Quelle est la mission des armées? Objet d’étude Deux photographies réalisées par le caporal- chef TABONE et faisant partie de l’exposition de photographie intitulée « De Paris à Kaboul » présentée au festival « Visa pour l’Image » de Perpignan en Ces images sont par ailleurs mises en ligne sur le site internet de l’armée de terre. Hugues FRANCOIS novembre
Patrouille à pied dans la gare Montparnasse. Les gares sont des lieux particulièrement sensibles donc surveillés nuit et jour. À cause des attentats on a renforcé la surveillance. Crédit : caporal-chef TABONE/ SIRPA Terre
Au milieu d’une foule importante, nous devons rester constamment sur le qui vive. Nous sommes souvent les premiers à signaler les colis suspects. Crédit : caporal-chef TABONE/ SIRPA Terre
Deux images qui émanent de l’institution militaire elle-même, l’auteur en fait partie. Deux images qu’elle valide puisqu’elles sont accessibles sur un site officiel. Deux images qui participent du discours que les forces armées mettent en œuvre à destination de la société française et ce dans le cadre de manifestations publiques, ici dans le cas précis d’un festival dédié au photojournalisme. Hugues FRANCOIS novembre 20094
Comment lire ces images? Faut-il les lire avec les légendes qui les accompagnent? Hugues FRANCOIS novembre Photo 1 « Patrouille à pied dans la gare Montparnasse. Les gares sont des lieux particulièrement sensibles donc surveillés nuit et jour. À cause des attentats on a renforcé la surveillance. » Photo 2 « Au milieu d’une foule importante, nous devons rester constamment sur le qui vive. Nous sommes souvent les premiers à signaler les colis suspects. » Unité de lieu: la gare, lieu menacé (attentats), lieu surveillé (mot répété), lieu central (la gare Montparnasse à Paris) L’acteur de la sécurité: le soldat sur le qui vive, la sentinelle, possédant un esprit de corps (nous) toujours disponible (constamment, nuit et jour) et capable d’anticiper la menace (les premiers) Le bénéficiaire de la sécurité: la population, les gens, un collectif quelque peu indéterminé (une foule importante )
Des légendes qui conditionnent le regard que le spectateur porte sur l’image. Des légendes qui conduisent à mettre en évidence une menace potentielle en des lieux précis du territoire national Des légendes qui conduisent à mettre en avant la place qui incombe à l’armée dans la mise en sécurité de la population Des légendes qui invitent à examiner comment l’armée s’insère dans des espaces qui, à priori, ne sont pas les siens, mais qui tendent à le devenir dans le contexte géopolitique contemporain. Hugues FRANCOIS novembre 20096
Le vide Hugues FRANCOIS novembre 20097
8 Quel regard est on invité à porter sur ces images? Un cadrage qui tend à mettre en évidence des espaces vides. Le photographe s’étant placé au dessus invite le regard à plonger dans un espace à la verticalité accentuée dans lequel les corps sont écrasés
Hugues FRANCOIS novembre Quel regard est on invité à porter sur ces images? Isolée sur un escalier qui s’insère dans un espace vide la patrouille se déploie au centre de l’image
Hugues FRANCOIS novembre Une image rythmée par des infrastructures de circulation qui imposent leur géométrie mais dont on ne sait d’où elles viennent et dans quelle direction elles se déploient Des structures porteuses en partie occultées et dont la présence renforce le sentiment de verticalité Des hommes qui se déploient dans une structure qui renvoie à celle du labyrinthe, de l’inconnu et du danger: où est donc caché le Minotaure?
Hugues FRANCOIS novembre Deux passagers en transit dans cet espace qui se déplacent dans la direction opposée à celle des militaires, eux aussi minuscules dans ce vaste dédale. Une version contemporaine du guet, un mouvement visant à assurer le contrôle et la sécurisation d’un espace dont la mise en image renforce le mystère, les dimensions, le danger. Une mise en scène de la mission dans un lieu qui est tout sauf neutre et dont la nature même confère une justification évidente à la présence des forces de sécurité.
Le plein Hugues FRANCOIS novembre
Hugues FRANCOIS novembre
Hugues FRANCOIS novembre Une image de foule, d’encombrement où les militaires ne sont pas de prime abord visibles. Un effet d’entassement, de saturation, sur un espace étroit, le hall de départ de la gare, bondé de voyageurs.
Hugues FRANCOIS novembre Trois soldats, comme dans l’image précédente, qui participent de par le cadrage et la focale choisie à l’équilibre de l’image dont ils constituent les figures centrales
Hugues FRANCOIS novembre Si l’on examine cette partie de l’image il est clairement visible que seul les soldats font face au photographe donc au spectateur. Comme lui ils regardent la scène, un instantané qui se fige pour un instant.
Hugues FRANCOIS novembre Si l’on examine cette partie de l’image il est clairement visible que seul les soldats font face au photographe donc au spectateur. Comme lui ils regardent la scène, un instantané qui se fige pour un instant. Des chasseurs alpins dans une gare parisienne, un corps d’élite spécialisé dans le combat en haute altitude, dont le nom fait référence à une « frontière naturelle » au cœur d’une infrastructure de transport sise dans une métropole. Les nouveaux espaces de déploiement des forces armées. Une tenue dont le but est ici paradoxalement d’être visible de tous, de permettre une identification immédiate, le risque et la protection en même temps.
Hugues FRANCOIS novembre Une foule dont la distribution à l’intérieur du cadre de l’image n’apparait pas au final tellement aléatoire mais s’articule au contraire autour d’un certain nombre de figures dont la position participe elle aussi de l’équilibre de l’ensemble.
Hugues FRANCOIS novembre Une foule qui regarde ailleursest connectée avec ailleursse dirige vers ailleurs ou bien attend Une foule qu’il s’agit de protéger mais d’où peut aussi surgir le danger
Hugues FRANCOIS novembre Au final les soldats sont les seuls à regarder le lieu lui même et ceux qui l’occupent ou le traversent ainsi que les objets qui s’y trouvent aussi
Hugues FRANCOIS novembre Des soldats en mission dans la foule, au sein de la population, dans un lieu central et populeux. Une foule dont il importe d’assurer la sécurité mais d’où peut aussi surgir la menace. Une veille attentive sur un théâtre d’opération au cœur de la ville, au cœur de la cité. Une mise en image de la mission des armées et des relations tissées ou à tisser avec la nation.
conclusion Hugues FRANCOIS novembre
Hugues FRANCOIS novembre « Patrouille à pied dans la gare Montparnasse. Les gares sont des lieux particulièrement sensibles donc surveillés nuit et jour. À cause des attentats on a renforcé la surveillance. » « Au milieu d’une foule importante, nous devons rester constamment sur le qui vive. Nous sommes souvent les premiers à signaler les colis suspects. »
Hugues FRANCOIS novembre Textes et images sont redondants. Là où le texte va à l’ essentiel l’image s’avère plus riche et plus complexe mais tout aussi articulée à un discours, à une représentation. Il s’agit de faire connaître à tous, d’affirmer quel est le rôle des forces armées dans la France d’aujourd’hui, d’attester de sa présence dans tous les lieux où peut se déployer une menace potentielle mais aussi de montrer son insertion dans la société dont elle assure la défense mais dont elle est aussi partie prenante. Le photographie ici conduit à la mise en image d’un propos clairement articulé à un projet