La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

La présentation est en train de télécharger. S'il vous plaît, attendez

Comment l’espace est-il devenu le temps: La déterritorialisation et l’émergence de la rationalité idéologique http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/d/dd/The_Persistence_of_Memory.jpg.

Présentations similaires


Présentation au sujet: "Comment l’espace est-il devenu le temps: La déterritorialisation et l’émergence de la rationalité idéologique http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/d/dd/The_Persistence_of_Memory.jpg."— Transcription de la présentation:

1 Comment l’espace est-il devenu le temps: La déterritorialisation et l’émergence de la rationalité idéologique Salvador Dali – La persistance de la mémoire (1931) Guy Lanoue, Université de Montréal,

2 Deux moyens prémodernes de façonner l’unité politique: fragmentation de la communauté pour créer une nouvelle entité dans une autre espace sémantique et sémiotique

3 Une 3e façon: les rituels de la citoyenneté L’idéologie très abstraite et compliquée de ces États-nations cache un autre processus: notez que la ritualisation du gestuel lie cette identité abstraite avec le corps; de la communauté virtuelle à l’intimité corporelle individuelle Grâce à la corporalité de l’identité individuelle, les deux composants de cette nouvelles communauté, l’état et le citoyen, s’unissent dans l’image du corps social, qui est à la fois un corps comme image et une image comme corps.

4 Le rôle du corps dans la création de l’identité est projeté sur la communauté imaginée; notez que les personnes offrent leur loyauté en se touchant le cœur, siège des émotions, et non la tête, lieu de croyances idéologiques.

5 Le corps est important parce que:
Il est un tableau qui porte les traces les lignes de force dans l’État-nation: on définit la rationalité et les habitudes du corps, qui font un pont qui lie l’image de la communauté et les pratiques de vie Il est le lieu où et le moyen avec lequel les personnes résistent au pouvoir: le biopouvoir (l’agir) et le sémiopouvoir (l’agir passif) Une annonce de Craigslist, (le biopouvoir classique): … Im just looking for someone who will be a friend regardless of anything. Someone to go see movies with, chill, go out for dinner, coffee, walks, sports whatever! Things friends do. Im not perfect, far from. In fact I probably have issues which is why im searching on CL. Le sémiopouvoir:

6 Totémisme: limité par le partage du sens et signification de la pensée totémique. Ces systèmes sont généralement linéaires. Les limites à l’unité sont ‘horizontales’ (géographiques): quand les personnes ne partagent plus la langue qui transmet les savoirs totémiques, aucune signification partagée ne peut émerger (Lévi-Strauss, Mythologiques). Classe / caste: limitée par la faiblesse des liens entre l’élite et la masse si l’élite réussit à établir des liens avec l’Autre. Ces systèmes sont généralement bilatéraux. Les problèmes d’unité s’expriment ‘verticalement’, entre le haut (élite) et le bas (la grande masse de personnes classées selon leur activités économiques). Citoyenneté / rituels : ces systèmes standardisent le vécu de l’individu pour le transformer en citoyen, catégorie fortement politisée. Pour l’Occident, ce concept est mis en place par les Romains, mais se perd avec la chute de l’Empire. Il réémerge au 19e siècle. L’individu est transformé en citoyen par un processus à deux dimensions: a) les émotions normalement attachées au corps sont politisées et attachées aux lieux contrôles par l’État; b) une fois l’hégémonie est établit par la manipulation des émotions, l’État met en place le concept du gouvernement de droit. La rationalité étatique devient la rationalité du Soi. Noter que plusieurs communautés utilisent ces processus en combinaison.

7 Le curia aujourd’hui, avec le Senat à gauche
Le sénat romain Les rituels étatiques qui établissent et donnent un contenu à la citoyenneté se déroulent dans des lieux monumentales: des forums, des bâtiments énormes, etc. Le lieu est ritualisé par l’énormité de l’espace délimité par l’édifice. Le curia aujourd’hui, avec le Senat à gauche

8 La gouvernance et les attitudes envers le temps: trois régimes historiques
Passé Présent Futur Prémoderne + (valorisation, idéalisation et mythification) - (changeant) (futur incertain) Moderne (dévalorisation et diabolisation; primitivisme) (progrès) (utopisme) Postmoderne - (passé non pertinent) + (transformation infinie du Soi; multiplication des possibilités à terme limitée) (futur négatif)

9 Cinq étapes vers l’absolutisme « démocratique »
La «chute de l’Empire» n’est qu’un euphémisme pour un processus complexe de déterritorialisation du concept de citoyenneté de la part des «barbares», qui étaient à la recherche d’un système politique pour faciliter la création de communautés politiques plus inclusives et durables; voir les concepts de Ferdinand Tönnies: les « barbares » passaient de leurs sociétés relativement bien structurées par l’idéologie totémique (Gesellschaft) à des associations basées sur des sentiments (Gemeinschaft). Bref, le totémisme est plus durable, puisqu’il projette la solidarité sociale sur la dimension sacrée – les légendes, les mythes, la catégorisation linguistique, tandis que les fédérations durent autant que les sentiments perdurent. Ce sont les barbares qui fusionnent deux systèmes de parenté et donc deux systèmes temporels: bilatéral (germanique) et linéaire (romain). Plus est complexe la dimension temporelle, plus est-il facile d’y attacher de significations polysémiques: le temps devient un champ de bataille où se heurtent de conceptions linéaires (état) et cognatiques (les individus organisés en parentèles). Les régimes post-Empire sont incapables de gouverner. L’impérialisme territorial romain se transforme en une « citoyenneté spirituelle » parrainée par l’Église; son pouvoir symbolique en Europe est consolidé avec la conversion de la Russie (vers l’an 1000), mais l’idée d’une communauté formée de citoyens se détache du lieu; désormais, seulement la croyance dans un paradis est censé unir l’Europe. La citoyenneté universelle romaine avait établi l’individu comme l’entité qui compose la société. Après la chute, il y a deux dynamiques qui émergent: 1) déraciner l’individualité de son contexte politico-territorial, qui transforme la citoyenneté dans une catégorie sans référence directe au vécu quotidien. Les philosophes médiévaux commencent à parler de la nature pure de l’Homme: l’Homme est son essence spirituel, car il est désormais démuni d’une communauté politique universelle qui l’encadre. 2) l’idée d’un essence « pure » ou « idéale » permet à l’Église d’introduire la notion chrétienne de la contamination dans le domaine sociopolitique: seule l’idéologie étatique « pure » (car un modèle simplifié et logique) peut « épurer » cette saleté (Hegel).

10 La rationalité universelle établit les lois de la causalité
La rationalité universelle établit les lois de la causalité. Le passé devient l’armature sur laquelle s’érige le futur; p.e., quelques siècles plus tard – vers 1650 – ceci se manifeste sous forme de psychologisme dans les romans «modernes», où le parcours de vie des protagonistes signale et «explique» leur agir dans le présent. La logique narrative devient le modèle privilégié pour construire des récits de vie individuels censés devenir la base de la socialité. Ce développement (parmi d’autres) définit le temps linéaire non seulement comme l’armature du passé (l’histoire), mais aussi précurseur du futur, car ce temps est gouverné par la logique qui est censée lier ses composants et non par les faits. Le temps se détache du vécu, et donc la dynamique de l’histoire devient universel. C’est là la base des idéologies contemporaines de l’Occident: le déroulement du temps suit une matrice « logique » et donc « rationnelle »; seulement l’État peut assurer que la société adhère à ce parcours idéalisé. La dyade temps-rationalité devient la «colle» (mieux dire, « technologie dominante de la gouvernance moderniste ») qui tient ensemble la communauté imaginée (voir B. Anderson, L’imaginaire national, 1996). Heureusement pour les élites étatiques, il y a toujours un écart entre l’idéale qui émerge implicitement de la «rationalité» pure et la dimension empirique vécue moins que parfaitement. Cet écart devient le moteur qui pousse les États à intervenir dans le vécu afin, dit-on, de le «perfectionner» pour qu’il se rapproche de l’idéale. Cependant, cette «comptabilité étatique» («l’agir» de l’État) limite le champ du vécu où les individus peuvent exercer leur biopouvoir. Désormais, aucun citoyen n’est à la hauteur de l’idéale (parallèle avec le concept chrétien du péché originel). La citoyenneté et donc l’État est parfaite, le citoyen non. Ceci est appuyé par l’invention de la perspective centrale, qui, en brisant le «4e mur» et incorporant le spectateur comme agent actif dans la «conversation» avec la représentation visuelle (et donc avec tout le monde des représentations), crée l’impression que la représentation de l’organisation spatiale est naturelle, d’autant plus que le biopouvoir du spectateur – organisateur et donc créateur de la géométrie de la représentation – est absolu. Cette illusion reproduit l’idée de la perfection incarnée par l’idéologie idéalisée et donc n’est qu’une illusion – du point de vue de l’individu, il est maitre de l’univers, mais du point de vue l’État, il est «pécheur», naturellement incapable d’incarner la perfection de la logique universelle.

11 La géométrie visuelle de la modernité privilège l’agir
Depuis 500 ans les cultures occidentales utilisent un régime visuel à la quasi-exclusion de toutes autres géométries du visuel. Ce système est désormais normalisé et somatisé. La perspective centrale (ou «linéaire») expérimentée et perfectionnée par Filippo Brunelleschi en c.1425, pour la première fois transforme les images définies par les 4 bords des deux dimensions principales (X, Y) en un simulacre de cube ayant trois dimensions et six faces; l’utilisation d’un point de convergence centrale situé à la face antérieure du cube imaginaire en effet met en relief la face qui représente l’avant-scène et donc privilégie la position spatiale et sémiotique-existentielle du spectateur vis-à-vis de l’image. À la Renaissance, l’utilisation d’édifices et d’autres éléments architecturaux devient rapidement la marque de commerce de la nouvelle perspective, comme si l’artiste voulait à tout prix proclamer son adhésion aux nouvelles règles esthétiques des proportions naturelles. Les raisons pour cette invention sont complexes (voir le PPT La Perspective et la leçon Les origines du Romantisme et la grande famine de 1315); ce qui est pertinent est que organisation géométrique des composants d’une image déclenche un dialogue silencieux entre l’arrière-plan et l’avant-plan, entre les composants d’apparence «petite» et les composants grands, entre le loin et le proche: c’est le spectateur le vrai sujet des images qui adoptent cette géométrie désormais standardisée et somatisée, mais son agir rehaussé converge avec l’idéologie de la souveraineté étatique, qui se légitime par son contrôle du territoire. Ceci déclenche une lutte sémiotique autour de la question de l’espace.

12 L’aménagement de l’espace-temps
L’aménagement urbain est reconnu en Occident comme une dimension du pouvoir depuis le 16e siècle à Rome et le 17e à Paris et à Londres, où on trouve les premiers plans d’aménagement à large échelle. Depuis cette époque, les lieux publics sont gérés par les gouvernements afin de projeter une culture politique normalisée sur la citoyenneté. Telles politiques tentent: 1) d’imposer un sens de la puissance de l’État; 2) de projeter l’image d’une architecture ‘nationale’ pour lier le symbolisme d’un champ esthétique à l’histoire nationale; 3) pour contrôler le déplacement des citoyens pour qu’ils développent un sens physiologique du temps social qui se déroule selon un modèle linéaire (p.e., la navette continuelle entre le travail et la résidence); 4) de souligner le rôle dominant de la rationalité étatique qui impose un ordre «rationnel» sur l’espace censé être public et donc libre, conservant intact le mythe du citoyen libre. 5) Johannes Fabian (Time and the Other, vers. fr. Le temps et les autres, Anacharsis, Toulouse, 2006) suggère que la manipulation du temps narratif est une façon de créer l’image de l’Autre comme sociologiquement distant et culturellement primitif, ce qui justifie son assujettissement. Cette idée peut définir une piste d’enquête pour comprendre la gouvernance contemporaine.

13 Le passé comme source de l’agir
Aujourd’hui, les personnes utilisent le passé et l’histoire de moins en moins comme source de capital symbolique qui peut augmenter la puissance de l’agir individuel – le passé n’est plus cohérent avec les valeurs néolibérales qui dominent les champs idéologiques de gouvernements, des institutions et surtout des grandes entreprises. Cette renégociation avec le passé à commencé dans les années 1970, quand les entreprises multinationales ont commencé à agir au-delà des limites et des pratiques traditionnellement imposées pas les gouvernements. On voit les premières tentatives de redéfinir le champ temporel, de le détacher des institutions et de le réorienter vers l’individu, avec la popularité de la mode de la réincarnation, qui est délaissée avec la domination croissante de la culture pop. s/cartes/N6D2WmTAZLzd.png Shirley MacLaine est la plus grande partisane de la réincarnation dès les années En haut, sa carte astrologique. MacLaine+Sigsn+New+Book+Barnes+Noble+ORqcRmoZZwQl.jpg

14 Le temps politisé Quand le temps de la mode se bloque (ici, nous sommes en 2007 en Europe de l’Est), il devient plus difficile de se détacher de l’hégémonie du lieu; autrement dit, moins on semble contrôler le temps, plus on est assujettie au lieu, le champ d’action de l’État. Figer le temps n’est pas une stratégie gagnante pour un état, car cela contredit ses promesses d’un futur toujours plus radieux. Ca promet mal pour un état: voir l’URSS de Staline, la Roumanie de Ceausescu, et la Corée du nord aujourd’hui. Ils ont recours à la matraque. La façade du magasin où se trouvent les mannequins; Europe de l’Est, 2007

15 Le temps et le pouvoir Les New-Yorkais en mouvement
Les règlements municipaux mis en place après 1850 en plusieurs villes définissent l'usage prescrit (zoning) de certains quartiers pour obliger les personnes à se déplacer continuellement entre résidence, loisir, achats et travail; le but n'est pas uniquement imposer le déplacement (qui a des effets physiologiques sur le corps qui, donc, somatise le sous-texte du pouvoir), mais également de séparer ces activités en catégories uniques et donc permettre qu’on les comptabilise: ceci devient la base de la rationalité «normalisée» qui légitime l'idéologie (et non les valeurs; ainsi, ils apparaissent moralement neutres et au-delà de la politique partisane) que les États invoquent pour justifier leurs interventions dans le vécu. Les gouvernements peuvent donc «expliquer» (lire: justifier) leurs décisions selon les règles de la «logique» (surtout économique) qu’ils ont établie eux-mêmes. Les New-Yorkais en mouvement

16 1) La navette et l’usage prescrit
Les travailleurs cubains faisant la navette pour aller au travail Le plan d’aménagement d’un quartier de Montréal; les détails ne sont pas visibles à cet échelle, mais chaque petit coin du quartier à une utilisation prescrite: on ne peut construire une usine près d’un parc, par exemple. /jpg/_ _cuban_commute.jpg

17 2) Les magasins alimentaires
Les emplacements et les horaires des magasins alimentaires peuvent influencer l’horaire et même la diète des personnes. P.e., ces magasins peuvent être fermés le dimanche en certains pays, mais les fast-food semblent être toujours ouverts. Supermarché, Europe de l’Est, 2007 Restaurant Basi, Montréal Les horaires des fast food comparés à d’autres lieux d’alimentation ne dépendent pas uniquement de l’État, bien sûr, car ces points de vente sont hautement mécanisés et donc peuvent engager de jeunes manœuvres qui travaillent pour un salaire minimum, ce qui les permet de rester ouvert même à des tranches d’horaire quand il y a peut de clientèle. Néanmoins, ces dynamiques économiques sont perçues comme un aspect des horaires et donc comme un aspect de la politique du temps.

18 Un cadran qui timbre les fiches de travail des ouvriers
3) établir, initialement en collaboration avec les propriétaires d’usines et, aujourd’hui, règlementer la «tradition» qui fixe les horaires de travail et des écoles. Punching the clock, literarily /A24%20%20Punching%20the%20Clock% PreviewComp/SuperStock_1614R-9578.jpg Un cadran qui timbre les fiches de travail des ouvriers Évidemment, ceci définit les horaires de sommeil et les rythmes biologiques des personnes.

19 4) Les horaires de l’intimité
En plusieurs cultures de l’Occident, le dimanche est réservé pour les visites à la parenté; ailleurs, l’amitié et la parenté sont renforcées selon l’horaire du match de football. Enfin, même les rythmes de l’amour peuvent être conditionnés par le réveil matin! /2008/11/645px-family_watching_tv_in_the_1950s.jpg / Boozy-Sunday-lunch-with-the-Lloyd-family-0.jpg

20 5) établir le nombre de jours ou même les périodes de vacances (ce qui oblige les personnes à prendre des décisions de «rester à la maison» ou de voyager). Vacances, la Mer Noire, 1960s Le degré de déplacement devient une métaphore puissante pour la mobilité sociale et plus importante, pour l’agir de l’individu. Une personne inerte est une personne dont le biopouvoir est menacé. Gatwick Airport, London, 2008

21 6) établir, dans les pays socialistes de l’époque et, aujourd’hui, dans tous les pays, les points de distributions des aliments (pour les pays socialistes) ou des services (pour tout le monde). Plus il y a de points de distribution (comme les salles d’urgence), moins il y a d’attente. Obliger les personnes à utiliser un service centralisé les oblige à se déplacer et à gérer (comptabiliser) le temps. Salle d’attente, un hôpital new-yorkais Faire la queue pour payer la facture de gaz, Europe de l’Est, 2007; la queue devient un phénomène sociologique avec ses propres règles qui encouragent la socialité ‘non réglementée’; ceci encourage des formes petites de sabotage: les gens partagent de biens et de l’information, etc. Voir S. Bealcovschi, Frères, nous sommes libres, thèse de doctorat, U. de M., 2007.

22 7) standardiser les unités utilisées pour établir le temps; les fuseaux horaires standards ont émergé uniquement au 19e siècle; ceci en partie contribue à définir les frontières du «Nous» en sabotant les temps «locaux» net/fundamentals/images/world_time2.gif q=tbn:p1AAyhFwqVges M: com/images095/i-095_nt_07.jpg Au 19e siècle, chaque grande ville avait «son» temps qui réglait les horaires des trains. La programmation des voyages était un enfer, mais la standardisation qui simplifie la vie établit également les paramètres de la rationalité.

23 8) au 19e siècle, définir des standards d’hygiène qui obligeaient les personnes à établir certaines habitudes règlementées selon un horaire (se laver, s’habiller, etc.); ceci se transforme davantage en véhicule de contrôle social surtout quand les personnes habitent en bloc, avec les salles d’eau l’une par-dessus l’autre. Certains cantons et villes suisses défendent qu’on tire la chasse d’eau après 22h30; le matin, donc, tout le monde le fait au même moment. Même dans les blocs luxueux, on peut déduire les horaires intimes de nos colocataires selon le son de la chasse d’eau. Les deux images: Europe de l’Est, 2007

24 9) établir, par un système de musées, le droit de définir «le passé» et donc définir ce qui est «le présent» Musée de l’Homme, Paris L’histoire est donc liée à un projet étatique, car sa définition va tracer les contours de la causalité: à quel point croient-elles les personnes que leur comportement actuel est influencé par la tradition? L’importance du passé pour l’État va définir la rigidité du parcours du vécu. Musée du Quai d’Orsay, Paris /01/28/cf/59/impressionist-s-time.jpg

25 10) règlementer les moyens de transport public (nombre, fréquence, parcours) et donc les horaires de déplacement Combien de correspondances doit-elle faire une personne avant d’arriver au travail? À voir sa famille le dimanche? Station, Frankfurt Arrêt d’autobus, Europe de l’Est, 2007 La fatigue et le degré de mécontentement avec l’espace public (les retards, les horaires réduits) sont donc projetés sur le travail et sur la famille.

26 11) règlementer les horaires des magasins (non alimentaires) et donc définir les habitudes d’achat
Les magasins ouverts 24/7 (ou tout simplement 7 jours sur 7) sont une nouveauté récente. Les États quasiment partout en Occident décrétaient que les magasins devaient fermer le dimanche. Leur intérêt? Tout simplement mieux définir les horaires de travail et leur pouvoir à contrôler le vécu. Photo_StoryLevel/071125/071125_shoppers_hmed_11a.h2.jpg En combinaison avec les horaires de travail, les États peuvent induire des anxiétés et certains comportements «avares» parmi les consommateurs; aux États-Unis récemment (2009), un agent de sécurité de la chaine de Walmart a été tué par la foule désireuse d’exploiter les soldes.

27 12) définir l’année financière et donc la «rationalité fiscale»
Les États démocratiques de l’Occident établissent des systèmes de comptabilité qui définissent les rythmes politiques, car ils choisissent des temps arbitraires pour définir leurs unités de comptabilité, l’année financière. Par exemple, prétendant qu’ils sont responsables envers les citoyens-contribuables, les États (normalement) tentent de contrôler et de limiter les dépenses afin de présenter un bilan fiscal positif à la fin de l’année. Souvent, ils peuvent avoir un certain succès. Donc, l’idée de responsabilité financière justifie l’ensemble du système de comptabilité. L’aspect financier de la dimension économique devient plus important que la production (un domaine qui est symboliquement lié au travail et aux travailleurs). Cependant, le vrai résultat est un déplacement envers les citoyens des couts d’entretien jadis assumés par l’État. Par exemple, voulant épargner de l’argent en diminuant l’entretien des rues, l’administration crée des nids de poules qui usent les essieux et les ressorts des automobiles. Les couts de remplacement de ces pièces sont la responsabilité du propriétaire du véhicule. Les citoyens individuels donc assument les couts d’une responsabilité, celle d’avoir de rues convenables, censée être partagée par la communauté. Mesurer l’efficacité de l’administration (par l’entremise de «l’année financière») est donc un instrument de contrôle politique, car il n’y a aucun moyen officiel et reconnu pour comptabiliser les couts individuels transférés au secteur privé.

28 Les conséquences de la « rationalité » économique:
«Replacing basic struts runs about $300 -$700, depending on make and model; using higher-grade parts can bump the cost to $700 -$1,000 or more. Air suspension shocks, often found on a Lexus, can cost $800 -$1,2,00 apiece for parts alone, or $3,600 -$5,000 to have four installed by a mechanic.» Le manque d’entretien devient un cercle vicieux, car les propriétaires de véhicules vont retarder changer la suspension de leurs voitures, mais ceci a un impacte négatif sur les routes, créant plus de points de pression sur l’asphalte et donc contribuant à la formation de nids de poules. Sur la rationalité et l’aménagement urbain, voir: Hüppauf, Maiken and Bernd Umbach (eds.), "Introduction: Vernacular Modernism", pp.1-23, Hüppauf and Umbach (eds.), Vernacular Modernism: Heimat, Globalization and the Built Environment, Stanford University Press, Stanford, 2005

29 13) Changements à l’hégémonie temporelle
La technologie hégémonique normalement véhiculée par le contrôle des horaires a récemment assumé des nouvelles formes. Parce que le changement (d’emploie, de lieu d’habitation, de statut; des conditions de travail) est devenu la norme attendue (qui n’est pas toujours réalisée, cependant), l’idée du rythme de vie précisé par des horaires a diminuée en importance. Les idéologies néolibérales qui dominent aujourd’hui le système mondial favorisent l’idée du déplacement continuel. La tradition était symboliquement incarnée autant par l’inertie temporelle que par l’immobilité spatiale: les « racines » de l’individu sont toujours conçues comme attachées à une communauté ayant une incarnation spatiale: un quartier, une région, un pays. Ces changements affectent autant la gouvernance que l’individu: les rythmes de vie altérés ou accélérés attaquent également la rationalité censée être derrière la gouvernance. Pour renforcer leur présence dans ce nouveau contexte temporel, plusieurs états offrent des festivals au lieu d’investir dans la « haute » culture. Cette dernière oblige les personnes à se lancer dans un apprentissage long et ardu, mais les festivals offrent une métaphore parfaite pour le nouveau régime mondial: épisodiques (ils ont un début et une fin précise), normalement ciblant un thème unique, ils renforcent la passivité du public.

30 Les festivals Traditionnellement, les festivals en Europe célébraient les thèmes locaux; le débat actuel dans l’anthropologie du tourisme cible cet aspect (Bernadette Quinn, « Festivals, Events and Tourism », pp , Jaman and Robinson (eds.), The Sage Handbook of Tourism Studies, Sage, 2009): en créant des festivals autour de thèmes non locaux (p.e., Le Festival de Jazz de Montréal, quand cette forme musicale est américaine), ou même universels (le Festival Juste pour Rire, Le Festival d’Été, toujours à Montréal) certains auteurs disent que le phénomène n’est plus « authentique », qu’il est « commercialisé » pour des fins économiques. Vrai, mais ceci ignore un fait clé: les festivals traditionnels n’étaient pas organisés par l’État, comme ils le sont aujourd’hui. Au pire, une association de marchants locaux ou une paroisse les prenait en charge. Le festival se distingue des cérémonies d’État par son sujet, qui émerge de la basse culture (l’alimentation, les danses populaires, un saint local) et par ses origines: les festivals étaient les « cérémonies » du petit peuple. Ils étaient apparentés aux Saturnales romaines, où les esclaves « commandaient » les maitres (avec de limites à leur pouvoir, bien entendu). Ils sont des « rites de renversement », dans les mots de Barbara Babcock (The reversible world : symbolic inversion in art and society, Cornell, 1978). En contraste, les mégafestivals aujourd’hui véhiculent le pouvoir central: ils établissent le contrôle étatique des médias et du temps de loisir, et donc influencent la corporalité jadis à la base de l’individualité. Leur temporalité épisodique brise la continuité du passé, qui est donc transformé en souvenirs individuels. Ce vide dans le temps social est rempli d’histoires et de valeurs officielles. À gauche, une affiche dans le Métro de Montréal, 2013.


Télécharger ppt "Comment l’espace est-il devenu le temps: La déterritorialisation et l’émergence de la rationalité idéologique http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/d/dd/The_Persistence_of_Memory.jpg."

Présentations similaires


Annonces Google