INVAGINATION COLORECTALE REVELANT UN ADENOCARCINOME COLIQUE: a propos d’un cas I TALBI, Y Mehdahoui, V BLATA, S Lafrouji, A Faysal, Y El Brahimi, N Njoumi, M Yaka, A Ehirchiou, M Moujahid, A ZENTAR SERVICE DE CHIRURGIE VISCÉRALE II HÔPITAL MILITAIRE D’INSTRUCTION MOHAMED V RABAT
Introduction Les invaginations intestinales sont relativement rares chez l’adulte: 2- 5 % des occlusions mécaniques. Les invaginations colorectales ( ICR) sont exceptionnelles. La cause en est toujours une tumeur plus souvent maligne que bénigne. Le but de ce travail est de présenter une nouvelle observation d’ICR sur tumeur chez l’adulte et de discuter les modalités du traitement chirurgical dans diverses situations.
Observation Patient de 57 ans, est admis en urgence pour un syndrome occlusif. A l’interrogatoire : glaires sanguinolentes depuis 4 jours. Au toucher rectal: tumeur molle à 3 cm de la marge anale La TDM objective une lésion pelvienne avec un aspect de « en cible » ou « Target mass » concluant à une ICR. A l’exploration chirurgicale ( par voie médiane ): on procède à l’ouverture du péritoine et réduction de l’invagination par traction et expression manuelle. La paroi rectale est viable. Une colectomie segmentaire avec anastomose colorectale sont réalisées. Examen macroscopique de la pièce de colectomie: à l’ouverture, présence d’une tumeur polyploïde de « 3cm / 2 cm située à 6 cm de la résection colique distale. Examen microscopique: adénome tubulo-villeux avec foyer adénocarcinomateux infiltrant la sous-muqueuse ( pT2). Le bilan d’extension classe la tumeur en stade T2 N0 M0. Les suites opératoires étaient simples sans récidive avec un recul de 2 ans.
Discussion Les invaginations coliques de l’adulte sont liées dans 80 – 95 % des cas à une pathologie tumorale souvent maligne. Les formes distales de type sigmoïdo-rectal ne représentent que 2,1 à 9,4 % des invaginations. Le diagnostic est assez difficile: c’est celui d’une tumeur rectale occlusive le plus souvent ; le diagnostic de lésion tumorale peut être difficile en raison de l’extériorisation isolée du segment colique qui peut en imposer pour un simple prolapsus rectal. En faveur de l’ICR: l’impossibilité d’accéder par le toucher rectal au fond du cul- de - sac compris entre le cylindre moyen et externe. La TDM: permet de confirmer l’invagination en montrant l’aspect « en cible » ou « Target mass »; elle peut monter la lésion tumorale. L’évolution: sans traitement est mortelle. Le pronostic reste redoutable en cas de sphacèle ou de nécrose rectale. De point de vue thérapeutique: La chirurgie ne se discute devant la probabilité de tumeur maligne. L’attitude thérapeutique habituellement préconisée cas d’ICR est la réduction première par voie abdominale et / ou périnéale, complétée par une colectomie emportant la tumeur. En cas de nécrose du boudin d’invagination ou de sphacèle du segment extériorisé: toute réduction par voie externe est proscrite. Une exérèse est réalisée par voie périnéale suivie de laparotomie pour compléter la désinvagination et réaliser l’anastomose colorectale. Dans les formes évoluées: la nécrose du rectum et du sphincter peut imposer une amputation abdomino-périnéale.
Conclusion L’invagination colorectale , fréquemment confondue avec le prolapsus rectal, est de à une tumeur dans 85% des cas. Les indications thérapeutiques sont difficiles à porter, surtout en cas de nécrose de la paroi rectale. L’attitude habituelle doit faire introduire une réduction première de l’invagination suivie de la résection.