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Conférence Saint Paul de Varces Nature La conception de l’animal dans la philosophie occidentale (Antiquité – 18ème siècle) Notre conception de l’animal,

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2 Conférence Saint Paul de Varces Nature La conception de l’animal dans la philosophie occidentale (Antiquité – 18ème siècle) Notre conception de l’animal, ses droits, son statut juridique sont au cœur de l’actualité Modification du statut de l’animal domestique dans le Code Civil : êtres vivants doués de sensibilité. Un progrès juridique qui unifie les différents codes Mais souligne le caractère problématique de notre rapport à l’animal : Quid de l’animal sauvage, de l’animal d’élevage ?

3 Les défenseurs et les détracteurs de la condition animale s’opposent dans les médias avec des arguments répétitifs qui n’ont pas beaucoup varié depuis l’antiquité grecque (2500 ans) Mais ce qui fonde le débat, notre conception profonde du lien entre l’homme et l’animal, est rarement explicité Objectif : faire « l’archéologie » de ces positions, en recherchant l’origine de nos a priori sur l’animal, dans l’histoire des idées v

4 Pourquoi s’appuyer sur la philosophie, alors que l’art et la littérature nous parlent des « bêtes » d’une manière souvent plus authentique ? Au moyen-âge, les « Bestiaires » témoignent d’un vrai intérêt pour l’animal, quoique non dépourvu d’anthropomorphisme. Les animaux sont hiérarchisés en fonction de leur proximité avec l’homme et de leur utilité. v

5 A l’opposé de cet ordre tranquille du Bestiaire où chaque animal se tient à sa place, bien séparé de l’homme, Kafka décrit un passage brutal de l’homme en l’animal : Cette « métamorphose » nous met mal à l’aise, nous fait tomber de notre piédestal, en abattant le mur érigé par la tradition entre l’homme et l’animal v

6 C’est qu’ici qu’intervient la philosophie, comme arbitre entre l’ordre du Bestiaire et la surprise de la Métamorphose Dans la tradition philosophique, la question de l’animalité est toujours posée du point de vue de l’homme Elle ne porte pas directement sur la nature de l’animal, mais sur le propre de l’homme, sur la différence entre les natures animale et humaine : soit une différence de nature radicale soit une continuité essentielle, soulignée aujourd’hui par les études sur les grands singes v

7 En visant l’animal, la philosophie cherche en réalité à définir l’homme.
Elle le situe comme un « milieu » dans la grande chaîne des êtres, qui s’élève par degré de perfection des minéraux aux plantes, aux animaux, aux démons et aux anges jusqu’à Dieu. v

8 Au XVIIème siècle, Blaise Pascal assignera encore à l’homme, cette place intermédiaire entre la « bête brute » et Dieu : L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. v

9 Depuis le début de la philosophie, l’animal est notre miroir
Ce miroir déformant insiste sur la continuité, en reconnaissant et valorisant notre part d’animalité (philosophie antique), ou force au contraire sur l’opposition, en allant parfois jusqu’à faire de l’animal un véritable repoussoir (christianisme).

10 La pensée antique : une continuité assumée
Zoon grec = grande chaîne de l’être qui englobe les plantes, les animaux, les hommes et les dieux Pour Aristote, l’homme est un animal doué de raison, le seul à posséder la parole et le jugement moral, l’animal familial, l’animal social, l’animal politique par excellence, qui ne devient vraiment homme que dans la cité. Mais ces qualités ne le coupent en rien du règne animal qui demeure le fond, le genre dont émerge l’espèce humaine : Mais que l'homme soit un animal politique à un plus haut degré qu'une abeille quelconque ou tout autre animal vivant à l'état grégaire, cela est évident. La nature, en effet, selon nous, ne fait rien en vain ; et l'homme, seul de tous les animaux, possède la parole. Or, tandis que la voix ne sert qu'à indiquer la joie et la peine, et appartient pour ce motif aux autres animaux également (car leur nature va jusqu'à éprouver les sensations de plaisir et de douleur, et à se les signifier les uns aux autres), le discours sert à exprimer l'utile et le nuisible, et, par suite aussi, le juste et l'injuste ; car c'est le caractère propre à l'homme par rapport aux autres animaux, d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et de l'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité. v

11 La hiérarchie des Ames chez Aristote : végétative, sensitive, intellective
L’âme ne peut exister sans le corps, pas plus que l’âme rationnelle ne peut exister sans l’âme sensitive, ni celle-ci sans l’âme végétative. Chaque niveau perfectionne le précédent tout en s’appuyant sur lui. v

12 Deux expériences de la continuité : la métamorphose et la métempsychose
La métamorphose nie les barrières entre les espèces et les différents niveaux d’être Zeus se transforme en taureau pour mieux séduire les vierges v

13 v La métamorphose La déesse Diane transforme en cerf
le chasseur trop audacieux qui l’a surprise au bain La métamorphose est une expérience mystérieuse qui confère à toutes les formes visibles la même dignité, puisque la « bête brute » peut cacher les facéties d’un Dieu Tout peut passer en tout Comme chaque partie du cosmos vit, sent, souffre, pense, chaque être mérite notre attention et notre respect Nous ne pouvons « utiliser » qu’avec prudence et discernement l’animal, la plante, et même les choses qui nous semblent dépourvues d’âme. v

14 La métempsychose Pour Platon, c’est une même âme immortelle qui se « réincarne » en passant successivement par différents corps. L’attribution d’une nouvelle nature, animale ou humaine, repose sur les mérites acquis dans la vie précédente : Chaque espèce d'âme verra son lieu de destination déterminé par similitude avec son occupation ordinaire. Ainsi, Les hommes dominés par leurs désirs se réincarneront en animaux libidineux, comme les ânes ; les coléreux en bêtes de proie, loups, faucons ; les hommes raisonnables se réincarneront en animaux sociaux, abeilles, fourmis, ou à nouveau en hommes. Chez Platon, la continuité du vivant ne repose pas sur une communauté de nature entre les corps, mais sur la seule immortalité de l’âme qui transite de corps en corps . v

15 Platon Cette conception dualiste préfigure la conception chrétienne en donnant la priorité à l’intelligible sur le sensible, à l’âme sur le corps, à la partie raisonnable de l’homme sur sa part d’animalité : Mais si l'âme est souillée et impure en quittant le corps, parce qu'elle était toujours avec lui, prenait soin de lui, l'aimait, se laissait charmer par lui, par ses désirs, au point de croire qu'il n'y a rien de vrai que ce qui est corporel, ce qu'on peut toucher, voir, boire, manger, employer aux plaisirs de l'amour, et si elle est habituée à haïr, à craindre et à éviter ce qui est obscur et invisible aux yeux, mais intelligible et saisissable à la philosophie, crois-tu qu'une âme en cet état sera seule en elle-même et sans mélange, quand elle quittera le corps ? L’animal ne vaut donc plus par lui-même : seuls les animaux qui ont été des hommes dans une vie antérieure, abrite une âme immortelle qui pourra à nouveau migrer dans un corps humain. Les êtres se divisent donc selon une frontière infranchissable : d’un côté, les êtres qui participent à la raison, hommes soumis à la réincarnation et Dieux immortels ; de l’autre les animaux, abandonnés à la sensation et à l’instinct, qui meurent intégralement, corps et âme. Les premiers valent par eux-mêmes, et imposent le respect ; les seconds sont offerts aux hommes comme des moyens par la Nature prévoyante. v

16 Le christianisme Le christianisme développe la conception platonicienne en opposant strictement l’homme et l’animal : Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre. Parce qu’il est le seul à posséder intelligence et langage, l’homme est à l’image de Dieu Il échappe au règne naturel, à la loi commune qui commande les animaux par les sensations et l’instinct Le christianisme réduit l’animalité à la « bestialité », à ce qui s’oppose à la spiritualité, à la part divine de l’homme. Saint Augustin reconnaît donc à l’homme des droits sur toute la nature créée : Nous voyons la face de la terre s’orner des animaux terrestres, et l’homme, créé à votre image et ressemblance, maître de tous les animaux sans raison, précisément parce qu’il est à votre image et vous ressemble, c’est à dire par la vertu de la raison et de l’intelligence. v

17 Descartes Descartes fait écho au texte de la Genèse et à la thèse d’Augustin en fixant comme objectif à la science nouvelle, de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». La thèse des « animaux machines » consacre la séparation définitive entre l’homme, seul être pensant, et l’animal qui n’a plus que l’apparence du vivant. Sans âme ni raison ni pensée propre, l’animal ne diffère pas fondamentalement des « automates » ou des horloges construits par l’homme : v

18 Descartes Pour ce qui est de l'entendement ou de la pensée que Montaigne et quelques autres attribuent aux bêtes, je ne puis être de leur avis […] Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais je ne m'en étonne pas car cela même sert à prouver qu'elles agissent naturellement et par ressorts, ainsi qu'une horloge, laquelle montre bien mieux l'heure qu'il est, que notre jugement ne nous l'enseigne. Et sans doute que, lorsque les hirondelles viennent au printemps, elles agissent en cela comme des horloges. Tout ce que font les mouches à miel est de même nature, et l'ordre que tiennent les grues en volant... Et ceci ne témoigne pas seulement que les bêtes ont moins de raison que les hommes, mais qu'elles n'en ont point du tout. […] Et on ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements naturels, qui témoignent des passions, et peuvent être imités par des machines aussi bien que par les animaux ; ni penser, comme quelques anciens, que les bêtes parlent, bien que nous n'entendions pas leur langage ; car s'il était vrai, puisqu'elles ont plusieurs organes qui se rapportent aux nôtres, elles pourraient aussi bien se faire entendre à nous qu'à leurs semblables. Le « mécanisme » de Descartes achève de « désenchanter » la nature, en supprimant toutes les forces cachées, esprits, démons naturels, âmes, qui agissaient sous les apparences visibles. Il remplace la nature vivante et mystérieuse des grecs, par un monde « vide » uniquement déterminé par les lois naturelles et le calcul. v

19 Descartes La thèse mécaniste n’exigeait pas de placer l’animal du côté de la machine, en le déclarant sans âme pour l’opposer à l’homme. Une autre répartition « matérialiste » réunira machine, animal et homme en se débarrassant de l’âme. Mais Descartes tient à cette division pour maintenir sa définition du « propre » de l’homme, comme seule créature pensante, pourvue d’une âme immortelle à l’image de Dieu : On peut seulement dire que, bien que les bêtes ne fassent aucune action qui nous assure qu'elles pensent, toutefois, à cause que les organes de leurs corps ne sont pas fort différents des nôtres, on peut conjecturer qu'il y a quelque pensée jointe à ces organes, ainsi que nous expérimentons en nous, bien que la leur soit beaucoup moins parfaite. A quoi je n'ai rien à répondre, sinon que, si elles pensaient ainsi que nous, elles auraient une âme immortelle aussi bien que nous, ce qui n'est pas vraisemblable, à cause qu'il n'y a point de raison pour le croire de quelques animaux, sans le croire de tous, et qu'il y en a plusieurs trop imparfaits pour pouvoir croire cela d'eux, comme sont les huîtres, les éponges… v

20 Montaigne Montaigne, que Descartes identifiera comme son grand contradicteur, soutient la thèse d’une totale continuité entre la sensation, la souffrance, le plaisir et l’intelligence, chez l’animal et l’homme. Il est soutenu par une double inspiration : sa grande connaissance de la philosophie antique, et sa familiarité réelle avec les bêtes, que ne possèdent pas la plupart des philosophes. D’emblée, Montaigne considère l’animal comme un véritable sujet sentant, pensant et communiquant avec nous sur un pied d’égalité : Quand je joue avec ma chatte, qui sait si je ne suis pas son passe-temps plutôt qu'elle n'est le mien ? Nous nous taquinons réciproquement. Pour Montaigne, l’animal est notre vrai miroir : La manière de naître, d'engendrer, de se nourrir, d'agir, de se mouvoir, de vivre et de mourir qui est celle des animaux est si proche de la nôtre que tout ce que nous ôtons aux causes qui les animent, et que nous ajoutons à notre condition pour la placer au-dessus de la leur ne peut relever d'une vision raisonnée. v

21 Montaigne Le modèle animal de Montaigne nous conduit à douter qu’il existe un « propre de l’homme » Mais quand je rencontre, parmi les opinions les plus modérées, des raisonnements qui tendent à prouver combien nous ressemblons étroitement aux animaux, combien ils participent de ce que nous considérons comme nos plus grands privilèges, et avec quelle vraisemblance on peut les comparer à nous, certes, j'en rabats beaucoup de notre présomption, et me démets volontiers de cette royauté imaginaire qu'on nous attribue sur les autres créatures. C’est bien la primauté de l’homme, « roi de la création », qui est ici visé. v

22 Montaigne Montaigne n’en demeure pas moins humaniste et chrétien, mais il défend une vision pacifiée, consensuelle, d’un homme en accord avec la nature. Il étend la charité chrétienne aux autres créatures : Qu'on ne se moque pas de la sympathie que j'ai pour elles : la théologie elle-même nous ordonne d'avoir de la mansuétude à leur égard. Elle considère que c'est un même maître qui nous a logés dans ce palais pour être à son service, et donc que les bêtes sont, comme nous, de sa famille ; elle a donc raison de nous enjoindre d'avoir envers elles du respect et de l'affection. Si on peut discuter de tout cela, il n'en reste pas moins que nous devons un certain respect et un devoir général d'humanité, non seulement envers les animaux, qui sont vivants et ont une sensibilité, mais envers les arbres et même les plantes. Nous devons la justice aux hommes, et la bienveillance et la douceur aux autres créatures qui peuvent les ressentir. Il y a une sorte de relation entre nous, et des obligations mutuelles. Je ne crains pas d'avouer la tendresse due à ma nature si puérile qui fait que je ne peux guère refuser la fête que mon chien me fait, ou qu'il me réclame, même quand ce n'est pas le moment. v

23 Emmanuel Kant A l’opposé de Montaigne, Kant défendra encore au 18ième siècle, une conception restrictive et dominatrice de l’humanisme : Les choses inanimées sont entièrement soumises à notre arbitre, et il ne peut y avoir de devoirs envers les animaux qu'en relation avec nous-mêmes […] Le chien qui a longuement et fidèlement servi son maître nous offre un exemple de ceci. Par analogie avec le service humain, on dira que ce chien mérite récompense, que s’il devient trop vieux pour servir son maître, celui-ci devra tout de même le garder à sa charge jusqu’à ce qu’il meure. […] Celui qui abat son chien parce qu’il ne lui est plus d’aucune utilité et ne lui rapporte même pas ce qu’il faut pour le nourrir, n’enfreint pas en vérité le devoir qu’il a envers son chien, puisque celui-ci est incapable de jugement, mais il commet un acte qui heurte en lui le sentiment d’humanité et l’affabilité bienveillante, auxquels il lui faut pourtant donner suite, en vertu des devoirs qu’il a envers l’humanité. S’il ne veut pas étouffer en lui ces qualités, il doit d’ores et déjà faire preuve de bonté de cœur à l’égard des animaux, car l’homme qui est capable de cruauté avec eux, sera aussi capable de dureté avec ses semblables. v

24 Kant Puisque les animaux ne pensent pas, ne sont pas « conscients d’eux-mêmes », ils ne peuvent être considérés, selon la terminologie de Kant, comme des « fins en soi », dignes d’être respectés pour eux-mêmes et pourvus de droits propres. Ils ne sont au contraire que des moyens, des biens ou des choses, mis par le créateur et la nature au service de l’homme. Dès lors, il ne saurait exister de « droit de l’animal » : un préjudice causé à un animal, du point de vue du droit et de la morale, est en réalité un préjudice causé au possesseur de l’animal, s’il s’agit d’un animal domestique, ou au propriétaire du droit de chasse, s’il s’agit d’un animal sauvage. Penseur des « lumières », contemporain de la révolution française, Kant manque ainsi une occasion historique privilégiée pour étendre la morale, la définition des droits et des devoirs, de l’espèce humaine à l’ensemble de la condition animale. v

25 Le matérialisme du 18ième siècle
La Mettrie Pourtant, dès le milieu du 18ième siècle, certains philosophes « matérialistes » révolutionnent la conception de l’animal et sa position face à l’homme. Médecin et philosophe français, La Mettrie rompt avec la conception idéaliste et dualiste qui oppose l’homme, seul être pensant conçu à l’image de Dieu, à l’ensemble du genre animal : L'homme n'est pas pétri d'un limon plus précieux ; la Nature n'a employé qu’une seule et même pâte, dont elle a seulement varié les levains. v

26 La Mettrie Dans son livre « L’homme machine », La Mettrie s’oppose à la thèse de l’animal machine en l’étendant à l’homme. Nous n’échappons pas plus que l’animal à la matière et aux mécanismes corporels. L’animal et l’homme procèdent d’une même matière et accèdent tous, bien qu’à des degrés divers, à la sensation, la pensée et au jugement moral : Mais un être à qui la Nature a donné un instinct si précoce, si éclairé, qui juge, combine, raisonne et délibère autant que s'étend et lui permet la sphère de son activité, un être qui s'attache par les bienfaits, qui se détache par les mauvais traitements et va essayer un meilleur maître, un être d'une structure semblable à la nôtre, qui fait les mêmes opérations, qui a les mêmes passions, les mêmes douleurs, les mêmes plaisirs, plus ou moins vifs suivant l'empire de l'imagination et la délicatesse des nerfs, un tel être enfin ne montre-t-il pas clairement qu'il sent ses torts et les nôtres, qu'il connaît le bien et le mal et, en un mot, a conscience de ce qu'il fait ? v

27 La Mettrie Si l’animal est comme nous, un sujet pensant, capable à un certain degré de juger de la valeur de ses actions et des nôtres, il devient à son tour un sujet moral, qui mérite nos égards : Enfin, le matérialiste, convaincu, quoi que murmure sa propre vanité, qu’il n’est qu’une machine ou qu’un animal, ne maltraitera point ses semblables […] ne voulant pas, en un mot, suivant la loi naturelle donnée à tous les animaux, faire à autrui ce qu’il ne voudrait pas qu’il lui fit. v

28 Jean-Jacques Rousseau
« Voici mon meilleur ami. J'en ai cherché parmi les hommes, je n'en ai presque point trouvé », disait Rousseau en parlant de son chien. Plus nuancé que Kant ou La Mettrie, Rousseau reconnaît une même origine et une communauté de nature entre l’animal et l’homme, sans pour autant les identifier. Il y a une animalité de l’homme, puisque l’homme sent, éprouve du plaisir et souffre, comme l’animal. L’homme a donc indiscutablement une responsabilité morale envers les animaux, et l’animal possède des droits, en vertu de cette sensation et de cette souffrance qu’il partage avec nous. Si l’animal est d’un certain point de vue à notre image, le faire souffrir inutilement reviendrait à offenser indirectement la nature humaine. v

29 Rousseau Mais si l’animal a des droits qui requièrent notre bienveillance, il n’est pas pour autant notre égal en droit. Rousseau déplace sans l’abolir, la frontière métaphysique héritée du christianisme qui sépare l’animal et l’homme. L’homme procède de l’animalité, il possède une part animale, mais il est le seul être naturel « libre » et « perfectible » qui peut à chaque instant s’améliorer en dépassant sa propre nature : Je ne vois dans tout animal qu'une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même et pour se garantir, jusqu'à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à la déranger. J'aperçois précisément les mêmes choses dans la machine humaine, avec cette différence que la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. L'un choisit ou rejette par instinct, et l'autre par un acte de liberté ; ce qui fait que la bête ne peut s'écarter de la règle qui lui est prescrite, même quand il lui serait avantageux de le faire, et que l'homme s'en écarte souvent à son préjudice. v

30 Une synthèse provisoire …
Rousseau donne une première synthèse sur la question animale, qui par son caractère nuancé ouvre aux débats contemporains : - l’homme et l’animal ne s’opposent plus comme deux natures séparées, la première, «reine de la création » pouvant user sans aucune considération ni limitation de la seconde. - Rousseau se représente l’animal comme un lointain cousin ou un parent pauvre qui précisément, pour son indigence et sa moindre performance, ne mérite pas notre mépris, mais exige notre attention et notre bienveillance. v

31 … et problématique au 18ième
Il y a donc reconnaissance d’un droit limité de l’animal, en tant qu’être sentant et souffrant, sans égalité en droit entre l’animal et l’homme. Cette égalité en droit est impossible du fait de l’asymétrie entre l’instinct figé de l’animal et la liberté du sujet humain. L’animal n’est pas lui-même un « sujet moral » distinguant le bien et le mal, qui pourrait juger du bien-fondé de sa propre action, et même des actions humaines. Pour Rousseau, comme pour Montaigne, il existe donc un domaine proprement humain, où des sujets libres se reconnaissent comme pleinement égaux, qui est définitivement refusé aux animaux. Ce qui n’enlève rien à l’animal et ne saurait justifier aucune cruauté envers lui. v


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