité – dans l’ordre logique des raisons (>< ordre d’apparition empirique) « le tout est nécessairement (par essence) antérieur à la partie » : vision organiciste ou holiste Essence de la nature politique de l’homme : le langage producteur de valeur : dire le juste/l’injuste Seul le langage peut manifester l’ordre des valeurs Communauté politique véritable : ordonnée selon la justice Vertu de justice : articulation de l’individuel et du politique
Science politique Objet de la science politique : organisation de la cité et des conditions d’organisation d’une cité juste Définir la justice dans la cité = définir la politéia càd le mode d’organisation du gouvernement Modèle démocratique (cité athénienne) : gouvernement des citoyens >< cité idéale platonicienne : gouvernement des philosophes-rois Pas de cité idéale (>< Platon: République) Partir du déjà-là pour parvenir au meilleur bien de la société La politique n’est pas un objet de science (>< Idées) La cité aristotélicienne a pour visée le bonheur individuel des citoyens (>< Platon: l’harmonie de l’ensemble de l’organisation politique) Aucun régime n’est mauvais par nature Préférence pour une société où la classe moyenne est majoritaire L’éducation du citoyen est capitale : ne privilégier aucune fonction au détriment d’une autre
Les différents régimes Pouvoir exercé Par un seul Par quelques-uns Par la masse Pour tous royauté aristocratie Régime constitutionnel Pour soi-même tyrannie oligarchie démocratie
L'homme est un « animal politique » La communauté constituée par la nature pour la satisfaction des besoins de chaque jour est la famille. [...] D'autre part, la première communauté formée de plusieurs familles en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont plus purement quotidiens, c'est le village. [...] Enfin, la communauté formée de plusieurs villages est la cité, au plein sens du mot ; elle atteint dès lors, pour ainsi parler, la limite de l'indépendance économique : ainsi, formée au début pour satisfaire les seuls besoins vitaux, elle existe pour permettre de bien vivre. C'est pourquoi toute cité est un fait de nature, s'il est vrai que les premières communautés le sont elles mêmes. Car la cité est la fin de celles‐ci, et la nature d'une chose est sa fin, puisque ce qu'est chaque chose une fois qu'elle a atteint son complet développement, nous disons que c'est là la nature de la chose, aussi bien pour un homme, un cheval ou une famille. En outre, la cause finale, la fin d'une chose, est son bien le meilleur, et la pleine suffisance est à la fois une fin et un bien par excellence. Ces considérations montrent donc que la cité est au nombre des réalités qui existent naturellement et que l'homme est par nature un animal politique. Mais que l'homme soit un animal politique à un plus haut degré qu'une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l'état grégaire, cela est évident. La nature, en effet, selon nous, ne fait rien en vain ; et l'homme, seul de tous les animaux, possède la parole. Or, tandis que la voix ne sert qu'à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce motif aux autres animaux également (car leur nature va jusqu'à éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours sert à exprimer l'utile et le nuisible, et, par suite aussi, le juste et l'injuste. Aristote (384‐322 av. J.‐C.), La Politique, I, 2, traduction de J. Tricot, Éd. Vrin, 1962, pp. 26‐29.
L'individu sans la cité : une brute ou un dieu L'individu sans la cité : une brute ou un dieu? En outre, la cité est par nature antérieure à la famille et à chacun de nous pris individuellement. Le tout, en effet, est nécessairement antérieur à la partie, puisque, le corps entier une fois détruit, il n'y aura ni pied, ni main, sinon par simple homonymie et au sens où l'on parle d’une main de pierre : une main de ce genre sera une main morte. (…) Que dans ces conditions la cité soit aussi antérieure naturellement à l’individu, cela est évident : si, en effet, l'individu pris isolément est incapable de se suffire à lui‐même, il sera par rapport à la cité comme, dans nos autres exemples, les parties sont par rapport au tout. Mais l'homme qui est dans l'incapacité d'être membre d'une communauté, ou qui n'en éprouve nullement le besoin parce qu'il se suffit à lui-même, ne fait en rien partie d’une cité, et par conséquent est ou une brute ou un dieu. Aristote (384‐322 av. J.‐C.), Politique, traduction de J. Tricot, Éd. Vrin, 1962, p.30.