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INTÉGRATION, CONFLIT, CHANGEMENT SOCIAL

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1 INTÉGRATION, CONFLIT, CHANGEMENT SOCIAL
DEUXIEME PARTIE SOCIOLOGIE THÈME 4 INTÉGRATION, CONFLIT, CHANGEMENT SOCIAL

2 CHAPITRE 7 QUELS LIENS SOCIAUX DANS DES SOCIÉTÉS OU S’AFFIRME LE PRIMAT DE L’INDIVIDU ?

3 L'interrogation centrale de ce chapitre a pour objet le lien social et la cohésion sociale, c'est à dire de la capacité de la société à unir tous ses membres En effet, la croissance et le développement économique ont besoin de cohésion sociale car les activités économiques ne peuvent se dérouler normalement que dans un cadre social relativement stable. Mais, en même temps, la croissance et le développement déstabilisent les relations sociales. En effet, les modifications des structures économiques et sociales remettent en cause les compromis relationnels qui s’étaient noués auparavant.

4 La problématique du lien social et de la solidarité est plus que jamais d’actualité. En effet, de nos jours, certains observateurs s’inquiètent d’une perte du lien social et de la cohésion sociale dans les sociétés post- industrielles occidentales, comme semblent le révéler un certain nombre d’indicateurs : Chômage de masse et Apparition de phénomènes d’exclusion (les SDF, les marginaux) ; Désyndicalisation, Montée de l’abstention aux élections, Baisse du sentiment patriotique ; Augmentation des inégalités face à l’école, à l’accès à un emploi stable, à un logement décent etc. ; Croissance des divorces, Montée du racisme et de l’antisémitisme, Croissance de la délinquance, Existence de discriminations sociales, spatiales, ethno-raciales…

5 INTRODUCTION GENERALE
A. Qu’est-ce que la cohésion sociale ? La cohésion sociale correspond à une situation dans laquelle les membres d’une société entretiennent des liens sociaux (forte sociabilité), ont des comportements communs et partagent les mêmes valeurs c’est-à-dire ont le sentiment d’appartenir à une même collectivité. On parle de société …………….. intégrée De plus, la cohésion sociale correspond également à une situation dans laquelle il existe un ordre social hiérarchisé et reconnu comme légitime avec ses lois et ses règles, ses normes sociales ; une socialisation intense pratiquées par différentes instances ; un contrôle social permanent pour rendre les comportements des individus conformes à ceux attendus. On parle de société ……………. régulée

6 COHESION SOCIALE Lien social Normes Communes Valeurs communes
(Comportements communs) Valeurs communes (Conscience d’appartenir à une même société) Ordre social hiérarchisé et reconnu Socialisation intense Contrôle social INTEGRATION SOCIALE REGULATION SOCIALE COHESION SOCIALE

7 1) Au cœur de l’intégration sociale : le lien social et la culture
a) A la redécouverte du lien social Le lien social désigne l’ensemble des liens qui unissent les individus et qui les amènent à se sentir membres (intégrés) d’une même société. On peut distinguer trois types de liens sociaux : Le lien …………………………………. qui se produit chaque fois qu'il y a un accord d'échange reposant sur les intérêts de deux individus ou plus. Il repose donc sur un contrat passé entre deux individus ou plus et cesse lorsque le contrat est dénoué (Ce lien marchand se noue lors des relations de production ou de consommation notamment) marchand Le lien ………………………………. qui se produit dans des collectivités caractérisées par des liens internes intenses telles que la famille, le groupe de pairs, l’école, le lieu de travail, les « églises », le voisinage etc. communautaire Le lien ………………………………………….. qui est tissé au niveau de l'Etat-providence (lien non marchand) et du gouvernement (lien politique) démocratique

8 Alors que dans les sociétés rurales prédominent
dans les sociétés modernes ce sont les liens qui prédominent Le lien communautaire car c’est par lui que s’expriment les nombreux réseaux de solidarité (famille, voisinage), tandis que la religion contrôle les croyances et les pratiques. marchands et démocratiques

9 On peut également distinguer :
Les liens sociaux ………………………………….. : ils unissent l’individu à ses groupes sociaux d’appartenance. Les liens , en font partie. horizontaux familiaux, les liens amicaux, les liens professionnels, les liens religieux, les liens communautaires Les liens sociaux …………… : ils unissent l’individu à la société. Le lien politique, composé des droits et des devoirs du citoyen, le lien marchand, constitué de contrats et de conventions reliant le salarié consommateur au marché, en sont des exemples. verticaux

10 Liens sociaux verticaux Liens sociaux horizontaux
Liens marchands (consommation, production) Liens familiaux et communautaires (groupes de pairs) Liens politique et civique Liens de proximité (voisinage)

11 b) A la redécouverte de la culture
Pour que les membres d’une même société puissent entretenir entre eux des liens sociaux ils doivent partager une culture commune ; de même que si ces membres veulent partager des comportements communs et des valeurs communes et au final avoir le sentiment d’appartenir à une même société. La culture désigne l’ensemble des valeurs, des normes, des rapports sociaux régis par des statuts et des rôles et des pratiques sociales et culturelles qui caractérisent une société humaine. Autrement dit, c’est l’ensemble des manière de penser, de faire, d’agir et de se comporter propres à une collectivité.

12 2) Au cœur de la régulation sociale : la socialisation et le contrôle social
a) La socialisation au cœur de l’intégration et de la régulation sociales La socialisation désigne le processus au cours duquel l’individu fait l’apprentissage des valeurs, des normes, des rapports sociaux (régis par des statuts et des rôles, des pratiques sociales et culturelles, de la société à laquelle il appartient. La socialisation fait de tout individu un être social, c’est-à-dire un individu capable de vivre en société et au final d’être intégré. En effet, la culture permet à tout individu de comprendre les autres et d’être compris par les autres. Elle lui permet donc de tisser du lien social . De plus, une culture commune permet aux individus de partager des normes et des valeurs communes. Ainsi, les membres d’une même société ont des comportements identiques et le sentiment d’appartenir à une même collectivité.

13 Mais la socialisation participe aussi à la régulation sociale
En effet, la régulation sociale suppose que les individus aient intériorisé la culture de la société à laquelle ils appartiennent, qu’ils en reconnaissent les principales caractéristiques et notamment les lois et les règles au cœur de l’ordre social. De plus, la socialisation désigne le processus au cours duquel la culture commune est transmise de génération en génération.

14 b) Le contrôle social au cœur de la régulation social
Le contrôle social désigne l’ensemble des moyens dont dispose une société pour amener ses membres à adopter des conduites conformes aux règles établies pour assurer le maintien de la cohésion sociale. On distingue généralement Le contrôle social formel qui se produit au niveau de la société globale. Le contrôle est alors déléguer à des institutions reconnues telles que l’institution judiciaire et l’institution policière, mais aussi l’institution scolaire. Le contrôle social informel qui s’exerce entre les membres de la société lesquels font pression sur ceux de leurs membres, qui en s’écartant des règles établies, menacent la cohésion et le bon fonctionnement du groupe.

15 B. Quelles sont les principales instances d’intégration ?
Il existe quatre instances principales d’intégration dans nos sociétés actuelles. Le travail La famille L’école L’Etat

16 Communautés dont Ecole
Ces 4 grands lieux intègrent les individus dans le sens où ils sont des instances de socialisation mais aussi car les individus peuvent y nouer des relations sociales (y tisser des liens sociaux). La multiplicité des instances fait de l’intégration (exclusion) un processus complexe   Ainsi, on remarque qu'il n'existe pas un ciment unique du lien social mais plusieurs dispositifs d'intégration par le biais desquels tout individu pourra "tisser du lien social" avec les autres membres de la société dans laquelle il vit. Cette multiplicité des lieux d'intégration permet de rejet une approche trop restrictive du lien social qui consisterait à penser que soit l'individu est parfaitement intégré, soit qu'il est totalement exclu. Le travail Famille Etat Communautés dont Ecole

17 C. La cohésion sociale en France aujourd’hui
1) La cohésion sociale : forte ou faible ?

18 2) Sur quels liens et sur quelles conditions est fondée la cohésion sociale en France ?
Force du lien communautaire Et dans une moindre mesure des liens marchand et démocratique

19 « Fatigue de la compassion »

20 3) Sur quelles instances repose la cohésion sociale aujourd’hui ?
L’Etat une place centrale : École et protection sociale Sans oublier la famille Et le tissu associatif

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22 4) Quels sont les phénomènes qui fragilisent la cohésion sociale ?
Force est de constater que la cohésion sociale est remise en cause par plusieurs phénomènes dont : l’individualisme, les discriminations le chômage et la pauvreté

23 UN LIEN SOCIAL QUI SE TRANSFORME
SECTION 1 UN LIEN SOCIAL QUI SE TRANSFORME

24 I. DES FORMES DE SOLIDARITÉ QUI ONT ÉVOLUÉ AU COURS DU TEMPS
A. Les sociologues face à la montée de l’individualisme La naissance, à la fin du XIXème siècle, de la sociologie comme discipline visant une connaissance scientifique du social, résulte fondamentalement des inquiétudes provoquées par la montée de l’individualisme dans les sociétés occidentales. Sous la poussée conjointe des révolutions démocratique et industrielle, de nouveaux rapports sociaux, économiques et politiques bouleversent progressivement l’ordre social traditionnel. On observe simultanément : - un affaiblissement de l’emprise de la religion sur les représentations (sécularisation et laïcisation),

25 - une baisse de l’influence de la famille sur les destinées (égalisation des chances et idéal méritocratique) - un recul du pouvoir des autorités traditionnelles sur les individus (démocratisation). Dans ce contexte le sociologue Émile Durkheim va s’attacher à construire un cadre théorique permettant à la fois d’expliquer les mécanismes sur lesquels reposent les phénomènes à l’œuvre et d’analyser les problèmes qu’ils posent. Son projet peut se résumer à l’élucidation d’un paradoxe : - « comment se fait-il que tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ? »

26 Pour le sociologue, l’individualisme correspond au processus d’autonomisation de l’individu par rapport à la société. Alors que les sociétés anciennes se caractérisaient par leur « holisme » et par leur structure hiérarchique (systèmes des castes en Inde, hiérarchies des ordres dans l'Ancien Régime en Europe), la société moderne (au moins en Occident) est dominée par des valeurs individualistes telles que l’égalité et de liberté et démocratiques.

27 B. Comment, selon Durkheim, les formes de solidarité évoluent-elles ?
1) Un lien social qui est de nature morale Dans sa thèse de doctorat «  De la division du travail social » (1893), Émile Durkheim ( ) aborde donc ce qui sera le thème central se sa pensée, à savoir les relations entre les individus et la collectivité. Comment une collection d’individus peut-elle constituer une société ?

28 La solidarité mécanique
Il répond à cette question en distinguant deux formes de solidarité La solidarité mécanique qui caractérise les sociétés traditionnelles La solidarité organique qui caractérise les sociétés modernes

29 Par ailleurs et avant cela, il élimine deux façons de concevoir les liens qui unissent les individus
- Le lien social n’a pas une nature politique (il n’est pas institué politiquement), autrement dit il ne dépend pas des actions volontaires d’un gouvernement ; - Le lien social ne repose par sur l’individualisme et l’utilitarisme (comme le pensent en revanche les économistes libéraux) Pour lui le lien social est un lien moral. La morale étant une contrainte, mais aussi une représentation de l’idéal vers lequel l’individu doit tendre pour s’attacher à un groupe social.

30 2) Le développement de la division du travail social
2) Le développement de la division du travail social * à l’origine du passage des sociétés traditionnelles aux sociétés modernes. Émile Durkeim cherche à répondre à la question suivante Peut-on craindre que les changements sociaux puissent remettre en cause la cohésion de la société La réponse de Durkheim est négative car la division du travail social croissante, qui accompagne ces transformations, ne provoque que le passage d'une solidarité à une autre, celui d’une société à « solidarité mécanique » à une société à une « solidarité organique ». Il s’appuie, pour cela, sur une analyse développée par Ferdinand Tönnies ( ) qui oppose deux types de solidarité qui se succèdent : la communauté ou « gemeinschaft » et la société ou « gesellsachft ».

31 (*) La division du travail social désigne une répartition et une spécialisation des tâches nécessaires à la production de biens et de services entre les individus ou les groupes dans une société donnée. Elle ne se limite pas à la division technique du travail et comprend : La division sociale du travail : différenciation des activités en tâches relativement complexes dans la société (Justice, éducation, police, activités agricoles, activités industrielles, spécialisation en métiers). La division fonctionnelle du travail : spécialisation des tâches au sein d'une organisation (fabrication, vente, comptabilité...au sein d'une entreprise, gestion du personnel, planification, production de services non marchands au sein d'un ministère...) ; La division technique du travail : la spécialisation verticale (tâches de conception/tâches d'exécution) et la spécialisation horizontale (parcellisation des tâches) au sein de l'atelier ou du bureau. La division sexuelle du travail (partage des tâches entre hommes et femmes). La division du travail a un caractère moral car elle impose aux hommes de se plier à certaines exigences pour vivre dans la société moderne. C'est la division du travail qui fait de l'ensemble social un tout cohérent.

32 a. La logique des sociétés primitives ou inférieures
Les sociétés primitives ou inférieures sont caractérisées par une solidarité ……………… Dans ce type de société les activités de production économique ne sont pas ou très faiblement différenciées, les individus effectuent collectivement des tâches proches. Ils sont semblables / différents et facilement / difficilement interchangeables (substituables) les uns aux autres. Ce sont des sociétés où l’individu a donc beaucoup / très peu d’importance. De même le poids de la conscience collective / individuelle laisse peu de place voire aucune à l’interprétation, l’innovation ou l’autonomie collective / individuelle. L’individu est littéralement absorbé par le groupe, il se confond dans cette conscience collective / individuelle. Cette conscience collective / individuelle qui domine la société empêche toute émergence de la personnalité collective / individuelle. L’individu ne peut exister réellement il n’est que le reflet du groupe qui l’a vu naître. mécanique

33 Les traditions, les coutumes s’imposent de manière immuable et garantissent l’équilibre social. L’individu est socialisé par l’influence de la conscience commune. Cette conscience collective ou âme du groupe assure l’intégration de chaque individu à la société qui est la sienne et en garantie la stabilité par le contrôle social qu’elle exerce au quotidien. La conscience collective / individuelle est donc à la base constitutive du lien social et de la solidarité sociale qualifiée de …………………………… . La solidarité sociale repose sur la ressemblance / complémentarité des individus. mécanique

34 Dans les sociétés à solidarité ………………………
Dans les sociétés à solidarité ……………………….. le droit est répressif / restitutif. En effet, les sociétés à solidarité ………………………………….. sont fondées sur une très forte pression de la conscience collective sur la conscience individuelle en appréhendent chaque infraction aux règles communes comme une atteinte à l’intégralité de la collectivité. Ces sociétés ne se maintiennent qu’en refusant toute possibilité de changement ou d’écart par rapport à la norme. Ainsi, le contrevenant s’expose alors à la vindicte de la totalité des membres du groupe. Le droit est répressif / restitutif car il s’agit de sanctionner la « blessure collective ». (droit pénal) L’objectif du droit est de conserver intactes coûte que coûte les traditions et les valeurs perçues comme universelles. L’ordre social est donc garanti par les châtiments. Toutefois, selon Durkheim les sociétés primitives disparaissent progressivement au profit de l’émergence et de la généralisation des sociétés complexes. mécanique mécanique

35 b. La logique des sociétés industrielles ou supérieures
Dans les sociétés modernes, la division du travail apparaît et se développe, la solidarité devient « …………………….. » , car les individus spécialisés, sont indépendants / dépendants les uns des autres, comme des organes du ……………………………….. Ainsi, dans l’activité économique les individus deviennent complémentaires, ils sont tous indispensables au bon fonctionnement de la société. C’est l’approfondissement de la …………………………….……………….. qui est à l’origine de cette …………………………………………………………………………………… Par conséquent, la conscience collective / individuelle se dégage de la conscience collective / individuelle qui ne s’impose plus avec la même force (la conscience collective / individuelle s’affaiblit). Autrement dit, la conscience collective / individuelle est plus indéterminée et laisse plus de place aux initiatives individuelles ; la conscience collective devient plus abstraite / concrète elle laisse davantage place au libre examen. Les individus s’autonomisent en partie des contraintes sociales, il y a émergence et développement de ……………………………………………………………………………………………………………………………… organique corps humain division du travail social différentiation des tâches et des individus. L’individualisme « chacun est libre de penser et d’agir à sa guise »

36 Toutefois si la conscience collective / individuelle s’altère les individus restent soumis à des systèmes de normes et de valeurs communes dans chacun des groupes particuliers auxquels ils appartiennent. Simplement ces règles n’ont pas la même force et n’exercent pas la même contrainte que dans les sociétés ………………………………………... D’abord parce qu’elles ne régissent qu’une partie de l’activité de l’individu ; ensuite parce que chaque individu appartient à plusieurs groupes et se trouve donc soumis à plusieurs système moraux différents, de sorte qu’il n’est engagé totalement dans aucun d’entre eux. L’individu est « moins agi et davantage source d’activité spontanée ». L’individu est moins enclin à se fondre dans un ensemble de croyances et de pratiques indiscutables. De même, si la conscience collective / individuelle s’affaiblit en ce qui concerne l’individu, elle se renforce pour tout ce qui touche à la dignité de l’homme « l’individu devient l’objet d’une sorte de religion ». Ainsi, dans les sociétés modernes, la conscience collective ne constitue plus le fondement du lien social. La solidarité sociale repose sur la similitude / la différenciation. Désormais chaque individu remplit une fonction qui lui est spécifique, mais tous sont indispensables au fonctionnement de l’organisation et à la pérennité du corps social. C’est la solidarité ……………………………… traditionnelles organique

37 Enfin, dans les sociétés régies par des rapports sociaux de types organiques c’est-à-dire par la différenciation des fonctions. le droit est répressif / restitutif. À savoir que la sanction a pour but de réparer le préjudice, le dommage qui vient altérer l’accord entre les parties. Le droit répressif / restitutif remet en l’état et se contente de régler les rapports entre les organes spécialisés de la société (droit civil, droit commercial, droit administratif). En effet, chaque individu ayant un rôle important à jouer pour la société il ne peut être violemment sanctionné. L’ordre social est garanti par le souci de réparation du désordre occasionné. Selon Durkheim une l’évolution des systèmes juridiques constituent un indicateur pertinent du niveau de développement économique et social d’une société. Dans les sociétés modernes, le changement social est alors favorisé par l’explosion des activités et des innovations individuelles et par le déclin de l’emprise de la tradition.

38 Déterminants des comportements
Solidarité Mécanique Organique Type de société Division du travail division du travail (société agricole) (société industrielle) Type de lien social Liens (appartenance au groupe) Liens (complémentarité entre les individus) Conscience sociale Conscience forte (Unanimisme de la pensée) Conscience (Pluralisme de la pensée) Déterminants des comportements La tradition, la coutume (valeurs collectives) L’intérêt, la raison (valeurs individuelles) Contrôle social Justice répressive (pression du groupe) Justice restitutive (droits des individus) Communautés restreintes (famille, tribu, clan, village) Société élargie (ville, nation) FAIBLE FORTE communautaires sociétaires collective individuelle

39 On peut donc observer deux types de société
Dans la société traditionnelle, il existe des institutions fortes (la famille, la religion, l'Etat, les corps de métier) qui socialisent l'individu dans le même sens pour lui faire accepter la société telle qu'elle est. La Religion, par exemple, réglementait les aspirations des ouvriers en leur promettant un monde meilleur. Le paternalisme social des patrons était là pour leur faire accepter leur sort. De même, l'Etat et les corporations contrôlaient les rapports marchands pour éviter les excès (le prix du blé était contrôlé, par exemple, pour éviter les émeutes). L'économique est alors encastré dans le social. Enfin, la famille contrôlait sévèrement l'éducation des enfants et le choix du conjoint. Dans la société industrielle, le poids des institutions sur l'individu diminue. L'intégration et la régulation peuvent se faire plus difficilement car on peut observer un affaiblissement des instances d’intégration : La religion : diminution des croyances religieuses, des pratiques religieuses, des vocations, du sacerdoce. ; La famille : baisse des mariages, apparition du divorce, baisse de la natalité, croissance des familles monoparentales et du célibat, éloignement des enfants à l’âge adulte ; Le syndicalisme et le tissu associatif : baisse du taux de syndicalisation, du militantisme, de la participation aux élections professionnelles, aux grèves, du bénévolat ; Le politique : baisse du taux de participation aux élections, du nombre d'inscrits dans les partis, une coupure entre les élites politiques et le peuple...qui montrent un déclin de la citoyenneté ; Le travail : les individus et les fonctions sociales ne sont pas coordonnées entre eux. La division du travail peut alors séparer les individus, les « enfermer » car la conscience collective ne les attache plus entre eux

40 Robert BADINTER, Assemblée Nationale 17 septembre 1981
Discours en faveur de l’abolition de la peine de Mort Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, j'ai l'honneur, au nom du Gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France. …

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43 Pourquoi la division sociale du travail apparaît-elle ?
Pour Durkheim, la division du travail social ne peut pas être expliquée par la recherche individuelle d'une plus grande efficacité comme le fait Adam Smith. En effet, cela supposerait que les individus aient une conscience individuelle dans les sociétés à solidarité mécanique. Or, cette conscience est le fruit de la société à solidarité organique et cette dernière n'est apparue qu'après l'accroissement de la division du travail social. L'individu naît de la société et non l'inverse. Comment donc expliquer l'augmentation de la division du travail ou de la différenciation sociale au cours de l'histoire ?

44 Solidarité mécanique dominante
Transformations sociales En densité En volume Matérielle Morale Les individus sont plus nombreux (croissance démographique) La distance entre les individus se réduit Les contacts sont plus fréquents Ces éléments provoquent une augmentation de la concurrence entre les individus qui les oblige à se spécialiser pour survivre Augmentation de la division du travail La division du travail est une solution sociale pour la survie de la société car elle élimine le risque de compétition entre les individus rapprochés matériellement et socialement par contrats. La démultiplication des rôles permet de maintenir la paix dans le groupe en rendant ses membres nécessaires les uns aux autres. La caractéristique la solidarité organique est qu'on n'a plus besoin de ressembler aux autres pour être solidaire, il suffit que les hommes soient dépendants les uns des autres (par la division du travail). Dans ce type de solidarité l'individu et l'individualisme vont donc pouvoir se développer. Accentuation de la conscience individuelle Renforcement de la coopération Montée de la solidarité organique

45 La division du travail social est donc une réponse positive au risque de désorganisation sociale.
Elle produit de la solidarité et du lien social et assure la cohésion sociale de la société. La société en se développant se spécialise davantage, ce qui enlève aux individus leur autonomie et les rend interdépendants. La solidarité organique ne signifie cependant pas l’absence de contraintes collectives. Puisque chaque individu a une place dans la division du travail, sans occuper les autres places, il a besoin des autres pour vivre tout comme les autres ont besoin de lui. Par exemple, sans tanneur, le cordonnier ne pourrait pas avoir de cuir pour faire de chaussures. Et sans cordonnier, le tanneur ne pourrait pas avoir de chaussures à ses pieds. Il y a donc une cohésion sociale forte malgré le poids croissant de l’individualisme avec la solidarité organique.

46 3) Des formes de solidarité qui ne s’excluent l’une l’autre mais qui peuvent co-exister

47 Les deux formes de solidarité ne s'excluent pas l'une l'autre
Les deux formes de solidarité ne s'excluent pas l'une l'autre. Elles peuvent coexister. Nos sociétés tendent bien vers l'individualisme mais elles préservent aussi les liens communautaires. On assiste même, de nos jours, à une certaine valorisation des liens communautaires devant la montée d'un individualisme excessif. On observe donc que nombre de liens sociaux contemporains entretenus par des groupes, des mouvements ou des institutions conservent des dimensions relevant de la solidarité mécanique. Plus précisément, il s’agit des communautés basées sur la coutume locale, la langue, l’appartenance ethnique, le quartier, etc. certains nouveaux mouvements sociaux défendant un style de vie particulier ou encore des mouvements religieux ou spirituels, plus ou moins rattachés à la tradition, qui continuent de rassembler les individus autour de croyances et de valeurs partagées.

48 Les individus cherchent à tisser entre eux des liens fondés sur la similitude et la proximité
d’origine (l’ethnie), de lieu (régionalisme et coutumes), de croyances (groupes religieux ou spirituels), de culture (style de vie) ou de valeurs (causes à défendre). Autant de liens qui apparaissent caractéristiques de la solidarité mécanique. Ainsi, les jeunes de banlieues, par leur insertion différente dans le vie active (certains sont scolarisés, d’autres sont au chômage, d’autres ont un emploi), participent à la solidarité organique. Mais leur expérience commune de la vie en banlieue, des discriminations, des relations de voisinage, donnent naissance à une conscience collective forte qui est le signe d’une solidarité mécanique.

49 Société cohérente Solidarité mécanique Solidarité organique Etat Famille Travail Le quartier La ville Religion

50 II. PRIMAT DE L’INDIVIDU ET TRANSFORMATION DES LIENS SOCIAUX
A. Une individualisation croissante qui modifie la sociabilité des individus 1) Qu’est ce que l’individualisation et Qu’est-ce que la sociabilité ? L’individualisation désigne le processus par lequel les individus ont peu à peu acquis une capacité à se définir par eux-mêmes et non en fonction de leur appartenance à telle ou telle entité collective. Pour le sociologue, la sociabilité ne doit pas s’entendre comme une qualité intrinsèque d’un individu qui permettrait de distinguer ceux qui sont sociables de ceux qui le sont moins, mais comme l’ensemble des relations qu’un individu (ou un groupe) entretient avec d’autres»

51 2) Des liens sociaux plus personnels, plus électifs et plus contractuels dans les sociétés modernes et qui deviennent plus indépendants les uns des autres Dans les sociétés modernes, l’autonomie des individus progresse et tend à rendre les liens sociaux plus personnels, plus électifs et plus contractuels. Georg Simmel avait distingué les liens sociaux selon qu’ils se déployaient au sein des communautés ou au sein de la société. Dans le premier cas, l’étroitesse des relations interindividuelles est telle que la conscience de soi de l’individu se fond dans le groupe dont il revêt l’identité. Au contraire, dans la société, l’individu appartient à divers « cercles sociaux » vers lesquels ses aspirations et ses intérêts le conduisent. Plus, le nombre de cercles est élevé et varié, plus il prend conscience de son individualité et mieux celle-ci se réalise. Dans la même optique, la multiplication des communautés d’intérêts, en partie au détriment des communautés traditionnelles, accentue le processus d’individualisation. En effet, elles agrègent des individus qui, au-delà des intérêts qu’ils ont en commun, sont présents dans différents cercles sociaux (appartenances familiale, politique, religieuse, professionnelle, locale, associative, etc.).

52 Collègues, associations
Ego Foyer Famille Amis Collègues, associations Ces entrecroisements de cercles sociaux, propres à chaque individu, font ressortir sa singularité. Lorsque les cercles sociaux s’organisent selon un modèle concentrique, les différentes appartenances s’emboitent les unes dans les autres et se renforcent mutuellement, l’autonomie de l’individu reste limitée. En revanche, lorsque les différents cercles deviennent indépendants au point d’être juxtaposés les uns à côté des autres, l’indépendance de l’individu, alors maximale, lui assure une grande liberté et son identité s’enrichit de multiples dimensions. Amis Foyer Collègues, associations Ego Famille

53 3) La sociabilité des français aujourd’hui

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55 B. Le lien social à l’épreuve de l’individualisme
1) Individualisme abstrait ou individualisme concret ? On rappelle que l’individualisme correspond au processus d’autonomisation de l’individu et de sa liberté, celui-ci peut évoluer au fil du temps.  Pour le sociologue F. de Singly le processus d’individualisation est marqué par deux étapes : au départ il s’agit d’un individualisme universaliste ou abstrait tandis qu’à partir des années 60 on voit apparaître un individualisme particulariste ou concret.

56 Au départ on peut observer un individualisme universaliste ou abstrait : l’homme se libère des contraintes communautaires et de l’autocratie politique pour devenir un citoyen au plan politique et un salarié consommateur au niveau économique. Il est donc libre de mener les actions qu’il souhaite. Mais en même temps cet individualisme reste « abstrait » et les individus respectent les normes juridiques et sociales en vigueur. La cohésion sociale est forte et elle est obtenue par une « solidarité organique » et elle est permise par des instances d’intégration relativement forte. C’est le cas de la France au cours du 19ème siècle et jusqu’aux années 60. Puis progressivement on peut observer le passage à un individualisme particulariste ou concret (cas des sociétés occidentales à partir des années 60) qui valorise l’individu particulier, avec ses problèmes propres. Il semble s’éloigner de l’individu abstrait dans la mesure où s’édifie un monde personnel et autonome.

57 Individualisme abstrait Individualisme concret
(Universaliste) Individualisme concret (Particulariste) Date Processus d’autonomisation Identité But Socialisation Lien social Première modernité Du 18ème siècle aux années 60 Deuxième modernité À partir des années 60 L’individu se libère de sa communauté d’appartenance L’individu se libère de ses groupes sociaux d’appartenance Identité statutaire Identité personnelle Être inséré dans la société Être soi-même Socialisation verticale Socialisation horizontale Lien sociétaire Lien électif

58 Plusieurs facteurs ont pu jouer dans ce développement de l’individualisme concret :
Le développement de la démocratie : en égalisant les conditions, Alexis de Tocqueville a montré, dès 1830, que l’individualisme était consubstantiel à la démocratie. Ainsi, le fait que les femmes soient, peu à peu, considérées comme des citoyennes à part entière, leur a permis de s’émanciper des traditions et de leurs maris pour revendiquer leur place dans la société. Le développement de la division du travail : en développant les fonctions, les métiers, les tâches, elle a facilité l’émancipation vis-à-vis des contraintes sociales traditionnelles. Ainsi, l’apparition et la montée de l’Etat-Providence a permis aux familles de ne plus être totalement en charge des vieilles générations. Ces dernières souhaitent d’ailleurs vivre leur vieillesse en totale autonomie, au moins jusqu’au quatrième âge

59 Associations culturelles et sportives
La diversité des instances de socialisation : elles offrent aux individus a offert aux individus des normes et des valeurs différentes dans lesquelles l’individu va pouvoir choisir pour définir ses propres règles de comportement. Interaction Inculcation Internet Médias audiovisuels Famille Inculcation Et interaction Socialisation Ecole Amis Inculcation Et interaction Interaction Associations culturelles et sportives Etat Inculcation Inculcation Et interaction

60 La montée des niveaux de vie et l’évolution de la consommation de masse : elles tendent à privatiser et à individualiser l’usage des biens ce qui permet de s’autonomiser et de se différencier socialement. Développement des espaces individuels (la chambre, le bureau, etc.) Les téléphones portables et internet ont permis aux jeunes d’acquérir une autonomie vis-à-vis de leurs parents et de constituer leurs réseaux sociaux.

61 Les sociologues montrent alors que cet individualisme particulariste peut prendre deux formes :
Un individualisme positif : l’individu ne peut se passer de l’autre mais c’est lui qui choisit sa relation sans pression du social. Ainsi, le mariage d’amour a remplacé le mariage arrangé de nos ancêtres. L’individu s’est émancipé. Il construit sa relation avec les autres. Il s’agit donc d’un individualisme relationnel. Un individualisme négatif s’il aboutit à la naissance d’un individu solitaire coupé de la société pouvant adopter un comportement anomique. Il peut être observé dans les couches populaires où se côtoient les travailleurs précaires, les chômeurs de longue durée, les jeunes immigrés, c’est-à-dire des ensembles éclatés qui n’ont plus le sentiment de faire partie d’un collectif. Il peut entraîner un repli sur soi (égocentrisme) ou sur de petites communautés (tribalisme) ce qui lui fait perdre le sentiment d’appartenance à une communauté de destin. Cet individualisme semble être dû à un affaiblissement des instances d’intégration et peut remettre en cause la cohésion sociale (montée du racisme et de la xénophobie, par exemple).

62 2) L’individualisme particulariste négatif fragilise le lien social
L’individualisme négatif remet en cause le lien social et la volonté de vivre ensemble. L’individualisation s’accompagne d’une fragilisation des individus Plusieurs indicateurs vont dans ce sens : L’affaiblissement du lien religieux : diminution des croyances religieuses, des pratiques religieuses, des vocations, du sacerdoce...car la société s'est peu à peu sécularisée. Ceci ne signifie pas l’absence de croyance religieuse mais leur individualisation. Les individus « bricolent » leur propre religion à partir des valeurs et des normes religieuses existantes. Ainsi, très peu de personnes, qui se disent catholiques, obéissent aux règles de l’Église qui régissent la sexualité. Nombre de personnes se déclarant croyantes en 2010 (quelle que soit la religion

63 L’affaiblissement du lien familial :
baisse des mariages, apparition du divorce, baisse de la natalité, croissance des familles monoparentales et du célibat, éloignement des enfants à l’âge adulte. Là encore, les liens familiaux ne disparaissent pas mais ils se recomposent et sont moins contraignants.

64 L’affaiblissement des liens syndicaux et associatifs :
baisse du taux de syndicalisation, baisse du nombre de grèves, baisse du bénévolat... qui peuvent s’expliquer par le manque de temps ou la bureaucratisation de ces organisations mais qui ont pour raison principale la perte de conscience du collectif et des intérêts communs à défendre.

65 L’affaiblissement du lien politique :
Taux d’abstention élections présidentielles L’affaiblissement du lien politique : baisse du taux de participation aux élections, du nombre d'inscrits dans les partis, disparition du militantisme, sentiment d’une coupure entre les élites politiques et le peuple.. .qui montrent un déclin de la citoyenneté. Taux d’abstention élections législatives En 2010

66 L’affaiblissement du lien civique :
montée des incivilités dans l’espace public, affaiblissement des règles de politesse, croissance de la petite délinquance… qui incitent les individus au repli sur soi et à une demande de plus grande autorité de la part des pouvoirs publics.

67 L’affaiblissement du lien sociétaire :
on observe une tendance au séparatisme social et ethnique qui conduit à un repli sur de petites communautés de semblables qui ne fréquentent pas les autres groupes sociaux ni spatialement ni socialement. Ainsi, aux Etats-Unis, les « Gates communities » enferment les propriétaires de logements dans des ensembles sécurisés et fermés.

68 3) Ce qui n’est pas le cas de l’individualisme particulariste positif qui donne naissance à quatre figures de liens sociaux L’individualisme positif, fondé sur le lien électif, construit de nouveaux liens sociaux. François de Singly (L’individualisme est un humanisme – 2004) considère que l’individualisme contemporain a trois dimensions : L’individualisme émancipateur : chacun à la possibilité de se construire et d’habiter une identité singulière qui n’est pas figée au cours de la vie. Cette émancipation s’inscrit dans un contexte collectif qui suppose que la société mette en place des politiques de reconnaissance de ces identités singulières. Chacun porte l’habit qu’il lui plaît mais ces habits sont du « prêt à porter » imposé par l’industrie.

69 L’individualisme créateur : La principale caractéristique de l’individu contemporain n’est donc pas la remise en cause des groupes mais la possibilité de rejoindre et de se détacher des divers groupes d’appartenance et de référence. L’individu se caractérise alors, non pas par l’absence de liens sociaux, ce qui est difficilement pensable, mais par ses filiations multiples et successives. Chacun doit alors « bricoler », « construire » sa situation à partir de ce que la société offre en tenant compte des autres. Mais cela suppose que chacun puisse se connaître, « trouver son authenticité », « être soi » et entamer un processus d’auto-construction. L’indépendance marque donc l’émancipation, c’est-à-dire la rupture avec les autorités, alors que l’autonomie renvoie à la capacité de l’individu d’avoir et de construire son monde personnel. L’individualisme qui repose sur la reconnaissance et la justice : la reconnaissance de l’autre suppose accepter des limites à sa liberté et l’égalité en droit et en situation.

70 Selon F. de Syngly ces trois dimensions donnent naissance à quatre figures de liens sociaux :
Le lien citoyen qui permet la participation aux décisions politiques et d’apprendre les règles de vie commune. Il semble être désinvesti et il doit être reconstruit sur de nouvelles bases. Le lien électif qui repose sur la forme idéale de l’amour. C’est la relation où l’individu se sent reconnu comme unique, original et par laquelle il accède à son identité personnelle. Le lien marchand qui implique un individualisme concurrentiel ou compétitif pour avoir accès aux ressources. Le lien humaniste qui fait que l’individu a le sentiment d’appartenir à la communauté humanité.

71 LES INSTANCES D’INTEGRATION EN QUESTION
Le travail Communautés dont Ecole SECTION 2 LES INSTANCES D’INTEGRATION EN QUESTION Famille

72 I. LE TRAVAIL AU FONDEMENT DU LIEN SOCIAL
A. Le travail comme sphère d’intégration dans nos sociétés Il s'agit ici de montrer, que le travail autrement dit toute activité professionnelle rémunérée peut permettre l'intégration des individus à la société (lien marchand, lien communautaire mais aussi démocratique). Rappel : Le travail correspond à l'ensemble des activités intellectuelles et manuelles accomplies par l'homme pour produire des biens et des services. Dans les sociétés développées, il s'agit essentiellement d'un travail salarié.

73 1) Mise en perspective historique, le travail a-t-il toujours intégré ?
Historiquement, quatre périodes peuvent être distinguées en ce qui concerne l’évolution du travail La première est celle où le travail n'est pas libre (de la fin du Moyen-Age au début de la révolution industrielle), il est asservi. Ainsi, il existe une certaine protection des travailleurs qui tient à la nature des relations de domination entre l'employeur et l'employé. Le marché du travail est contrôlé par les corporations . L'intégration de l'individu est forte, mais elle se fait par la dépendance voire même par la contrainte.

74 La seconde est celle de la création du marché du travail (deuxième moitié du 19ème siècle), et de la paupérisation du salariat. Ainsi, le travail se libère de ses contraintes, un véritable marché du travail va se constituer et la sphère économique va être désencastrée de la sphère sociale. Cependant, pendant cette période, le salarié n'est plus protégé. L'intégration s'affaiblit, l'ouvrier perd son savoir-faire et sa situation est précaire, et il a difficilement accès à la sphère de la consommation (salaire de subsistance)

75 la troisième est celle de l'institutionnalisation du rapport salarial qui connaît son apogée pendant les années des trente glorieuses (convention collective, protection sociale, droit du travail, salaire minimum etc...). Ainsi, le rapport salarial va être institutionnalisé. La Troisième République ( ) fait émerger un droit et une protection du travail salarié (1864 : reconnaissance du droit de grève, 1884 : droit syndical ; 1898 : loi sur les accidents du travail ; 1919 : journée de 8 heures ; 1936 : congés payés, conventions collectives, semaine de 40 heures). Mais c'est surtout après la seconde guerre mondiale que l'intégration par le travail salarié sera maximale : sécurité sociale en Octobre 1945, SMIG en 1952, 1956 : vote des 3 semaines de congés payés, CDI, SMIC (hausse des prix et de la croissance) en 1970, etc... L'intégration par le travail devient centrale : avoir un travail, c'est être créateur de richesses, avoir un statut reconnu au sein de l'entreprise et dans la société, et c'est pouvoir accéder à la sphère de la consommation par le biais d'un revenu. Enfin, c'est avoir accès à la protection sociale qui a été construite jusqu'à une date récente autour de la sphère du travail.

76 La quatrième période est celle que nous traversons aujourd'hui et durant laquelle le rapport salarial fordiste semble remis en cause (chômage, précarité etc...).

77 2) Entreprise, syndicat et salariat : le travail rémunéré comme lien social
Au fil du temps, une partie des fonctions d'apprentissage et de socialisation non plus été pleinement assurées par les communautés (famille, voisinage, religion, …) mais également par la sphère du travail et ce à un triple niveau : Celui de l'entreprise ou de l’administration à l'intérieur de laquelle les liens sociaux sont à la fois individuels (entre l'employeur et son salarié ou le salarié et ses collègues) mais aussi collectifs (grèves notamment) et où l'intégration se fait principalement par la construction au sein de l'entreprise d'une identité et/ou statut social et professionnel. Le travail procure une position dans un cadre social donné à laquelle sont attachés des devoirs et des contraintes mais aussi des droits et des attributs.

78 Celui du syndicat où les liens sont collectifs et où l'intégration se fait par l'intermédiaire des intérêts communs, d'une conscience collective forte (exemple du mouvement ouvrier). Celui du salariat qui crée un lien individuel entre l'employé et son employeur mais également collectif puisqu'il intègre les individus à la société dans sa globalité par tout un système de garanties, de protections, de droits, de statuts et catégorisations sociales.

79 Le travail fourni à l’individu son identité sociale.
Travailler, c’est être utile à tout le corps social ce qui suscite de la reconnaissance sociale Le statut professionnel va définir la position sociale dans la hiérarchie sociale. Le travail c’est la source principale des revenus : Revenus directs : salaires ou honoraires Revenus indirects : prestations sociales (couverture contre les risques sociaux) Le travail socialise. C’est dans le travail que l’individu apprend à respecter les règles de la vie sociale : arriver à l’heure, obéissance aux ordres, compétition et/ou solidarité entre les salariés C’est un déterminant important du mode de vie. Il rythme le temps de vie, il influe sur le mode de consommation, sur les manières de voir, de penser et d’agir (HABITUS) Le travail procure des relations sociales : relations professionnelles, amicales, syndicales etc. Il peut permettre de constituer un « carnet d’adresses » Le travail permet l’autonomie et la réalisation de soi (exemples des jeunes et des femmes)

80 B. Dans quelle mesure le rôle intégrateur du travail est-il remis en cause aujourd’hui ?
1) L’évolution récente du marché du travail et la tertiairisation diminuent la capacité intégratrice du travail a) La montée du chômage, des emplois précaires et du sous-emploi diminuent la capacité intégratrice du travail En milliers 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2012 Nombre de chômeurs 773 1276 2164 1976 2550 2239 2432 2653 2811 Nombre de personnes en emplois précaires 1217 1737 2121 2828 2868 3008 3183 Nombre de personnes en sous-emploi 893 1395 1401 1306 1518 1353

81 La perte de l’emploi s’accompagne d’un accroissement de
Personnes non Vulnérables Personnes Vulnérables Personnes très Vulnérables Emploi stable non menacé 74,2 21,6 4,2 Emploi stable menacé 63,6 28,6 7,8 Emploi instable 61,5 27,5 11,0 Chômage de moins de 2 ans 27,1 11,4 Chômage de plus de 2 ans 50,7 31,8 17,5 Ensemble 68,0 25,0 7,0 la vulnérabilité sociale à savoir la faiblesse des liens familiaux et relationnels. En effet, en France en 1993, sur 100 personnes dont l’emploi est stable et non menacé 74,2 peuvent être considérées comme non vulnérables tandis que 4,2 sont considérées comme très vulnérables. Sur 100 personnes au chômage depuis plus d’un an 11,4 sont très vulnérables soit 2,5 fois plus et 17,5 le sont parmi les chômeurs de plus de deux ans soit plus de 4 fois plus.

82 De même que la perte de l’emploi s’accompagne de troubles psychologiques
Ainsi, si sur 100 personnes en emploi stable 11 sont dans un état dépressif c’est le cas de 16% des personnes en emplois précaires et de 22% des chômeurs. Par rapport aux personnes en emploi stable les personnes en emploi précaire ou au chômage sont davantage touchées par la nervosité ou les insomnies.

83 Explications : Vivre le chômage (ou la précarité), c'est d'abord se sentir inutile pour la société. L’individu perd peu à peu ses repères, ses habitudes (se lever à l'heure, sortir...). Il se trouve dans une situation d'anomie. Cette perte de valeur de soi est accentuée par le regard des autres qui déconsidèrent celui qui vit au crochet de la société, grâce aux aides sociales. La valorisation du travail (« travailler plus pour gagner plus ») accentue cette stigmatisation des chômeurs qui sont considérés comme des paresseux ne voulant pas trouver du travail et profitant des allocations. Le chômage est donc vécu comme une humiliation qui provoque des souffrances psychiques qui peuvent se traduire par des ennuis de santé, des dépressions voire des suicides.

84 Vivre le chômage ou la précarité, c'est ensuite rompre peu à peu les liens sociétaires.
On perd ses relations de travail lorsqu'on est au chômage ou on ne peut s'en faire lorsqu'on change très souvent de lieux de travail (d'où la désyndicalisation). On perd ensuite ses amis car on n'ose plus accepter une invitation et on n'a plus les moyens d'inviter. Enfin, la probabilité est forte pour que les relations familiales se détériorent (sentiment d’inutilité, sentiment de honte, état dépressif, impossibilité de recevoir et se concluent par un divorce.

85 Vivre le chômage et la précarité, c'est enfin s'exclure de la vie en société.
Les revenus que procurent le travail précaire, le travail à temps partiel ou les allocations chômage (réservées à ceux qui ont suffisamment cotisé) deviennent insuffisants pour vivre décemment. Le « travailleur pauvre » (précaire, saisonnier, à temps partiel) et le chômeur de longue durée disposent de revenus inférieurs à 60% du revenu médian (Plus de 1,5 million de travailleurs pauvres en France). Ils se retrouvent relégués dans les quartiers pauvres des cités, là où se concentrent la misère et la délinquance. Ils est exclu de la sphère de consommation. Ils tombent dans la pauvreté qu'ils risquent de transmettre à leur famille. Ils ne participent plus au lien marchand ni au lien civique

86 R. Castel analyse l'exclusion comme une désafiliation
R. Castel analyse l'exclusion comme une désafiliation. En effet selon lui, le parcours des exclus consiste à traverser plusieurs zones dans lesquelles la cohésion sociale varie. la zone d'intégration se caractérise par l'association "emploi stable-insertion relationnelle solide" ; la zone de vulnérabilité correspond à une situation intermédiaire, instable conjuguant précarité du travail et « fragilité des supports de proximité » (à ce niveau la précarité du travail peut être compensée par une relative intégration avec la famille ou le groupe de pairs) la zone de désafiliation qui est la dernière étape du processus se caractérise par une absence de participation à toute activité productive sociale et à l'isolement relationnel, toutefois, la rupture du lien social peut ne pas être totale si le lien démocratique par le biais de l’Etat-Providence demeure. Les individus qui sont concernés par cette désafiliation sont notamment les chômeurs de longue durée.

87 S. Paugam parle quant à lui de disqualification sociale pour montrer que l’exclusion est un processus ayant plusieurs causes qui cumulent leurs effets. Ainsi , l’exclusion sociale peut passer par 3 étapes : La fragilité (déclassement social de nature généralement professionnelle et perte de revenus. Durant cette phase les individus prennent conscience de la distance qui les sépare de la majorité de la population.) La dépendance (vis-à-vis de la famille et de l’Etat-Providence ; les individus multiplient alors les démarches pour rester insérés. Cette phase caractérise les personnes assistées qui font l'objet d'un suivi social régulier lié à des difficultés plus importantes que lors de la phase précédente) La rupture du lien social au niveau de l’emploi, de la famille, du logement, mais aussi des travailleurs sociaux et des organismes d’assistance. Cette phase de rupture va généralement avec une perte d'efficacité des derniers filets de protection, ce sont notamment les SDF qui ne perçoivent même pas le RSA.

88 Force est donc de constater que
Chômage Précarité Faiblesse ou rupture des liens amicaux Faiblesse ou rupture des liens professionnels Risque d’exclusion sociale De disqualification sociale De désafiliation Isolement Faiblesse ou rupture des liens familiaux Difficultés pour satisfaire les besoins secondaires Difficultés pour satisfaire les besoins primaires Maladie État dépressif, angoisses, insomnies

89 b) La tertiarisation des économies postindustrielles a également contribué à affaiblir la capacité intégratrice du travail D’une part, parce que le travail tertiaire est cloisonné dans des bureaux ou s’effectue en dehors de l’entreprise, ce qui raréfie les contacts qu’autorisait le travail en usine, dans les ateliers. Cet éclatement spatial ne permet plus de créer une identité collective. D’autre part, les métiers tertiaires sont très divers (du conseil juridique à l’aide à la personne en passant par l’enseignement, les soins médicaux…) dans leur mode de fonctionnement. Cet éclatement culturel ne permet pas de créer une identité professionnelle claire. Enfin, le travail tertiaire substitue la relation client-salarié à la relation hiérarchie-salarié. En conséquence, les relations professionnelles prennent un caractère individuel, de face à face (la caissière ou la vendeuse et les clients), et non plus un caractère collectif (les ouvriers face à la hiérarchie).

90 2) Et sa capacité à socialiser l’individu
Selon le sociologue R. LINHART compte tenu des problèmes liés à l’emploi et finalement la crainte du chômage et de la précarité, la socialisation par le travail devient une socialisation à la soumission, au conformisme et au renoncement à toute pensée personnelle . De plus, les possibilités d’expérience collective à travers l’action et les projets communs alternatifs s’amenuisent. Il ne reste que les termes crus du contrat de travail qui est un contrat juridique de subordination Ainsi, le lieu irremplaçable de socialisation et d’expérience de la coopération, le travail tend à devenir un lieu d’affrontement et de défiance. Le salarié vertueux du management modernecelui qui recherche l’excellence à travers l’usage le plus productif de lui-même, le plus rentable du point de vue de l’entreprise, au détriment de ses collègues, de ses clients et de sa vie privée- est bien loin du citoyen vertueux.

91 3) Toutefois cette remise en cause et à nuancer
Tout d'abord, on ne tombe pas immédiatement du chômage ou de la précarité dans la pauvreté et de la pauvreté dans l'exclusion. On s'aperçoit qu'il existe une graduation entre une population intégrée dans l'emploi (les 3/4 des actifs), une population fragile (15% des actifs) et une population en retrait (5%). Ensuite, la crise du travail doit être relativisée. Le chômage et la précarité ne sont pas des situations durables, les chômeurs de longue durée mise à part. On y fait que passer, surtout pour les jeunes à qui cela sert de banc d'essai avant de trouver un emploi stable. Même si un tiers des ménages ont été affectés d'une façon ou d'une autre par le chômage, cela signifie que les 2/3 ne l'ont pas été. La valeur travail est toujours plébiscitée par les jeunes.

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94 Enfin, le travail reste cependant un dispositif essentiel d'intégration. Il n’y a qu’à observer la réaction de colère des travailleurs qui perdent leur emploi à la suite de licenciements collectifs ou de fermeture d’usine. Il n’y a qu’à observer le combat des chômeurs pour trouver ou retrouver rapidement un emploi. Le travail est une valeur fondamentale juste après la famille.

95 II. LA FAMILLE COMME FACTEUR D’INTEGRATION
A. L’institution familiale comme instance de socialisation et d’intégration sociale 1) La famille, un phénomène culturel La famille désigne l’ensemble des individus qui entretiennent des relations de parenté. On distingue trois types de relation de parenté : La famille est un phénomène social et culturel et non naturel et biologique car si tel était le cas il y aurait les mêmes formes de famille à travers le temps et à travers l'espace, or ce n'est pas le cas. Les relations de parenté (filiation, alliance, germanité) dépendent des façons de pensée et d'agir propres à une société humaine, les relations de parenté sont sociales et culturelles. L’alliance La filiation La germanité

96 2) La Famille une instance qui a évolué au fil des siècles
Depuis le XVIIIe siècle, l’institution familiale a connu une série de transformations : - La famille s’est autonomisée vis-à-vis de la parentèle : les parents ne choisissent plus le conjoint de leur enfant ; les relations avec les ascendants et les collatéraux se distendent ; la famille nucléaire a tendance à se replier sur soi. Les relations au sein de la famille conjugale se sont privatisées. Elles ne sont plus soumises au regard de la parentèle. - La famille s’est démocratisée : les rapports entre conjoints et ceux entre les parents et les enfants sont de plus en plus égaux. La femme a une profession et s’autonomise vis-à-vis de son mari. Les enfants ont acquis des droits et sont considérés comme des adultes en devenir. Dans l’interaction, ils socialisent leurs parents tout autant qu’ils sont socialisés par eux. Enfin, l’amour a remplacé l’intérêt au cœur de ces relations familiales.

97 - La famille s’est individualisée : les membres de la famille cherchent à développer leur identité propre au lieu de vouloir construire un groupe social homogène. L’éducation des enfants insiste davantage sur la construction de leur personnalité que sur la reproduction sociale et familiale. - La famille a été en partie étatisée : l’Etat intervient de plus en plus souvent dans les relations familiales par la législation (école obligatoire, carnet de santé, protection de l’enfance…) et par sa politique familiale (allocations, crèche…). Parfois l’Etat se substitue à la famille (l’école, la DASS).

98 Famille traditionnelle Famille moderne Famille contemporaine Dates
XVI-XVII ème siècle XIX ème -1960 1960 à nos jours Type de mariage Mariage arrangé Mariage d’Amour Stabilité du mariage Divorce interdit Divorce possible mais réprouvé Divorce banalisé Répartition des tâches Faible division du travail Modèle de la femme au foyer Modèle de la femme active Objectifs du mariage Unir des familles et agrandir le patrimoine Une famille heureuse L’épanouissement individuel Autorité Patriarcale Paternelle Parentale (modèle égalitaire)

99 3) La famille, un phénomène marqué par un fait contemporain : l’homogamie sociale
Répartition de la catégorie sociale de l’épouse par rapport à celle du mari en %, en 2000 Femmes Hommes Agriculteurs Artisans, commerçants Cadres Professions interméd. Employés Ouvriers Autres Ensemble 70,7 3,1 0,9 3,8 9,6 8,0 3,9 100 2,1 36,3 6,3 11,6 25,9 12,4 5,4 0,4 4,3 33,9 27,1 23,4 5,0 5,9 1,2 18,6 28,1 27,8 15,9 3,0 1,7 6,8 9,1 15,8 21,8 42,8 2,0 1,3 1,9 0,7 9 58,3 29,4 8,6 Homogamie sociale : Tendance ou fait de rechercher un conjoint dans le groupe social (PCS) auquel on appartient, c'est-à-dire un conjoint dont le niveau social est équivalent au sien.

100 Ainsi, on remarque que, pas plus qu'hier, lors de la formation des couples l'amour ne passe les barrières sociales. En effet, même si au cours du XXème siècle le mariage d'amour est devenu la règle on constate le phénomène social d'homogamie (fait de choisir son conjoint dans un milieu social (PCS) proche du sien). Plus précisément, chaque individu au cours de son enfance, de son adolescence et plus largement de sa vie intériorise non seulement les normes et les valeurs de la société à laquelle il appartient. Or, il faut reconnaître qu'au cours de la socialisation la marque du milieu reste très présente et dès lors, à l'âge du choix du conjoint l'individu sera implicitement guidé vers des personnes qui partagent les mêmes normes et valeurs que lui, c’est-à-dire celles de sa CSP. Ainsi, chaque individu recherchera dans l'alliance à partager, avec un(e) autre que lui, la même culture, les mêmes goûts, et centre d'intérêts et au final le même HABITUS (P. BOURDIEU) …… De même, il sera conduit à fréquenter des lieux définis où se retrouveront plus particulièrement les personnes de son milieu social, ce qui accroîtra ses chances de s'allier avec une personne d'une CSP identique ou proche de la sienne. « La foudre quand elle tombe, ne tombe jamais n’importe où, elle frappe avec prédilection la diagonale » A. GIRARD

101 4) La famille, en tant que groupe social primaire permet l’intégration sociale des individus
a) Au sein de la famille il existe de multiples liens sociaux - Le lien conjugal ou conjugalité qui peut être un lien affectif (entre époux) mais aussi un lien économique lié à la complémentarité des tâches effectuées par les conjoints au sein et hors de la famille, aux échanges d’argent et de patrimoine. - Le lien parental ou parentalité avec, au centre, la socialisation des enfants, les liens affectifs qui unissent parents et enfants mais aussi avec les liens de filiation (transmission du nom, du patrimoine) et les liens économiques qui relient parents et enfants (aide domestique, soutien financier…). - Les liens de parenté qui imposent un certain nombre de cérémonies familiales (mariages, anniversaires, Noël…) et des échanges de services et d’argent. Les relations entre les enfants et les grands parents et entre les adultes et leurs parents est au cœur des relations intergénérationnelles.

102 b) La famille remplit une fonction de consommation
Dans la majorité des situations les individus consomment en famille et/ou grâce aux revenus de la famille. c) D’une fonction à l’autre la fonction de socialisation Depuis l’émergence de l’amour au sein du couple et l’avènement de l’enfant roi, la famille est devenue l’instance principale de socialisation. En effet, c’est dans la famille que l’enfant, objet de toutes les attentions et de toutes les espérances, intériorise, les normes, les valeurs, les manières de se comporter, d’agir et de réagir de la société à laquelle il appartient.   En effet, plus que tout autre institution, école, média, voisinage, amis, la famille socialise l’enfant puisque : C’est la première instance que rencontre l’individu. Elle intervient dès le plus jeune âge, période où l’individu a le plus à apprendre et où il est le plus malléable. De plus entre l’individu et sa famille les rapports sont quotidiens, affectifs et durables. Enfin, c’est son rôle et pour cela elle dispose de différents modes tels que l’influence rétributive et l’influence coercitive ; il y a également l’apprentissage par répétitions. Enfin, l’individu apprend en imitant son entourage et plus particulièrement les membres de sa famille.

103 d) D’une génération à l’autre : une fonction de solidarité
On observe qu'il existe des échanges entre générations qui sont selon leur nature de sens et d'importance différents - au niveau des solidarités financières, les personnes âgées jouent un rôle central en effet …………% d’entre elles déclarent fournir une aide financière tant à leurs enfants qu’à leurs petits enfants. Les Générations d’âge intermédiaire quant à elles aident leurs enfants dans ………………% des cas. - au niveau des solidarités non financières (échange de services) la solidarité exclusive de l’ascendance vers la descendance est moins marquée. Ainsi, si ……………% des générations intermédiaires déclarent rendre service à leurs enfants, ceux-ci aident leurs parents dans …………….% à ………………% des cas ; de même que …………% des générations intermédiaires déclarent rendre service à leurs parents. 33 64 96 60 77 89

104 Conclusion Ainsi, la famille est un phénomène culturel. C'est non seulement un groupe social mais plus encore une institution c'est-à-dire un ensemble établi et durables de pratiques et de normes sociales ayant des fonctions propres dans un système social. Par ses fonctions, et notamment celle de socialisation, la famille permet grâce à l'intériorisation des normes et des valeurs communes à l'individu d'être intégrer à la société dans laquelle il est appelé à vivre.

105 B. Famille et lien social : crise ou transformation ?
1) Les symptômes d’une crise de la famille … La contestation du modèle familial traditionnel se manifeste en France depuis plusieurs années. Cette contestation peut s’illustrer par la désunion grandissante des couples et ce pour des raisons diverses et variées, ainsi que la perte de certaines fonctions de la famille. Analyse des indicateurs démographiques - Le lien conjugal est remis en cause par la baisse des mariages et la montée des divorces. - Baisse du nombre de mariages (donnée absolue) En 2005 il y a ……………………… fois plus de mariages qu’en 1950 c’est-à-dire ………………….. fois moins. 0,82 1,22

106 - Baisse du taux de nuptialité (donnée relative, donc plus significative) En 2005 il y a relativement à la population totale ……………………….. plus de mariages qu’en 1970 c’est-à-dire ……………………………. - Hausse du nombre de divorces (………… plus entre 1950 et 2005) et du taux de divortialité (…… fois plus important) - Hausse de la cohabitation hors mariage (relativement aux personnes vivant en couples, il y a …… fois plus de personnes en concubinage en France en 2005 qu’en 1970) et donc logiquement d’un accroissement des naissances hors mariages. - Hausse/Baisse du nombre de célibataires relativement à la population totale (notamment chez les femmes) - Hausse du nombre de familles monoparentales. En 2000, ……% des familles sont monoparentales contre ……... % en 1970 0,57 fois 1,73 fois moins 4,47 fois 4,4 7 ____ 7,4 4,3

107 Années 50-70 Années 80-90 Aujourd’hui En conclusion, se marier n’est plus un passage obligé ni pour vivre ensemble, ni pour avoir des enfants. Autrefois, le mariage était un préalable aux relations sexuelles et aux naissances. De nos jours, on peut parler d’un désinstitutionalisation de l’union d’autant plus le divorce s’est banalisé. - Baisse du nombre de naissances : en 2005 il y a eu ………. naissances de moins qu’en On constate, en effet, un recul du nombre moyen d’enfants par femmes (indicateur de descendance finale ou indicateur conjoncturel de fécondité). 90 300

108 Les diverses explications de la crise de la famille
Explications économiques : Hausse de l’activité des femmes (plus indépendantes et autonomes) Explications juridiques : Reconnaissance juridique définitive du divorce en 1884 Reconnaissance du Concubinage ou Certificat de vie commune Instauration du PACS (loi du 15 novembre 1999)

109 Les diverses explications de la crise de la famille
Explications sociales  Déclin des valeurs religieuses (religion catholique) pour laquelle le mariage est le préalable à la constitution du couple (hausse de la cohabitation juvénile et des naissances hors mariage) Banalisation et acceptation sociale du divorce Emergence du mariage d’Amour : Pourquoi se marier quand on s’aime ? Pourquoi rester ensemble quand on ne s’aime plus ? Ainsi, l’amour remet en cause l’institution (stabilité) parce qu’il est par nature « instable » voire « éphémère ». Auparavant, l’amour ne prévalait pas dans la constitution du couple, donc il ne pouvait pas être la cause de la rupture. Néanmoins, l’amour renforce l’envie de vivre en couple, car ceux qu’ils l’ont connu (les divorcés par exemple) aspirent à le retrouver.

110 2) … bouleversent son rôle intégrateur
Réduction de la fonction de solidarité : l’analyse de Durkheim Durkheim montre une réduction historique de la famille (famille indivise, famille souche, famille nucléaire : attention, au cours du temps ces 3 formes de famille ont coexisté). La contraction de celles-ci implique un affaiblissement de son rôle qui était d’assurer une solidarité inter-générationnelle entre des membres vivant sous le même toit. De plus on assiste à une montée de l’individualisme au sein de la famille, les individus ne sont plus unis entre eux par une relation de dépendance - Enfin, en raison de l’urbanisation (développe des activités sportives, culturelles, des associations, …) et de la salarisation (monde du travail) les individus ont vu leurs univers s’ouvrir et désormais la solidarité des pairs a en partie pris la place de la solidarité familiale.

111 Quasi-disparition de la fonction de production
 Affaiblissement de la fonction de reproduction (biologique) Jusqu’aux années dans une France agricole et où le nombre d’indépendants est encore élevé, on produit en famille. Alors qu’aujourd’hui l’individu produit en dehors de la famille (90% des individus sont salariés) . L’indicateur conjoncturel de fécondité est passé de 2,9 enfants par femme en 1950, à 1,9 enfants par femme en 2005, soit 1,5 fois moins.

112  La famille voit son rôle dans la socialisation de l’individu s’affaiblir
L’enfant s’est autonomisé vis-à-vis de ses parents. Avec la diminution de la taille des fratries, les enfants disposent de plus en plus fréquemment d’une chambre individuelle, avec une privatisation de plus en plus précoce de l’équipement audiovisuel. Ces nouvelles technologies sont utilisées par les adolescents et les préadolescents pour développer une sociabilité « en continue » avec des groupes de pairs qui peuvent rester par ailleurs relativement étanches. Ces technologies contribuent plus que toutes autres à l’autonomisation des adolescents vis-à-vis de leurs parents, même si les téléphones portables sont aussi un moyen de contrôle pour les parents qui ont la possibilité de joindre leurs enfants à tout moment et qui peuvent utiliser l’annulation de l’abonnement comme forme de punition.

113 En outre, la famille a, en partie, perdu sa fonction de socialisation
En outre, la famille a, en partie, perdu sa fonction de socialisation. L’éducation des enfants est prise en charge par d’autres institutions (l’école, les groupe de pairs, les medias, Internet), ce qui leur permet de s’affranchir du conditionnement familial. Tous les observateurs de la famille s’accordent en général pour diagnostiquer une forme d’autonomisation de la culture des jeunes vis-à-vis de celle des adultes. Cette autonomisation prend moins la forme du conflit que celle de l’indifférence. Si les générations sont proches sur le plan des valeurs et des attitudes à l’égard de la morale quotidienne, il existerait une distance culturelle croissante entre les générations, touchant toutes les classes sociales. La transmission des valeurs et des normes se fait donc de plus en plus horizontalement, que ce soit par l’intermédiaire des médias ou par l’intermédiaire des groupes de pairs. D’une façon générale, nombreuses sont les études qui mettent en évidence la contribution des technologies de la communication, anciennes (télévision, radio) et nouvelles (Internet, téléphone portable) à la constitution d’une culture juvénile relativement étrangère à la culture des adultes. Enfin, les activités professionnelles du père et de la mère diminuent le temps consacré par les parents à leurs enfants. Cette atténuation de l’autorité parentale est souvent présentée comme la cause principale de la montée de la délinquance juvénile.

114  La famille voit son rôle de solidarité entre les générations décliner
 - Les visites aux vieux parents, grands-parents, oncles, tantes, grands oncles et grandes tantes, ont perdu leur caractère d’obligation. C’est la logique même du lien électif. La famille risque donc d’être moins que par le passé une ressource pour la sociabilité des personnes âgées Les liens de parenté semblent également s’affaiblir. Depuis la création de la Sécurité sociale, la famille n’a plus à prendre en charge les parents âgés. L’étroitesse des logements urbains interdit d’ailleurs toute cohabitation. De plus, les nécessités de la mobilité professionnelle obligent les enfants à vivre loin du foyer parental.

115 Conclusion et transition
L’analyse de nombreux indicateurs démographiques ainsi que celle de certaines fonctions de la famille tendent effectivement à montrer que l’on assiste aujourd’hui à une remise en cause importante de la famille traditionnelle, c’est-à-dire de l’institution familiale perçue comme un ensemble stable régi par des normes et des valeurs et dans lequel la définition des rôles et des statuts est clairement établi. Mais, toutefois, il convient de remarquer d’une part « que la vie en couple marié demeure le modèle dominant » et que d’autre part la famille, phénomène social et culturel, change de formes et conserve certaines fonctions.

116 3) Toutefois, la crise de la famille doit être relativisée …
a) De nouveaux modèles familiaux prouvent que l’institution familiale peut s’adapter… apparaissent et se développent - ainsi, la famille, en tant qu’institution sociale, parce qu’elle est un construit social dans lequel l’individu trouve son identité et son histoire résiste en devenant plurielle. Finalement rien ne peut remplacer la famille, elle demeure une institution solide et incontestée, un instrument de soutien et d’intégration à la société De nouveaux modèles familiaux tels que les familles recomposées ou les familles monoparentales

117 b) …. tandis que le modèle dominant qui demeure est celui de la famille nucléaire
Les liens conjugaux ne sont pas menacés. Le mariage est une institution forte. La volonté de vivre en couple et d’avoir des enfants reste largement la norme. Ainsi, 85% des divorces se traduisent par la constitution d’une nouvelle union. De même, de nombreux couples non mariés finissent par se marier après la naissance des enfants et les homosexuels réclament le droit de pouvoir se marier ce qui montre que l’institution du mariage est toujours valorisée. Enfin, la France est le pays le plus fécond d’Europe, en partie grâce à la politique familiale (crèches, école maternelle, allocations…), ce qui prouve que le désir de vivre en famille est intact (le nombre de naissances par femme fécondable augmente depuis le milieu des années 1990).

118 4) ….. ce qui explique que celle-ci demeure une instance essentielle d’intégration
 La famille continue à jouer un rôle essentiel dans la socialisation des individus (Connaissances personnelles) rôle essentiel dans la socialisation primaire : - son rôle demeure au fil du temps lorsque l’individu grandit car au sein de la famille les rapports sont nombreux, fréquents et marqués par l’affectivité  La famille joue un rôle dans la solidarité entre les générations On observe bien des solidarités financières et des solidarités non financières au sein des familles, on peut citer notamment : C’est la première instance que rencontre l’individu. Elle intervient donc dès le plus jeune âge au moment où l’individu a tout à apprendre et où il est le plus malléable.

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122 La fonction patrimoniale de la famille change de nature
si hier la famille jouait un rôle dans la transmission d’un patrimoine de nature économique, ce rôle est rendu marginal aujourd’hui en raison de la montée de l’espérance de vie. - néanmoins de nombreux sociologues (Pierre Bourdieu notamment) montrent que la famille joue un rôle dans la transmission d’un capital ………………………….. qui conditionne très largement les réussites scolaires (un fils de cadre a aujourd’hui 5 fois plus de chances d’accéder au niveau bac qu’un fils d’ouvrier). Ainsi, il est incontestable que la famille joue un rôle important dans le phénomène de reproduction et d’immobilité (partielle) sociales constatées aujourd’hui en France. culturel

123 Des fonctions à leur apogée : la consommation et l’affectivité
de nos jours la fonction de consommation est à son apogée (société de consommation ), l’individu consomme grâce et principalement au sein de sa famille. - du fait de l’émergence du mariage d’amour, l’affectivité est désormais une fonction qui connaît son apogée dans le cadre familial. Tous les membres de la famille y investissent leurs sentiments Dans une société marquée par les difficultés financières et l’exclusion sociale, la famille sert de refuge aux individus. Ainsi le cercle familial demeure le lieu privilégié du réconfort moral et matériel en cas de difficultés. Les différentes enquêtes montrent que les 2/3 des adultes voient leurs parents quelques fois par mois ou davantage. Seulement 7% des adultes déclarent d’ailleurs ne jamais voir leurs parents.

124 Conclusion . La famille se transforme mais reste une institution primordiale. Elle est moins soumise aux normes et aux valeurs de la société traditionnelle. Elle invente de nouvelles relations en son sein qui peuvent apparaître plus lâches et plus fragiles. Mais, on ne peut pas parler d’une désinstitutionalisation de la famille puisqu’elle obéit aux normes et aux valeurs de la société à un moment donné. La solidarité familiale est loin d’avoir disparue car la famille est le dernier recours lorsque le lien social se distend. Les enquêtes sur les valeurs révèlent que le domaine de valeur le plus reconnu est la famille. Ainsi, les valeurs familiales sont considérées comme très importantes par 86 % des Européens de l’UE à 15. On investit beaucoup autour des relations familiales. C’est la communication dans le couple qui est la plus valorisée. Les conditions matérielles sont déclarées comme moins importantes. Ceci renvoie à une vision idéalisée du couple. La famille se construit sur des relations individualisées : elle est une cellule que l’on construit, elle n’est pas « toute faite ». Mais cette famille individualisée n’est pas pour autant sans lien social, et le mariage peut concrétiser et inscrire la famille socialement : inscription dans l’espace (le nouveau couple est reconnu par les autres), inscription dans le temps (dans la descendance qu’on aura ou qu’on a déjà, dans l’ascendance dont on reconnaît l’apport). Seulement un Européen sur cinq considère le mariage comme dépassé (mais un Français sur trois). On peut donc affirmer que la famille constitue l’une des clés sinon la clé essentielle du lien communautaire et de la socialisation.

125 III. L’ECOLE COMME FACTEUR D’INTEGRATION
A. L’école comme instance de socialisation et d’intégration sociale 1) L’analyse de Durkheim

126 Pour Durkheim (1858-1917), l'école a deux fonctions principales :
- elle homogénéise car elle part du principe, que si les personnes sont semblables (c'est-à-dire qu'elles partagent les mêmes valeurs), alors ces personnes pourront vivre ensemble. L’école a donc pour première fonction de préparer les individus à vivre en société. Dans ce cadre, pour Durkheim, un des rôles fondamentales de l’école est d’enseigner la morale. Selon lui, la morale consiste en un ensemble de règles définies qui déterminent la conduite de l’individu de manière impérative. Elle nécessite de la part de l’individu une discipline pour accepter cette autorité extérieure. Les actes humains dépassent alors les intérêts individuels pour viser des intérêts collectifs. - elle inculque des savoirs, des connaissances et par là même elle différencie, spécialise. En ce sens, l'école prépare à la division du travail. Pour Durkheim, l'école a un rôle plus important que la famille dans le phénomène de socialisation. En effet, la famille est trop prise par des relations affectives et cela nuit à sa fonction de socialisation. Au contraire, l'école inculque les normes et les valeurs de façon impersonnelle.

127 2) L’école comme agent de socialisation
L’école participe au processus de socialisation de l’individus car elle transmet des valeurs et des normes, de même qu’elle précise certaines pratiques sociales et éveille les élèves à de nombreuses pratiques culturelles. De plus, l’école est une institution dans laquelle les rapports sociaux sont fortement codifiés ce qui permet aux élèves d’apprendre la vie en société. Elle participe à la construction d’une culture commune : langue, valeurs essentielles, elle atténue donc les spécificités culturelles liées au milieu social et peut donc être à l’origine de processus d’acculturation. L’école inculque également des connaissances, des savoirs et des savoir- faire, elle a pour rôle de développer un esprit critique.

128 3) Les réformes essentielles pour parvenir à ses objectifs
Pour réaliser ces différents objectifs, l’Ecole s’est progressivement réformée dans le sens d’une ouverture croissante de l’école à toutes les couches de la population : 1881 Gratuité des écoles primaires publiques (Jules Ferry) 1882 Ecole obligatoire de 6 à 13 ans et laïcisation des programmes (Jules Ferry) 1930 Gratuité de l’enseignement secondaire entrée en vigueur en 1933 1936 Scolarité obligatoire portée à 14 ans 1945 Création d’une école primaire unique qui ne sera effective que dans les années 60 1959 Scolarité obligatoire portée à 16 ans qui ne sera effective qu’en 1967 1963 Création du collège d’enseignement supérieur, mixité et sectorisation 1975 Création du « collège unique » en supprimant les filières au CES 1984 Création des zones d’éducation prioritaire (ZEP) par Alain Savary % d’une classe d’âge au niveau bac et autonomie des établissements 1998 Aide individualisée des élèves, travaux personnels encadrés, ECJS 2005 Socle de connaissances commun et parcours individualisés en collège 2006 L’apprentissage est remis à 14 ans, la politique des ZEP se concentre sur un nombre plus réduit d’établissement 2007 Suppression progressive de la carte scolaire et ouverture plus grande des classes préparatoires aux grandes écoles

129 Synthèse : - La gratuité de l’école : elle a été progressive et elle concerne de nos jours également les manuels scolaires. - La mixité des établissements : garçons et filles se retrouvent désormais mélangés dans les écoles, les collèges, les lycées et les classes. - L’élévation de l’âge de la scolarité obligatoire : on est passé de 12 à 16 ans mais les familles ont poussé leurs enfants à aller au-delà même si une petite fraction des élèves est désormais orientée vers l’apprentissage dès 14 ans. - L’unification progressive du système scolaire : création d’une école unique et d’un collège unique, accueil plus important d’une génération dans les lycées et les universités,…

130 Cependant, depuis une dizaine d’années, un autre mouvement est en marche qui, en voulant prendre en compte la diversité des situations sociales, entraîne une diversité des traitements : - La discrimination positive consiste à donner plus à ceux qui ont moins. On va donc créer des zones d’éducation prioritaires (ZEP), dans les quartiers défavorisés, qui ont plus de moyens pour compenser les handicaps culturels de ces quartiers. Cette politique a connu une extension très significative, puisqu’on compte aujourd’hui plus de 800 ZEP, scolarisant environ 20 % des écoliers. - L’individualisation de l’enseignement : l’école va offrir aux élèves des parcours différenciés, des choix plus larges en matière d’enseignement, un soutien individualisé aux élèves en difficulté.

131  - La diversification des parcours scolaires : les voies technologiques et les voies professionnelles se sont ajoutées à la voie générale pour amener plus d’élèves au niveau bac. - La démocratisation de l’institution : les parents d’élèves peuvent faire appel aux décisions d’orientation. Ils ont, en partie, le choix des établissements pour leurs enfants. - La décentralisation qui confie aux mairies (les écoles primaires), aux départements (les collèges), aux régions (les lycées) l’entretien de ces établissements ce qui conduit à des disparités dans les moyens que propose l’école selon le degré de richesse de ces collectivités locales.

132 Le niveau culturel de la population a augmenté (le niveau moyen des connaissances de la population a augmenté). L’école a su mener un % de plus en plus élevé d’élèves au niveau du baccalauréat : moins de 1% d’une classe d’âge en 1900 , 25% d’une classe d’âge dans les années 70, 67% de nos jours. La promotion de la femme dans la société : l’école a permis aux filles d’exprimer pleinement leurs capacités et d’accéder aux métiers qui étaient, autrefois, réservés aux hommes. L’intégration des enfants d’immigrés qui ont dû accepter une certaine acculturation pour s’intégrer dans la société française. A milieu social identique, les enfants d’immigrés ont les mêmes résultats scolaires que la moyenne des élèves. 4) Un bilan globalement positif, l’école a bien remplit son rôle d’intégration

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134 B. La crise de légitimité de l’école : quand le système scolaire ne réussit pas totalement à intégrer et à assurer la cohésion sociale 1) Des inégalités scolaires qui demeurent Une proportion non négligeable d’élèves, issus souvent des milieux les plus défavorisés, sont en échec scolaire, c’est-à-dire qu’ils se retrouvent sans maîtrise des apprentissages fondamentaux, dans des filières de relégation et sortent sans diplôme de l’école. La part des jeunes qui sortent du système éducatif initial sans diplôme professionnel ou sans diplôme général supérieur au brevet ne décroît plus ; elle reste à un niveau élevé (près d’un sortant sur cinq). Or la formation joue un rôle de plus en plus important pour éviter le chômage et les emplois précaires : les sortants sans qualification du système de formation initiale sont donc de plus en plus pénalisés.

135 2) Et ce , dans un système qui demeure ségrégationniste
Le système scolaire reste encore ségrégationniste en différenciant les bons établissements (ceux de centre-ville) et les mauvais (ceux de la périphérie), les bonnes filières (bac généraux) des mauvaises (bacs technologiques ou professionnels), les bonnes classes (choix des langues, des sections, des options) des mauvaises. Plusieurs facteurs contribuent à cette tendance ségrégationniste : Les parents d’élèves qui adoptent donc des stratégies de contournement de l’institution (choix d’un établissement privé, déménagement dans le bon quartier, choix d’une langue rare ou d’une filière sélective). Or, ce sont les parents les mieux dotés en capital économique, culturel et social, qui adoptent la stratégie la plus efficace.

136 - Les enseignants préfèrent, dans leur grande majorité, des classes homogènes parce qu’ils estiment qu’elles sont plus faciles à former. Ils vont donc proposer des classes de niveau ou une sélection plus précoce des élèves. Cette demande aboutit à la formation de classes hiérarchisées, les bonnes étant confiées aux professeurs chevronnés ou anciens et les mauvaises aux débutants et aux nouveaux. - Enfin, les chefs d’établissement souhaitent avoir de bons résultats et une bonne image de marque pour leur établissement, ce qui va rejaillir sur leur carrière. Ils ont donc intérêt à constituer des classes avec options rares pour attirer ou conserver les bons élèves et obtenir des bons résultats aux examens.


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