CHAIRE APPROCHES COMMUNAUTAIRES ET INÉGALITÉS DE SANTÉ FCRSS/IRSC Le cadre de partenariat Un outil de développement de la recherche participative intersectorielle et multi-réseaux Jocelyne Bernier Université de Montréal

Approches participatives en recherche  Les cadres de collaboration formels en recherche sont rares.  La participation est souvent approchée comme un principe mais peu explicitée comme une pratique.  Le degré de participation des praticiens et des représentants des milieux aux activités de recherche est variable  La négociation d’une entente formelle: un outil pour développer la pratique de recherche participative et les communautés de pratique

La Mission de la CACIS  Documenter les effets des programmes de développement social sur la réduction des inégalités sociales de santé;  Offrir à de jeunes chercheurs des sciences sociales et de la santé l’occasion d’acquérir une formation de recherche en santé publique avec les milieux de pratique;  Contribuer à développer les capacités de recherche et soutenir la réflexivité des intervenants et des organismes locaux actifs en développement social.

Le contexte ▪ Une thématique qui requiert la collaboration d’organismes communautaires et d’institutions pour favoriser l’atteinte des résultats visés. ▪ Des acteurs ayant des rôles et responsabilités distincts et des rapports plus ou moins établis dans l’action en vue de réduire les inégalités de santé. ▪ Dans certains cas, une collaboration conflictuelle notamment sur des enjeux de financement et d’évaluation de la pratique.

Les partenaires associés  Divers secteurs institutionnels: santé, éducation, municipalité, fondations privées : un partenariat intersectoriel.  Des réseaux communautaires associatifs ayant des ressources et des expériences variables en matière d’intervention et de recherche: un partenariat multi-réseaux  Des chercheurs académiques et des étudiants gradués de diverses disciplines et traditions de recherche: une approche multidisciplinaire

Pourquoi un cadre de partenariat ?  Assurer l’appropriation des objectifs de recherche par les praticiens et décideurs pour favoriser l’utilisation des résultats  Clarifier les rôles et responsabilités des partenaires en tenant compte de leurs contraintes et de leurs ressources  Discuter au départ des atouts et attentes particulières de chaque partenaire en matière de recherche

Pourquoi un cadre de partenariat?  Expliciter et prendre en compte: - L’existence de rapports asymétriques entre les partenaires: tous n’ont pas la même influence sur le développement de la recherche - La présence fréquente de rapports de dépendance (notamment au regard du financement) qui constituent des enjeux dans la réalisation des recherches  Établir dès le départ un processus de résolution des controverses

Démarche de négociation ▪ Prise de contact avec un énoncé de mission et une invitation à participer à la définition des orientations de la Chaire ▪ Formation d’un comité d’orientation (comité aviseur) avec une représentation de différents secteurs et réseaux de partenaires ▪ Comité de négociation choisi par les partenaires ▪ Quatre rencontres de négociation sur une période de 6 mois avec aller-retour au comité aviseur

Le cadre de partenariat Trois parties : ▪ Principes et valeurs de référence ▪ Rôles et obligations des différents partenaires: -chercheurs, -partenaires institutionnels, -partenaires communautaires ▪ Questions pour guider l’application du cadre de partenariat

Les valeurs de référence  Les recherches ont pour finalité de bénéficier à la population  Les objectifs de recherche sont définis en collaboration avec les personnes et les organismes concernés.  Les projets de recherche respectent les valeurs, croyances et cultures des personnes et groupes dans les milieux locaux, souvent diversifiés.  La démarche de recherche favorise, autant que possible, le développement des capacités des personnes et organismes impliqués.  Les recherches respectent les normes d’éthique reconnues; le respect de ces normes est une responsabilité partagée entre tous les partenaires.

Les valeurs de référence  L’interprétation des résultats s’appuie sur la recherche de consensus. Si un désaccord persiste, un partenaire ne peut pas imposer un veto mais il se voit reconnaître un droit de dissension publique.  Les partenaires conviennent de collaborer à l’ensemble de la démarche de recherche, à la diffusion des résultats et au développement de mesures ou de plan d’action découlant des résultats. Il y a reconnaissance de la contribution de tous les partenaires qui consentent à être identifiés.

Rôles et obligations des partenaires  Identification des rôles et responsabilités de chacun sous forme symétrique qui sont le reflet des attentes de réciprocité  Incitation à des activités interactives à toutes les étapes: formulation des questions de recherche, réalisation de la recherche, discussion et diffusion des résultats  Responsabilités partagées quant au respect des normes éthiques

Rôles et obligations des partenaires  Engagement des partenaires à participer à l’ensemble de la démarche de recherche y inclus la diffusion et le développement de mesures et d’actions pour faciliter la mise en œuvre des résultats  Soutien à la participation des représentants des groupes et responsabilité conjointe d’assurer les ressources nécessaires  S’assurer que les résultats de recherche sont rendus disponible dans une forme accessibles aux partenaires des milieux de pratique

Résultats recherchés  Plus grande pertinence des questions  Plus grande qualité des données, des analyses, interprétations et jugements  Plus grande validité et crédibilité des résultats  Plus grande faisabilité des recommandations  Plus grande utilisation des résultats

Que pensent des partenaires? « On a eu beaucoup d’occasions de travailler ensemble; c’est peut-être l’un des facteurs clés. Je crois que la première, c’était justement les activités de la Chaire où moi en tout cas et d’autres on s’est assis à la même table que des représentants des coalitions [communautaires] et on a commencé à travailler ensemble avec des gens de l’université, de la Chaire…Bon, on a commencé à se connaître... Il y a eu des tensions mais à ce moment là on parlait, on véhiculait des choses. Je pense que ça a été important pour créer…pour s’apprivoiser parce qu’il y a toujours une question de perception des autres qui ne sont pas nécessairement ce qu’on perçoit.» Représentant du secteur public santé

Que pensent des partenaires? «L’enjeu ça a toujours été le processus d’évaluation dans le fond qui ne s’est jamais vraiment négocié puis qu’à l’occasion, ils [les bailleurs de fonds] sont arrivés avec des volontés de travail qui ont été refusées…ils ont manqué de stratégie pour amener un processus d’auto- évaluation, d’évaluation avec eux-autres pour qu’on puisse avancer là-dessus. Là je pense que la porte de sortie pour les Tables de quartier, ça a été la Chaire dans le fond. C’est peut-être là qu’on peut le faire, c’est une entité indépendante.» Représentant du secteur communautaire

Quelques questions La démarche de négociation vs l’outil  Comment un cadre de partenariat formel peut-il modifier des rapports historiquement asymétriques considérant les atouts de chaque acteur?  Accès aux connaissance (chercheurs)  Accès aux ressources (décideurs)  Accès aux populations (associations)  Comment le cadre de partenariat peut-il s’adapter à chaque contexte ou projet de recherche? Peut-il vraiment aligner les objectifs des partenaires sans démarche de négociation?

Quelques questions Les rapports entre recherche et pratique  Quel est l’impact de la démarche de recherche négociée sur les transactions entre les acteurs? Introduit-elle un biais dans les résultats?  Comment la recherche doit-elle tenir compte de la mouvance du contexte d’intervention? Faut-il revisiter constamment les objectifs de recherche afin de clarifier la voie à suivre?