Fait par docteur ès lettres maître de conférences I.A. Vyatkina Différentiation stylistique de la langue. Variantes et synonymes. Styles langagiers. Fait par docteur ès lettres maître de conférences I.A. Vyatkina
Contenu: Différentiation stylistique des moyens d’expression de la langue et classification du vocabulaire français. Variantes et synonymie. Styles langagiers. Caractères des styles langagiers. Facteurs communicatifs générateurs des styles langagiers. Caractères linguistiques des styles langagiers. Problèmes de classification des styles langagiers du français comtemporain.
IV. Caractères des styles langagiers Facteurs communicatifs générateurs des styles langagiers
I. Sphère communicative l'activité sociale et professionnelle de l'individu la production matérielle - le domaine du travail industriel et celui du travail agricole l'activité spirituelle - des domaines professionnels liés à la production matérielle (technologie, sciences techniques, etc.) - des domaines où l'on crée des valeurs spirituelles (de caractère scientifique et esthétique) - les domaines de l'activité administrative, étatique, juridique, politique, etc.
La vie privée de tous les jours la sphère des relations familiales et d'autres relations intimes (amis, connaissances, etc.) le domaine des distractions, des loisirs etc.
II Type socio-culturel des communicants La manière de parler découvre le niveau socio-culturel des interlocuteurs et vice versa, le type socioculturel des communicants détermine le choix du style langagier auquel ils recourent.
III. Spécificité situationnelle d'un acte communicatif Ce facteur se manifeste dans un ensemble d'indices plus particuliers: L'ambiance type. On distingue deux ambiances types: ambiance familière (communication spontanée) et ambiance officielle (communication d'affaires ou solennelle) L'aspect interpersonnel de l'acte de la parole. L’ambiance est conditionnée par les relations des communicants, leur état psychologique au moment de la parole (brouille). L’incide interpersonnel se manifeste aussi sur le plan social (une même personne parle différemment à son chef et à ses amis)
L'entourage matériel de l'acte communicatif. Cet indice n'agit que dans la communication orale (les phrases raccourcies, les ellipses) La prise de contact directe ou indirecte. - directe: la plupart des types de la communication orale (une conversation, rencontres d'affaires, etc). - indirecte: communication écrite (lettre, télégramme, ouvrages etc.); communication orale effectuée par un canal technique (dialogue par téléphone, certains mass-media).
Le nombre de communicants et leurs rôles spécifiques. - une conversation à laquelle participent deux personnes - une intervention publique devant un auditoire de masse Entre ces deux pôles se situent causerie amicale de quelques personnes, table ronde, réunion professionnelle, etc. dialogue: les rôles de deux communicants se définissent en cours de dialogue. intervention publique: les rôles sont déterminés avant la mise en contact. En cas de contact médiatisé (radio, télévision) le rôle actif du conférencier augmente car il n'a pas moyen de suivre directement la réaction du public et doit la prévoir entièrement d'avance.
IV. Objectif communicatif type On distingue quelques objectifs généralisés: reproduire objectivement les faits ou, au contraire, agir sur le destinataire; exprimer des émotions, etc. un même objectif type est inhérent à quelques styles: Par exemple: la reproduction objective des faits caractérise le style scientifique et le style d'affaires, leur présentation expressive – les styles de la communication orale spontanée et le style littéraire, l'action sur le destinataire – les trois derniers styles de même que le style de la presse et des interventions publiques. Les facteurs communicatifs constituent plutôt leurs caractères extérieurs → l'analyse des styles langagiers doit tenir compte de la mise en jeu de tous les facteurs communicatifs
2. Caractères linguistiques des styles langagiers I. La forme de la communication, orale ou écrite La forme de la communication définit un grand nombre de caractères linguistiques plus particuliers d'un style langagier. Bally note que toute communication quotidienne et spontanée présente deux tendances opposées de caractère socio-psychologique:
les besoins de la communication quotidienne demandent qu’une information soit vite transmise, ce qui implique une tendance à l'économie des moyens d'expression et au caractère elliptique et stéréotypé du discours cette sphère communicative impose moins de restrictions sociales ce qui révèle une tendance à l'affectivité expliquant la présence et le rôle important des phénomènes stylistiques dans le langage familier et populaire.
Ce type de communication se fait par un canal sonore d'où on déduit son caractère linéaire et prospectif. Le locuteur ne peut revenir en arrière, ni corriger ce qu'il a déjà dit, d'où tout un système de rattrapages dans la chaîne parlée.
Le caractère linéaire de l’expression orale et l’absence de sa fixation matérielle déterminent aussi: - les ruptures de construction, - les reprises pronominales, - les modes d'interrogation - les formes de négation spécifiques. Le canal vocal et la simultanéité de ce processus pour le locuteur et le récepteur du message conditionnent beaucoup d’autres caractères linguistiques de l’oralité:
- tendance à une invariabilité grammaticale (c'est, y a, ça, voilà etc - suppression d'unités fonctionnellement supprimables (faut pas) - troncations lexicales (prof) qui résultent d'un rythme rapide de la parole; - caractères prosodiques (les pauses et les courbes intonatives).
Encore un caractère de la communication orale: - des ellipses et des phrases inachevées - les gestes et la mimique A part les formes orale et écrite de la communication, il existe encore une forme mixte («écrit oralisé» ou «pseudo-oral»). C'est la transposition des caractères propres à l'expression écrite dans sa forme orale de la communication (p.ex. conférence publique, etc).
II. Les traits stylistiques Ce caractère sert souvent de critère principal pour distinguer les styles langagiers. Mais les mêmes traits stylistiques sont souvent propres à des modes d'expression divers. Par exemple: l'objectivité, la netteté, la simplicité et la clarté logique constituent les traits obligatoires d'un bon style administratif. Or, ces mêmes traîts stylistiques peuvent être attribués au mode d’expression scientifique.
III. Les types de la parole et les formes compositionnelles du discours prédominant dans un style langagier Deux types principaux de la parole – dialogué et monologué – opposent tous les styles langagiers de la communication orale spontanée, linguistiquement basée sur le dialogue, aux variétés fonctionnelles de la langue liées au monologue. Dans l'expression écrite c'est le type monologué de la parole qui prédomine.
Lorsque la parole dialoguée et la parole monologuée participent à formation de la structure compositionnelle d’un texte, nous sommes en présence des «formes compositionneiles du discours» (formes textuelles). On distingue les formes compositionnelles suivantes: narration, description, réflexion (méditation) et dialogue.
Les trois premières formes textuelles se basent sur le type monologué de la parole. Dans le cas de dialogue le type de la parole et la forme compositionnelle du discours ne coïncident que structurellement et leurs fonctions sont différentes.
Les styles langagiers recourent aux formes compositionnelles du discours. Les styles de la communication quotidienne se servent du dialogue, le style scientifique recourt souvent à la réflexion, une instruction technique – à la description, une chronique historique – à la narration, etc. Dans le style littéraire on observe toutes les formes compositionnelles du discours.
Ils sont plus concrets que tous les caractères précédents. IV. Les principes de l'organisation compositionnelle du discours et l'emploi spécifique des moyens d'expression Ils sont plus concrets que tous les caractères précédents. Par exemple, l'objectif principal d'un texte scientifique (argumenter d'une façon objective et logiquement fondée une thèse) et les traits stylistiques qui en découlent (cohérence, argumentation serrée et clarté) déterminent ses particularités compositionnelles:
Chaque chapitre commence par une entrée en matière embrassant brièvement les problèmes essentiels. Le lecteur est très souvent averti quant à l'information qu'il va recevoir plus tard (mode prospectif du déroulement du contenu)
L'argumentation détaillée des thèses principales est toujours accompagnée, à la fin du chapitre ou de l'ouvrage, de leur bref résumé mettant en relief l'essence même du problème étudié. Cette reprise du contenu est une généralisation présantant des éléments nouveaux qui servent de tremplin pour passer à ce qui suit et facilite ainsi la saisie de la structure théma-rhématique du sens.
L'introduction et la conclusion de l'ouvrage se trouvent en relation réciproque, comme deux répliques (question et réponse) d'un dialogue. la structure compositionnelle d'un texte scientifique relève du principe de la clarté et de la netteté du contenu. C'est pourquoi le texte scientifique recourt à des indications rétrospectives du type de: comme il a été noté, nous avons vu que, nous avons eu l'occasion de constater, dans tel chapitre nous avons étudié, etc. Elles sont indispensable pour comprendre le texte comme une conception scientifique et non comme une masse d'idées isolées.
V. Problèmes de classification des styles langagiers du français comtemporain Les styles langagiers sont en état d'interpénétration et d'évolution permanentes ce qui rend toute classification incomplète et conventionnelle: souvent il est malaisé de définir avec une netteté absolue tel mode d’expression comme un style langagier ou comme sa variété textuelle, son genre.
Deux styles de la communication orale – familier et populaire – sont reconnus, par tous les chercheurs bien qu'on leur attribue souvent des statuts différents: celui de registre – au mode d'expression familier et celui de dialecte social – au langage populaire. L’argot est tantôt inclu dans le style populaire, tantôt il est qualifié de variété fonctionnelle autonome de la langue française, tantôt il est considéré comme un jargon, tantôt, on l'appelle un dialecte social.
la distinction entre les styles familier et populaire s'appuie en premier lieu sur la notion de correction, d'acceptabilité grammaticale. Le style familier est différencié de la forme officielle de la langue parlée par des facteurs purement situationnels. Il est un mode d'expression quotidien, spontané, qui n'est pas spécialement travaillé car il est simultané (ou presque) à la pensée; il est employé dans une ambiance intime.
La distinction du style populaire et du style familier se base, entre autres, sur des facteurs socio-culturels: le premier est propre à un milieu peu cultivé, ce qui n'exclut point l'emploi des éléments populaires dans le mode d'expression familier. Des emplois comme j’ai parti, j'ai venu sont des cas d'incorrection grammaticale qui opposent le style populaire à la norme littéraire.
Quant aux moyens lexicaux du style populaire, une partie d'entre eux peut être employée dans le langage familier, tandis qu'une autre partie y est opposée. Ce qui unit dans ce domaine les styles familier et populaire, ce sont les traits définis par leur spontanéité et leur emploi quotidien: - la présence de clichés - l'apparition de moyens expressifs nouveaux
C'est dans la seconde catégorie que passe la ligne de démarcation entre l'expression populaire et familière. le style populaire contient en forte proportion des moyens lexico-phraséologiques grossiers et vulgaires: tant que leur forme interne reste vivante, ils ne peuvent pas franchir la barrière de l'acceptabilité lexicale en pénétrant dans le langage familier.
Le lexique du style populaire se forme parfois selon des modèles dérivationnels ayant une marque populaire et argotique (p.ex: des formations suffixales en -ouze, -ouse, -oche, -ingue,-mard). Un trait distinctif général du style populaire est ce que Denise François appelle «l'absence de mobilité». C'est cette incapacité de passer aux modes d'expression appropriés aux facteurs communicatifs qui est à la base de l'absence de mobilité, de l'uniformité du parler populaire.
Les traits du style populaire qui l'opposent au style familier sont tous liés à l'attitude de ses usagers devant la norme de la langue ou la norme littéraire: soit ce sont des écarts de la norme littéraire (mots grossiers, vulgarismes, etc.), soit un degré d'acculturation linguistique insuffisant.
La spécificité de l'argot ne se révèle qu'au niveau du vocabulaire et n'intéresse que la marque symbolique des moyens d'expression. Les types de formation, les modèles dérivationnels du lexique sont les mêmes que dans le style populaire. L’ instabilité de la marque symbolique des unités lexicales dans le domaine de l'argot et de l'expression populaire est telle que le passage de l'un à l'autre se produit plus vite.
L'argot et le langage populaire forment un style langagier uni dans lequel on peut dégager une couche lexicale particulière, un lexique argotique, extrêmement mobile, étant en relation réciproque avec le lexique populaire et pénétrant graduellement dans le style familier → cela ne concerne que l'argot commun, ou l'argot de ville. Les argots professionnels se rapportent soit au style populaire, soit au style familier – en fonction du niveau culturel du groupe auquel ils appartiennent, sauf les argots secrets.
Un autre problème litigieux est celui du statut du style littéraire dans le systèrne des variétés fonctionnelles de la langue. Certains linguistes lui refusent ce statut en alléguant l'absence d'homogénéité stylistique et de trait qui puisse la différencier de tous les autres modes expression. Or, ce trait existe, c'est l'usage esthétique de la parole qui résulte de son inclusion dans tout esthétique. Un effet esthétique et les caractères fonctionnels spécifiques des moyens d'expression qui en découlent représentent des traits assez importants pour assurer l'homogénéité du style littéraire.
A l'étape actuelle de l'étude des styles langagiers, aucune classification ne pourrait être ni suffisamment complète, ni tout à fait objective. L'expression orale et spontanée correspond à deux variétés fonctionnelles de la langue française: le style familier le style populaire (ou populaire et argotique)
Dans la communication écrite on dégage: le style officiel (administratif et d'affaires) le style scientifique le style de la communication sociale et politique le style de la communication littéraire le style de la publicité et des annonces
L'écrit oralisé, ou plutôt le pseudo-oral comprend: le style des interventions publiques (style oratoire) quelques genres qui résultent de la transposition de certains styles de la communication écrite dans l'expression orale, mais qui ne s'assimilent pas au style oratoire vu le nombre minime de caractères qu'ils ont en commun (une conférence scientifique, un programme d'actualités à la radio ou à la télévision, etc.)