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La polysémie Pr. François MANIEZ

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1 La polysémie Pr. François MANIEZ
Directeur du CRTT , EA 4162 (Centre de Recherche en Terminologie et Traduction) Université Lumière Lyon 2 requête Google : maniezf

2 La polysémie est un élément commun à toutes les langues naturelles.
Elle signifie qu’un même signe a plusieurs usages, ce qui répond au principe d’économie de la langue. L’homonymie n’est pas essentielle au fonctionnement des langues; mais elle est également génératrice d’ambiguïté.

3 I. Monosémie, polysémie, homonymie
A. Polysémie et monosémie Le mot polysémique s’oppose au mot monosémique. Il présente un seul signe pour plusieurs signifiés. Ex: canard (animal, morceau de sucre, son criard, fausse nouvelle, journal)

4 Extrait de l’entrée canard (TILF)
B. P. anal. […] b) [Avec le comportement gén. du canard] Loc. et expr. Mouillé (trempé) comme un canard […]. Mon (petit) canard. Petit nom affectif souvent donné à un enfant : […] 2. [En parlant d'inanimés abstr. ou concr.] […] Fam. Morceau de sucre que l'on trempe en général dans de l'alcool ou du café.

5 b) Lang. techn. MÉD. [P. anal
b) Lang. techn. MÉD. [P. anal. avec la forme du bec du canard] Tasse à long bec permettant de donner à boire à un malade en position allongée. […] MUS. [P. anal. avec le son discordant émis par le canard] Note manquée par un musicien. Synon. couac.

6 TECHNOL. Pièce d'artifice qui se lance dans l'eau, plonge et en ressort. C. Fausse nouvelle souvent imaginée de toutes pièces et enflée jusqu'au mélodrame dans des journaux de seconde catégorie. […] Arg. Mauvais journal; p. ext., journal quelconque. […]

7 Le mot monosémique a une seule acception (ex. azote)
Le mot polysémique fait généralement partie du vocabulaire commun alors que l’unité monosémique fait généralement partie du vocabulaire de spécialité (les langues de spécialité recherchent l’univocité, même si elles empruntent parfois leur vocabulaire à la langue commune (foyer, instruire, souris)

8 Le mot polysémique a une fréquence élevée.
Il arrive que des polysèmes aient des acceptions opposées : on parle alors d’énantiosémie. Ex: louer, Es <alquilar>, It <affittare>, mais De <vermieten/mieten> et En<rent out/rent> On trouve également tomar en alquiler (ES) et prendere in affitto (IT).

9 1] Fr <hôte> → Gast (DE), huésped (ES), ospite (IT), guest (EN)
2] Fr <hôte> → Gastgeber, anfitrión, ospite, host.

10 Sanctionner A. 1. Rendre exécutoire une disposition légale par une sanction; confirmer par une sanction. Sanctionner un décret, une loi, un privilège. B. 1. [Le suj. désigne une pers.] Punir, réprimer par une sanction, une punition quelque chose ou quelqu'un. Sanctionner un délit, une erreur, une faute; sanctionner des exactions.

11 En règle générale la polysémie ne gêne pas le fonctionnement de la langue
En effet, les ambiguïtés lexicales sont résolues grâce au cotexte (entourage d’un mot) ou au contexte (circonstances énonciatives et situation référentielle). Ex: Elle ne voyage jamais sans son guide. (animé/inanimé)

12 B. Homonymie 1. Homonymes, homophones et homographes
Les homonymes ont une forme identique mais diffèrent par leurs signifiés. Les homophones ont la même prononciation (car, quart, carre) Les homographes ont la même orthographe (le nom et la conj. car) CARRE, subst. fém. A. [Avec une idée de carré] 1. Forme carrée d'un objet (surtout plat). Carre d'un soulier. Bout d'un soulier se terminant en carré. 2. Pop., vieilli. Forme carrée d'une personne; carrure. Cet homme a une bonne carre (Ac. 1835, 1878). P. méton. Carre d'un habit. Largeur d'un habit au niveau des épaules. B. P. méton. [Avec l'idée dominante d'angle] 1. Angle que forme la face verticale d'un objet avec sa face horizontale. Carre d'un chapeau. Les hommes ont le grand chapeau flamenco, à carre droite (T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, p. 123). 2. Vx. Face d'une lame d'épée ou de fleuret. 3. SP. (ski). Baguette de métal encastrée sur les bords de la semelle d'un ski et protégeant ses arêtes (cf. Le Monde, 19 janv. 1952, p. 7, col. 4).

13 Le terme d’homonyme est généralement utilisé pour faire référence aux homophones qu’ils soient ou non homographes. Les homographes non homophones (un fils / des fils, front row / diplomatic row) ne sont pas considérés comme des homonymes.

14 La paronymie est une homonymie approximative, due à une ressemblance phonique. Elle est à l’origine de nombreuses erreurs d’usage. Ex: collision / collusion, conjecture / conjoncture, éminent / imminent. Le rapprochement de paronymes à des fins stylistiques ou réthoriques est la paronomase (Traduttore, traditore). Paronomase En rhétorique, la figure de style qui consiste à rapprocher des paronymes au sein du même énoncé est la paronomase (anciennement paronomasie[1]). De par son pouvoir fortement « accrocheur », elle est amplement utilisée dans tout ce qui a vocation à être court tout en étant efficace : les publicités, les proverbes, les titres, etc.

15 2. Conflits homonymiques
Les homonymes résultent de l’évolution phonétique d’étymons différents (locare et laudare pour « louer »). Les monosyllabes sont principalement touchés, car la brièveté d’une unité lexicale augmente la chance de coïncidence phonétique.

16 Tour, f. vient du Lat. turris
Tour, m. (Machine-outil servant à façonner des pièces cylindriques tournant sur leur axe) vient du Lat. tornus (machine-outil) Tour, m. (Circonférence d'un corps, d'un lieu plus ou moins circulaire, etc…) est un déverbal issu de « tourner », lui-même issu du lat. tornare. tor « action ou moyen d'action qui suppose adresse, malice » saveir molt de tors, faire tors (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. W. Roach, 5438 et 5676); ca 1275 vilains tours « mauvais coup, tromperie » (ADENET LE ROI, Enfances Ogier, éd. A. Henry, 2904); fin XIIIe s. mauvais tour (Roman du Chastelain de Coucy, 4908 ds T.-L.); 1377 joer de ses faus tours a aucun « jouer un mauvais tour à quelqu'un », v. jouer; tour « mouvement exigeant souplesse et habileté » (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, éd. de Wailly et Delisle, 18385); spéc. tour de + subst. fin XIVe s. fig. tour du baston (Grandes chron. de France, éd. R. Delachenal, t. 2, p. 304); XVIe s. tour de passe pas, v. passe-passe. TOURNER : Du lat. tornare « façonner au tour » (dér. de tornus « trépan, tour »), empl. au fig. par Horace: male tornatos incudi reddere versus « remettre sur l'enclume les vers mal tournés » (v. OLD); l'ext. des sens s'est réalisée en rom. au détriment de torquere « tordre, tourner » (v. tordre) et vertere « tourner, faire tourner » (v. vers1, vers2, verser), v. ERN.-MEILLET. Fréq. abs. littér.: Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) , b) ; XXe s.: a) , b)

17 L’emprunt de la forme savante estimer a résolu ce conflit.
En cas de collision homonymique, la langue supprime un des termes et recourt à un nouveau signe. Aimer du lat. amare Esmer du lat. aestimare L’emprunt de la forme savante estimer a résolu ce conflit. COLLISION : ds DUB. et Pt ROB. Admis ds Ac Étymol. et Hist. Fin XIVe s. Bibl. Nat. lat , éd. M. Roques, Recueil général, II, 73). Empr. au lat. class. collisio « choc, heurt ». Main Entry:collide Etymology:Latin collidere, from com- + laedere to injure by striking Date:1700 COLLUSION : Étymol. et Hist (A.N. JJ 60, fo 121 vo ds GDF. Compl.). Empr. au lat. class. collusio « entente frauduleuse », dér. de colludere (v. colluder). COLLUDER, verbe intrans. DR. (Procédure), vx. ,,S'entendre dans un procès avec sa partie adverse au préjudice d'un tiers`` (Ac. 1932). Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s. dont Ac Prononc. et Orth. Dernière transcr. ds DG : kòl'-lu-dé. [ll] double également dans le reste des dict. qui transcrit le mot : FÉR. Crit. t , LAND. 1834, GATTEL 1841, NOD. 1844, FÉL. 1851, LITTRÉ et DG. Ds Ac Étymol. et Hist (E. PASQUIER, Recherches, II, 4 ds HUG.). Empr. au lat. class. colludere proprement « jouer ensemble, s'entendre », p. ext. « s'entendre frauduleusement avec ».

18 La différenciation des homonymes se pratique
au niveau de l’orthographe (dessein / dessin) Au niveau du genre (voile) L’homonymie ne pose pas de problème lorsqu’elle touche des catégories grammaticales distinctes (porte). DESSEIN : []. Le mot est admis ds Ac Homon. dessin. DUPRÉ 1972, p. 672 rappelle : ,,dessein et dessin étaient des variantes orthographiques d'un même mot [et que] la spécialisation définitive des 2 mots date du 18e siècle``. Déverbal de des(s)(e)igner, anc. forme de dessiner*, qui eut aussi au XVIe s. le sens de « projeter » (v. HUG.) d'apr. son étymon l'ital. disegnare qui a ce sens dep. le XVe s. (Bisticci ds BATT.). Étymol. et Hist desseing « représentation graphique » (G. TORY, Champfleury, fo 12 ro d'apr. A. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 10, p. 320 : desseings et pourtraictz); 1548 dessein (Comptes des bâtiments du Roi, éd. L. de Laborde, t. I, p. 165 ds IGLF) 1798 (Ac.); 1549 desing « id. » ici spéc. « ichnographie » (EST.); 1680 dessin (RICH. : Quelques modernes écrivent le mot de dessein [t. de peint.] sans e après les deux s, mais on ne les doit pas imiter en cela). Déverbal de desseigner, dessigner, dessiner*, avec infl. de l'ital. disegno « représentation graphique » attesté dep. av (Morelli ds BATT.), lui-même déverbal de disegnare (dessiner*). Différentiation à partir du sens architectural (dessin = projet ?). Sens métaphorique de blueprint : Blueprint Date:1886 1 : a photographic print in white on a bright blue ground or blue on a white ground used especially for copying maps, mechanical drawings, and architects' plans 2 : something resembling a blueprint; especially : a detailed plan or program of action *a blueprint for victory

19 DESSEIN (TILF) DESSEIN : []. Le mot est admis ds Ac Homon. dessin. dessein et dessin étaient des variantes orthographiques d'un même mot (desseing au XVI°) la spécialisation définitive des 2 mots date du 18e siècle Déverbal de des(s)(e)igner, anc. forme de dessiner*, qui eut aussi au XVIe s. le sens de « projeter » d'apr. son étymon l'ital. disegnare qui a ce sens dep. le XVe. DESSEIN : []. Le mot est admis ds Ac Homon. dessin. DUPRÉ 1972, p. 672 rappelle : ,,dessein et dessin étaient des variantes orthographiques d'un même mot [et que] la spécialisation définitive des 2 mots date du 18e siècle``. Déverbal de des(s)(e)igner, anc. forme de dessiner*, qui eut aussi au XVIe s. le sens de « projeter » (v. HUG.) d'apr. son étymon l'ital. disegnare qui a ce sens dep. le XVe s. (Bisticci ds BATT.). Étymol. et Hist desseing « représentation graphique » (G. TORY, Champfleury, fo 12 ro d'apr. A. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 10, p. 320 : desseings et pourtraictz); 1548 dessein (Comptes des bâtiments du Roi, éd. L. de Laborde, t. I, p. 165 ds IGLF) 1798 (Ac.); 1549 desing « id. » ici spéc. « ichnographie » (EST.); 1680 dessin (RICH. : Quelques modernes écrivent le mot de dessein [t. de peint.] sans e après les deux s, mais on ne les doit pas imiter en cela). Déverbal de desseigner, dessigner, dessiner*, avec infl. de l'ital. disegno « représentation graphique » attesté dep. av (Morelli ds BATT.), lui-même déverbal de disegnare (dessiner*).

20 Ce glissement de sens est à rapprocher de l’anglais blueprint (1886) ou road map (1883).
1 : a photographic print in white on a bright blue ground or blue on a white ground used especially for copying maps, mechanical drawings, and architects' plans 2 : something resembling a blueprint; especially : a detailed plan or program of action : a blueprint for victory Différentiation à partir du sens architectural (dessin = projet ?). Sens métaphorique de blueprint : Blueprint (1886) 1 : a photographic print in white on a bright blue ground or blue on a white ground used especially for copying maps, mechanical drawings, and architects' plans 2 : something resembling a blueprint; especially : a detailed plan or program of action *a blueprint for victory

21 road map (Webster’s) 1 : a map showing roads especially for automobile travel 2 a : a detailed plan to guide progress toward a goal b : a detailed explanation

22 C. Homonymie / polysémie : le critère éymologique
Selon l’approche traditionnelle, homonymes et polysèmes se distinguent par l’étymologie. louer (laudare / locare) baie : ouverture(déverbal de bayer), golfe (déverbal de béer), fruit (Lat. baca), tromperie (It. Baia, abbaiare) BAIE = GOLFE Orig. incertaine. Toutes les étymol. proposées présentent de graves difficultés. L'esp. bahía (DAUZAT68) de même que le port. baía (REW3) sont attestés beaucoup plus tard que le mot fr. (XVe s.), et feraient difficulté du point de vue géogr. Le b. lat. baia « port » (DG) que l'on trouve chez ISIDORE DE SÉVILLE, Orig., 14, 8, 40 est sans doute le nom du port de Baiae en Campanie, qu'Isidore aurait pris pour un nom commun, et ne semble pas avoir laissé de traces en lat. médiév. L'a. fris. *baga « courbe » (H. ET R. KAHANE, Hispanic Review, t. 12, pp ) est tout à fait hypothétique et aurait dû pénétrer en France entre le Ve et le IXe s. par l'intermédiaire de l'a. b. frq. : or aucune trace en lat. médiév. M. Metzeltin ds Vox rom., t. 26, pp , a proposé comme étymon le lat. abbatia « abbaye », qui aurait désigné d'abord Noirmoutier et la baie de Bourgneuf, lieu célèbre à la fois pour son abbaye et pour ses salines; la forme s'expliquerait par une séparation erronée de l'article, l'abaie étant devenue la baie. L'hyp. achoppe contre une difficulté phonét. (baie suppose l'accent sur la syllabe initiale, alors que dans abbatia c'est l'i qui porte l'accent); en outre, aucune forme fr. ne confirme cette hyp. et les formes rom. citées (ital. labaia, abaia, ital. cat. badia etc.) sont trop tardives pour ne pas pouvoir être des fautes de copistes ou le résultat de contaminations. L'hyp. la plus satisfaisante serait celle proposée d'abord par DIEZ3, développée par Baist, Z. rom. Philol., t. 32, pp et reprise par BL.-W.5 et COR. t. 1, s.v. bahía : baie déverbal de l'a. fr. ba(i)er, beer « être ouvert » (v. bayer et beer; baie2), une baie étant une côte formant comme une bouche ouverte sur la mer. La Baie de Bourgneuf étant très connue pour ses salines, il y aurait eu contamination du m. fr. baee « grenier à sel, saline » de même orig. (cf. attest. de 1364 ds Mand. et act. div. de Charles V, Delisle, p. 12, acte 21), ce qui expliquerait que le m. angl. bay, empr. au fr., ait les sens de « golfe » et de « saline » (cf. NED t. 1, s.v. bays sb.2 et ODEE, s.v. bay-salt). Le prov. baia et l'esp. bahía seraient également empr. au fr., le port. baía et l'ital. baia étant empr. à l'esp. Le cat. badia serait empr. au fr. avec contamination du cat. badiu « ouvert, béant » (cf. ALC.-MOLL.). BAIE=OUVERTURE Étymol. et Hist bäee « ouverture pratiquée dans un mur » (PH. DE THAON, Comput, éd. Mall, 79 ds T.-L. : Le mur unt enfundret, Fait i unt grant bäee); 1513 baye (Gisors, Documents inédits, 10 ds IGLF Techn. : pour, par ledict, avoir levé, rasis et rabillé les trois verrières qui sont a la baye aupraies de l'aostel [auprès de l'autel] de la chappelle). Déverbal de l'a. fr. baer, m. fr., fr. mod. bayer*. BAIE=FRUIT Du lat. baca, nom générique de tous les menus fruits et graines des arbres et arbrisseaux (dep. CICÉRON, De legibus, I, 25 ds TLL s.v., 1657, 26) et « fruit du laurier » (dep. VIRGILE, Géorgiques, 1, 306, ibid., 1657, 77). BAIE=TROMPERIE BAIE4, subst. fém.BAIE4, subst. fém. Vx. Tromperie. Donneur de baies : ... Les affectations nous agacent autant que les fourberies. Les donneurs de baie nous ennuient tout comme les truffeurs, et les ficelles nous fatiguent à l'égard des balançoires. Le faux sous toutes ses formes, dans la vie et dans l'art, dans la parole et dans les choses, devient notre bête noire comme la fausseté. AMIEL, Journal intime, 1866, p. 435. Rem. Attesté dep. Ac ÉTYMOL. ET HIST. 1. 2e quart XVIe s. baye « tromperie » (J. TAHUREAU, 2e dialogue du Democritic, p. 135 ds HUG. : Ils adjoustent davantage en leurs bayes et mensonges, que l'Europe aura bien à souffrir pour les grans troubles, guerres et dissentions qui s'y feront cette annee); donner la baie « mystifier » (Les Neuf Livres des Histoires de Hérodote [...] le tout traduict de Grec en François par Pierre Saliat, IV, p. 136, ibid. : Le jour venu, les delaissez au camp cogneurent que Daire leur avoit donné la baie). Empr. à l'ital. baia « plaisanterie, raillerie », également à l'orig. de l'esp. vaya « id. » (COR. t. 4) attesté dep. la 1re moitié du XVe s. (BURCHIELLO, 210 ds BATT. t. 1, s.v. bàia 1), l'expr. dar la baia « mystifier, railler » étant attestée dep. le 1er tiers du XVIe s. (ARIOSTO, 491, ibid.). Baia est dér. de (ab)baiare « aboyer » et « siffler, conspuer » de la même orig. onomatopéique que le fr. aboyer* (a. et m. fr. abayer; cf. DEI, s.v. baia 2 et baiare). Hyp. plus satisfaisante du point de vue hist. (Tahureau combattit en Italie) et sém. que celle qui fait de baie un dér. de bayer* « regarder bouche bée » (FEW t. 1, p. 284). STAT. Fréq. abs. littér. : Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 2 805, b) 2 175; XXe s. : a) 1 986, b)

23 En revanche, les diverses acceptions du mot éclair (brève lumière, bref moment, pâtisserie) proviennent toutes du même étymon (déverbal de éclairer du Lat. (pop.) exclar(i)are). Dans ce cas, il n’y a pas homonymie. Les homonymes donnent lieu à des entrées multiples, les acceptions d’un mot polysémique étant numérotées au sein d’une seule entrée. ECLAIR Déverbal de éclairer*; au sens I b (Ce qui illumine, éblouit.) le mot d'abord norm. et agn. a évincé le plus usuel et plus ancien espart (espartir cf. FEW t. 7, p. 684a). Lumière éblouissante accompagnant la décharge électrique des masses nuageuses, précédant le tonnerre, et zébrant de façon variée un ciel d'orage.

24 Le critère étymologique n’est toutefois pas toujours décisif.
Une forte évolution sémantique peut conduire à une dissociation, la forme polysémique se scindant en signes homonymes. grève (Lat. grava) : terrain de sable et de gravier au bord de l’eau.

25 Les ouvriers qui attendaient l’embauche se réunissaient sur la place de Grève.
L’acception « arrêt de travail » s’est imposée au fil du temps. En synchronie, le lien sémantique est rompu entre ces deux mots, d’où deux entrées distinctes.

26 Grève 1 (TLF) Terrain plat et uni, généralement constitué de sable et de graviers, sis au bord d'un cours d'eau ou de la mer. […] Lieu d'embauche. Une des grèves les plus curieuses de Paris est celle qui se tient rue Vaucanson, au coin de la rue Réaumur. […] [P. réf. aux chômeurs en quête de travail, qui se rassemblaient sur la place de Grève] Être en grève. À la recherche d'un travail.

27 Grève 2 Cessation collective, volontaire et concertée du travail (généralement avec préavis et pour une durée déterminée) par des salariés qui cherchent ainsi à contraindre leur employeur à satisfaire leurs revendications professionnelles.

28 Voler 1 (TLF) 1. Se soutenir dans l'air de manière plus ou moins prolongée et s'y mouvoir grâce à des ailes ou à des organes analogues. […] Terme de fauconnerie. Un faucon dérobe les sonnettes, quand il s'en va sans être congédié. (Littré) Étymol. et Hist. (TLF) A. 1. Ca 1480 fauconn. « chasseur au vol »; (FUR.: on appelle un oiseau bon voleur, ou beau voleur, quand il vole bien et sûrement). B « personne qui s'empare du bien d'autrui »

29 Voler 2 « déposséder une personne de ce qui lui appartient » […] De voler1*, dans son empl. comme terme de fauconn. (cf. voleur). On employait précédemment : rober « dérober par force », cf. dérober ou to rob (EN)  roubōn (GERM)  rumpere (LAT) embler « dérober par ruse », usuel jusqu'au XVIIe. (Du lat. class. involare proprement « voler dans » d'où « se précipiter sur, se saisir de ». De voler1*, dans son empl. comme terme de fauconn. (cf. voleur). Voler a supplanté rober « dérober par force », usuel jusqu'au XVIe s. et embler « dérober par ruse », usuel jusqu'au XVIIe s.

30 D’emblée : locution formée à partir du participe passé substantivé de embler.
av d'emblée (à propos de la prise d'une ville), « par surprise »  XVe s. d'emblée = « immédiatement »

31 II – Traitements homonymique et unitaire
A. Traitement homonymique Si une forme linguistique manifeste des différences de sens, le lexicographe détermine si elles relèvent de l’homonymie ou de la polysémie. Si ces différences sont importantes, il appliquera le traitement homonymique, qui consiste à scinder le mot polysémique en plusieurs homonymes  dégroupement des entrées.

32 Si les sens ou les emplois sont assez proches pour être considérés comme les acceptions d’un même mot, le lexicographe adopte le traitement unitaire.

33 Critères du dégroupement
1 - Le critère syntaxique Il est généralement employé pour la sélection des acceptions des verbes et des adjectifs (cf. défendre) cher1 (aimé) est obligatoirement accompagné d’une extension alors que cher2 (d’un prix élevé) ne nécessite pas de complément :

34 cher1 : ce livre m’est cher
cher2 : ce livre est cher En position épithète (EN attributive), cher1 précède généralement le nom alors que cher2 est toujours placé après le nom : Il ne quitte pas ses chères pantoufles. Il achète des pantoufles chères.

35 L’emploi d’un sens dans une syntaxe inhabituelle permet de jouer sur la polysémie.
Renvoyer quelqu'un à ses (chères) études : Demander, ordonner ou conseiller à quelqu'un de retourner à son occupation. Très chères études L’UNEF alerte sur la paupérisation des étudiants et fustige l’autosatisfaction du gouvernement sur le sujet. (L’Humanité, 9 septembre 2009).

36 Cette homonymie est présente dans d’autres langues romanes (IT caro, ES caro=querido) mais pas dans les langues germaniques (DE lieber/teuer, EN dear/expensive)

37 2 - Le critère sémantique
L’adjectif cher est généralement considéré comme polysémique, ce qui provoque le dégroupement. Mais un locuteur donné pourrait percevoir une relation entre les deux sens « aimé » et « coûteux » (qui partagent le sème /mesurable/. Le critère sémantique est donc fragile.

38 3 - Le critère morphologique
Deux mots sont homonymes lorsqu’ils sont à la base de séries dérivationnelles distinctes. Ce critère peut confirmer le repérage des homonymes. Ainsi, chéri et chérir sont dérivés de cher1, cherté de cher2.

39 Exemple du verbe relever
Pour déterminer les homonymes d’un verbe, on peut avoir recours à la description distributionnelle de son environnement lexical. Pour un verbe transitif, on opère une sous-catégorisation sémantique des substantifs employés comme objets.

40 « mettre debout, en position verticale » Paul relève le siège
A. [+H] V [+ H] [- animé] [+ concret] « mettre debout, en position verticale » Paul relève le siège Virginie relève l’enfant qui était tombé.

41 Virginie relève le col de son manteau.
B. [+H] V [- animé] [+ concret] [+ partie du corps] [- animé] [+ concret] [+ vêtement] « diriger vers le haut » Paul relève la tête Virginie relève le col de son manteau.

42 « noter, faire remarquer » Paul relève des erreurs
C. [+H] V [- animé] [+ concret] [+ comptable] « noter, faire remarquer » Paul relève des erreurs L’employé relève le compteur. Les policiers relèvent des traces de balle sur le mur.

43 « restaurer, rendre la prospérité à »
D. [+H] V [+ abstrait] [+ H] [+ collectif] « restaurer, rendre la prospérité à » Le ministre a relevé l’économie du pays. Le ministre a relevé le pays.

44 « porter à un degré plus élevé» Le ministre a relevé les impôts.
E. [+H] V [- animé] [+ concret] [+ quantifiable] « porter à un degré plus élevé» Le ministre a relevé les impôts.

45 Le cuisinier relève la sauce avec du piment.
F. [+H] V [- animé] [+ concret] [+ aliment] [+ cuisiné] « donner plus de goût» Le cuisinier relève la sauce avec du piment.

46 Le conteur relève son récit d’anecdotes.
G. [+H] V [+ abstrait] + de + [+ abstrait] « agrémenter» Le conteur relève son récit d’anecdotes.

47 Les soldats se relevaient toutes les heures pour monter la garde.
H. [+H] V [+ H] « remplacer» Les soldats se relevaient toutes les heures pour monter la garde.

48 Paul a été relevé de ses fonctions.
I. [+H] V [+ H] + de + [+ abstrait] « libérer, dégager» Paul a été relevé de ses fonctions.

49 « dépendre de, être du ressort de»
J. [+ abstrait] V de + [+ abstrait] de + [+ H] « dépendre de, être du ressort de» Cette étude relève de la lexicographie. Cette décision relève du président.

50 A partir de ces divers sens, on peut opérer un regroupement en 4 sens principaux :
1. « mettre plus haut, faire passer à un état supérieur » (tous sauf C, H, I et J). 2. (C) « noter » 3. (H et I) « remplacer, libérer » 4. (J) « dépendre de »

51 Distinctions des sens 2, 3 et 4
Le sens 2 donne les dérivés relevé et releveur, qui lui sont spécifiques. C’est la seule distinction avec les emplois A, B et C, qui suivent le schéma [+ humain] V [- animé] [+ concret] Le sens 3 n’admet qu’un complément humain. Le dérivé relève ne concerne cependant que l’emploi H. Le sens 4 se distingue sémantiquement et syntaxiquement (seul emploi de la préposition de).

52 Sens spécialisé Imaginons que je relève un chorus de Stan Getz, Lester Young ou d'un musicien moins célèbre. Il n'y a probablement pas de droit sur la 'partition' qui en résultera. […] Mais le label qui a publié l'enregistrement originel […] peut-il revendiquer quelque chose si le relevé est publié ou joué en public ?

53 B. Traitement unitaire Il consiste à maintenir dans une perspective synchronique l’unité du polysème. Lorsque les diverses acceptions d’un mot polysémique sont liées (notamment par le biais de tropes), le traitement unitaire est généralement retenu.

54 Selon Guillaume, le sens est une construction du linguiste et doit se décrire comme un mouvement de pensée continu dans lequel le discours opère des coupes. Picoche (Structures sémantiques du lexique français) pense qu’un polysème a un signifié unique qui permet de rendre compte de tous ses effets de sens. Il l’appelle signifié de puissance.

55 Exemple du mot créneau (p. 12-14)
1. Les créneaux du château fort 2. [Se garer en / faire un] créneau 3. cette agglomération industrielle sinistrée à trouvé un bon "créneau" pour se faire une "nouvelle image" 4. Les sénateurs de l'opposition sont montés au créneau contre la proposition de loi sur le travail du dimanche.

56 1. « portions de murailles isolées les unes des autres par des vides de même dimension et de même forme rectangulaire, ménagées en haut d’une fortification pour servir de protection à ses défenseurs ». Deux sèmes : l’un est concret (muraille de pierre), l’autre abstrait (défense).

57 A partir de ce sens plénier, deux cinétismes se développent :
alternance de places pleines et de places vides (2), qui se poursuit dans l’abstraction (3) : dans ces deux sens, le créneau ne désigne plus la portion pleine, mais la portion vide. notion de défense (4)

58 Le glissement de sens de (2) et (3) est déjà présent dans certains sens concrets :
B. P. ext. Ouverture pratiquée dans un mur pour tirer à couvert sur l'assaillant (cf. meurtrière). Créneaux d'étage (dans la muraille), de pied (au pied de la muraille). Spéc. Dans les tranchées, trou par lequel on tire. Tout le monde aux créneaux! P. anal., TECHNOL. Ouverture pratiquée de distance en distance dans les fourneaux des potiers.

59 Sens B Au fig. (TLF) 1. [Dans l'espace] a) Intervalle entre deux véhicules à l'arrêt ou en marche. […] Spéc. Sur une route étroite, section élargie pour faciliter les dépassements. b) [Abstrait] Segment de marché où la concurrence est réduite, les possibilités non encore exploitées. c) Techn. milit., vx. Intervalle que les pelotons laissent entre eux dans l'ordre de bataille. […] 2. [Dans le temps] a) Espace disponible entre deux autres qui sont occupés (dans un emploi du temps). Quels sont vos créneaux d'ici à vendredi? b) Temps de parole. L'Assemblée Nationale va avoir son créneau à la télévision.

60 DE : Zinne / Schießscharte – einparken – Zeitintervall - Marktlücke
EN : crenel – parallel park – time slot - niche ES : almena – aparcar – hueco IT : merlo – posteggiare – spazio libero - nicchia di mercato Le sens (2) semble systématiquement traduit par un verbe dans ces langues. Le sens (3) est souvent traduit par d’autres métaphores (niche, nicchia di mercato, Marktlücke ). Lücke : (in Zaun) brèche , (in Wissen, Gesetz) lacune Collins : to reverse into a parking space  (between cars alongside the kerb) Étymol. et Hist. «enfoncement ménagé dans le mur d'une pièce pour y placer une statue» «décrochement ménagé dans le profil d'un mur et pouvant recevoir un meuble» (Mme DE MOTTEVILLE, Mémoires, t.1, p.314 ds HAVARD); «petite cabane où couche un chien» (État des meubles de la Couronne, ibid.); 1760 p. ext. fam. «demeure, refuge» (VOLTAIRE, Lettre à Mme du Deffand, 18 févr. ds Corresp., éd. Th. Besterman, t.41, p.95). Soit déverbal de nicher* (EWFS1-2; FEW t.7, p.116 et p.119a, note 2; BL.-W.3-5), soit empr. comme terme d'archit. (avec infl. de nicher*) à l'ital. nicchia bien que celui-ci ne soit att. que dep. le XVe s., forme nicchio, FILARETE ds BATT.; lat. médiév. domaine ital. nichia, ds DU CANGE, et non dep. début XIVe s. chez Dante comme le mentionne le DEI (v. CORT.-ZOLLI), de nicchio «coquille» (début XIVe s., G. VILLANI d'apr. PRATI), d'orig. incertaine, peut-être issu, avec aphérèse, du lat. vulg. *onicula «sorte de mollusque», dér. dimin. de onycha «id.», fém. tiré de onyx, -ychis «id.», également «onyx» (v. H. et R. KAHANE ds Rom. Philol. t.19, pp et HOPE, pp.45-46). Bbg. Archit. 1972, p.76, 219. QUEM. DDL t.20.   

61 Niche «enfoncement ménagé dans le mur d'une pièce pour y placer une statue» «décrochement ménagé dans le profil d'un mur et pouvant recevoir un meuble» «petite cabane où couche un chien»; 1760 p. ext. fam. «demeure, refuge» . P. anal. Anfractuosité, enfoncement; abri naturel dans une paroi rocheuse. ONYX : Variété d'agate fine, présentant des raies parallèles et concentriques de couleurs différentes et nuancées, dont certaines, semi-transparentes, rappellent celles de l'ongle, et qui est utilisée notamment pour la fabrication des camées. Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694: onyce; 1718 et 1740: onyx: ,,Plusieurs disent onyce et le font féminin``; dep. 1762: onyx. Étymol. et Hist. 1re moitié XIIe s. onix (Lapidaire de Marbode, 283, éd. J. Evans, p.38); 1546 emploi adj. (Bible, impr. à Genève par Jehan Girard, 2, 12 d'apr. FEW t.7, p.356b); 1866 d'onyx (VERLAINE, Poèmes saturn., p.80: tes yeux d'or et d'onyx). Empr. au lat. onyx «sorte d'agate», du gr. «id.», de «ongle» p. anal. de couleur entre la pierre et l'ongle.

62 Etymologie Soit déverbal de nicher*, soit empr. comme terme d'archit. à l'ital. nicchia bien que celui-ci ne soit att. que dep. le XVe s., forme nicchio, «coquille» d'orig. incertaine, peut-être issu, avec aphérèse, du lat. vulg. *onicula «sorte de mollusque», dér. dimin. de onycha fém. tiré de onyx, -ychis «id.», également «onyx»

63 Emplois spécialisés (TLF)
Image radiologique correspondant au moulage opaque de la paroi d'un viscère creux au niveau d'une ulcération et apparaissant en saillie sur la paroi ou comme une tache […] niche ulcéreuse sur la portion horizontale de la petite courbure gastrique (1965) Niche écologique. Place qu'occupe une espèce vivante à l'intérieur d'un écosystème. […] il n'existe théoriquement qu'une seule population déterminée par niche écologique(1974).

64 Niche fiscale Lacune ou vide législatif permettant d’échapper à l’impôt sans être en infraction. Journal officiel de la République française du 12 mai 2000 "niche fiscale" inurl:dglf.culture DE : Steuersubvention EN : Tax deduction, tax loophole IT : Deduzione fiscale Journal officiel de la République française du 22 septembre 2000, Répertoire terminologique 2000 mercaticien n. m., mercaticienne n. f. DOMAINE : Économie/Techniques commerciales. DÉFINITION : Spécialiste de la mercatique. ÉQUIVALENT ÉTRANGER : marketer. mercatique d’amont DOMAINE : Économie/Techniques commerciales. ÉQUIVALENT ÉTRANGER : prospect. mercatique d’aval DOMAINE : Économie/Techniques commerciales. DÉFINITION : Mercatique appliquée aux débouchés. ÉQUIVALENT ÉTRANGER : customer marketing. mercatique écologique DOMAINE : Économie/Techniques commerciales. DÉFINITION : Technique mercatique utilisant des arguments écologiques. ÉQUIVALENT ÉTRANGER : ecomarketing. mercatique personnalisée DOMAINE : Économie/Techniques commerciales. DÉFINITION : Technique mercatique développant la relation individuelle avec la clientèle. ÉQUIVALENT ÉTRANGER : one to one marketing, micromarketing.

65 Loophole 1591 1 a : a small opening through which small arms may be fired b : a similar opening to admit light and air or to permit observation 2 : a means of escape; especially : an ambiguity or omission in the text through which the intent of a statute, contract, or obligation may be evaded

66 Une niche fiscale […] est […] un [sic] ''échappatoire'' au paiement de l'impôt.
Mais une niche fiscale peut aussi être un manque total de législation, un ''vide législatif'', permettant au contribuable d'éviter l'impôt sans être en infraction avec la loi. Remotivation : « dans chaque niche fiscale, il y a un chien qui aboie » 

67 Les structures actancielles
L’analyse des structures actancielles des verbes polysémiques peut favoriser le traitement unitaire. Les actants sont les participants au procès du verbe (sujet et compléments essentiels), que l’on oppose traditionnellement aux circonstants. Les verbes polysémiques ont une structure actancielle profonde qui peut différer de la structure syntaxique de surface.

68 Le cas du verbe défendre
Les deux structures syntaxiques de défendre donnent lieu à une disjonction en deux homonymes: Elle défend à Paul de fumer. L’avocat défend son client. A1 humain défend à A2 animé de + inf. A1 humain défend A2 contre A3

69 III – Glissements sémantiques : le mécanisme des tropes
Les changements de sens peuvent être traités du point de vue diachronique ou synchronique. En diachronie, on présente l’évolution sémantique du polysème en suivant l’ordre d’apparition de ses acceptions. En synchronie, on décrit les relations qui unissent les différentes acceptions du polysème.

70 Les tropes sont « des figures par lesquelles on fait prendre à un mot une signification qui n’est pas précisément la signification propre de ce mot ». Dumarsais (1730) : Des Tropes ou Des diferens sens dans lesquels on peut prendre un mème mot dans une mème langue : ouvrage utile pour l'intelligence des auteurs.

71 TROPE, subst. masc. Empr. au lat. tropus « trope (en rhét.); chant, mélodie », et celui-ci au gr. « tour, tournure; manière, façon »; en parlant du chant « mode, mélodie, ton, chant »; en rhét. « manière de s'exprimer, style », en partic. « figure de mots, trope ». Sens propre  sens figuré ou dérivé.

72 Tropes lexicalisés : métaphore, métonymie, synecdoque
Exemple de trope d’invention : « cette faucille d’or » (VH à propos d’un croissant de lune). Les différents tropes sont nommés en fonction du lien logique qui unit le sens propre au sens figuré.

73 A. La métaphore 1. Ressemblance entre les signifiés
C’est un trope par ressemblance, qui consiste à donner à un mot un autre sens en fonction d’une comparaison implicite. Dans le cas de perle, les sèmes /rareté/ et /excellence/ sont communs aux deux acceptions A et B unies par une relation métaphorique (A : petite bille de nacre, B : personne remarquable).

74 Les mots composés et les locutions comptent un grand nombre d’emplois métaphoriques, qui peuvent relever de divers registres de langue : Jeter des perles aux pourceaux Donner de la confiture aux cochons Give not that which is holy unto the dogs, neither cast your pearls before the swine, lest haply they trample them under their feet, and turn and rend you. Matthew 7:6

75 Une relation métaphorique peut être à l’origine de plusieurs dérivations pour un même mot, par ex. bouton (BOT. bourgeon peu avancé) donne : bouton sur la peau bouton de chemise bouton de manchette bouton de sonnette

76 Une relation métaphorique peut également unir un ensemble de mots distincts à un même signifié :
la tête est désignée en argot par divers noms d’objets ronds auxquels elle est censée ressembler (boule, bobine, bille, cafetière, etc.)

77 2. Du concret au concret, du concret à l’abstrait
La relation métaphorique opère le plus souvent d’une acception concrète à une acception abstraite. Passage du concret au concret (par anal.) : canard (sucre, fausse note)

78 (Fam., Wiktionary) avoir la ~ : Être heureux.
A. Baie oblongue, fruit disposé en régime, […] à peau jaune lorsqu'il est mûr, à pulpe comestible, farineuse et sucré. B. 1. Mèche de cheveux enroulée sur le front. 2. Petit sac porté à la ceinture. 3. Argot : a) Décoration militaire b) Divers objets (Grand hélicoptère à deux rotors, kayak fatigué, dont la carcasse se courbe, meuble déjeté). (Fam., Wiktionary) avoir la ~ : Être heureux. B. 1. Mèche de cheveux enroulée sur le front. 2. Petit sac porté à la ceinture. : absents du TLF

79 A. 1. Fruit […] de forme ronde, à noyau très dur, à chair juteuse et très savoureuse.
B. P. anal. […] 2. Arg., pop. et fam. a) Tête, visage. Synon. pop.gueule, poire. Loc. verb. Se fendre la ~. Bien s'amuser, rire aux éclats. Synon. pop. se fendre* la gueule, la pipe, la poire. PÊCHE B. P. anal. […] 2. Arg., pop. et fam. a) Tête, visage. Synon. pop.gueule, poire. Loc. verb. Se fendre la ~. Bien s'amuser, rire aux éclats. Synon. pop. se fendre* la gueule, la pipe, la poire. b) Coup de poing, gifle. Synon. beigne, châtaigne, gnon, marron. J'avais déjà dégusté une pêche en pleine poire et un coup de pompe dans le buffet (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p.40). c) Avoir, tenir la ~, loc. verb. Être plein de dynamisme, être en pleine forme. Synon. avoir la frite*.

80 b) Coup de poing, gifle. Synon. beigne, châtaigne, gnon, marron
b) Coup de poing, gifle. Synon. beigne, châtaigne, gnon, marron. J'avais déjà dégusté une ~ en pleine poire et un coup de pompe dans le buffet (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p.40). c) Avoir, tenir la ~, loc. verb. Être plein de dynamisme, être en pleine forme. Synon. avoir la frite*.

81 Passage du concret à l’abstrait (fig.) :
Insecte hyménoptère de petite taille vivant en colonies nombreuses. B. Au fig. 1. Personne très petite de taille. 2. Personne laborieuse, ou patiente, ou économe 3. Loc. Avoir, se sentir des ~ dans les jambes (ou dans quelque autre partie du corps). Éprouver des picotements analogues à ceux que provoqueraient des ~ qui courraient à fleur de peau. P. ext. Avoir envie de marcher, être impatient de bouger. FOURMI hyménoptère : ENTOMOLOGIE I. Emploi subst. masc. A. Au plur. [Le plus souvent avec une majuscule] Ordre d'insectes qui possèdent quatre ailes membraneuses, une bouche munie de mandibules, broyeuse ou lécheuse, et à métamorphoses complètes

82 B : /situation/ /sans issue/
3. Processus sémique Pour certains sémanticiens, la relation métaphorique consiste dans l’identité d’au moins un des sèmes, par exemple pour le mot impasse : A : /rue/ /sans issue/ B : /situation/ /sans issue/ Martin, R. (Pour une logique du sens, p. 70)

83 B : « moment bref et intense »
D’autres sémanticiens (M. Le Guern, Sémantique de la métaphore et de la métonymie, p. 15) pensent que la métaphore consiste en la mise entre parenthèses d’une partie des sèmes constitutifs (ex. éclair) : A : « lumière brève, intense, sinueuse, survenant pendant un orage, provoquée par une décharge électrique. B : « moment bref et intense » ECLAIR Déverbal de éclairer*; au sens I b (Ce qui illumine, éblouit.) le mot d'abord norm. et agn. a évincé le plus usuel et plus ancien espart (espartir cf. FEW t. 7, p. 684a). Lumière éblouissante accompagnant la décharge électrique des masses nuageuses, précédant le tonnerre, et zébrant de façon variée un ciel d'orage. 243 000 "éclair de génie«  70 200 41 600 "éclair de lucidité«  197 000 Fermeture éclair : zipper, zip fastener, espagnol : cremallera Marque déposée de la société Éclair Prestil SN. Synonymes fermeture à glissière fermeture à crémaillère La fermeture à glissière a été inventée aux États-Unis par Whitcomb Judson en 1891 et améliorée par l'inventeur suédois Gideon Sundbäck en 1914. En France, on utilise souvent le terme fermeture Éclair, qui est une marque déposée de la société Éclair Prestil SN. Ce terme doit, à ce titre, s'écrire avec une capitale initiale. On utilise parfois le terme zip. Le terme braguette, quant à lui, désigne l'ouverture d'un pantalon, qu'elle se fasse avec une fermeture à glissière, des boutons ou tout autre dispositif.

84 Picoche (Structures sémantiques du lexique français) appelle ce phénomène subduction : c’est un mouvement de pensée qui relie une acception riche en sèmes (saisie plénière) à une acception pauvre. Il s’agit donc d’un processus d’abstraction et d’appauvrissement sémique.

85 Il décrit deux types de subduction :
1) Remontée d’un sens plénier concret à un sens subduit concret : A : vaisseau qui distribue le sang (saisie plénière) B : voie de communication (saisie subduite) ARTÈRE

86 2) Remontée d’un sens plénier concret à un sens subduit abstrait :
Cf. créneau. Autre exemple : A) Ustensile de table […] à deux, trois ou quatre dents, dont on se sert pour piquer les aliments. B) Écart entre deux valeurs extrêmes dans une évaluation chiffrée. Les deux types de subduction peuvent s’appliquer au même lexème : FOURCHETTE

87 Exemple en français Dispositif transportable composé de deux montants généralement parallèles, ou légèrement écartés vers le bas, réunis par traverses régulièrement espacées, et servant d'escalier. Ligne graduée, tableau servant à mesurer des grandeurs physiques, comportant généralement une figuration matérielle du rapport indiqué. Système d'évaluation, de référence, pour la mesure d'une grandeur abstraite, d'un phénomène. ÉCHELLE

88 Exemple en anglais 1 : a human upper limb; especially : the part between the shoulder and the wrist […] 6 : a support (as on a chair) for the elbow and forearm 9 : a functional division of a group, organization, institution, or activity ARM FR : bras pour 1 et 6, branche pour 9 (sauf bras armé  'armed wing' or 'armed division' ) "bras armé" 349 000 "branche armée" 51 600

89 Merriam Webster’s Collegiate Dictionary
1 a : a head covering especially with a visor and no brim […] 5 : a paper or metal container holding an explosive charge (as for a toy pistol) 6. an upper limit (as on expenditures) 7 : the symbol indicating the intersection of two sets compare CUP 9 CAP

90 1 a : the overhead inside lining of a room […]
5 : an upper usually prescribed limit 1 : the level base of a room 6 : a lower limit : BASE CEILING FLOOR Main Entry:1floor Pronunciation:*fl*r, *fl*r Function:noun Usage:often attributive Etymology:Middle English flor, from Old English fl*r; akin to Old High German fluor meadow, Latin planus level, and perhaps to Greek planasthai to wander Date:before 12th century 1 : the level base of a room 2 a : the lower inside surface of a hollow structure (as a cave or bodily part) b : a ground surface *the ocean floor* 3 a : a structure dividing a building into stories; also : STORY b : the occupants of such a floor 4 : the surface of a structure on which one travels *the floor of a bridge* 5 a : a main level space (as in a stock exchange or legislative chamber) distinguished from a platform or gallery b : the members of an assembly *took questions from the floor* c : the right to address an assembly *the senator from Utah has the floor* 6 : a lower limit : BASE –floored adjective

91 B. La métonymie 1. Contiguïté des objets dénotés.
C’est un trope par correspondance qui consiste à nommer un objet par le nom d’un autre objet en raison d’une contiguïté entre ces objets (sens étymologique : nom pour un autre nom). Il y a ellipse : J’ai bu [le contenu d’]un verre. Les diverses catégories de métonymie se définissent par le type d’ellipse impliquée.

92 De la cause pour l’effet ou de l’origine pour le produit : vivre [du produit de] son travail, un [tableau de] Renoir. De l’instrument pour son utilisateur : trois jeunes tambours, une fine lame. De la matière pour l’objet : les cuivres [ustensiles de cuisine / instruments de musique].

93 Du contenant pour le contenu : [les étudiants de] l’amphi
Du contenant pour le contenu : [les étudiants de] l’amphi. Il a bu [le contenu d’]une bouteille à lui tout seul. Du lieu pour la chose : du [fromage de] Camembert, [la bourse de] Wall Street, [le régime de] Vichy Du signe ou de l’emblème pour la chose signifiée : la couronne, le sabre et le goupillon. D’un organe ou attribut physique pour une personne : son bras droit est un cerveau. / The brains of the [operation / outfit].

94 D’un attribut vestimentaire pour la personne : les casques bleus, les cols blancs.
Il s’agit là des glissements de sens les plus courants, mais cette liste n’est pas limitative.

95 2. Du concret au concret, de l’abstrait au concret.
La métonymie instaure une relation d’un référence concrète à une autre référence concrète (le cuivre  les cuivres) Chose rarement observée dans le cas de la métaphore, elle relie également un emploi abstrait à un emploi concret :

96 Action d'ajouter un ou plusieurs éléments numériques ou nombrables à un ou plusieurs autres de manière à en obtenir le total.  Note détaillant la somme due par un client pour ses consommations dans un restaurant, un café, etc. ADDITION

97 Fait d'interrompre un mouvement. 
Le ou les points qui terminent une couture. Méthode de cuisson consistant à plonger un aliment dans un bain de matière grasse bouillante.  Bain de matière grasse dans lequel on fait frire divers aliments. ARRÊT FRITURE

98 Action ou manière de pêcher.  Produit de la pêche.
Action de quitter un lieu; moment où l'on quitte ce lieu. Somme dépensée. PÊCHE SORTIE

99 Sortie dans le TLFi NB : Le TLFi ne donne pas de sens métonymique :
A. [À propos d'une pers. qui fait l'action de sortir] 1. a) Action de passer du dedans au dehors; action de quitter un lieu; moment où l'on quitte ce lieu. Attendre qqn à la sortie; faire une sortie remarquée ; sortie de la gare, de l'hôpital, de l'hôtel, de la messe; porte de sortie. Sens localisants qui justifieraient théoriquement un sens b) par métonymie

100 3. Processus sémique. Le transfert métonymique consiste à passer d’un sémème A à un autre sémème B sans modification notable de sémème initial (cf. friture). Sémème : Ensemble des sèmes d'un lexème constituant son sens ou l'un de ses sens.

101 Petit mammifère carnassier, trapu, bas sur pattes, plantigrade à fourrure rayée, au poil raide, ayant pour habitat un terrier. Pinceau en poils de ~ utilisé par les peintres pour obtenir des effets de fondu. Le sémème A réapparaît sous forme de sème spécifique (~) dans le sémème B. BLAIREAU

102 Ces sens sont métaphoriques.
Pinceau utilisé par les peintres en porcelaine pour appliquer le vernis. 2. Pinceau en poils de ~ employé pour épousseter les objets délicats (pièces dorées, plaques photographiques) 3. Cour. Brosse de poils fins utilisée pour savonner la barbe. Ces sens sont métaphoriques. Wikipedia: "En argot, un « blaireau » est un imbécile vulgaire et méchant, ou encore un débutant maladroit dans une pratique sportive, tels que le windsurf, le surf, le kitesurf, le snowboard«  fréquence : 8 niveau de langue (actuel) : 7 vu : 1013blaireau  |n. m. ¶ Nul, minable, imbécile, qui n'est pas du clan ◊ De toutes façons je chante pas pour ces blaireaux 1980 ◊ ce ringard, ce blaireau 1981 éléments constituants : blaireau | synonyme : imbécile, idiot, bête (4.00/ =0.33%) | synonyme : minable (4.00/86.75=4.61%)

103 La métonymie diffère de la métaphore en ce sens qu’il y a enrichissement sémique dans la chaîne des transformations : Substance solide, transparente et cassante, obtenue par la fusion d'un sable siliceux avec du carbonate de sodium ou de potassium. Récipient pour boire, en ~ ou, p. anal., fabriqué avec une autre matière. Contenu d'un ~ . Une boisson, généralement alcoolisée, prise, en dehors des repas, dans un café, etc. VERRE

104 Étoffe grossière de laine brune.(XII°)
L’enchaînement des métonymies est généralement décrit selon l’ordre diachronique : Étoffe grossière de laine brune.(XII°) Table, souvent couverte d'un tissu de bure, ou d'une autre matière protectrice, sur laquelle on fait les comptes (1361). Métonymies successives : BUREAU Bure : frieze (EN) BURE1, subst. fém. A. Étoffe grossière de laine brune, lourde, rêche et robuste. ÉTYMOL. ET HIST « grossière étoffe de laine brune » L'apparition tardive de bure fait difficulté; le mot est soit directement issu d'un lat. vulg. * (bien que bure n'ait pas de corresp. dans les lang. rom., un esp. ou un port. bura n'étant en réalité pas attestés, COR., s.v. buriel) d'orig. obsc., peut-être forme second. du lat. de basse époque (bourre*); au XIIe s. le mot bourre peut désigner une sorte d'étoffe Burlap circa 1696 1 : a coarse heavy plain-woven fabric usually of jute or hemp used for bagging and wrapping and in furniture and linoleum manufacture 2 : a lightweight material resembling burlap used in interior decoration or for clothing

105 Table de travail (XIV°)
Pièce où elle se trouve (1495) Établissement ouvert au public (1557) Employés travaillant dans celui-ci (1718) Membres d’une assemblée élus par leurs collègues pour diriger leurs travaux (1787).

106 Comme dans le cas des métaphores, les locuteurs d’une langue perdent conscience des métonymies une fois qu’elles sont lexicalisées : c’est le phénomène de la démotivation. Cette démotivation peut conduire à une disjonction en homonymes (A : meuble et pièce, B : établissement et personnel).

107 Les catachrèses sont des tropes qui comblent un vide lexical :
Lucarne, fenêtre ronde ou ovale pratiquée dans la partie supérieure d'un édifice ou dans un mur. P. méton. Antichambre du grand appartement du roi à Versailles où se réunissaient les courtisans. Oeil de bœuf En 1701, la deuxième antichambre et la chambre du roi furent fusionnées afin de créer le salon de l’œil de bœuf, qui devint l’antichambre principale de la nouvelle chambre du roi. Prenant son nom de la fenêtre ovale – l’œil de bœuf – dans la voussure sud du plafond, le salon de l’œil de bœuf présent une frise avec des groupes de putti dansant en stuc doré dans les voussures du plafond.

108 1 : a very hard globular candy
2 : a circular piece of glass with a lump in the middle formed at the end of a glassblower's pipe 3 a : the center of a target; also : something central or crucial b : a shot that hits the center of a target; broadly : something that precisely attains a desired end 4 : a simple lens of short focal distance; also : a lantern with such a lens Bull’s eye

109 Les catachrèses sont des métaphores (boutons de manchettes, dents de scie, gorges d’une rivière) ou des métonymies (la Cour, le Parquet) qui ne sont plus ressenties comme telles. Ce sont des figures totalement lexicalisées.

110 C. La synecdoque C’est un trope par connexion fondé sur la relation d’inclusion entre les référents dénotés. On distingue en général deux catégories (partie pour le tout, espèce pour le genre) SYNECDOQUE, subst. fém. (TLF) Figure de rhétorique procédant par extension ou restriction de sens d'un terme: l'espèce pour le genre, la matière pour l'objet, le particulier pour le général et inversement. Étymol. et Hist. XVe s. synodoche (De vita christi, B.N. 181, fo 148b ds GDF. Compl.); 1541 synecdoche (CALVIN, Comm. sur l'ep. a Thimothee, p. 486, ibid.); 1671 synecdoque (POMEY). Empr. au lat. synecdoche « même sens », gr. « synecdoque, figure de rhétorique ». Etymology:Latin, from Greek synekdoch*, from syn- + ekdoch* sense, interpretation, from ekdechesthai to receive, understand, from ex from + dechesthai to receive; akin to Greek dokein to seem good — more at EX-, DECENT Date:15th century : a figure of speech by which a part is put for the whole (as fifty sail for fifty ships), the whole for a part (as society for high society), the species for the genus (as cutthroat for assassin), the genus for the species (as a creature for a man), or the name of the material for the thing made (as boards for stage)

111 I. Synecdoques de la partie et du tout C’est le genre le plus répandu.
A : « partie supérieure du corps de l’homme » B : « individu » (c’est tant par ~) A :« partie supérieure d’un édifice » B : « maison » (être sans ~) La relation référentielle d’inclusion semble dominer au dépens de l’ellipse, ce qui distingue la synecdoque de la métonymie. TÊTE TOIT

112 I. Synecdoques de l’espèce et du genre
La restriction de l’extension dans le sens B entraîne un accroissement de l’intension (un addition de sèmes) A : Vx. « ensemble des aliments dont se nourrit l’homme » B : « chair des mammifères et des oiseaux dont l’homme se nourrit » A : « tranche de bœuf grillée » B : « nourriture » (gagner son ~) VIANDE Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « tout aliment qui entretient la vie » Du lat. tardif vivanda (805, Capitulaire de Charlemagne ds DU CANGE) avec chute, p. dissim., du v intérieur. Vivanda est l'altér. du lat. vivenda « ce qui sert à la vie », neutre plur. subst. de vivendus adj. MEAT Etymology:Middle English mete, from Old English; akin to Old High German maz food Date:before 12th century 1 a : FOOD; especially : solid food as distinguished from drink b : the edible part of something as distinguished from its covering (as a husk or shell) 2 : animal tissue considered especially as food: a : FLESH 2b b : FLESH 1a; specifically : flesh of domesticated animals 3 archaic : 1MEAL 1; especially : DINNER 4 a : the core of something : HEART b : PITH 2b *a novel with meat* 5 : favorite pursuit or interest FLEISCH FLESH Etymology:Middle English, from Old English fllsc; akin to Old High German fleisk flesh and perhaps to Old Norse fla to flay— FLAY FLAY Middle English flen, from Old English flean; akin to Old Norse fla to flay, Lithuanian plesti to tear to strip off the skin or surface of : SKIN FLÉAU Du lat. flagellum « fouet », en lat. chrét. « punition » et spéc. « punition de Dieu » puis « peine »; a pris au IVe s. le sens d'« instrument pour battre les céréales ». BIFTECK

113 Importance de la réalité socioculturelle (pain  bifteck)
En diachronie, les synecdoques provoquent des échanges entre le lexique général et le lexique de spécialité Traire Gagner

114 TRAIRE En ancien français, traire = tirer
cf. abstraire, extraire, soustraire et leurs dérivés en –traction, cheval de trait Spécialisation en français moderne  « tirer le lait d’une femelle »

115 Gagner Sens originel = faire paître le bétail
Pâturer, paître, faire paître. Cultiver, bléer, récolter. Faire profiter. Trafiquer, commercer. Gagner la guerre, piller.  « s’assurer un profit matériel par le travail » A. 1. a) Ca 1135 gaaignier [ici intrans.] « s'assurer (un profit matériel) par un travail, par une activité » (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 1248); b) ca 1135 [ici trans.] « s'emparer de, conquérir par la force » (ibid., 1146); c) 1re moitié du XIIIe s. « s'assurer (un profit matériel) par le jeu, par un hasard favorable » De l'a. b. frq. waidanjan, de la même famille que l'all. Weide « pâturage », et qui a dû signifier à l'orig. « faire paître (le bétail) » (cf. encore les sens de gagnage*, ainsi que l'a. h. all. weida subst. « pâturage; nourriture »), d'où, en fr., « cultiver », prob. en raison du système de l'assolement triennal, dans lequel les champs, après avoir servi de pâturages, étaient labourés. Le sens de « cultiver » est attesté en a. fr. et en m. fr. (1155 ds T.-L.; GDF.) et s'est maintenu dans les patois de l'Est, v. FEW t. 17, p Le verbe a pris ensuite celui de « s'assurer (un profit matériel) par un travail (en général) ». Du germain waidanjan, « se nourrir, piller ». Ce mot a donné aussi l’allemand Weide, « pâturage », et weiden, « paître ». gaaigner Pâturer, paître, faire paître. Cultiver, bléer, récolter. Faire profiter. Trafiquer, commercer. Gagner la guerre, piller. ( Different from WIN Etymology:Middle English winnen, from Old English winnan to struggle; akin to Old High German winnan to struggle and probably to Latin venus sexual desire, charm, Sanskrit vanas desire, vanoti he strives for Date:before 12th century BERNET Les utilisateurs peuvent toutefois constater que de très nombreux mots et emplois qui se sont diffusés depuis le milieu du XXe siècle, et surtout après la rédaction du Trésor, ne sont pas traités dans le TLFi, tels addiction, agroalimentaire, communautarisme, entrepreneurial, flux tendu, illettrisme, langue de bois, nain de jardin, nettoyage ethnique, politiquement correct ou zéro défaut. Les travaux en vue d’un supplément au Trésor ayant commencé en 1992 à l’INaLF-Nancy, il se pourrait que tout cela soit en attente d’être publié. […] De nombreux mots fréquents et bien intégrés dans la langue ne sont pas en entrée principale (c’est le cas, en priorité, d’adverbes en -ment, mais aussi de substantifs et d’adjectifs en grand nombre comme spéléologue, standardiste, stéréophonique, structuraliste, surpeuplement, tabagique, terrarium, totémique, etc.).


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