Empoisonnement par le Monoxyde de Carbone : Hôpital Ibn El Khatib-Fès A.TAHOURI 1, B. LYOUSSI 1 , S. ACHOUR 2 1 : Département des Sciences de la Vie ; Laboratoire Physiologie Pharmacologie Santé Environnementale PPSE. Faculté des Sciences Dhar El Mahrez-Fès, Université Sidi Mohamed Ben Abdallah. 2 : Unité de toxicologie, Laboratoire central d’analyses médicales, CHU Hassan II, Fès. Faculté de Médecine et de Pharmacie de Fès. Introduction: Appelé *The silent killer * Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz inodore, incolore et autrement indétectables aux sens humains, il demeure la première cause de mortalité et de morbidité d’origine toxique dans le monde .Sa symptomatologie insidieuse et polymorphe fait la difficulté de diagnostic et retentit, par conséquent, sur la rapidité de la prise en charge initiale. Les intoxications sont souvent liées au comportement (défaut d’entretien des appareils, chauffages d’appoint) et aux phénomènes météorologiques (froid intense, brouillard, période de redoux). Cependant, l’incidence réelle des intoxications au monoxyde de carbone est certainement sous-estimée. Objectif: : L’objectif de cette étude est de décrire les particularités sociodémographiques, cliniques et évolutives de l’intoxication au monoxyde de carbone à la Préfecture de Fès (chef lieu de la région Fès-Boulemane (Figure 1)), Exemple de l’hôpital Ibn El Khatib (Année 2013). Méthodes: Il s’agit d’une étude prospective de tous les cas d’intoxications aigues au monoxyde de carbone consultés au service des urgences de l’hôpital Ibn El Khatib. Les variables recueillies avaient concerné les particularités sociodémographiques (sexe et âge, …), les spécificités de l’intoxication (lieu, origine et circonstances), les signes cliniques et l’évolution des patients, L’évaluation de la gravité s’est faite par Poisoning Score Severity (PSS). Résultats :Durant l’an 2013, nous avons colligé 318 cas d’intoxication à l’hôpital Ibn El Khatib dont 288 cas d’intoxication par CO. L’âge moyen des patients était de 24,7±16,1 ans, le sex-ratio était de 0,46 en faveur du sexe féminin. La circonstance d’intoxication était accidentelle dans 100 % des cas et se déroulant au domicile dans 100 % des cas. Le phénomène des intoxications au CO présentait un caractère saisonnier avec une exacerbation hivernale (54,9 %) (Tableau 1) En effet, Un pic était observé durant le mois de janvier, mars et décembre (Figure 2) et les intoxications se produisent de façon presque homogène pendant tous les jours de la semaine à l’exception du dimanche ou on note une augmentation . La symptomatologie était caractérisée par la prédominance des signes neurologiques 48% avec surtout des céphalées dans 26 % des cas et des vertiges dans 21,5 % des cas, suivis par les signes digestifs 28,4% et les signes respiratoires 16,7%. L’évolution favorable dans 97,6 % soit une létalité de 2,4 %. L’évaluation de la gravité s’est faite par Poisoning Severity Score (PSS). Une prédominance du grade 2 (91,7 % des cas) est le résultat de celle des troubles du système nerveux central et périphérique (Céphalées, vertiges) (Tableau 2). La source d’intoxication était représentée par le chauffe-eau dans 62 % des cas et le braséro dans 34 % des cas, l’hôpital reçoit des patients de plusieurs provenance ( Figure 3), l’oxygénothérapie normobare était le seul traitement administré aux patients intoxiqués Figure 2: Distribution mensuelle des cas d’intoxication par CO à l'hôpital Ibn Alkhatib pendant l’année 2013. Limitations : Les modalités de l’oxygénothérapie, normo ou hyperbare, sont dictés en fonction de la gravité clinique. Mais vu l’absence de l’hyperbarie dans la majorité des régions du royaume, inclus la région de Fès Boulemane, le traitement effectué dans notre étude s’est basé essentiellement sur l’oxygénothérapie normobare. Conclusion: Au Maroc, l’intoxication aigue par le monoxyde de carbone constitue une pathologie assez fréquente. Son diagnostic précoce revêt un intérêt primordial pour une bonne prise en charge des intoxiqués permettant d’éviter les pertes humaines et les séquelles. Cette étude nous a permis de montrer que l’intoxication par le CO est fréquente mais surement sous estimé. Le renforcement de la stratégie de lutte élaboré par le CAPM reste le seul remède pour diminuer la morbidité et la mortalité secondaire à ce type d’intoxication. Figure 3: Distribution des cas d’intoxication par CO à l’ hôpital Ibn Alkhatib selon leur provenance Références 1. Guzman JA. Carbon monoxyde poisoning. Crit Care Clin 2012;28(4):537-48. 2. Iqbal S, Clower JH, King M, Bell J, Yip FY. National carbon monoxide poisoning surveillance framework and recent estimates. Public Health Rep 2012;127(5):486-96.