SOCIETE FRANCOPHONE DE TRANSPLANTATION, Lille 2015 L’obésité avec un IMC > 30 n’est pas une contre-indication à la néphrectomie laparoscopique chez le donneur vivant. T. Tricard1, F. Story1, M. Roussin1, A. Lejay1, Y. Georg1, S. Caillard2, B. Moulin2, N. Chakfé1, F. Thaveau1 1- Service de Chirurgie Vasculaire et Transplantation Rénale, Nouvel Hopital Civil, Strasbourg, France 2- Service de Néphrologie et Transplantation Rénale, Nouvel Hopital Civil, Strasbourg, France Objectifs de l’étude: La greffe à donneur vivant (DV) présente de meilleurs résultats que la greffe cadavérique et est en pleine expansion pour répondre à la pénurie de greffon. L’épidémie d’obésité ne cesse d’augmenter dans le monde et touche progressivement le réservoir de potentiels donneurs. L’Agence de Biomédecine ne recommande pas de prélèvement chez les donneurs ayant un IMC > 30. Cependant après concertation pluridisciplinaire, des programmes de DV sont réalisés avec des donneurs obèses malgré cette recommandation. Cette étude cherche à savoir si l’IMC a un impact sur la réalisation, les suites opératoires des néphrectomies laparoscopiques (NT) et les résultats des greffes à donneur vivant. Figure 1: démographie, comorbidité et biologie préopératoire des donneurs Groupe IMC (en Kg/m²) ≤ 25 25 - 30 N 20 17 7 IMC moyen (en Kg/m²) 22,4 ± 1,9 27,8 ± 1,4 32,5 ± 1,3 Femme 12 (60%) 8 (47,1%) 4 (57,1%) Homme 8(40%) 9 (52,9%) 3 (42,9%) Age 49,9 ± 10,5 48,7 ± 11,3 47,9 ± 13,4 Néphrectomie gauche 18 (90%) 16 (94,1%) 6 (85,6%) Néphrectomie droite 2 (10%) 1 (5,9%) 1 (14,4%) HTA 1 (5%) 1 (14,3%) Tabac 6 (30%) 4 (23,5%) Figure 2: description des complications post-opératoires Groupe IMC (en Kg/m²) ≤ 25 25 - 30 > 30 Patients présentant une ou plusieurs complication(s) 11 (55%) 11 (64,7%) 4 (57,1%) Complications médicales 8 (40%) 9 (52,9%) 1 (14,3%) Infection urinaire 2 (10%) 2 (11,8%) Pneumopathie 5 (25%) 4 (23,5%) 1 (28,6%) Evènement thromboembolique 1 (5%) Complications chirurgicales 5 (26,3%) 3 (17,6%) 3 (42,9%) Infection de site opératoire 2 (28,6%)* hématome 1 (5,9%) pneumothorax varicocèle éventration Matériel et méthodes: Cette étude observationnelle monocentrique a été réalisée de manière rétrospective et a inclus tous les patients (donneurs et receveurs). Toutes les NT ont été réalisées par voie laparoscopique transpéritonéale par le même opérateur. La greffe a été réalisée en fosse iliaque controlatérale au rein prélevé. Les couples donneurs-receveurs ont été classées en 3 groupes selon la valeur de l’IMC du donneur : Groupe IMC normal pour les IMC < 25 Kg/m², Groupe surpoids pour les IMC compris entre 25 et 30 Kg/m² et le Groupe obèse pour les IMC > 30 Kg/m². Toutes les complications (infectieuses, thromboemboliques, post-chirurgicales) ont été relevées chez les donneurs. Les critères opératoires de la NT, les critères biologiques des donneurs et receveurs ont également été répertoriés. Les variables étaient ensuite comparées entre elles par test de Khi-2 ou test non paramétrique de Kruskal et Wallis. Le critère de jugement principal était la survenue d’une ou plusieurs complications post-opératoires pour le donneur. * p < 0,05 versus IMC ≤ 25 Résultats: 88 patients (44 donneurs et 44 receveurs) ont participé au programme de DV entre Décembre 2012 et Juillet 2015 (20 dans le groupe IMC normal, 17 dans le groupe surpoids et 7 dans le groupe obèse). Les 3 groupes étaient comparables concernant les caractéristiques de l’intervention (temps opératoires moyens, temps d’ischémie chaude, pertes sanguines, diurèse et remplissage). Concernant la survenue d’une complication, seule l’infection du site opératoire (ISO) était liée à un IMC > 30 (p = 0,04). Toutes les ISO se sont résolues sous traitement médical, aucune n’a nécessité de reprise chirurgicale. Enfin, pour les données à moyen terme, les créatininémies à 1 an des donneurs et des receveurs étaient comparables dans les 3 groupes. Les retards de reprise du greffon (nécessité d’au moins une séance d’hémodialyse pour le receveur) n’étaient pas différents. Conclusion: Dans notre pratique un IMC > 30 n’est pas une contre-indication à une néphrectomie par voie laparoscopique pour DV. Nous observons un nombre plus important d’infections de sites opératoires mais l’ensemble des paramètres opératoires, cliniques et biologiques post-opératoires du donneur et du receveur ne sont pas différents de ceux des donneurs avec un IMC < 30. Si l’obésité est souvent considérée comme un facteur de risque chirurgical, la seule prise en considération de la valeur de l’IMC pour déterminer un seuil à risque de réalisation de la NT pour DV n’est pas suffisante pour prédire les chances de succès de cette intervention. L’étude de la répartition de la graisse intra péritonéale, serait un facteur de risque chirurgical plus intéressant à prendre en compte dans notre stratégie de sélection des donneurs potentiel pour la greffe à DV.