Sémiologie des troubles De la perception Pr Mamadou Habib THIAM Psychiatre des Hôpitaux Universitaires
INTRODUCTION
Introduction (1) La fonction perceptive suppose une bonne intégration entre plusieurs éléments: des récepteurs périphériques sensoriels des structures nerveuses centrales
Introduction (2) La fonction perceptive suppose une bonne intégration entre plusieurs éléments: des récepteurs périphériques sensoriels des structures nerveuses centrales un apprentissage qui est celui de la discrimination, de la reconnaissance et finalement de l’identification des objets ayant un nom et une fonction définis par le groupe social (sons, odeurs, goûts, etc.).
Introduction (3) Synthèse des informations qui permet une prise de conscience d’un objet: Il peut s’agir d’informations à partir des 5 sens, l’objet est alors présent dans l’espace réel, il est objectivé. Mais il peut s’agir aussi d’une représentation mentale, l’objet est imaginé, il est «perçu » dans un espace imaginaire. La perception peut être augmentée, diminuée, abolie ou faussée.
Les variations quantitatives
Les variations quantitatives (1) Une décoloration, une fadeur, une atonie des perceptions s’observe dans : les états mélancoliques ; les états schizophréniques. Dans l’accès maniaque, l’acuité des perceptions s’accompagne souvent d’une vive jouissance émotionnelle et esthétique.
Les variations quantitatives (2) Au cours des états confusionnels et des intoxications, il y a fréquemment hyperesthésie perceptive : un bruit banal peut prendre une résonance très intense, la couleur d’un objet peut devenir très vive.
FAUSSES PERCEPTIONS NON HALLUCINATOIRES
Fausses perceptions non hallucinatoires Les illusions Les hallucinoses Les phénomènes hypnagogiques Les modifications de l’ambiance perceptive (déréalisation)
Les illusions C’est une déformation de la perception d’un objet réel. Certaines sont très courantes, liées aux formes à percevoir ou à l’état émotionnel, la peur par exemple (illusion de voir une silhouette à la place d’un arbre dans la pénombre).
Les illusions Certaines illusions sont tout à fait banales surtout si l’anxiété est sollicitée Exemple l’illusion : d’entendre des bruits de pas dans l’obscurité, de voir une silhouette à la place d’un arbre dans la nuit etc…
Les illusions Les mirages sont un autre type d’illusions. Certaines déformations perceptives du registre illusionnel s’observent aussi dans certains états oniroides, dans les syndromes confusionnels: le contour d’une pièce, d’un objet parait se déformer, le pli d’une tenture parait bouger la couleur d’un objet parait s’émanciper de sa forme, etc…
Les hallucinoses L’hallucinose est reconnue par le sujet comme un phénomène anormal au moment même où elle se produit. Il y a habituellement incongruence entre l’hallucinose et les données fournies par les autres sens mais la prégnance sensorielle est souvent très forte.
Les hallucinoses Elles s’observent chez les otopathes, les ophtalmopathes et dans les lésions corticales. Il s’agit souvent de phénomènes paroxystiques, en rapport avec la comitialité ou parfois un accès migraineux.
Les hallucinoses Chez l’endeuillé, surtout après la perte du conjoint, il est assez fréquent d’observer des phénomènes intermédiaires entre l’illusion sensorielle et l’hallucinose : illusions de présence ; impressions d’entendre la clé dans la serrure, les pas du disparu dans le couloir. Ces phénomènes non-pathologiques, sont contemporains du travail de deuil.
Les phénomènes hypnagogiques Ils surviennent lors du passage : de la veille au sommeil (hallucinations hypnagogiques) du sommeil à l’éveil (hallucinations hypnopompiques), plus rarement .
Les phénomènes hypnagogiques Les phénomènes hypnagogiques sont de nature variée: auditifs (claquement de portes, voix prononçant son prénom, propos menaçants…)
Les phénomènes hypnagogiques Les phénomènes hypnagogiques sont de nature variée: visuels (objets ou êtres vivants qui sortent du mur, vision d’animaux répugnants)
Les phénomènes hypnagogiques Les phénomènes hypnagogiques sont de nature variée: cénesthésiques (picotements, fourmillements, sensation de grouillement sur la peau…)
Les phénomènes hypnagogiques Les phénomènes hypnagogiques sont de nature variée: kinesthésiques (impression de chute ou de vol…)
Les phénomènes hypnagogiques Les phénomènes hypnagogiques sont de nature variée: auditifs (claquement de portes, voix prononçant son prénom, propos menaçants…), visuels (objets ou êtres vivants qui sortent du mur, vision d’animaux répugnants), cénesthésiques (picotements, fourmillements, sensation de grouillement sur la peau…) kinesthésiques (impression de chute ou de vol…) Souvent le patient ressent la présence d’une personne étrangère dans sa chambre.
Les phénomènes hypnagogiques Ces hallucinations sont très angoissantes, à tel point que le patient utilise des objets rassurants (arme à feu…) En général, le pré-dormeur assiste passivement à ses visions qui apparaissent seulement dans l’obscurité et lorsqu’il a les yeux fermés.
Les modifications de l’ambiance perceptive ou déréalisation Dans les épisodes de déréalisation, il n’existe pas d’altération de la perception au niveau sensoriel, mais le monde extérieur est ressenti comme étrange, bizarre, insolite.
Les modifications de l’ambiance perceptive ou déréalisation Au cours des états d’angoisse paroxystique, il est assez fréquent d’observer des troubles plus ou moins nets de l’ambiance perceptive : sentiment de déréalisation et de dépersonnalisation ; illusions perceptives visuelles et auditives.
LES HALLUCINATIONS
Les hallucinations Ce sont des fausses perceptions qui surviennent en l’absence de stimulus extérieur
Les hallucinations Ce sont des fausses perceptions qui surviennent en l’absence de stimulus extérieur Elles se différencient des interprétations qui supposent qu’à partir de perceptions exactes sont portés des jugements faux.
LES HALLUCINATIONS On distingue deux types: Les H. Psychosensorielles Les H. Psychiques
Les H. Psychosensorielles Les hallucinations psychosensorielles sont caractérisées par : leur sensorialité c'est-à-dire indexées de la qualité sensorielle affectée à chaque sens, leur spatialité (spécifiant la situation extérieure et distante de l’objet halluciné) , enfin par la conviction de la réalité objective de l’hallucination.
Les H. Psychosensorielles Simples, élémentaires: Sons Éclairs Attouchements Complexes et élaborées: Conversations Visages Paysages
Les H. Psychosensorielles Hallucinations auditives Hallucinations visuelles Hallucinations olfactives et gustatives Hallucinations tactiles Hallucinations cénesthésiques Hallucinations kinesthésiques ou motrices Mouvements forcés Hallucinations psychomotrices
Hallucinations auditives Perceptions de bruits, de bourdonnements, ou très souvent, de voix (hallucinations acoustico-verbales). Entendue près des oreilles comme chuchotée ou venant de loin, perçue par une seule oreille ou les deux, la voix qui parle est reconnue ou inconnue, vectorisant un message, des ordres, des commentaires ou des injures.
Hallucinations auditives Les hallucinations auditives conditionnent : des attitudes d’écoute (tête tournée et attentive du côté d’où viennent les voix) des réponses (dialogues hallucinatoires) des conduites de défenses pour ne plus les entendre (boules dans les oreilles, appareil radiophonique hurlant).
Hallucinations visuelles Ce sont des visions, des « apparitions » de lueurs, de tâches colorées (photopsies), de personnages ou de scènes plus ou moins animés. La perception d’animaux terrifiants et menaçants (zoopsies) est assez caractéristique du délire alcoolique.
Hallucinations olfactives et gustatives Elles ont un caractère spatial beaucoup moins net que les précédentes Elles ont habituellement une tonalité désagréable, nauséabonde, âcre.
Hallucinations tactiles Hallucinations du toucher actif (perturbation de la reconnaissance de la matière, de la taille, du volume des objets) Hallucinations spontanées du tact passif (Plus intéressantes et fréquentes)
Hallucinations tactiles Elles sont tégumentaires ou plus profondes, hypodermiques, Il s’agit de sensations: de froid, de chaud, de piqûres, de fourmillement, de démangeaisons, de grouillements,
Hallucinations tactiles Les hallucinés « touchent » leurs hallucinations pour essayer de s’en débarrasser Ceci est particulièrement net chez l’alcoolique qui tente : d’écraser les parasites qui courent sur son corps de se libérer des liens qui l’enserrent, etc…)
Hallucinations tactiles Au cours du délire dermatozoïque, les lésions de grattage et de désinfection antiparasitaire peuvent être importantes.
Hallucinations cénesthésiques Elles intéressent la sensibilité interne. Il s’agit d’impressions hallucinatoires : de transformation totale du corps métamorphose éclatement possession animale ou diabolique évidement de sensations localisées affectant une partie du corps.
Hallucinations cénesthésiques Ces cénesthopathies hallucinatoires sont éprouvées au niveau : des organes sexuels (caresses, attouchements, orgasmes, pénétration anale), de la sphère digestive (intestins bouchés, distendus, pourris), de la sphère thoracique (cœur comprimé, caoutchouteux).
Hallucinations kinesthésiques Hallucinations kinesthésiques encore appelées « motrices »: Hallucinations des sens musculaires. Le sujet a l'impression que ces muscles se contractent et qu'il agit, alors qu'il est immobile (Piéron 1973).
Mouvements forcés Mouvements forcés : le patient subit : la force les pressions les tractions
Hallucinations psychomotrices langage écriture actes automatiques
Hallucinations psychomotrices Expérience sensorielle proche des hallucinations cénesthésiques, à type de sensations de déplacement des membres, de soulèvement du corps, d'impulsions ou d'arrêt.
Hallucinations psychomotrices Dans les hallucinations psychomotrices verbales, le patient n'entend pas de voix, mais il les sent à l'intérieur de son corps. En pratique, il s'agit d'un aspect particulier des hallucinations psychiques.
Hallucinations psychomotrices Ces voix parlent dans l'estomac, le larynx et peuvent s'accompagner de mouvements involontaires de la langue, des lèvres, voire de prononciation de mots (impulsions verbales). Une sorte d'émancipation du langage intérieur se réalise, qualifiée d'hyperendophasie par les hellénisants. Au cas d'hallucinations incessantes, le classique mutisme vésanique peut survenir.
Les hallucinations psychiques Il s’agit de fausses hallucinations puisqu’ici l’hallucination qui continue à se définir comme perception, perd ses indices de sensorialité et de spatialité.
Les hallucinations psychiques Ce qui caractérise les hallucinations psychiques verbales, les « voix intérieures », c’est leur représentation mentale.
Les hallucinations psychiques Henry Ey les individualise à partir de : l’absence de sensorialité : il s’agit d’idées imposées, d’une transmission de pensée l’absence de subjectivité : le sujet ne fait pas sien le contenu de ce qu’il pense, ressent, éprouve
Les hallucinations psychiques L’intrusion de l’autre dans l’intimité même du sujet est une caractéristique supplémentaire de ces hallucinations psychiques. La perception de ces voix intérieures par le sujet qui les objective signifie qu’elles résultent de l’immixtion indiscrète d’un autre au plus secret de sa conscience.
Les hallucinations psychiques Il faut distinguer: Le syndrome d’influence Le syndrome d’automatisme mental
Les hallucinations psychiques le syndrome d’influence Il est la résultante de multiples phénomènes parasites et imposés qui sont vécus par le sujet comme émanant d’une action extérieure.
Les hallucinations psychiques le syndrome d’influence Le sujet est convaincu d’une entrave dans la dynamique de sa pensée puis il constate que : ses idées, ses sentiments sont devancés, répétés en écho ou volés ; ses actes lui sont commandés ou commentés ; on lui impose des visions ; il se trouve forcer à prononcer des suites de mots, des séquences de phrases qu’il ne reconnait pas comme siennes.
Les hallucinations psychiques le syndrome d’influence Il s’ensuit une impression d’emprise : « on me force à sortir de chez moi », « on m’oblige à penser des insanités, à proférer des mots orduriers ».
Les hallucinations psychiques le syndrome d’automatisme mental L’automatisme mental est un phénomène psychique consistant en une autonomisation de l’activité psychique. Le sujet perd le contrôle d’une partie de ses processus mentaux, ses pensées semblent « exister » pour leur propre compte et s’imposer à son esprit en dehors de sa volonté, en rupture avec son activité psychique volontaire
Les hallucinations psychiques le syndrome d’automatisme mental Les symptômes évoquant un automatisme mental les plus fréquents sont le sentiment: de dévidage de la pensée, d’écho de la pensée, de vol de la pensée, de commentaire des actes et des pensées. L’automatisme mental sous-tend aussi le syndrome d’influence.
Les hallucinations psychiques le syndrome d’automatisme mental le petit automatisme mental : Il est fait de phénomènes étrangers et subtils à base de dévidage muet de souvenirs qui représente un défilement pénible et angoissant d’idées et de pensées stériles ressenties comme étrangères.
Les hallucinations psychiques le syndrome d’automatisme mental Le grand automatisme mental avec le triple automatisme : idéique et idéoverbal : petit automatisme moteur : mouvements parasites, sensations de déplacements imposés sensitif et sensoriel : hallucinations psychosensorielles olfactives, gustatives, visuelles, tactiles, kinesthésiques
Les hallucinations psychiques le syndrome d’automatisme mental Formulations thématiques : dans un contexte de vécu persécutif, hostile. Construction délirante souvent dans le sens du syndrome d’influence.
FIN