Kyste hydatique primitif de la glande thyroïde FZ BEN MOULA ,F AL AZAOUI, H HACHIM, Y HAMA, LAMINE JAITEH, A BENKABBOU, HO EL MALKI, M CHEFCHAOUNI, L IFRINE, A BELKOUCHI Expérience de clinique chirurgicale A, CHU Ibn Sina, Faculté de Médecine de Rabat Maroc
Introduction L’ hydatidose est une anthropozoonose qui sévit à l’état endémique dans les pays du pourtour méditerranéen et en Amérique latine. Elle est due au développement chez l’homme de la larve de Tænia echinococcus granulosus. Les localisations préférentielles sont le foie et le poumon. La localisation thyroïdienne est exceptionnellement rapportée dans la littérature médicale. Objectif: Le but de ce travail est de revoir les caractéristiques cliniques et radiologiques , les difficultés diagnostic ainsi que les modalités thérapeutiques et la possibilité d’un traitement conservateur.
Matériel et méthode Patiente âgée de 56 ans , d’origine rurale. ASA : 1 , OMS : 0 Présente une masse cervicale médiane évoluant progressivement depuis 2 ans. Examen clinique : masse de 5 cm de diamètre, indolore, rénitente, non battante, mobile à la déglutition et sans signes inflammatoires en regard . Echographie cervicale : - Présence d’une masse ovalaire de contenu finement échogène, mesurant 52 mm × 20 mm ; cette masse contient une image vésiculaire mesurant 19 mm × 8 mm, avec des parois bien limitées et calcifiées par endroits, anéchogène, siège de cloisons et de microcalcifications . Sérologie hydatique : positive. L’exploration chirurgicale par cervicotomie objective une masse kystique rénitente aux dépens du pôle supérieur du lobe thyroïdien gauche. Elle est réséquée en monobloc avec une lobo-isthmectomie gauche. Le contenu de la vésicule intrakystique est liquidien, eau de roche, avec un aspect de fausses membranes . L’étude anatomopathologique du kyste confirme l’hydatidose.
Résultat Aucun traitement médical n’est instauré. Aucune récidive n’a été décelée avec un recul de 9 mois. Discussion L’hydatidose est une anthropozoonose cosmopolite commune à l’homme et à plusieurs mammifères. Elle est due au développement de la larve de Tænia echinococcus granulosus qui se trouve en impasse parasitaire chez l’homme. Cette parasitose sévit à l’état endémique dans les pays du pourtour méditerranéen (Afrique du Nord et de l’Est, Proche- et Moyen-Orient), en Amérique du Sud et en Nouvelle-Zélande. Dans 80 à 90 % des cas, le parasite s’installe de préférence dans le poumon et dans le foie. Cependant, il peut se développer dans n’importe quel organe . La localisation cervico-faciale, essentiellement thyroïdienne, représente 1 % de toutes les localisations . La proximité de notre patiente avec l’hôte définitif (surtout le chien) et l’hôte intermédiaire (souvent le mouton) étaient des éléments de suspicion du diagnostic. L’incubation peut durer plusieurs années . La forme thyroïdienne primitive est habituellement unique, unilatérale, lobaire et d’évolution lente . La tranche d’âge la plus touchée se situe entre 20 et 40 ans . La présentation clinique est celle d’un nodule thyroïdien sans aucune spécificité . Le diagnostic est rarement évoqué cliniquement . L’échographie montre le plus fréquemment une masse kystique présentant une paroi fine, avec parfois un aspect de décollement de membrane ou de vésicules filles. Les calcifications arciformes périphériques, bien que fortement suggestives du diagnostic, ne sont pas spécifiques . La tomodensitométrie précise le siège et étudie le rapport avec les organes de voisinage sans améliorer la spécificité de l’imagerie . Le traitement du kyste hydatique de la thyroïde est chirurgical par cervicotomie . L’exérèse doit se faire en monobloc par périkystectomie (uniquement en cas de lésions isolées et périphériques), par lobo-isthmectomie ou par thyroïdectomie subtotale . Le traitement médical à base d’albendazole ne trouve sa place que dans les formes disséminées, récidivantes, ou en cas de rupture peropératoire . Le diagnostic de certitude est anatomopathologique . La surveillance postopératoire est clinique, biologique et surtout échographique . Une récidive est suspectée devant la persistance d’un taux élevé d’anticorps 6 mois à 1 an après la chirurgie.
Conclusion Le kyste hydatique doit être évoqué devant toute lésion kystique dans les pays d’endémie, mais aussi dans les pays développés en raison du flux migratoire des populations. La localisation thyroïdienne est exceptionnelle. Elle peut être suspectée sur un faisceau d’arguments épidémiologiques, biologiques et échographiques. Le diagnostic de certitude est histologique. Le traitement est chirurgical. Le meilleur traitement reste préventif par l’éducation sanitaire de la population rurale.