Rencontre- Formation Intitulé de l’intervention: Réussir sa mission de professeur de français. Comment pourrait-on relever ce défi ? Formateur : Khalil TIJANI Professeur –formateur au CRMEF Casa-Settat ((
1ère partie: La pratique réflexive La pratique réflexive permet une destruction- reconstruction des gestes professionnels pour qu’ils soient mieux adaptés au plus près de la réalité spécifique de sa classe.
Les gestes professionnels Les gestes professionnels , comme les définit D.Bucheton , sont « les arts de faire et de dire qui permettent la conduite spécifique de la classe ». C’est une médiation langagière. D’où, importance d’une bonne maîtrise de la communication.
Ces gestes dépendent du système de valeur dans lequel s’inscrit votre rapport au métier que vous avez choisi. D’où, une question d’ordre éthique se pose : les dimensions professionnelle et privée sont elles dissociables ?
Un agir professionnel C’est un agir professionnel essentiellement langagier ; mais aussi non langagier Cette médiation langagière et/ou non langagière devrait s’adapter aux gestes d’études des apprenants : l’enseignant doit l’ajuster sur ce qui se passe en classe pendant les cours . ( réactions des apprenants comme indices à exploiter )
Parole-action « La parole du maître encadre les tâches données aux apprenants. Elle étaye, accompagne, instrumente le développement de la pensée et du langage de l’élève. » Vigotsky Ce couplage parole-action et communication n’exclut pas bien évidemment une médiation non langagière. Prendre en considération diverses dimensions : cognitives , culturelles, relationnelles , identitaires …
Ajustements Les ajustements des gestes professionnels s’opèrent essentiellement à chaud, pendant le déroulement de la leçon . Ils sont pré construits et se développent avec l’expérience. Ils sont prévus au moment de la préparation et peuvent aussi être repensés après la leçon.
Vers une pratique réflexive Ces régulations de l’agir professionnel opérées par l’enseignant en amont et en aval de la leçon développent sa pratique réflexive de la classe. Cette pratique permet de mettre en place, de réguler, et d’évaluer les gestes spécifiques d’études des apprenants et , par voie de conséquence , d’être plus efficace dans la conduite de classe.
Les postures enseignantes Le contrôle: cadrage serré de la situation qui cherche à faire avancer tout le groupe en synchronie. L’ accompagnement: une aide ponctuelle adaptée aux situations. Le lâcher-prise: travail en autonomie ; responsabilisation de l’apprenant. Le sur-étayage: pour avancer vite, c’est l’enseignant qui fait presque tout le travail. C’est une variante de la posture de contrôle. L’ enseignement (conceptualisation): l’enseignant formule, structure les savoirs, les normes et en fait éventuellement la démonstration.
Les postures élèves Posture première: manière de se lancer dans la tache Posture scolaire : l’entrée dans les normes scolaires Posture ludique-créative : tentation de détourner la tâche à son gré Posture réflexive : élève réflexif ; apprentissage réflexif Posture refus : refus de s’impliquer ,de s’engager ( problèmes psycho affectifs Bucheton, D., Soulé, Y. (2009). Les gestes professionnels et le jeu des postures de l’enseignant dans la classe : un multi-agenda de préoccupations enchâssées. Education & Didactique. Bucheton, D.(Dir) (2009). L’agir enseignant : des gestes professionnels ajustés. Toulouse : Octarès
Posture de l’enseignant Posture de l’apprenant Contrôle Accompagnement Lâcher-prise Sur-étayage Enseignement Tâche Médiation P. Première P. Ludique créative P. Scolaire P. Réflexive P. Refus Postures de l’enseignant Postures des élèves
Complexité de l’acte d’enseigner Plusieurs préoccupations sont à prendre en compte dans les gestes professionnels : Objet de savoir(s) Le tissage L’étayage Une atmosphère favorable Le pilotage des tâches
Le tissage C’ est l’articulation des différents moments de la leçon de l’entrée en matière à la fin de la séance. Les gestes de tissage structurent la construction progressive du sens et confère une signification à l’apprentissage en question. (transitions) Leur absence risque d’entraîner le décrochage de l’apprenant.
L’étayage c’est l’ensemble des gestes que fait l’enseignant avec l’apprenant pour l’accompagner dans un geste d’étude qu’il ne peut accomplir seul. ( Voir ZDP) Faire comprendre; faire dire et faire faire avec prise en compte de l’articulation pensée-parole-action Il ne doit pas être excessif sinon il serait contre productif: c’est un sur-étayage. Exemple de ces gestes : le soutien, la demande d’approfondissement, le contrôle des réponses…
Une atmosphère favorable Le maintien d’une atmosphère favorable à l’apprentissage : mettre en place un climat sécurisant qui renforce l’implication et l’engagement effectif de l’apprenant par des gestes langagiers ou non langagiers de l’enseignant. La gestion de la dimension affective s’avère d’une grande nécessité. La gestion des gestes d’étude des élèves : engagement ou non, Il s’agit de créer et de maintenir un espace d’échanges pédagogique et affectif rassurant et propice à l’apprentissage.
Pilotage des tâches La gestion des dimensions spatio-temporelles de la situation. Il varie selon la posture adoptée par l’enseignant en fonction de la difficulté de la tâche ( souple et ouvert, autogéré, collectif serré…) ( Voir tableau en word)
Conclusion de la première partie La prise en considération de ces concepts fondamentaux facilite l’organisation de l’action enseignante et la réflexion sur cette action. « En définitive, une vision purement techniciste voir technologique de la professionnalité enseignante est très réductrice et dangereuse…Une étude minutieuse des arts de faire et de dire des maîtres est indispensable » D. Bucheton.
Deuxième partie: Pour un enseignement efficace
Il est nécessaire de maîtriser les compétences disciplinaires et les compétences professionnelles (planification, gestion, évaluation…) . Mais : La maîtrise progressive des compétences relationnelles est un atout incontournable.
Rôle de la planification Une planification bien conçue : structurée, claire, dynamique et fluide. Elle prévoit tout d’abord la compétence terminale à réaliser qui s’inscrit dans un cycle d’enseignement et ensuite des degrés de compétence par palier. On y définit les objectifs à atteindre, les ressources à installer et les moments d’évaluation ,de remédiation et de soutien. On peut y prévoir même un dispositif d’évaluation.
Planification ( suite) La planification permet d’éviter les répétitions inutiles et de progresser. Planifier des transactions harmonieuses entre les diverses activités d’une séance et entre différentes leçons d’une unité d’apprentissage.
Stratégies et styles d’enseignement Elles doivent être savamment prévues et conçues avec flexibilité selon les styles et les rythmes d’apprentissage des apprenants , leurs champs d’intérêt et leurs degrés de maturité. La prise en compte de l’hétérogénéité de la classe devrait être l’un des soucis majeurs pour l’enseignant. L’apprentissage par résolution de problèmes est à privilégié.
Pour bien mener sa classe Etre détendu, avant d’entrer en classe. Etre aimable : on apprend davantage d’un prof qu’on aime bien Créer une atmosphère détendue et sécurisante Les documents et le matériel pédagogiques doivent être préparés à l’ avance.
Susciter la participation et l’interactivité en classe Veiller à la clarté et à la pertinence du questionnement en veillant à la diversité de la classe. Favoriser le travail en binômes et en sous groupes Prendre en considération les multiples formes d’intelligence. Prévoir des activités et des tâches pour les différents niveaux.
Valoriser l’effort de l’apprenant et encourager les interactions. Eviter la routine dans son style d’enseignement. Installer une culture de l’écoute dans sa classe. Positiver l’erreur
Stratégies ( suite) Suivre les étapes prévues dans la planification et bien gérer le temps d’enseignement. Régler soi-même les problèmes qui peuvent surgir en classe. Faire rappeler à chaque fois, si nécessaire, le règlement de la classe. Avoir une autorité naturelle basée sur le respect mutuel avec les apprenants.
Susciter la motivation à apprendre Veiller à la pertinence des activités (situations -problèmes situations d’apprentissage…) Apprendre à l’apprenant à s’auto évaluer et à faire le lien entre l’effort et le résultat + Valoriser l’effort. Aider les apprenants en difficulté à aller jusqu’au bout de la réalisation de la tâche à exécuter
Autres stratégies pour la motivation Varier les modalités de travail et favoriser les interactions entre pairs Susciter la curiosité, l’anticipation et le désir d’apprendre chez l’apprenant . Renforcer la motivation intrinsèque de l’apprenant.
L’estime de soi de l’apprenant Encourager l’effort et la persévérance Chaque apprenant est unique : ne pas comparer un apprenant à un autre. Complimenter en privé . Favoriser le développement de la confiance en soi de l’apprenant
Travailler sur le développement personnel de l’apprenant Travailler sur son développement personnel . Bien connaître ses apprenants en créant des liens avec eux. Renforcer leur confiance en eux-mêmes. Eduquer aux valeurs éthiques personnelles et universelles… Etre un bon modèle pour ses apprenants