12e colloque étudiant du CRAD 23 février 2007 Sébastien Lord, B.Sc.Urb., M.Sc.Arch. Étudiant au doctorat en ATDR Direction : Carole Després & Florent Joerin Groupe interdisciplinaire de recherche sur les banlieues (GIRBa) Centre de recherche en aménagement et développement (CRAD) École supérieure daménagement du territoire École darchitecture Université Laval La mobilité dun groupe de banlieusards vieillissants: Résultats dun suivi longitudinal de 6 ans sur les banlieues de Québec
1. Contexte et objectifs de la recherche
1. Banlieue pavillonnaire et vieillissement Conflits aîné-environnement
1. Unanimité du désir de vieillir à domicile Choix résidentiels obligeant auto-mobilité (AARP, 1996, 2000; Krout et al., 2003; Lord, 2004; Luxembourg, 2006; Moen & Erikson, 2000; Robinson & Moen, 2001; Oswald et al., 2002; Weisman, 2002) Limites des connaissances actuelles sur la mobilité résidentielle des aînés: 1.Données hypothétiques et pour la plupart transversales; 2.Individus vieillissants et âgés « sans problème » (mobilité et autonomie); 3.Sujets « ayant fait le choix » de rester ou de quitter; 4.Méthodologies sans analyse de la mobilité quotidienne en profondeur. Trois désaccords dans la littérature sur la mobilité quotidienne des aînés: 1.Âge est une variable centrale mais pas un déterminant; 2.Transition de lautonomie vers la dépendance peut être graduelle ou non; 3.Faible mobilité quotidienne difficile à interpréter. (CERTU, 1998; Coughlin, 2001; Finlayson & Kaufert, 2002; Finn & Stern, 2003; Hilderbrand, 2003; Mitchell, 2003; Orfeuil, 2000; Pochet, 1996; Rosembloom, 2003; Sampson & Staplin, 2003; Schaie, 2003; Shope, 2003; Smith & Sylvestre, 2001; Sterns et al., 2003; Wahl, 2003)
1. Problématique de recherche Explorer la relation aîné-environnement… Face au désir des aînés actuels de vieillir en banlieue, 1.Comprendre ce qui motive les aînés à demeurer à domicile alors quils sont ou seront confrontés à une perte dautonomie et quils ne conduiront éventuellement plus; 2.Comprendre comment vivent les aînés du point de vue de leur mobilité quotidienne, notamment au niveau des transformations de leurs pratiques; 3.Saisir les significations de leur milieu de vie en lien avec leur trajectoire résidentielle et leurs représentations sociales et territoriales.
2. Approches théorique et méthodologique
2 entrevues profondeur n=22 T Sélection répondants: 1.Pratiques de mobilité 2.Autonomie 3.Lieu de résidence 4.Mobilité résidentielle 2. Stratégie de recherche Suivi longitudinal entre Subjectif Spatial Objectif T Entrevues en profondeur n=102 Pratiques de mobilité n=102 Domicile Ques. postal n=57 32/56 > 65ans 8/25 > 75ans T Pratiques de mobilité n=57 Domicile Retour téléphonique n=91
3. Données Analyses longitudinales et transversales selon 3 groupes dâge: (en 1999) ans > Jeunes retraités ans > Seniors Plus de 75 ans > Aînés
3. « Questionnaire postal » de 57 banlieusards Trois groupes dâge de 61 à 90 ans en 2006 Plus de problèmes dautonomie Majorité auto-mobile Vieillissement des trois groupes Plusieurs services reçus
3. « Lieux » de consommation 1999 Création despaces daction individuels Lieux fréquentés: Variables disponibles: 1.Accès (auto et TC) 2.Domicile 3.Lieux fréquentés Localisation Fréquence Mode transport 4.Nb de sortie(s) / jour 5.Habitudes de marche Analyse centrographique: 1.Aire géographique 2.Centre de gravité 3.Indice de forme 4.Dist. moyenne 5.Dist. type 6.Dist. CG-domicile
3. Espaces daction individuels Création dune typologie de pratiques spatiales Analyse factorielle (AFE): 1.Facteur de dispersion spatiale 2.Facteur détalement spatiale Facteur détalement LocalRégional Facteur de dispersion Polarisée Disséminée
4. Résultats 1) Situation et choix résidentiels 2) Aspirations et préférences résidentielles 3) Pratiques de mobilité et typologie spatiale
1.Retour téléphonique, près de 7 ans plus tard (n=91): 6 décès… 5 « à la maison »… 70 en place 15 déménagements 2.Questionnaire postal (n=57): Des 52 qui ne voulaient pas déménager en 1999, 40 maintiennent leur décision; 7 pensent à partir, 2 ont des problèmes de santé et > 80; 5 sont déménagés… 3 pour des problèmes de santé. Des 4 qui désiraient ou pensaient déménager en 1999 (1nd 1999); 1 est déménagé… pas pour des problèmes de santé; 4 réfléchissent encore… 4.1. Choix résidentiels observables en 2006 Cohérents avec les aspirations de 1999
4.2. Facteurs dinfluence des aspirations Précision dhypothèses de 1999 Début de réflexion, prise de conscience du vieillissement, avec le passage dans le groupe des seniors. 2006: « Nous y pensons en raison de notre âge. » 1999: « Non, sauf en cas de force majeure. » (207) Choix de déménager prend plusieurs années. 2006: « Oui, d'ici 5 ou 6, dès que l'entretien de la maison deviendra une corvée insurmontable (pour mon conjoint et moi-même). » 1999: « On y pense, ça fait deux, trois ans qu'on en parle […] On va dire à long terme, parce que là on nest pas prêt, pas dans dix ans, mais peut-être dans quatre, cinq ans, on y pense. » (170) Déménagement des jeunes retraités pour des raisons fonctionnelles et liées au style de vie. 2006: « Oui. Notre déménagement est d'ailleurs planifié pour le , dans une résidence pour retraités autonomes. » 1999: « Je dirais à moyen terme, oui. C'est pour éviter certains services comme la tondeuse, comme la neige, l'entretien de la résidence. » (265)
4.2. Évolution des préférences résidentielles Moins pour le condo, plus pour lappartement Motifs pour ne pas préférer le condo sont stables, les années passées confirment dailleurs les appréhensions de 1999 Nouveaux motifs pour choisir lappartement sont près des préoccupations liées au vieillissement.
4.3. Aspirations et préférences résidentielles Quels rapports avec la mobilité quotidienne? 1.Ceux déménagés ne sont pas ceux avec des problèmes dautonomie et daccès à la mobilité en Ceux pour qui la mobilité semblait problématique en 1999 sont encore en place. 3.Crise de santé a forcé 2 déménagements en résidence avec services; avec un autre par la suite dans les 2 cas. 4.Trois autres déménagements, deux en condo et 1 en appartement; pratiques de mobilité relocalisées mais inchangées.
1.Omniprésence de la voiture dans les déplacements et place marginale du transport en commun (<1/10). 2.Plus de 2/3 pratiquent la marche en été, essentiellement comme loisirs et détente. 3.Réduction significative des espaces daction chez aînés; majorité de femmes et de sujets avec autonomie réduite. 4.Variations individuelles ( ) significatives pour le nombre de lieux visités, la fréquence et léloignement du domicile avec le seuil des ans Pratiques de mobilité quotidienne Renforcement des tendances de 1999
4.3. Vie quotidienne et déplacements (1999) Moins lâge que les « styles de vie » Domo-centrés Domicile comme centre dactivités Style de vie centré sur le domicile Programmation Auto: mal nécessaire, renonciation et nostalgie Pérégrinateurs Domicile comme ancrage spatial Style de vie basé sur sorties Programmation Activités nécessitant infrastruc. Auto: indispensable Voisineurs Domicile comme centre dactivités Style de vie basé sur sorties Routine et imprévu Faible nombre de sorties mais régularité Auto: pratique mais proximité appréciée Hyper-mobiles Domicile comme ancrage spatial Style de vie tourné extérieur Routine et imprévu Insérés dans plusieurs réseaux Auto: outil dinsertion sociale 1) Déprise (volontaire) 2) Désengagement (inconscient) 3) Confinement (obligé) ? ? ?
4.3. Typologie spatiale après 7 ans (2006) Tendance générale à la réduction 11 Domo-centrés en Voisineurs 1 Pérégrinateurs 1 Hyper-mobiles 21 Voisineurs en Domo-centrés 3 Pérégrinateurs 5 Hyper-mobiles 15 Pérégrinateurs en Domo-centrés 6 Voisineurs 1 Hyper-mobile 10 Hyper-mobiles en Domo-centrés 2 Voisineurs 1 Pérégrinateurs
4.3. Facteurs dinfluence des variations Pour tous, les « jeunes » comme les « vieux » Augmentation (socio, spatial) Déplacement de commerces et de services (épiceries, quincailleries, etc); « Mode » des grandes surfaces; Nouveaux besoins (CLSC, cliniques et hôpitaux). Réduction (style de vie, santé) Limitations dautonomie; Entrée en résidence pour aînés; Baisse des fréquences avec ou sans modification des lieux de consommation; Polarisation de la consommation vers centre-dachats, notamment de quartier. Pérégrinateur, no262 Domo-centré, no460
4.3. Préférences des lieux visités Motifs généraux et dautres liés au contexte Autonomie / entrée dans le groupe des aînés fait apparaître des motifs personnels: accessibilité (à pieds, en auto, escalier), facilité de stationnement, petites surfaces, fidélité et possibilité de socialisation.
4.4. Entrevues en profondeurs avec 22 sujets Sélection: Santé, mobilités (R+Q) et localisation Exploration des plusieurs vieillissements : 1.Continuité, avec larrivée limitations 11 couples (5 hyper-mobiles; 5 voisineurs; 1 domo-centré) 2 femmes seules (2 voisineurs) 2.Arrivée de crises : 1 veuve vivant avec maladie dégénérative (domo-centré) 2 couples avec maladie dégénér. conjoint (domo-centré, hyper-mobile) 1 veuf vivant avec maladie dégénérative et un deuil (domo-centré) 3.Nouvel environnement : 2 veuves déménagées en résidence pour aînés (2 domo-centrés) 1 couple de seniors déménagé en condo (hyper-mobile) 2 personnes seules déménagées (1 voisineur, 1 domo-centré)
4.4. Hypothèses sur lexpérience mobilité Plutôt les styles de vie que lâge chronologique 1.Vieillir à domicile pour conserver ses habitudes est faux, les aînés interrogés modifient inconsciemment : Pratiques sociales, résidentielles et spatiales. Relations sociales (aidants, relations avec les proches). Attitudes, attentes, besoins… 2.Désengagement spatial, observable à travers le temps, doit aussi être ajouté à celui social; dans ce processus lâge ne semble cependant pas central avant ans. 3.Perdre sa mobilité nest pas catastrophique, du moins au plan fonctionnel, les désengagements spatial et social ayant déjà eu lieu.
5. Pistes de réflexion en aménagement
1.Diversification des options résidentielles répondant aux aspirations et préférences des aînés: Résidences avec services dans les quartiers résidentiels Requalification des immeubles locatif 2.Présence de services adaptés aux intérêts et besoins des aînés: Commerces et services de proximité 3.Réflexion sur les transports collectifs Services personnalisés, réflexion au-delà de lautobus, adaptation (véhicules, circuits, horaires) et information 5. Pistes de réflexion en aménagement Habitation, proximité et services à la mobilité