Le rôle des prérequis dans la réussite à l’université : comment les identifier, en mesurer la maîtrise chez les étudiants et en diminuer l’impact ? CDS-ULg.

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1 Le rôle des prérequis dans la réussite à l’université : comment les identifier, en mesurer la maîtrise chez les étudiants et en diminuer l’impact ? CDS-ULg – 26 février 2008 MARC Marc Romainville

2 Plan 1. Notion de prérequis 2. Méthodes d’identification des prérequis
3. Mesure de leur maîtrise 3.1. Méthodologie 3.2. Instruments de mesure : les « Passeports » 3.3. Exemples de passeports 4. Résultats généraux MARC

3 1. Notion de prérequis Définition fonctionnelle proposée
Un prérequis est une connaissance, compétence ou attitude qui répond simultanément aux deux traits essentiels suivants : elle s’avère cruciale pour la maîtrise d’un cours, d’une discipline, d’un cursus ou plus généralement, pour l’affiliation aux études supérieures elle est (explicitement ou implicitement) considérée comme devant être acquise soit préalablement à l’entrée des études universitaires soit « naturellement » en cours d’études universitaires mais sans qu’elle fasse l’objet d’un enseignement systématique MARC

4 1. Notion de prérequis (2) Cinq caractéristiques des prérequis recherchés probablement non maîtrisés par une proportion significative d’étudiants (25% - 75%) mesurables pouvant être enseignés ou développés dans un délai et avec des moyens raisonnables récurrents présumés cruciaux MARC

5 2. Méthodes d’identification des prérequis
Entretiens semi-dirigés +/- 60 enseignants (professeurs et assistants) Enquêtes exploratoires +/- 200 étudiants Analyse de matériaux pédagogiques courts extraits  démarches pour s’approprier la matière, résoudre un exercice… longs extraits  vocabulaires spécifique et courant premières heures de cours comparaison de matériaux pédagogiques du secondaire et de 1er baccalauréat Liste de candidats prérequis Afin d’identifier ces prérequis, une première approche méthodologique a consisté à recueillir les représentations des acteurs les plus concernés c’est-à-dire les professeurs titulaires des cours (et parfois même les assistants responsables des travaux dirigés et pratiques). Nous avons mené sur les deux premières années du projet, une soixantaine d’entretiens semi-structurés. Pour tenter de cerner des prérequis récurrents, nous nous sommes centrés sur des cours jugés comme représentatifs d’une faculté ou d’une section. (Roland) Un des premiers objectifs du projet, Marc vous l’a dit : identifier les prérequis des cours de première année, au sein de nos six facultés. Ces entretiens ont permis de mettre en évidence une série de prérequis disciplinaires et transversaux mais aussi des informations sur les difficultés éprouvées par les étudiants, les aides qui leur sont proposées, les éléments du contrat didactique… donc un ensemble d’éléments qui nous permettait de mieux comprendre le fonctionnement du cours et qui plus tard nous ont éventuellement permis de déceler des prérequis cachés, des prérequis non explicités. Toutefois, lors de ces entretiens, nous avons pu constater que de nombreux enseignants considèrent que seuls des prérequis transversaux sont nécessaires pour leurs cours notamment : comprendre en profondeur un texte spécifique de la discipline, cerner les attentes et les exigences du professeur, exploiter les ressources qui sont mises à disposition des étudiants tant humaines que matérielles. Des actions génériques telles que raisonner, lire, écrire, parler ou encore des attitudes comme travailler, être motivé, se concentrer longtemps, accepter de changer de méthode par rapport à l’enseignement secondaire, accepter de travailler une matière rébarbative… sont également très souvent citées à titre de prérequis En parallèle, lors des premiers mois du projet, une enquête exploratoire, sous la forme de questionnaires écrits a été menée auprès de quelque deux cents étudiants, et ce pour quelques cours. Mais je ne vais pas m’appesantir sur cette facette méthodologique car en fin de compte, l’efficience de cette opération s’est avérée relativement faible. C’est-à-dire le nombre de prérequis nouveaux glanés par cette méthode en regard de l’investissement en temps et en énergie demandé. Elle a donc été abandonnée. (Mireille) Nous avons également réalisé des analyses minutieuses de matériaux pédagogiques c’est-à-dire l’analyse de livre de référence, de syllabus, de textes, d’exercices… proposés aux étudiants dès le début de l’année. Nous avons disséqué de courts extraits de syllabus, des démonstrations , des exercices sélectionnés avec l’aide des enseignant Nous avons portée attention particulière au vocabulaire courant et spécifique utilisé dans ces matériaux pédagogiques cette fois, à partir, de larges extraits. De plus, quelques premières heures de cours ont été suivies par les chercheurs. De cette manière, des notions abordées par l’enseignant et non expliquées dès le début de l’année académique ont pu être pointées. Enfin, nous avons comparé pour de matières identiques des cours du secondaire et des cours dispensés à l’université pour distinguer ce qui relève du prérequis de ce qui est de l’ordre de l’apprentissage universitaire De l’ensemble de ces analyses nous avons pu extraire des prérequis potentiels.i

6 3. Mesure de la maîtrise de ces prérequis 3.1. Méthodologie
Conception itérative de 27 « Passeports pour le Bac » spécifiques Passation dans plus de 10 facultés septembre 2003  564 passeports complétés septembre 2004  1636 passeports complétés septembre 2005  927 passeports complétés septembre 2006  608 passeports complétés septembre 2007  6000 passeports complétés (projet étendu à l’Académie) Mise au point des conditions optimales de passation et d’exploitation présentation de l’opération par des titulaires de cours moment de passation : première semaine de cours correction rapide séance de feed-back aux étudiants rapprochée du passeport (Mireille )Une fois de ‘possibles’ prérequis repérés par les acteurs enseigants, ou identifiés par d’autres méthodes, il s’agissait d’en mesurer la maîtrise par les étudiants entrant. Nous avons conçu des questionnaires destinés à mesurer ce que les étudiants savent et savent faire effectivement à l’entrée à l’université. Pour éviter le terme rébarbatif de test, nous avons baptisés ces questionnaires « passeports pour le bac ». Nous avons conçu ces questionnaires de manière itérative dans la mesure où pour certains questionnaires, nous avons profité des trois rentrées académiques pour analyser finement les réponses de étudiants et leur performance et ainsi les faire évoluer. Par exemple, des questions non pertinentes ont été supprimées, des questions ouvertes ont progressivement été transformées en questions à choix multiples, (plus faciles à corriger ce qui d’après nous correspondait à une condition sine qua non de pérennisation du passeport), de nouvelles questions issues de l’entretien avec les enseignants ou de l’analyse de matériaux pédagogiques ont été intégrées. Parce que bien entendu, nous vous présentons les objectifs et leur mise en œuvre de manière linéaire alors que dans la réalité les différentes étapes étaient imbriquées. Lors de ces trois rentrées académiques, nous avons eu l’occasion de faire passer plus de trois mille passeports avec le détail qui apparaît sous vos yeux… Ces trois occasion nous ont enfin et surtout je dirais, permis de mettre au point des conditions optimales de passation (nous visions une participation maximale) et d’exploitation des résultats (puisque nous ne misions pas que sur la mesure, nous souhaitions aussi et surtout privilégier l’aspect formatif lié à la passation des passeports). Ainsi, on a pu mettre en évidence l’énorme poids de l’annonce par un ou plusieurs titulaires de cours pour favoriser la participation des étudiants même si elle est annoncée comme facultative. Anecdote : en faculté de sciences en 2004, 96% de participation. Nous avons constaté que le meilleur moment correspond à la première semaine ou éventuellement la deuxième de la rentrée académique mais que au- delà, la participation chute de manière dramatique. Comme nous souhaitions que la passation de ces passeports soit aussi formative pour les étudiants, nous leur avons chaque fois proposé un feed-back. La encore, afin de s’assurer une bonne participation le moment proposé s’est avéré crucial. Plus il est proche de la passation du passeport, plus il est rentable. Ce qui implique automatiquement que la correction du passeport soit rapide, je dirais, endéans la semaine.

7 3.2. Tableau synoptique des passeports par faculté
Math Physique Chimie Biologie Hist - voc T R A N Compréh Synthèse démo PDN Droit Sc éco Philo Info Sciences Méd Math Phys Autres Vété

8 3.3. Exemple de passeport transversal (Compréhension en profondeur)
Prérequis testés 1. Structure globale d’un texte et polyphonie  savoir identifier le statut des informations notamment pour les mettre en relation et dégager la structure du texte être capable de sélectionner des informations pertinentes dans le texte et les réorganiser pour répondre à des questions  être capable de distinguer les différents points de vue présents dans un même texte  2. Vocabulaire contextualisé  maîtriser un niveau de vocabulaire non disciplinaire de type universitaire, à l’intérieur d’un texte 3. Relations logiques  être capable de repérer et de comprendre le sens des liens ‘logiques’ (but, implication, …) présents dans un texte, que ces liens soient spécifiés par des marqueurs textuels ou non

9 1. Structure globale du texte et polyphonie
1. Présentez ci-dessous le point de vue de l’auteur du texte au sujet des medias. ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 2. Sur quoi l’auteur du texte 2.1. est-il en accord avec les thèses de D. Wolton ? 2.2. est-il en désaccord avec les thèses de D. Wolton ? 2.1.………………………………………………………………………………………………………………………..…………………………………………… 2.2.…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… 3. Dans quel paragraphe la visée du titre est-elle le mieux explicitée ? Justifiez votre réponse …………………………………………………………………………………… …………………………………………………………………………………..

10 Résultats : maîtrise par les étudiants
Institut d’Informatique, année (44 étudiants) Passeport Compréhension en profondeur Note moyenne /20 Écart type Étudiants avec une note ≥ 10/20 Étudiants avec une note ≥ 12/20 1. Structure globale et polyphonie 4,6 1,7 11,4 % 2,3 % 2. Vocabulaire contextualisé 13,4 2,1 81,8 % 63,6 % 3. Relations logiques contextualisées  14,0 90,9 % 72,7 %

11 Résultats : relation avec la réussite académique Coefficients de corrélation > 0,4
Passeport Compréhension en profondeur Examen de sociologie Examen de système d’information : étude de cas Moyenne des examens de janvier 1. Structure globale et polyphonie 0,49 0,63 3. Relations logiques contextualisées 0,50

12 3.3. Exemple de passeport disciplinaire
Passeport de mathématiques Sections physique et mathématique 47 questions : Sections Biologie et chimie 37 questions : Section médecine 27 questions : Calcul algébrique élémentaire 4 questions Fonctions 12 questions 7 questions 6 questions Polynômes et systèmes d’équations 9 questions 10 questions Trigonométrie Logique et théorie des ensembles / Nombres complexes 2 questions Compréhension de formules Périmètres, surfaces, volumes 1 question  / Visualisation espace

13 Résultats : maîtrise par les étudiants
Passeport de math (année 2004 – 2005) Sections math/physique (47 étudiants) Sections chimie/biologie (54 étudiants) Note moyenne /20 Écart type Écart type Calcul algébrique élémentaire 15,6 2,5 13,0 3,6 Fonctions 15,1 2,9 12,4 2,6 Polynômes, syst. d’équations 13,6 3,7 9,2 4,0 Trigonométrie 14,7 4,3 8,5 4,2 Logique, théorie des ensembles 7,4 3,2 / Nombres complexes 6,6 6,3 Compréhension de formules 12,0 3,1 Périmètres surfaces volumes 11,3 6,4 10,0 6,8 Visualisation espace 17,4 6,7 17,0 7,2 TOTAL 10,5

14 Résultats : relation avec la réussite académique (47 étudiants de mathématiques et de physique)
J’ai aussi prévu de vous montrer un graphique qui reprend le total au passeport math en fonction de la moyenne aux examens de janvier Nous avons tracé une droite verticale à 11 qui correspond à la moyenne requise pour réussir en fac des sciences et des seuils en rouge. Cela délimite deux zones qui ont attiré notre attention. Une zone en bas à droite qui correspond à quelques étudiants qui réussissent globalement en janvier alors qu’ils avaient une faible performance au passeport de math et en haut à gauche des étudiants qui ratent en janvier alors qu’ils avaient bien réussi le passeport. Cela me donne l’occasion de vous dire que dans le cadre de ce projet nous avons interviewé ces deux catégories d’étudiants atypiques pour quelques passeports et ces données qualitatives viendront compléter les données analyses statistiques en cours.

15 4. Résultats généraux (1) Quelques observations de synthèse sur les prérequis identifiés
Des prérequis … insoupçonnés parce qu’on pense « repartir de zéro », mais vite et avec des implicites et des raccourcis nombreux parce que des lacunes (et des acquis…) sont inattendues Des prérequis …parfois très anciens Des prérequis … indirects autres disciplines voire disciplines très éloignées Des prérequis … disciplinaires et transversaux Mireille

16 4. Résultats généraux (2) Des prérequis … improbables
absents des programmes spécifiques aux « genres » académiques Des prérequis … de connaissances alors que le secondaire est acquis aux compétences en histoire en chimie Des prérequis aussi parfois correctement maîtrisés les règles de proportionnalité le calcul algébrique la lecture de graphiques Des prérequis … très inégalement maîtrisés Des prérequis … qui restent parfois très prédictifs alors que leur idéal serait de disparaître

17 Le rôle des prérequis dans la réussite à l’université : comment les identifier, en mesurer la maîtrise chez les étudiants et en diminuer l’impact ? CDS-ULg – 26 février 2008 MARC Marc Romainville