Co-éduquer à l’école maternelle : une pluralité de significations Pascale GARNIER IUFM Créteil Université Paris 12
Objectif Dépasser une vision normative et qualitative de la co-éducation Construire une grille de lecture qui rende compte de la diversité des engagements des acteurs dans l’éducation de l’enfant
Méthodologie Analyse de l’état de la question Référence à un cadre théorique sociologique Travail empirique dans les écoles maternelles
L’état de la question Etat historique des relations entre l’école et les familles Nébuleuse sémantique : Partenariat Collaboration, Coopération Participation, Implication Coéducation et exigence de symétrie
Cadre théorique Sociologie politique et morale, développée par L. Boltanski, avec L. Thévenot, De la justification, Les économies de la grandeur, 1991 Sociologie centrée sur la question de l’accord et de la coordination de l’action : Sociologie attentive au sens que les acteurs donnent à leurs actions, à la pluralité des logiques qui les justifient Sociologie qualitative analysant des situations, sans « étiqueter » les acteurs, en particulier par leur milieu social
Travail d’enquête Cadre : « commande » Fondation de France, sur la collaboration école-famille Terrain : trois écoles maternelles très différenciées en région parisienne Enquête en quatre phases : entretiens avec les personnels (20), observations en petite section, (3/6) entretiens avec les parents (3/8) nouvel entretien deux ans après (12)
Cadre d’analyse : Question 1 Qui sont les « Co-éducateurs » ? Question de leur définition et de leur légitimité (ex : ATSEM) Question de l’enfant comme « acteur » de sa propre éducation
Cadre d’analyse : Question 2 Quelle est l’exigence de coordination de de l’action du point de vue des acteurs? Le « dialogue » pour « faire ensemble », s’impose inégalement aux acteurs et varie selon les situations ex : « tout va bien » / « problème »
Cadre d’analyse : Question 3 Quelles sont les logiques d’action des « co-éducateurs » ? Analyser leur diversité effective Interroger les définitions de l’éducation qu’elles mettent en jeu
Construction de trois modèles « Domestique » « Expertise » « Civique »
Modèle dominant : l’expertise Définition des acteurs : distinction entre les « professionnels » et les parents, non professionnels (négativité), « profanes » Définition de la professionnalité (ex : variabilité du positionnement des ATSEM : éducation/expert des apprentissages) Exigence de coordination : forte hiérarchie, pédagogisation des parents (dure/douce) Education : « formelle », travail spécialisé
Modèle domestique Définition des acteurs = membres d’une « grande famille » : appartenance à un espace socialisé, Exigence de coordination de l’action : proximité temporelle et spatiale, participation diffuse Education : « informelle », socialisation
Modèle Civique Définition des acteurs : statut et responsabilité vis-à-vis de l’Etat (« fonctionnaire », « parents d’élèves ») Forme de coordination de l’action : droits et obligations respectives; démocratie représentative (élection) Education = affaire d’Etat (délégation), affaire locale (projet...)
3 Remarques Importance des situations = modalités d’engagement différents des acteurs selon les situations Ressources et contraintes propres aux dynamiques domestiques Ressources et contraintes dans l’espace de l’école maternelle Croisement avec les milieux socio-culturels : En milieu populaire et immigré : référence au modèle domestique (féminin) et expertise; En milieu privilégié : référence au modèle de l’expertise et civique Expertise : effacement du rôle d’accueil et d’éducation du « citoyen » au profit d’une scolarisation de l’école maternelle
Conclusion Richesse de la diversité des manières de penser et de vivre la co-éducation; Nécessité de mettre à l’épreuve notre analyse dans d’autres contextes : autres lieux de la petite enfance; autres espaces nationaux et culturels ex : modèle marchand = logique de l’offre et la demande (service de « garde »)
Merci de votre attention Merci de vos questions