Les syndromes canalaires Définition : Compression ou étirement d’un nerf mixte dans un défilé anatomique étroit provoquant des paresthésies et/ou hypoesthésies et/ou déficit moteur dans le territoire de ce nerf.
Le syndrome du canal carpien : Syndrome canalaire le plus fréquent 3 X plus fréquent chez la femme Femmes = 1,54 / 1000 Hommes = 0,62 / 1000 Age moyen = 50 ans
Signes fonctionnels Douleur, paresthésie et/ou troubles sensitifs dans le territoire du nerf médian Horaire nocturne ou matinal Améliorée en secouant la main Maladresses Œdème matinal Parfois, diminution de la force de serrage, de l’opposition et d’antépulsion du pouce Ligament annulaire antérieur du carpe = rétinaculum des fléchisseurs en nouvlle nomenclature.
Examen clinique Signe de Tinel et signe de Phalen VPP modérée
Examen clinique : Sensitif Moteur : - atrophie thénarienne - perte de force court abducteur et opposant du pouce
EMG Examen de référence. En stimulodétection : ralentissement de la vitesse de conduction nerveuse sensitive (< 40 m/s) et motrice (< 50 m/s) du nerf médian au passage du canal carpien et augmentation de la latence distale. En détection : tracé neurogène dans les muscles thénariens. Intégrité des autres troncs nerveux. N’est pas indispensable au diagnostic si forme typique (Anaes). Indispensable si : - maladie professionnelle - indication chirurgicale Un EMG normal permet d’exclure de façon quasi certaine une forme sévère ou moyenne. FN = 10 % (formes débutantes ne touchant que les fibres de petits calibres).
Echographie Coupe sagittale du nerf médian légèrement tuméfié. Mesure de la surface de section transversale du nerf médian > 10 mm2. Sensibilité = 80 % Spécificité = 90 à 100 %
Évolution naturelle Mal connue. 30 % guérissent spontanément.
Étiologie du syndrome du canal carpien Idiopathique : +++ 50 % des cas Causes traumatiques ou microtraumatique : - cal hypertrophique, pseudarthrose, ostéonécrose, hématome - mouvements répétés des doigt ou du poignet, vibrations, compressions (cannes) Causes endocriniennes : - hypothyroïdie - grossesse - diabète - acromégalie Causes rhumatologiques : - ténosynovite des fléchisseurs (PR) - ténosynovite infectieuse (BK) - arthrose du poignet - algoneurodystrophie Dépots intracanalaires : - microcristaux (goutte, chondrocalcinose, OH apatite) - amylose (hémodialysés, myélome) Rares : - tumeur ou malformation
Le tableau 57 du régime général Affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail : A : EPAULE : Épaule douloureuse simple (tendinopathie de la coiffe des rotateurs) Épaule enraidie B: COUDE : Epicondylite Epitrochléite Hygromas aigu ou chronique Syndrome de la gouttière épitrochléo-olécrânienne (N.cubital) C : POIGNET-MAIN-DOIGT : Tendinite Ténosynovite Syndrome du canal carpien Syndrome de la loge de Guyon
Le syndrome du canal carpien Liste limitative de travaux susceptibles de provoquer ces maladies : Travaux comportant de façon habituelle soit des mouvements répétés ou prolongés d’extension du poignet ou de préhension de la main, soit un appui carpien, soit une pression prolongée ou répétée sur le talon de la main. Délai de prise en charge : 30 jours.
Diagnostic différentiel du syndrome du canal carpien NCB C6. Atteinte du nerf médian au coude. Atteinte plexulaire (syndrome du défile cervicothoracobrachial). Polyneuropathie. Tendinopathie de la coiffe des rotateurs. Tétanie, spasmophilie.
Syndrome du canal de Guyon Compression du nerf ulnaire au poignet Rare paresthésies bord ulnaire de la main Reproduit par Tinel ou pression sur canal de Guyon Hypoesthésie, amyotrophie des interosseux et le la loge hypothénar, diminution de force
Syndrome du canal de Guyon Causes favorisantes : - rarement idiopathique - fracture, luxation - tumeur, pseudotumeur (kyste, anévrisme) - professionnel : microtraumatisme ou pression prolongé sur talon de la main (coureur cycliste)
Syndrome du nerf ulnaire au coude: ATCD : profession, trauma, arthrose. Facteur favorisant : cubitus valgus Paresthésie et hypoesthésie des 2 derniers doigts. Symptômes reproduits à la palpation du nerf ulnaire dans la gouttière épitrochléo-olécranienne et en flexion du coude, abduction de l’épaule et extension du poignet. Radio du coude systématique. EMG :
Atteinte motrice du syndrome du nerf ulnaire au coude Amyotrophie des interosseux (signe du grill) Signe de Froment : Parésie de l’adducteur et du court fléchisseur du pouce Griffe ulnaire :
Méralgie paresthésique Compression sous l’EIAS du nerf cutané latéral de la cuisse (fémoro-cutané). Paresthésies de la région fémorale externe (en raquette). Traitement : - Éviter vêtement serré. - Infiltration. - Chirurgie.
Syndrome du tunnel tarsien Compression ou étirement du nerf tibial postérieur ou l’une de ses branches dans le canal tarsien. Prédominance féminine.
Anatomie: vue médiale
Anatomie: vue plantaire
Signes fonctionnels Douleurs (brûlures), paresthésies, engourdissement. Siège plantaire : depuis la région sous-/ rétro-malléollaire jusqu’au 3 premiers orteils = nerf plantaire médial et/ou 2 derniers orteils = nerf plantaire latéral Facteurs déclenchants : marche, course, station debout ou repos et période nocturne
Examen clinique Equivalent de signe de Tinel, flexion dorsale forcée de la cheville et valgus de l’arrière pied. Examen neurologique bilatéral comparatif: Signes sensitifs : dans territoire du n. tibial ou d’une ou plusieurs de ses branches Signes moteurs : orteil en griffe, déficit de flexion écartement des orteils, défaut d’appui Recherche d’une étiologie.
Examens complémentaires 1) Electrophysiologie Etude de la conduction motrice Etude de la conduction sensitive : + sensible Stimulation des nerfs plantaires à la plante et enregistrement à la cheville. Potentiels évoqués somesthésiques. BUT : confirmer, éliminer diagnostic différentiel, préciser le siège, pronostic
Examens complémentaires 2)Imagerie Radiographies Echographie : Détermine le site et l’étiologie de la compression : kystes, varices, ténosynovites, synostose
Examens complémentaires IRM : Ex. de référence, détermine le site et l’étiologie Non systématique : recherche de lésion tumorale (enfant ++), pré-opératoire, récidive, échec chirurgie TDM : Contexte traumatique, anomalie osseuse, tumeurs
Etiologies Traumatiques : Fractures, post-traumatique, micro- traumatismes répétés Causes Osseuses non traumatiques : Troubles statiques, synostose talocalcanéenne, os surnuméraire Tendineuses et musculaires : Ténosynovite, hypertrophie musculaire, m. accessoire
Etiologies Tumorales et pseudo-tumorales : Neurinome, schwannome, lipome, Vasculaires : Insuffisance veineuse, thrombophlébite Systémiques, métaboliques : Diabète, hypothyroïdie, hyperuricémie, dyslipidémie, polyarthrite rhumatoïde IDIOPATHIQUE
Diagnostics différentiels Neurologiques : Compression radiculaire S1, compression n. tibial en amont ou en aval, névrome interdigital, neuropathie Pathologie de voisinage : Lésion articulaire ou tendineuse, myoaponévrosite plantaire, algodystrophie Vasculaires : artériopathie, syndrome de Raynaud
Conclusion Diagnostic clinique Aide de l’électrophysiologie pour confirmation Imagerie à but étiologique Traitement médical (infiltration) puis chirurgical
Syndromes de Morton Syndrome du canal inter-métatarsien : - syndrome canalaire de l’avant-pied. - irritation chronique du nerf digital plantaire au niveau du canal métatarsien par microtraumatisme. - Etiologies : Maladie de Morton ou pseudo-névrome de Morton Autres : tumorale, bursite
Anatomie Nerfs digitaux plantaires
Physiopathologie de la maladie de Morton Localisations du pseudo-névrome : Atteinte des 4 espaces inter-métatarsiens 3ème espace inter métatarsien dans 80% des cas Formes multiples sur un même pied dans 4% des cas Atteintes bilatérales dans 5% des cas
Anatomo-pathologie de la maladie de Morton Aspect macroscopique : Hypertrophie nodulaire ou fusiforme Diamètre de plus de 4 mm Aspect microscopique : Fibrose péri-neurale Prolifération vasculaire locale Œdème endo-neural Dégénérescence axonale ce n’est donc pas une tumeur nerveuse
Diagnostic du syndrome de Morton Terrain : Femme (ratio 5:1) vers la cinquantaine Sportifs Facteurs favorisants : Troubles statiques Surcharge pondérale Port de talons hauts Polyarthrite rhumatoïde
Diagnostic Examen clinique : Douleur aiguë, paroxystique À la marche et à la station debout prolongée « signe du soulier » Inspection de l’avant-pied le plus souvent normal.
Diagnostic Hypoesthésie « en feuillet de livre » de la commissure et des faces adjacentes des orteils.
Diagnostic Signe de la sonnette : une pression plantaire avec le pouce dans l’espace intermétatarsien déclenche la douleur.
Diagnostic Manœuvre de Mulder: compression latéro-latérale de l’arche métatarsienne à la face dorsale de l’avant-pied et pression plantaire simultanée ressaut + douleur
Diagnostic Signe de Lasègue de l’orteil: Extension forcée de l’orteil réveille la douleur
Examens paracliniques Radiographie standard Échographie: Masse ovoïde, bien limitée, entre deux têtes métatarsiennes, de grand axe parallèle au métatarsien Hypoéchogène dans 79% des cas Manoeuvre de Mulder échographique Accès facile, examen peu coûteux Mais opérateur dépendant, difficultés pour la mise en évidence de nodule < 5mm
Examens paracliniques Tomodensitométrie : Masse arrondie Densité voisine de celle du muscle, de la graisse Examen sensible, mais peu spécifique
Examens paracliniques : IRM : Meilleure définition des parties molles Masse ovoïde, bien limitée Hyposignal T1, signal variable T2, parfois rehaussé par le gadolinium Éventuelle bursite associée? Moins accessible, coût.
Coupe frontale T1 : masse hypointense dans le 2ème espace intermétatarsien
Coupe frontale T2 T2 fat-sat : hypersignal modéré du pseudo-névrome T2 echo de gradient : hypersignal homogène du pseudo-névrome
Examens paracliniques : Électromyographie : Pas de réalisation courante Peut montrer une augmentation de la latence après stimulation du nerf digital. Biologie :
Place des examens paracliniques : En préopératoire: Bilan lésionnel: localisations, taille, nombre de pseudo névromes Diagnostics différentiels Atypies cliniques Récidives post-opératoires Échographie et IRM les plus spécifiques et de sensibilité équivalente (dépend de la taille de la formation nodulaire) Pas de corrélation entre la taille du pseudo-névrome et l’intensité des douleurs Il existe des cas sans confirmation par l’imagerie et des imageries sans répercussion clinique Sharp RJ and Al. The role of MRI and ultrasound imaging in Morton’s neuroma and the effect of size of lesion on symptom. J Bone Joint Surg Br. 2003
Diagnostics différentiels du syndrome de Morton Toutes les étiologies des métatarsalgies peuvent être discutées. Arthropathies métatarso-phalangiennes mécaniques ou inflammatoires. Bursite inter-capito-métatarsienne. Maladie de Freiberg. Fracture de fatigue d’une tête métatarsienne. Irradiation distale d’un syndrome du canal tarsien ou d’une sciatique S1.
Traitements de la maladie de Morton Traitements conservateurs en première intention : Chaussage Réduction pondérale Orthèses plantaires avec barre rétro-capitale Traitement infiltratif efficaces dans 80 % des cas
Conclusions : Le syndrome de Morton est peu fréquent, d’origine idiopathique dans la majorité des cas: il s’agit alors de la maladie de Morton. Diagnostic clinique. Les examens paracliniques sont réservés aux cas atypiques et au bilan pré-opératoire. Traitement conservateur efficace dans 80% des cas.
Syndrome du nerf supra scapulaire compression dans l’échancrure coracoïde douleur postérieure d’épaule, signe de la sonnette à la pression de l’échancrure et amyotrophie du supra et infraépineux. rare
Syndromes du canal d’Alcock : - compression du nerf pudental. - brûlure uni ou bilatérale du périnée en position assise (vélo).
Syndrome du fibulaire atteinte du nerf fibulaire commun au col de la fibula (compression, étirement) paresthésies de la face externe de jambe et dos du pied, parésie ou paralysie de la loge antéro-externe de jambe