Prof. T.H. Pham | Service de Psychologie Légale L’évaluation psychologique structurée pour contribuer à forger une intime conviction : Ebauche de validation convergente entre les outils diagnostiques MACI et PCL-YV dans un échantillon de délinquants sexuels juvéniles. Lemasson, A-C*. & Pham, T.H+*. *Service de Psychologie Légale UMons, +*Centre de Recherche en Défense Sociale. Introduction : Dans cette étude, l’un de nos objectifs est d’identifier la présence d’éventuels troubles psychopathologiques et en particulier des traits psychopathiques dans une population d’adolescents délinquants auteurs d’infractions à caractère sexuel. Pour ce faire, nous avons utilisé deux outils diagnostiques : le MACI (Millon & Davis, 2006) pour évaluer les Troubles de personnalité, les Problématiques adolescentaires et les Syndromes cliniques et la PCL-YV (Forth, Kosson & Hare, 2003) pour identifier la présence de traits psychopathiques. Ces instruments étant tous deux compatibles avec les définitions du DSM-IV, nous avons tenté d’établir leur validité convergente, au sein d’une population d’adolescents AICS (N=65) pour les échelles« égotique » (5), « insoumise » (6a), « manque d’empathie » (f), « prédisposition à la délinquance » (cc) et « propension à l’impulsivité » (dd) du MACI et les facteurs 1 (narcissique) et facteur 2 (antisocial) de la PCL-YV. 2. Résultats : Scores au Facteur 2 de la PCL-YV, à l’échelle 6A du MACI et à l’échelle de comportement impulsif et antisocial de la JSOAP Adolescents délinquants sexuels N= 61 Corrélations rho de Spearman Seuil de significativité P (correction de Bonferroni) Corrélations r de Bravais-Pearson Selon normes de Cohen Pclfact 1 > < Egotique (5) -.028 .834 .093 .485 NS Pclfact 2 > < Insoumise (6a) .436 .001 .491 .000 S Pclfact 1 > < Manque empathie (f) .132 .320 .226 .085 Pclfact 2 > < Prédisposition délinquance (cc) .417 .470 Pclfact 2 > < Propension impulsivité (dd) .461 .479 3. Discussion Les résultats auxquels nous avons appliqué une correction de Bonferroni, montrent des corrélations positives significatives entre le facteur 2 de la PCL-YV et les échelles « 6a », « cc » et « dd » du MACI (p= .000). A définition équivalente, le acteur 2 de la PCL-YV (composante antisociale) est significativement et positivement corrélé avec le trouble de personnalité Insoumise (DSM: ) et les syndrome cliniques «Prédisposition à la délinquance» (DSM: ) et «Propension à l’impulsivité» (DSM: ) du MACI. L’adolescence est une période transitoire importante du développement, caractérisée par la malléabilité de la personnalité. Par conséquent, poser le diagnostic d’éventuels troubles psychopathologiques est très délicat et doit faire l’objet d’un examen minutieux où plusieurs outils sont confrontés. Ceci est d’autant plus important avec les délinquants juvéniles pour lesquels les conclusions expertales notamment, doivent être rédigées avec prudence puisqu’elles forgent l’intime conviction du magistrat mais également des cliniciens qui effectueront le suivi thérapeutique. L’évaluation des traits psychopathiques est importante dans l'examen des motivations des jeunes délinquants sexuels et l'étiologie de leur comportement. Diverses études empiriques ont montré que la psychopathie pouvait prédire la récidive générale (Hanson & Buissière, 1998; Ponder, 1999), la récidive violente (Bartol, 2001; Dolan & Doyle, 2000; Edens, Skeem, Cruise & Cauffman, 2001) et, dans le cas d’une déviance sexuelle, la récidive sexuelle chez les délinquants sexuels adultes (Serin, Mailoux & Malcolm, 2001). Prof. T.H. Pham | Service de Psychologie Légale