Assises de Poitiers Les enseignants d’histoire- géographie en France : agents ou « acteurs » de la construction d’une identité et d’une citoyenneté européenne ? Nicole Allieu-Mary, 14 mai 2008 Chargée d’étude et de recherche, INRP

En préambule…  L’approche d’une didacticienne…  sur un objet d’enseignement socialement et scolairement vif : « l’Europe » « développer le sentiment d’appartenance à son pays et à l’Union européenne » (Pilier 6 du Socle commun) Qu’est-ce que l’Europe? Première ES et L… un « moment d’interrogation sur les fondements de l’identité européenne » Contribuer à comprendre « les finalités du projet partagé par les nations qui la constituent » (Programmes de collège)

En 2008, enseigner « l’Europe » est devenu un objet d’enseignement sensible « Les élèves y sont directement confrontés, ainsi que les enseignants qui se sentent souvent démunis pour aborder un type de questionnement étranger à leur modèle pédagogique de référence » Legardez, A. Simmoneaux (2006). L’école à l’épreuve de l’actualité. Enseigner les questions vives. Paris : ESF.

 Enseigner un projet politique  Aider à construire un sentiment d’appartenance, une identité  faire construire une conscience européenne Des finalités identitaires et civiques… qui deviennent « objets d’enseignement »

Questions de recherche Dans la perspective de mise en place du Socle commun en histoire-géographie (à la double visée culturelle et citoyenne) : a. comment les enseignants d’histoire et de géographie s’emparent-ils de ces finalités en tension dans le quotidien de la classe ? b. quelle(s) réception(s) chez les élèves ? c. en quoi ces disciplines scolaires concourent- elles à une Éducation à la citoyenneté ?

Réinterroger le triangle didactique de « l’agent » à « l’acteur »… « L’enseignement en actes relève [d’autre chose] que d’une application de ces programmes dans une sorte de fidélité au texte initial » François Audigier « Les contenus d’enseignement plus que jamais en questions » In Gohier et Laurin (2001)

Une approche compréhensive des entretiens compréhensifs (Cf. J.-C. Kaufman) des observations de cours (enregistrement – décryptage) des productions élèves (récits et/ou entretiens des entretiens d’explicitation… une recherche qualitative…

Des « systèmes de légitimité » multiples…… François Audigier (2001) Scientifique : le vrai Science, scientifique, contenus, exigence, universel, validé, savoirs, explicite… Axiologique : le juste Valeurs, transmettre, lien social, fonder, projet, générations… Pédagogique : l’efficace Apprendre, enseigner, capacités, compétences, possibilité, développent de la personne, dispositif… Sociale : l’utile Demande sociale, intérêt, attentes, monde des élèves, famille, choix de la société…

Un exemple : SP en collège… Légitimité pédagogique forte : l’efficace Approche nationale a-historique : « ça pose les choses » : révolution industrielle, paysage, impérialisme, les libertés anglaises.. le vocabulaire Le choix du pays est fait en fonction de ce qu’il apporte comme connaissances de « bases », comme « modèle » et non comme processus historique Légitimité scientifique en « tension » - approche interdisciplinaire (références à E. Morin) /programmes officiels - effacement de l’échelon national (références savantes sur le niveau européen)/Monde - écarts importants/modèle scolaire classique : non refus du politique/savoirs en débat - place accordée aux interfaces, aux dialogiques - non linéarité de l’histoire Sur-détermination des valeurs L’Europe est une « grande utopie » qui permet de se penser dans le dépassement (travail centrage/décentrage) L’identité : travail l’Un/l’Autre, l’Ici/l’Ailleurs La dimension humaniste : unis dans la diversité ?

Trois axes de réflexion…  La posture personnelle de l’enseignant/ projet européen : FF, FH, JB… une appartenance à une culture (européanité) la conscience de la nécessité de « construire l’Europe » comme projet politique (européisme) Un « sentiment » européen Robert Frank « Les métamorphoses de l’être européen »

Un modèle continuiste… à interroger ? Entre connaissances sur… et sentiment d’appartenance? Entre culture commune et conscience d’appartenir à une société de citoyens?

 Quelle « histoire scolaire » est mobilisée? Le Débat n° 77 de 1993 : « On sait le rôle qu’a joué l’enseignement de l’histoire dans la formation d’une conscience nationale. N’est-il pas aujourd’hui de la responsabilité de l’école de contribuer, par les mêmes voies, à la création d’un esprit public européen? Mais quelle histoire de l’Europe enseigner à cette fin? Et comment l’enseigner? »

 Un objet d’enseignement qui interroge le modèle disciplinaire des 4 R (Audigier, 1993) -Réalisme -Résultats -Refus du politique -Référent consensuel