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Médiathèque A.Malraux (Béziers)

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1 Médiathèque A.Malraux (Béziers)
Doit-on tout pardonner ? Réunion préparée avec Michel Escudier Médiathèque A.Malraux (Béziers) 7 décembre 2011 1. Étymologie / Définitions du mot pardon 2. Notions /concepts / prise de vue : Faute, souffrance, haine (rancune, rancœur, ressentiment), miséricorde. 3. Questions / Discussion : Deux questions préalables En guise de conclusion

2 Pardon : étymologie et définitions
Etymologie : Pardon, substantif de pardonner datant du XIIe siècle vient du latin perdonare « concéder, accorder » , de donare « donner » avec valeur intensive du préfixe per. Définitions : Petit Robert : Pardon « action de pardonner » ; Pardonner « tenir une offense pour non avenue, renoncer à en tirer vengeance » Synonymes : absolution, excuse, miséricorde, rémission Contraires : rancune, ressentiment, vengeance Dictionnaire de philosophie Godin : Rémission d’une faute ou d’une offense qui ne peut être que le fait d’une autorité morale (d’où l’idée que seul Dieu peut pardonner) ou de la victime même. La valeur du pardon est éthique et non juridique. Elle exclut l’oubli, surtout si son objet est un crime.

3 Notions / Concepts / Prise de vue
Faute : Sans faute, qu’aurions nous à pardonner ? Toute faute ne suppose-t-elle pas la transgression d’une norme de référence, d’une valeur morale ? Transgression par le coupable d’une valeur morale de la victime ? Souffrance : Sans souffrance, sans blessure morale ou psychique, sans tristesse qu’aurions nous à pardonner ? S’il n’existe pas de travail de la douleur, le deuil n’est-il pas un travail possible de la souffrance ? Haine : La haine est une tristesse qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure disait Spinoza. Symétriquement disait-il aussi, l’amour est une joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure. Celui qui hait, ajoutait-il, s’efforce d’écarter et de détruire la chose qu’il a en haine ? Pourquoi ? Sinon, parce qu’il préfère évidemment la joie ? La haine ne serait-elle qu’un amour malheureux qui en voudrait à l’autre de son propre échec ? Ainsi, toute haine, même justifiée, ne serait-elle pas injuste ? Rancune, rancœur, ressentiment : La rancune n’est-elle pas une haine présente, pour une souffrance passée, parce que le mal qu’on nous a fait, longtemps nous ferait mal ? La rancœur n’est-elle pas comme une rancune envieuse, pour un bien qu’on ne nous a pas fait ? Le ressentiment, n’est-il pas comme l’affirmait Nietzsche la rancune des faibles, une vengeance imaginaire, une rancune rentrée ? Miséricorde : La miséricorde n’est-elle pas la vertu du pardon : non en annulant la faute, mais en cessant de haïr ? Ne pas railler, ne pas pleurer, ne pas détester, mais comprendre disait Spinoza. La miséricorde n’est-elle pas l’antidote même de la misanthropie ? Comme un pas de la haine en direction de son opposé : l’amour ? N’est-ce pas en effet lorsqu’il est impossible d’aimer que pardonner a un sens ? Plutôt que la haine, la rancune, la rancœur ou le ressentiment, la miséricorde ne vaut-elle pas mieux ?

4 Questions : Pardonner est-ce oublier ?
La miséricorde : vertu ou faiblesse ? Doit-on tout pardonner ?

5 Pardonner est-ce oublier ?
Animation Michel Escudier L’oubli est-il salutaire? Si oui, jusqu’où ? Le pardon est-il de la clémence ? De la compassion ? De l’absolution ? De l’oubli ? Sinon quoi ?

6 1. Pardonner est-ce oublier ?
L’oubli n’est-il pas le contraire non de la mémoire, que l’oubli suppose, mais du souvenir ? Loin que cela soit toujours fautif ou pathologique, ne faut-il pas voir souvent dans l’oubli un signe de bonne santé ou même de générosité ? Toutefois, comment nous serait-il possible de tout oublier sans du même coup renoncer à notre humanité ? A l’opposé souvent de ce que nous pourrions souhaiter, ne nous souvenons nous pas davantage de nos souffrances que de nos joies ? Au risque de renoncer à notre humanité, comment l’oubli pourrait-il être absolument salutaire ? Pardonner ? Serait-ce de la clémence ? La clémence ne renonce-t-elle pas seulement à punir ? Serait-ce de la compassion ? La compassion ne sympathise-t-elle pas qu’à l’égard de la souffrance, ce qui n’est pas forcément le cas du coupable ? Serait-ce de l’absolution ? De quel droit pourrions nous effacer ce qui a été ? Serait-ce de l’oubli ? Sans souvenir de ce qui fut, qu’aurions nous à pardonner ? Sinon quoi; si ce n’est cesser de haïr sous quelque forme que ce soit (rancune, rancœur, ressentiment ..) ? Pardonner, n’est-ce pas parvenir à sortir de la haine ou, comme on dit, de cesser d’en vouloir au coupable ? Si l’on a oublié, à quoi bon pardonner : se souvenir n’est-il pas la condition première du pardon ? Cesser de haïr, alors qu’on a rien oublié, n’est-ce pas cela pardonner ? 6

7 La miséricorde : vertu ou faiblesse ?
Qu’est-ce qu’une vertu ? La miséricorde n’en est-elle pas la condition première de la justice ?

8 2. La miséricorde : vertu ou faiblesse ?
Si la vertu d’un couteau est de couper, la vertu d’un être humain n’est-elle pas de vivre et d’agir humainement ? « On ne naît pas vertueux, on le devient » disait Aristote. Ne le devient-on pas par cet effort joyeux à faire le bien pour son bien et celui de l’humanité ? Mais qu’est-ce que le bien ? Alors que les Grecs tenaient le courage pour une vertu cardinale, Voltaire lui en doutait : « Le courage n'est pas une vertu, mais une qualité commune aux scélérats et aux grands hommes. » N’y a-t-il pas que la morale pour faire la différence entre le courage des scélérats et celui des héros ? Or la morale qu’est-ce que c’est, si ce n’est, d’une façon ou d’une autre une forme de désintéressement ? Comme un oubli de soi pour une cause plus haute ? Etre vertueux, c’est tendre vers son bien qui est aussi celui de l’humanité et par là le réaliser, disait Spinoza. Cela ne suppose-t-il pas nécessairement un certain décentrement de l’ego, une morale ? Miséricorde ? Serait-ce parce qu’il a tué qu’il est juste de le tuer ? Qu’est-ce qu’un juste ? Si ce n’est, comme écrit ACS, « ..quelqu’un qui met sa force au service du droit, et qui, décrétant en lui l’égalité de tout homme avec tout autre, malgré les inégalités de fait ou de talents, qui sont innombrables, instaure un ordre qui n’existe pas mais sans lequel aucun ordre jamais ne saurait nous satisfaire. Comment la justice serait-elle possible sous l’emprise de la haine, de la colère ou du désir de vengeance, autrement dit sans la miséricorde ? La vertu de justice serait-elle indissociable d’une autre appelée miséricorde ? Cesser de haïr, pardonner pour échapper à la vengeance, n’est il pas la condition première de la justice ? Pardonner non pour cesser de combattre mais pour être juste, n’est-ce pas en cela une vertu ? La miséricorde n’est pas une rémission, pas plus qu’une démission, comment pourrait-elle être une faiblesse ? 8

9 Pourquoi le devrait-on ? Pour tout ?
Doit-on tout pardonner ? Pourquoi pardonner ? Pourquoi le devrait-on ? Pour tout ?

10 3. Doit-on tout pardonner ?
Pourquoi pardonner ? Pour la justice, afin que : Elle puisse être rendue sans haine ni passion Quelle que soit la faute commise, l’égalité de droit du coupable ne soit pas remise en cause. La faute, sans être oubliée ni justifiée, soit reconnue pour ce qu’elle est : une horreur à combattre mais sans haine, un malheur à plaindre par compassion mais sans rancune. Au nom de l’amour et pour la joie : L’amour est joie; la haine est tristesse voire souffrance. Tout ne les oppose-t-il pas ? Si pardonner, c’est faire le deuil de sa haine, n’est-ce pas du même coup se libérer de la tristesse ? Comme si, par faute d’amour, mais pour qu’il ne meurt pas, par don, on faisait un pas vers lui. N’est-ce pas précisément quand il nous est impossible d’aimer que le pardon prend sens ? Quelle justice pourrait-être rendue sans pardon : sans haine ni passion ? Tout ? « A quoi bon le pardon s’il ne porte que sur des broutilles ? A quoi bon la miséricorde, si elle ne pardonne que ce qui, même sans, elle serait pardonnable ? » dit CS Pardonner n’est-il pas d’autant plus nécessaire que la faute est grave, que la souffrance et la haine sont vives ? A quoi bon le pardon s’il ne porte que sur des broutilles : pardonner ce n’est pas excuser ! Sans oublier ni absoudre ? Si pardonner, c’est comprendre et cesser de haïr ; pardonner, ce n’est ni oublier ni absoudre, dès lors que la miséricorde n’abolit pas : La faute mais la rancune Le souvenir mais la colère Le combat mais la haine N’est-ce pas d’ailleurs dans cette logique que s’inscrit le devoir de mémoire ? Si pardonner c’est cesser de haïr, ce n’est ni oublier ni absoudre ! Comment pourrait-on échapper au devoir de pardon ou de miséricorde s’il en va de la justice, de l’amour et de la joie ? Mais le peut-on toujours ? 10

11 Comment le pourrait-on sans leur avoir pardonné ?
En guise de conclusion « L’amour est une joie, non une impuissance ou un abandon : aimer ses ennemis, ce n’est pas cesser de les combattre; c’est les combattre joyeusement » dit André Comte -Sponville Comment le pourrait-on sans leur avoir pardonné ?

12 ainsi que les thèmes et dates des prochaines réunions.
Vous pourrez retrouver le présent diaporama ainsi qu’une liste de citations sur le Pardon sur : Site du café-philo agathois où sont reportés tous les thèmes abordés depuis sa création ainsi que les thèmes et dates des prochaines réunions.


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