Au-delà des trajectoires résidentielles normatives :

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1 Au-delà des trajectoires résidentielles normatives :
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Au-delà des trajectoires résidentielles normatives : les choix résidentiels des personnes seules qui acquièrent leur logement Damaris Rose professeure, INRS-Urbanisation, Culture et Société Communication présentée au colloque « Choix résidentiels », Les Entretiens Jacques-Cartier, Lyon, 5-6 décembre 2005

2 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
Plan Mise en contexte, problématique Ménages seuls et mode d’occupation du logement : tendances canadiennes et montréalaises Constats tirés d’une enquête auprès de résidants de copropriétés neuves dans les quartiers centraux de Montréal Présentation de l’enquête Portrait rapide des personnes seules rejointes Leurs rapports à la propriété résidentielle Conclusion : le choix de devenir propriétaire – vers une conceptualisation renouvelée dr, DR - EJC Lyon, 2005

3 Mise en contexte, problématique
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Mise en contexte, problématique dr, DR - EJC Lyon, 2005

4 Les ménages seuls non âgés se diversifient...
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Les ménages seuls non âgés se diversifient... vivre seul  évènements / cheminements de vie variés choix ± libres vs contraints épisodes de vivre seul : fréquence, durée (surtout femmes),  âges de la vie où cela se produit évol. climat social : vivre seul = de + en + « normal » vs étiquetage de « marginaux », « déviants » modes de vie diversifiés SSE, ± stabilité vs précarité financière type de ménage ± transitoire vs stable dans le temps projets / souhaits ± isolé vs entouré, ± de vie  qu’il y ait ± de stabilité pers, écon  influence choix, projets résidentiels des p. seules dr, DR - EJC Lyon, 2005

5 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
La pertinence d’aller au-delà des modélisations basées sur la « trajectoire résidentielle classique »…. Dichotomie sous-jacente aux modèles classiques des trajectoires résidentielles / « housing careers » (parcours) : formation de couple/ fam. nucléaire  (normalement) + de stabilité pers, écon  projet d’accéder à la propriété versus vivre seul  état transitoire, instable  locataire, sans projet voire désir de devenir propriétaire vérifications empiriques : ds « trajectoire classique » (loc  prop), peu de p. seules, couples non trad… Mais ceci est en voie de changer:  du % de ménages seuls non âgés propriétaires notamment ds grandes villes occid. du tertiaire avancé augmentation + forte chez les femmes (autonomisation…)  la part de la « trajectoire classique » dans l’ensemble des types de parcours résidentiels serait en voie de se retrecir … dr, DR - EJC Lyon, 2005

6 …ce que le secteur immobilier l’a bien compris… !
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE …ce que le secteur immobilier l’a bien compris… ! Il nous paraît donc important de parvenir à mieux documenter et mieux comprendre cette tendance - ce qui devrait mener ultérieurement à une modélisation plus adéquate des carrières ou trajectoires résidentielles, plus englobante de la diversité des ménages et des parcours. extrait d’annonce publicitaire parue dans une magazine d’immobilier à Toronto (juin 2004) dr, DR - EJC Lyon, 2005

7 Ménages seuls et logement : tendances canadiennes et montréalaises
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Ménages seuls et logement : tendances canadiennes et montréalaises dr, DR - EJC Lyon, 2005

8 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
% de propriétaires chez les personnes seules et les ménages unifamiliaux, 2001 Source: Statistics Canada, données non publiées tirées d'une compilation spéciale des données du recensement de 2001 pour la Société canadienne d'hypothèques et du logement. Calculs de l'auteure. dr, DR - EJC Lyon, 2005

9 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
% de propriétaires de condominium sur l’ensemble de propriétaires, 2001 Formule condo (= copropriété divise) existe depuis années 1960 au Canada et aux États-Unis. Conçu au début pour les ménages de « nids-vides » et p. âgées autonomes Versions luxueuses et plutôt modestes Appartements maisons de ville en rangée (dernière formule = accession à la propriété très abordable pour jeunes familles voulant s’installer en banlieue). Années : Densification des banlieues de couches moyennes par construction de blocs de condo Conversion des blocs locatifs en condo de + en + de constructions neuves dans le contexte des opérations de revitalisation des quartiers centraux / densification résidentielle des anciennes zones industrielles, donc associées à la gentrification au sens large du terme et au renouveau des économies des villes-centres… Source: Statistics Canada, données non publiées tirées d'une compilation spéciale des données du recensement de 2001 pour la Société canadienne d'hypothèques et du logement. Calculs de l'auteure. dr, DR - EJC Lyon, 2005

10 Ce qui nous amène à proposer…
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Ce qui nous amène à proposer… Modifications au cadre institutionnel du système d’habitation montée de la formule condo baisse des coûts d’entrée à la propriété résidentielle… + évolution marquée des caractéristiques des p. seules ds contexte du climat social ouvert à la diversification des parcours et styles de vie  certains groupes de p. seules exposés à de nouveaux « moments de bifurcation (ou choix stratégiques) » (De Coninck et Godard 1990) dans leurs parcours résidentiels notamment, ils ne seraient plus forcement liés au « trajectoire modale » soit celle selon laquelle on attend de vivre en couple stable (+ projet familial) avant de devenir propriétaire  intérêt d’une étude de cas permettant d’explorer les motivations d’un groupe de personnes seules ayant acquis un « condo », ainsi que les sens qu’ils associent à ce saut de locataire à (co)propriétaire dr, DR - EJC Lyon, 2005

11 Constats tirés d’une enquête auprès de résidants de copropriétés neuves (« condos ») dans les quartiers centraux de Montréal dr, DR - EJC Lyon, 2005

12 Présentation de l’enquête
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Présentation de l’enquête Enquête en deux temps (questionnaire postal suivi d’entretiens) auprès de gens ayant acheté une condominium (copropriété) neuf inséré dans le cadre bâti des quartiers anciens du centre de Mtl. Subv. ord. CRSH) l Cadre d’échanitillonnage = unités résidentielles « non luxueuses » créées dans cadre des progr municipaux « Habiter Montréal » (visant repeuplement de la ville) + PRQC (revitalisation des quartiers centraux). (Contextee: Ville favorisait l’accession à la propriété par des locataires ainsi qu’un certain dosage de gentrification afin de bonifier l’assiette fiscale dans un contexte financière difficile pour la Ville… (etc)) ceux qui ont acheté un logement nouvellement construite à titre du premier occupant recevaient un crédit de taxes foncières assez intéressant (incitatif municipal) un bon nombre des copropriétés vendues légèrement en-dessous du prix du marché en raison d’une subvention municipal au promoteur Les personnes échantillonnées auraient acheté juste avant la montée très rapide des prix immobiliers survenue à Mtl depuis l’automne 2000 Il s’agissait d’un terrain propice à un type de questionnement assez diversifié sur les rapports au logement et au quartier. Terrain propice à – entre autres - exploration des rapports à la propriété résidentielle et rapports au quartier des p. seules. En proposant et en élaborant la recherche je soupçonnais déjà (des médias, de la publicité de la Ville) ainsi que du type de logements (de petite taille, dans des zones assez ou très densement construites) qu’il y aurait beaucoup de personnes seules chez les acheteurs de ces condos Je veux toutefois signaler que ce n’était que l’un des buts du projet de recherche, donc questionnement pas exhaustif notamment en ce qui concerne les biographies résidentielles et des évènements personnels y associés, mais un thème qui occupait quand même une place importante dans l’enquête. dr, DR - EJC Lyon, 2005

13 Les «condos» neufs de l’enquête: des exemples (1)
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Les «condos» neufs de l’enquête: des exemples (1) Mile-End petits projets d’insertion sur sites d’anciens bâtiments industriels Plateau Mont-Royal condos usines- textiles Mile-End photos: Damaris Rose, 2003 dr, DR - EJC Lyon, 2005

14 Les «condos» neufs de l’enquête: des exemples (2)
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Les «condos» neufs de l’enquête: des exemples (2) Centre-sud, quartier très populaire où s’est greffé le Village gai condos HLM à côté condos photos: Damaris Rose, 2003 dr, DR - EJC Lyon, 2005

15 Portrait rapide des ménages seuls rejoints (questionnaire, entretiens)
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Portrait rapide des ménages seuls rejoints (questionnaire, entretiens) dr, DR - EJC Lyon, 2005

16 Part des personnes seules au sein de l’enquête
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Part des personnes seules au sein de l’enquête 1. Répondants au questionnaire (N=423 dont 63% = 1ers acheteurs) Seulement 8% des répondants ont des enfants à la maison. 17.5% ont des enfants ne vivant plus avec eux. * = vit avec d’autres personnes apparentées ou non, ou parent unique 50% vivent seuls 2/3 en union libre, 1/3 mariés En ce qui concerne les répondants au questionnaire, le poids des personnes seules, dont des femmes, correspond assez bien aux données administrative de la Ville de Montréal pour les acheteurs ayant bénéficié d’un congé de taxes foncières lors de l’achat d’un condo neuf (Ville de Montréal 2000), ainsi qu’aux résultats des études de marchés et sondages menés par le secteur immobilier. En ce qui concerne la répartition des 1ers acheteurs ayant participé du volet qualitatif de notre enquête, les ménages seuls y étaient tellement prédominants que nous ne sommes pas en mesure de mener une analyse comparative des motifs et significations de devenir propriétaire chez les personnes seules versus les couples (càd point de saturation pas atteinte pour ces derniers). Qui plus est, la lecture des transcriptions confirme que la notion de « ménage seul » n’est pas univoque : certains étaient en relation de couple de type « Living Apart Together » sur une base ± stable. Enfin, la reconstruction des cheminements menant à l’achat du condo révèle qu’en plus des 33 vivant seuls au moment de l’entrevue, 4 autres ont acheté avant d’entrer en relation de couple tandis que 2 autres avaient acheté avec un conjoint mais ne vivent plus avec ce conjoint. 2. Participants à un entretien (N = 50 1ers acheteurs) Vit seul : 33 (18f, 15h) Vit en couple : 14 (dont 4 de même sexe (h)) Chef fam monopar : 1 (f); autre : 2 (h) dr, DR - EJC Lyon, 2005

17 Répartition par groupe d’âge (premiers acheteurs seulement)
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Répartition par groupe d’âge (premiers acheteurs seulement) Répondants et interviewés vivant seuls plus âgés que ceux et celles vivant en couple. Ceci est conforme au propos de l’équipe néerlandaise (Feitjen et al. 2003), qu’à toutes choses égales par ailleurs, un ménage seul prend plus de temps à acquérir suffisamment de stabilité économique pour permettre l’accession à la propriété, même si la croissance du secteur de marché des condos abordables qu’on a vu au Canada et à Montréal pourrait faire diminuer cet écart. Dans le contexte montréalais, nous pouvons penser que dans de nombreux cas il s’agisse de locataires de longue date et d’un certain âge qui auraient enfin opté de faire le saut vers la propriété, pour des raisons que nous tenterons de dégager dans la partie qualitative de ce papier. dr, DR - EJC Lyon, 2005

18 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
Profil des premiers acheteurs ayant participé aux entretiens semi directifs sexe Femmes: 27 Hommes: 23 âge 25-34 : 14 35-44 : 21 45-54 : 10 55+ : 5 scolarité diplôme univ  1e cyc : 28 emploi essentiellement salariés t. plein, quelques pigistes ½ = cadres / professionnels présence de petits cols blancs, employés de service revenu du ménage (cat. modale) 1 pers.: $ couple : $ (1$ can = 0,714 € (fin nov. ’05)) valeur médiane du condo (2002/09) : $ ( €) Au plan socio-économique, profil des interviewés très semblable à celui des répondants au questionnaire l dr, DR - EJC Lyon, 2005

19 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
Rapports à la propriété résidentielle des personnes seules (selon les entretiens) dr, DR - EJC Lyon, 2005

20 Typologie des cheminements menant au saut de locataire à propriétaire
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Typologie des cheminements menant au saut de locataire à propriétaire firme désir de devenir propriétaire, projet de longue date, planifié depuis un certain temps n = 21 ayant acheté en vivant seuls + 1 ex-couple a pense éventuellement à devenir propriétaire, mais décision récente, agit rapidement n = 5 ou 6 ayant acheté en vivant seuls achat tout à fait imprévu, « sur le coup » n = 10 ayant acheté en vivant seuls + 1 ex-couple Tous les groupes d’âges représentés dans chacun des 3 types dr, DR - EJC Lyon, 2005

21 Influences contextuelles sur ce choix résidentiel
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Influences contextuelles sur ce choix résidentiel LE SAUT DE LOCATAIRE À PROPRIÉTAIRE Importance du contexte de l’offre résidentielle dans la décision d’acquérir un logement Contexte personnel; normes culturelles Vécu négatif sur marché locatif, rapport qualité/prix «Découverte» de l’option condo  pur hasard, publicité, réseaux… Type 1: Projet de longue date  Exposé à des milieux (d’origine, au travail…) où devenir propriétaire = normal, souhaitable Type 2: décidé et acheté rapidement   Entre types 1 et 3, +décision précipitée par changemt circonstances pers (séparation), financ (héritage) Type 3: non planifié, achat « sur le coup »    Moment de « bifurcation » dans parcours rés: rompt avec culture de « locataire à vie »  influence des agents de vente, membres du réseau (fam, amis) Chez nos interviewés, même ceux ayant souhaité devenir propriétaire depuis longtemps il ne s’agissait pas d’une valeur abstraite ou universelle (tel que proposent certaines analyses scientifiques relevant une vision libérale ou conservatrice du système d’habitation). Ces interviewés mentionnent les influences de la famille d’origine, des collègues, de sorte qu’ils le considèrent normal de devenir propriétaire, même sans projet de vie en couple ou projet familial. Mais ils insistent aussi sur les facteurs contextuels découlant de l’évolution récente du marché locatif local. Ils parlent beaucoup de leur insatisfaction avec la vie de locataire dans un contexte de hausses importantes de loyer dans les quartiers où ils aiment vivre, de la pénurie accrue de logements (dans les faits, chute importante de taux d’inoccupation à partir de 1999), diminution du rapport qualité/prix et globalement un manque de contrôle sur leurs conditions d’habitation. Ces sentiments sont encore plus forts chez les gens des types 2 et 3, qui ont souvent véçu une expérience négative récente dans leur vie de locataires, ou qui se trouve obliger de déménager, ce qui a précipité leur décision de penser à autre chose que la location. Également, chez certains gens du type 2, un changement important dans les circonstances financières ou personnelles a précipité le saut de locataire à propriétaire. Dans notre échantillon il y a eu un cas où d’héritage de famille, en l’occurrence de son pays natal sud-américain. Et deux cas de femmes qui ont opté d’acheter un condo suite à une rupture d’union. La majorité des gens du type 3, de façon très marquée, et dans une moindre mesure chez les gens du type 2, nous racontent qu’ils n’avaient vraiment pensé accéder à la propriété résidentielle : « J’étais convaincu que je serais locataire toute ma vie, mais… » Mais à un moment donné ils ont littéralement fait la « découverte » de la formule condo, le plus souvent en promenant dans leur quartier actuel et en y voyant les condos en construction (ou conversion d’un édifice non résidentiel). Cela a piqué leur curiosité, ils sont entrés dans le logement témoin, dans le bureau de ventes où ont visité le logement qui était à vendre – dans plusieurs cas ils nous disent « j’ai eu un coup de foudre pour le logement » – et ont rencontré l’agent de vente qui lui ai expliqué que le logement lui serait abordable… et l’affaire est partie  menant à une révision de leurs dans leurs aspirations. Toutefois ceci se fait avec  d’hésitation, donc l’affaire n’est pas conclu sans l’intervention persuasive d’un frère, une sœur, des amis… Bref, chez ce groupe l’influence du marketing des condos s’avère important mais on ne peut pas pour autant dire qu’ils ont été tout simplement « manipulés » par la publicité… dr, DR - EJC Lyon, 2005

22 « Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir propriétaire ? »
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE « Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir propriétaire ? » Vision long terme de carrière résidentielle ascendante (mais pas forcément associée à un projet familial) « Investir pour soi », « arrêter de payer dans le vide », bâtir sécurité financière Émotivité, «j’ai eu un coup de foudre pour ce logement» Contrôler ses conditions d’habitation Aspects pragmatiques (vs vie de locataire) : stabilité, entretien, aménagemt intérieur… Aspects ontologiques, symboliques : sentir + chez soi, stabilité pers, geste d’ indépendance… Type 1: Projet de longue date    Type 2: décidé et acheté rapidement Type 3: non planifié, achat sur le coup    Parmi les personnes ayant participé à un entretien,il n’y avait pas beaucoup qui inscrivent leur choix résidentiel dans une vision à long terme de carrière/trajectoire résidentielle ascendante. Ceux qui tiennent cette vision ont évidemment un cheminement de type 1. Le seul qui l’associé au projet de fonder une famille traditionnelle avait effectivement fait l’achat avec sa conjointe, mais ils se sont séparés par la suite (109). Pour un autre interviewé (729), devenir propriétaire est un objectif de longue date mais il ne s’est concrétisé qu’avec « un projet de vie à deux » (en l’occurrence un couple de même sexe). Par ailleurs, quelques-uns ont mentionné que la formule de condo leur plaît en tant que personnes seules non seulement en raison de son accessibilité financière vis-à-vis de la maison unifamiliale mais aussi parce qu’au plan du style de vie ces gens ne se sentiraient pas à l’aise dans un secteur de banlieue familial (sentiment partagé par 2 des interviewés vivant en couple). La décision d’acheter est fortement conditionné, sauf pour les gens du cheminement type 2, par le désir de faire un placement pour eux-mêmes, un moyen d’épargne, soit dans le but d’en sortir avec un gain en capital (en vue de la retraite, chez les 45 ans et +) soit pour améliorer leur sécurité financière en cumulant un bien. Les aspects plutôt pragmatiques des conditions d’habiter ont autant d’importance; ceux-ci sont toujours mises en relation avec les insatisfaction de la vie de locataire. Par contre tout l’aspect de la fameuse « sécurité ontologique » réputée dans les analyses sociologiques classiques de jouer un rôle majeur dans la décision d’acheter a figuré de façon plutôt discrète chez les interviewés en tant que motif d’achat (nous verrons que cette dimension revient plus souvent lorsque nous avons demandé aux interviewés qu’est-ce qui a changé « lorsque vous passez le seuil de votre porte depuis que vous êtes propriétaire ?»). Une jeune femme récemment séparée fait toutefois cas de figure pour la dimension sécurité ontologique : elle dit qu’acheter un logement « c'était vraiment une façon de m'assurer que j'allais avoir mon indépendance. Que j'allais avoir la paix. Pis, ça m'appartenait à moi. Dans un contexte de séparation » (citation complète en annexe) C’était dans le cas des interviewés ayant un cheminement de type 3, achat sur le coup, que l’émotivité pour le logement en question a joué très important. L’expression «j’ai eu un coup de foudre pour ce logement» est revenue souvent dans leurs discours. Ils n’ont même pas regardé d’autres logements à vendre… dr, DR - EJC Lyon, 2005

23 Un extrait qui en dit long…
« François », âge 45-54, cheminement type 1: SC : PUIS, QU'EST-CE QUI VOUS A MOTIVÉ PREMIÈREMENT, À DEVENIR PROPRIÉTAIRE, C'EST UN PHÉNOMÈNE ASSEZ RÉCENT QUE LES PERSONNES SEULES ACCÈDENT À LA PROPRIÉTÉ, ET QU'EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ À FAIRE CE CHOIX LÀ? 151 : Ben, comme tout le monde, je crois là. C'est d'arrêter de payer dans le vide. De toute façon, sur le Plateau, Mon loyer approchait les 700$. Ça me coûtait la même chose acheter une maison. L'écart était tellement pas ordinaire entre les 2. Fait que un moment donné, j'ai réfléchi. Tu te dis. Bon, bien dans 5 ans, je vais être rendu à payer $, si j'avais une maison, ça ne pouvait pas me coûter tellement plus cher. C'était dans mon intérêt de commencer à bouger même si je n'avais pas de famille parce que, normalement, le 1er move pour acheter une maison c'est parce que l'on veut fonder une famille pis on veut avoir des enfants pis que l'on veut s'installer. C'était pas mon cas. Mais, un moment donné, il faut arrêter de payer dans le vide. dr, DR - EJC Lyon, 2005

24 Changements ressentis depuis qu’ils sont devenus propriétaires (1)
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Changements ressentis depuis qu’ils sont devenus propriétaires (1) Fierté, responsabilisation personnelle marqueur du passage à la vie adulte / autre transition importante « je peux l’aménager à mon goût » souvent associé  stress (parfois inattendu) gestion financière + serrée (ex. vendre voiture) décisions à prendre (entretien) endettement, frais courants, crainte d’être trop lié formule copropriété  soit  ou  stress ressenti SC : PUIS LE FAIT DE DEVENIR PROPRIÉTAIRE EST CE QUE ÇA L'A CHANGÉ QUELQUE CHOSE DANS VOTRE VIE ? 665 : Euh oui, au début euh, euh j'ai trouvé que ça avait été trop vite là, les premiers mois là que j'ai acheté ici, j'ai l'impression que c'était beaucoup beaucoup de responsabilités, s'il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas, c'était moi qui était responsable, euh, euh, s'il y avait des réunions de condos, puis là des décisions à prendre, j'étais vraiment, c'était moi qui devait prendre la décision,(…) et puis au début il y avait beaucoup plus de frais que je m'attendais, fait que ça ça a été un choc mais puis c'est après quelques mois c'est toute ça ça a rentré dans l'ordre puis j'étais contente, c'est vraiment la notion c'est à moi fait que s'il y a quelque chose, s'il y a quelque chose qui arrive c,est moi qui devra régler. (« Émilie Masson », ans, achat sur le coup) Nous avons posé la q. « qu’est-ce qui a changé dans votre vie depuis que vous êtes propriétaire » de façon ouverte, mais s’ils ne mentionnaient pas du tout des aspects plutôt symbolique ou émotifs nous avons fait une relance de genre « avez-vous un sentiment différent lorsque vous passez le seuil de votre porte ? ». (Rappelons que les gens sont propriétaires depuis entre 2 et 7 ans lorsqu’ils ont été interviewés). Ici, le type de cheminement menant à la décision d’acheter ne semble pas beaucoup jouer sur les dimensions ressorties par les interviewés. L’aspect qui est ressorti le plus souvent est qu’ils ressenti d’un sentiment de fierté et de responsabilisation personnelle, sentiment qui était exprimé principalement par un large éventail de gens (au plan des cheminements, groupe d’âges, sexe…). Pour quelques-uns des plus jeunes l’acquisition de leur condo s’est avérée ex- post facto un marqueur du passage à la vie adulte : « C’est le plus grand achat que je n’ai jamais fait de ma vie. Tout d’un coup, je me sentais adulte, ce qui ne m’arrive pas tous les jours… dans ma façon de procéder. » (664, «Emma-Jane Thornton », 25-34). Selon une femme de ans (623), séparée qui avait déjà vécu brièvement la vie de propriétaire mais a jamais possédé elle-même, « (…) il reste qu’on est responsable, c’est ça psychologiquement c’est sûr que ça veut dire s’installer, ça veut dire euh, enfin c’est une autre étape je pense, dans la vie là ». De nombreuses personnes signalent que cette responsabilisation est aussi un facteur de stress, surtout en début de période, et ce sentiment n’est pas limité aux gens qui ont fait un virage subite de locataire à propriétaire. dr, DR - EJC Lyon, 2005

25 Changements ressentis depuis qu’ils sont devenus propriétaires (2)
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Changements ressentis depuis qu’ils sont devenus propriétaires (2) Estime de soi, statut social aux yeux d’autres image de personne responsable, « crédible » devient membre de la société à titre entier, participation sociale à la culture de propriétaires « Quand je suis souvent avec des confrères de travail qui parlent de leur logement ben là je peux entrer un peu dans la conversation, je suis un peu comme sur le même plan qu’eux autres, j’ai remarqué ça que je peux me permettre de dire des choses (…) » (171, « Jean-Pierre D. , 35-44» Sentiment de sécurisation tant personnelle que financière, malgré endettement ±  accumuler un bien planification financière long terme (dont retraite) « Je me sens plus chez moi » Rapports de voisinage (copropriétaires) : points de vue variés : ± de sociabilité qu’avant / que prévu / que voulu Rien n’a changé au plan émotif, sauf que « je me sens heureux(se) / ça me satisfait » Plus malheureux (vices de construction) Relativement peu de gens ont évoqué les questions de l’estime de soi en tant que tel et l’enjeu relié de son statut social aux yeux des autres. Mais les points soulevés sous cette rubrique sont intéressants… dr, DR - EJC Lyon, 2005

26 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
Conclusion (1) « Si les ménages d’une personne sont plus nombreux à devenir propriétaire ceci semble témoigner d’un degré de durabilité beaucoup plus forte que ce qu’on a eu tendance à associer à ce type  de ménage » (notre traduction) (Hall et al. 1997, Int. J. Pop. Stud.: 178) Diversification des ménages seuls  dissociation (partielle) des cheminements menant à l’accession à la propriété de ceux menant au lancement d’un projet familial dr, DR - EJC Lyon, 2005

27 Conclusion (suite et fin)
 Allons donc au-delà d’une modélisation des trajectoires résidentielles sous-tendues par vision normative (et familialiste) du parcours de vie… pour cela, besoin de mieux conceptualiser influences contextuelles… en quoi l’offre et le système d’habitation favorisent- ou entravent-ils l’ouverture de la propriété résidentielle à des ménages non traditionnels ? en quoi, pour eux, le choix de « faire le saut » de locataire à propriétaire est conditionné par un manque d’alternatives acceptables (aux plans matériel + statut social)? Sens associés au fait d’être devenu propriétaire : besoin de recherche comparative sur significations que revêt la propriété chez p. seules vs p. dans ménages familiaux dr, DR - EJC Lyon, 2005

28 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
Remerciements Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH), programme des subventions ordinaires Stéphane Charbonneau (INRS-UCS), Greta Marini (UQAM), Emma Garrard (U. Concordia) (assistants-étudiants ayant mené les entretiens) Jaël Mongeau (INRS-UCS) (agente de recherche ayant monté la base de données du questionnaire) Suzanne Chantal et Martin Wexler (Service de l’habitation, Ville de Montréal) dr, DR - EJC Lyon, 2005

29 Annexes (ne présenter que si + d’infos demandées sur ces points)
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Annexes (ne présenter que si + d’infos demandées sur ces points) dr, DR - EJC Lyon, 2005

30 Les ménages seuls et l’urbain : rappel des grandes tendances
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Les ménages seuls et l’urbain : rappel des grandes tendances  ménages de personnes seules depuis c.1970  vieillissement  fréquence, durée accrues des épisodes de vivre seul chez adultes non âgées (surtout femmes) impacts de tendances lourdes socio-culturelles, économiques… effets magnifiés dans les grandes villes du tertiaire avancé où perspectives professionnelles + intéressantes, notamment pour les femmes marché/parc résidentiel plus diversifié climat socio-culturel ouvert aux styles de vie « non trad » dr, DR - EJC Lyon, 2005

31 Le croissance des ménages seuls
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Le croissance des ménages seuls Importance (%) des ménages seuls au Québec Au Quebec: effectifs de ménages seuls (tous âges confondus): 1951: 1971: 1986: 2001: retour vers problématique (1) source: ISQ, Ménages selon le genre, Québec, , source: ISQ dr, DR - EJC Lyon, 2005

32 Démarche méthodologique
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Démarche méthodologique 49 transcriptions du verbatim: traitement et analyse assistés par le logiciel Nud*ist 4 (+ importation  Excel des caractéristiques de base). Grille analytique initale en fonction du guide d’entretien; émergence de nouveaux thèmes, catégories… Cadre d’échantillonnage : listes des projets ds dépliants Habiter Montréal  projets neufs PRQC; + rôle d’évaluation 2000/09 tenter de compl-éter adresses civiques associées au projet, identifier propriétaires-occupants 1. Enquête par  questionnaire postal filtres: projets d’insertion du neuf (« infill ») ou recyclage ds q. centraux d’avant 1946; propriétaires-occupants; éval  $ (= condos non luxueux) + photos des bâtiments, grille descri des environs Fév.-avr. 2002: Réalisation de 50 entretiens par 3 assistants-étudiants Mars 2001: Envoi du questionnaire (11p.) à 960 personnes, 2001/03 (après envoi d’une lettre annonçant l’enquête) + coupon-réponse pour solliciter participants éventuels à un entretien. 2. Entretiens  semi-dirigés filtre: ne cibler que 1ers acheteurs (=79/132) éch quali + homogène. NB : 62% des rép. au quest. = 1ers acheteurs. Pourquoi enquête postale (mars 2001) : moindre coût; méthode non intrusive; gageur que gens scolarisés seraient plus motivés à répondre; possibilité d’obtenir leurs noms (rôle d’évaluation) donc envois semi-personnalisés (plutôt que « L’Occupant ») Taux de réponse globalement 45% + élevé chez femmes variation importante par quartier: très élevé Centre-sud et Plateau; beaucoup moins élevé dans les secteurs moins francophones du centre-ouest (malgré envois bilingues). Entretiens 12 mois plus tard premiers acheteurs seulement pour homogénéiser l’échantillon Taux de réponse 45% (  selon quartier)  423 questionnaires Aut. 2001: Envoi du résumé des résultats aux 132 répondants ayant exprimé leur intérêt à participer à un entretien. Élaboration du guide d’entretien. codification des q. fermées et ouvertes; entrée dans Excel  SAS; traitement stat descriptif

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Localisation des 423 répondants au questionnaire et du sous-groupe de 50 participants à un entretien qualitatif Les points sont superposés sur une carte montrant revenus moyens de l’ensemble des ménages en 2000 dr, DR - EJC Lyon, 2005

34 Cheminement résidentiel des personnes seules, selon le questionnaire
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Cheminement résidentiel des personnes seules, selon le questionnaire 63% sont à leur premier achat d’une maison Chez ces premiers acheteurs, pour 78%, le dernier lieu de résidence = la ville-centre de l’agglomération (Montréal) mais milieux origines variés (q. central, banlieue, région périphérique…) 37% ont acheté dans le même secteur/quartier où ils vivaient déjà en tant que locataires [Sur ces 3 points, pas de diff. signif. avec les répondants vivant en couple ou autres types] 60% ne prévoient pas déménager d’ici 5 ans vs 46% des autres répondants ( 2: p=0,0498) Concernant le dernier résultat sur cette page, bien que les intentions futures peuvent différer des comportements futurs, le fait que 3/5 des p. seules 1er acheteurs ne prévoient pas déménager d’ici 5 ans nuance un petit peu le stéréotype du yuppie hypermobile qui, s’il passe de locataire à propriétaire, le fait dans une optique de placement à court terme et se voit embarquer dans une trajectoire résidentielle ascendante… dr, DR - EJC Lyon, 2005

35 Influence contextuelle personnelle : rupture d’union
DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE Influence contextuelle personnelle : rupture d’union Interviewée no 479 (« Julianna », ans, achat planifié et réalisé rapidement) : SC : OK. QU'EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ À FAIRE LE SAUT VERS LA PROPRIÉTÉ? 479 : Une séparation. SC : UNE SÉPARATION. AVANT, VOUS HABITIEZ LOCATAIRE AVEC VOTRE CONJOINT? 479 : Oui. SC : PUIS, IL Y A-T-IL D'AUTRES RAISONS? VOUS AURIEZ PU LOUER À LA LIMITE? 479 : Oui. J'aurais pu louer mais pour moi, c'était vraiment.. Écoute. Je sais pas si c'est un choix rationnel là? Je te dirais que c'était vraiment une façon de m'assurer que j'allais avoir mon indépendance. Que j'allais avoir la paix. Pis, ça m'appartenait à moi. Dans un contexte de séparation. SC : DONC, C'ÉTAIT UNE FAÇON POUR VOUS DE REMONTER FINALEMENT? 479 : Heu. De remonter ou de vraiment faire une coupure très, très.. SC : SEC? 479 : Très sec et très significative. Parce que c'est mieux vraiment.. Ça s'est imposé d'une façon assez évidente mais, ce n'était pas une question de prix, ce n'était pas une question de coûts parce qu'évidemment que ça me coûtait vraiment, vraiment moins cher de vivre en appartement. Mais, c'est ça. dr, DR - EJC Lyon, 2005

36 DR, présentation EJC - NE PAS CITER, NI RÉPRODUIRE
Rappel des sens associés à l’accession à la propriété selon littérature Aspirations de devenir propriétaire: litt. trad: désir profond, naturel, universel assoc aux valeurs familiales vs approches critiques insistant sur contextualisation: cultures (régionales, nationales…) de propriété; politiques  éventail de choix; qu’est-ce qui fait changer les aspirations durant le cours de vie ? Valeurs d’usage, d’échange, symboliques stabilité matériel, ontologique, autonomisation prise de contrôle sur environnement immédiat garantie d’accès aux attributs d’un voisinage/quartier qui nous sont importants pour raisons pratiques ou autres sécuritaire financière / investissement vis-à-vis de carrière résidentielle projetée image de soi, responsabilisation… statut social (aux yeux des autres – contexte socio-cult) Comme j’ai déjà dit, ce cadre analytique n’a jamais été appliqué ou adapté au cas des personnes seules, mais aucune raison de ne pas le faire. Dans les entretiens nous avons posé des questions très ouvertes quant aux parcours et motifs de l’acquisition de la copropriété mais à la lecture de cette partie des transcriptions il est clair que plusieurs des éléments mentionnés dans la littérature sont présents dans ce que nous racontent les interviewés, mais avec parfois avec des nuances. Ici je vous en donne juste un aperçu très rapide… dr, DR - EJC Lyon, 2005