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Fascisme, nazisme et stalinisme Huitième cours : Bilan et postérité.

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1 Fascisme, nazisme et stalinisme Huitième cours : Bilan et postérité

2 Huitième cours : 1 – Bilan des régimes « totalitaires » 2 – Postérité des fascismes 3 – Postérité du stalinisme

3 1 – Bilan des régimes « totalitaires » 1.1 – Fascisme Puisque l’Italie a perdu la guerre et que le régime mussolinien s’est effondré en 1943, le bilan final du régime apparaît négatif : il n’a rien laissé, à part quelques nostalgiques qui s’expriment au sein de la Ligue lombarde et de quelques autres partis Cela étant, on ne peut se limiter à ce constat pour faire un bilan du régime mussolinien et il importe de porter le regard sur les réalisations italiennes de la période 1922-1943, même si pour la plupart, elles n’apparaissent pas évidentes aujourd’hui.

4 La monarchie peut être considérée comme une victime collatérale. Même si à la libération en 1943, les Alliés n’ont pas imposé une abolition de la monarchie, Victor-Emmanuel III cède en 1944 son trône à son fils. La haine et la colère des Italiens contre le régime fasciste se retournent contre la monarchie, accusée d’avoir collaboré avec Mussolini et supportant le discrédit de celui-ci. En 1946, un référendum abolit la monarchie et instaure la République italienne. La répression du régime, bien que modérée, apparaît comme un élément négatif, même si bien sûr aucune comparaison ne saurait être faite entre la répression mussolinienne et celle d’Hitler ou de Staline. Les réalisations économiques du régime apparaissent plutôt minces. Dans un premier temps, le système s’est employé à consolider le pouvoir économique des grands patrons.

5 À partir de 1931, et surtout à partir de la guerre d’Éthiopie, l’État s’implique davantage dans le processus économique et on voit alors une plus grande ressemblance avec la politique économique allemande. En ce qui concerne les indicateurs sociaux, la période 1922-1939 ne voit pas d’accélération de l’amélioration de ceux-ci : si l’alphabétisation progresse, son rythme n’est pas significativement plus élevé dans les années 1930 que dans les années 1910. Même chose en ce qui concerne l’espérance de vie. La comparaison de l’Italie de 1943 à celle de 1922 permet de constater que le régime mussolinien a eu peu d’impact et s’il apparaît comme une parenthèse néfaste, les conséquences sur le long terme demeurent faibles. La société civile italienne n’ayant pas eu à subir d’assaut comparable à l’allemande, elle peut renverser le régime avant la fin de la guerre. L’Italie n’a pas eu à subir un sort aussi infamant que l’Allemagne en 1945 et la « défascisation » fut moins douloureuse.

6 1.2 — Nazisme Alors que la popularité du régime nazi au milieu des années 30 dépassait les frontières de l’Allemagne, la Seconde Guerre mondiale et la confirmation, lors de l’avancée soviétique, des camps d’extermination nazis, ont provoqué un ressac qui n’a jamais cessé depuis. Nombreux sont les pays dans le monde où les mouvements nazis sont interdits et où la simple remise en question de la politique génocidaire de l’Allemagne hitlérienne est passible de peines de prison. De sorte que tout bilan de l’expérience nazie doit presque obligatoirement commencer par la question du génocide. Sauf quelques hurluberlus, personne ne remet en question la réalité du génocide juif. Les chiffres évoquent le nombre de 6 millions de Juifs exterminés, mais on parle beaucoup moins souvent des autres : près de 1 millions de Tsiganes, 3 millions de Soviétiques.

7 À cela il faut ajouter les victimes de la répression nazie à l’intérieur : communistes, socialistes ou opposants sans étiquettes politiques, homosexuels, handicapés physiques et mentaux, etc. L’empire concentrationnaire nazi avait élaboré une classification très complexe des différentes catégories de détenus. La question de la guerre ne peut pas non plus être évacuée, même s’il est toujours risqué d’évoquer la pleine responsabilité d’un État particulier dans le déclenchement des hostilités. Par exemple, on a pu prétendre que c’est la France qui, en imposant le traité de Versailles, a conduit à l’arrivée au pouvoir d’Hitler et que conséquemment, c’est elle qui est responsable du déclenchement de la guerre… Malgré la logique de ces arguments, il faut admettre que c’est le régime nazi qui déclenche la guerre et que même si les responsabilités du carnage sont partagées, l’odieux repose sur celui qui le premier ouvrit le feu.

8 De cette façon, les 85 millions de morts de la guerre auraient peut-être été évités si Hitler ne s’était pas emparé du pouvoir en 1933. Cela étant, il faut s’employer à analyser le système nazi au-delà de ces éléments, car c’est la seule façon de comprendre pourquoi les Allemands ont en très grande majorité soutenu le régime. Comme le régime a été détruit en 1945 et que son effondrement a entrainé une dénazification profonde, il ne reste que peu de choses des réalisations nazies. N’eut été de la désobéissance de Speer aux consignes de destruction d’Hitler, cela eut été encore pire. C’est sans doute sur le plan économique que le régime nazi présente ses plus grands succès. Encore une fois, plus rien de cela ne subsiste, mais il faut néanmoins garder à l’esprit l’extraordinaire redressement économique du pays à partir de 1933.

9 Hitler avait de très vagues connaissances en matière économique, mais il avait sous la main le docteur Schacht, principale autorité économique du régime. À partir de 1934, il reprend la politique de grands travaux que le gouvernement Schleicher avait initiés en 1932 et qui s’inspire en partie du New Deal de Roosevelt. Le « Plan nouveau » de Schacht, lancé en septembre 1934 vise à organiser l’autarcie du pays, afin de le rendre moins vulnérable aux crises économiques mondiales. Diverses mesures mises de l’avant par le ministre permettent d’accroitre la masse monétaire de plus de 30 % entre 1933 et 1938. Ces mesures, conjointement avec la politique de réarmement du régime, permettent de réduire drastiquement le nombre de chômeurs, qui passe de 6 millions en 1933 à quelques centaines de milliers seulement. La politique de contrôle des prix permet à la population d’avoir un niveau de vie supérieur à ce qu’il était dans les années 1920.

10 Nombreux sont les spécialistes de l’Allemagne nazie qui expliquent la nécessité de partir en guerre en 1938-1939 par l’état de l’économie : pour ces auteurs, les grands travaux et le réarmement avaient atteint en 1939 leurs limites et les réserves financières de l’État étaient alors à leur plus bas, rendant impossible la poursuite de ces politiques. De ce pont de vue, le seul véritable succès du régime nazi n’aurait été que temporaire. Pour le reste, les principaux indicateurs de développement ne subissent pas de mutation suffisante au cours de la courte période 1933-1939 pour permettre d’évaluer les impacts sociaux du régime. Si on pose la question du bilan nazi en comparant l’Allemagne de 1932 à celle de 1945, on doit en conclure à un bilan négatif. La puissance internationale du pays était faible en 1932, mais elle est inexistante en 1945, alors que l’Allemagne est divisée et occupée. Du point de vue territorial, il faudra attendre 1989 pour que les conséquences du nazisme soient partiellement effacées.

11 1.3 – Stalinisme À la différence des deux systèmes de l’ouest, le stalinisme a eu une postérité étatique. Certes, le stalinisme à proprement parler meurt en 1956, mais certaines des bases du régime qu’il a construit se maintiendront jusqu’à la fin des années 1980. Le premier élément sur lequel se portent les analyses occidentales du système stalinien, c’est le bilan humain. Tout au long des 25 années de règne du Petit père des peuples, des millions, voire des dizaines de millions de personnes, ont été victimes des politiques de l’État : 4 à 6 millions de victimes de la famine de 1932 à 1933, de 6 à 10 millions de victimes (dont probablement au moins 1 million de morts) lors de la collectivisation, de 5 à 15 millions de personnes ayant subi la répression politique (dont 1 à 5 millions de morts)…

12 Malgré l’horreur que suscite ce bilan désastreux, le régime stalinien ne saurait se limiter à cela et la focalisation exclusive de la tradition historiographique occidentale sur l’élément répressif nuit à la compréhension du système soviétique et stalinien, empêchant de comprendre pourquoi Staline demeure populaire auprès de la population. Car si le nombre d’œufs cassé pour constituer l’omelette stalinienne est effarant, cette omelette existe encore et certaines caractéristiques des sociétés postsoviétiques contemporaines sont issues de la période stalinienne. C’est le cas de l’alphabétisation : la rapidité avec laquelle l’alphabétisation s’est répandue entre 1917 et 1960 laisse pantois, passant de 10 % à plus de 80 %. De même, lorsque l’on compare le taux d’alphabétisation des républiques d’Asie centrale (autour de 100 %) à celui de l’Afghanistan (25 %), il devient évident que la politique stalinienne ne fut pas que négative.

13 Au plan économique, les succès du stalinisme sont considérables, même s’il faudra attendre la mort du guide pour que l’industrialisation du pays apporte des bénéfices à la population. Au cours des années 1930, la vie des Soviétiques demeure très difficile, même si certains éléments atténuent ces difficultés, comme la certitude d’avoir un toit sur la tête et quelque chose dans l’assiette. De même, si la vie est dure, elle l’est pour tous, ou presque, ce qui la rend plus supportable. C’est surtout en ce qui concerne la personnalité internationale et la puissance de l’État soviétique que le bilan stalinien devient remarquable : en 1925, l’URSS est un pestiféré international auquel on accorde peu d’importance parce qu’il est faible. 28 ans plus tard, l’URSS est la seconde puissance du monde et pèse de tout son poids sur les affaires internationales.

14 Un exemple frappant donne la mesure du progrès accompli par l’URSS au cours de ce quart de siècle de stalinisme en ce qui concerne l’économie, l’industrie, l’instruction, la science et la puissance internationale : en 1957, quatre ans après la mort du guide, l’un des États les moins avancés de l’hémisphère nord en 1925 met en orbite le premier satellite artificiel; quatre ans de plus, et Gagarine devient le premier homme dans l’espace.

15 2 – Postérité des fascismes 2.1 – Les régimes européens : franquisme et salazarisme D’un point de vue sémantique, on ne peut pas inclure les régimes de Franco et de Salazar dans une postérité du fascisme, puisqu’ils sont contemporains. Malgré des ressemblances frappantes, on ne peut pas non plus les qualifier de fascistes à proprement parler, à cause de certaines distinctions fondamentales. D’abord, l’attitude de ces deux régimes au cours de la période 1939-1945 en Europe témoigne d’une première différence importante : la guerre est indissociable du fascisme, que ce soit dans sa forme originale italienne, ou à plus forte raison dans sa variante allemande.

16 Or, Salazar et Franco se sont tenus à l’écart de toute aventure militaire d’envergure au cours de leur règne, au point où il s’agit pratiquement des seules nations neutres du continent européen au cours de la Seconde Guerre mondiale. Mais il y a plus important et il manque à ces régimes un élément fondamental pour pouvoir être classés dans la même catégorie que le fascisme et le nazisme : l’idée révolutionnaire et l’aspect téléologique des projets italien et allemand en sont complètement absents. L’une des caractéristiques des régimes « totalitaires » est qu’ils prétendent construire un homme nouveau pour une société nouvelle. Il n’existe rien de tel dans le salazarisme et le franquisme. Tout régime d’extrême droite n’est pas nécessairement totalitaire. Franco et Salazar sont issus de milieux conservateurs de leurs sociétés (l’armée pour Franco, la bourgeoisie rurale pour Salazar).

17 Les projets politiques de Salazar et Franco n’ont rien de révolutionnaire et même si l’antibolchevisme et l’antiparlementarisme y sont aussi présents que chez Hitler et Mussolini, les réponses qu’ils apportent sont radicalement différentes. Franquisme et salazarisme sont des systèmes dictatoriaux classiques, conçus pour faire obstacle à la menace révolutionnaire, alors que le fascisme est révolutionnaire : il cherche des modèles nouveaux pour répondre à un contexte social et politique nouveau. Loin d’être pensés pour permettre l’ascension politique et économique de nouveaux individus et de nouvelles classes sociales, les régimes de Salazar et de Franco sont précisément conçus pour permettre aux élites traditionnelles de rester au pouvoir.

18 Cela n’exclut pas certaines filiations. Les régimes de la péninsule ibérique partagent avec les fascisme une certaine rhétorique, mais ce sont davantage par leurs ennemis communs que par leurs objectifs communs qu’ils se ressemblent et s’assemblent. Ainsi en est-il de la participation allemande et italienne à la guerre d’Espagne : le but est de contrer un mouvement associé à la gauche révolutionnaire. Une fois la victoire de Franco assurée, les liens entre son pays et ses alliés italien et allemand demeureront tenus. En fait, c’est de l’autre côté de l’Europe, à l’est, qu’il faut chercher des régimes semblables à ceux de la péninsule ibérique. En Pologne, Hongrie, Roumanie, Yougoslavie, Lituanie, etc., les régimes politiques issus de la Première Guerre mondiale (dans des pays qui n’existaient pas avant celle-ci), d’abord libéraux, ont tous chancelé sous le poids de la crise consécutive à la guerre et de celle de 1929.

19 Dans tous les cas, la montée d’un ressentiment social fort contre les institutions a provoqué la peur des élites traditionnelles devant le péril rouge et les a incitées à mettre en place des régimes autoritaires fortement ancrés à droite. C’est aussi ce qui se passe en Allemagne et en Italie. Mais si les problèmes sont les mêmes, les solutions proposées sont différentes : révolution sociale pour l’Italie et l’Allemagne, conservatisme consolidé par un régime autoritaire pour tous les autres, dont l’Espagne et le Portugal.

20 2.2 – Les régimes sud-américains : péronisme et autres avatars De toutes les dictatures militaires postérieures à la Seconde Guerre mondiale, celle du colonel Péron est la seule qui, sans être calquée sur le modèle mussolinien, s‘y apparente par de nombreux traits. Lorsque le groupe de jeunes officiers dont fait partie le colonel Péron renverse, en juin 1943, le régime argentin pour instaurer une dictature militaire « progressiste », l'Argentine est en pleine mutation grâce au boom économique et on assiste à l'essor d'une bourgeoisie industrielle aspirant à accroître sa puissance. S'opposant aux élites traditionnelles (grands propriétaires et bourgeoisie conservatrice), cette nouvelle élite trouve dans le nationalisme une justification à ses aspirations hégémoniques et des alliés parmi les militaires d’origines modestes.

21 Péron, devenu ministre du Travail, met à profit sa situation pour se constituer une clientèle parmi les masses pauvres de la capitale. Mais, en même temps qu'il prend des mesures en faveur des ouvriers pauvres et des chômeurs, il noue des liens étroits avec de nombreux dirigeants industriels et ne tarde pas à devenir l'homme fort du gouvernement. Le colonel Péron s’emploie alors à établir son pouvoir personnel et ne recule pas devant les moyens pour briser les oppositions, mais son régime politique ne devient pas totalitaire pour autant : les masses argentines ne sont ni enrégimentées dans des organisations paramilitaires, ni soumises à une pression idéologique comparable à celle des régimes fascistes. Le péronisme ressemble au fascisme par sa démagogie verbale et son nationalisme, qui ne débouche pas cependant sur un projet impérialiste et guerrier.

22 Il ne s’agit pas non plus ici d’un système politique ayant pour vocation de refonder totalement l’ordre social, même si par ses origines, sa structure et son évolution, il demeure plus près d’une conception révolutionnaire que conservatrice du pouvoir. Par ailleurs, si le péronisme est l’inspirateur de certains régimes politiques en Amérique du Sud, c’est loin d’être le seul modèle politique autoritaire à se déployer dans le sous-continent. En effet, si le régime de Pinochet, par exemple, présente lui aussi certaines caractéristiques communes avec le fascisme, il s’agit avant tout d’une dictature militaire classique, visant comme les régimes de Salazar et de Franco à freiner l’érosion du pouvoir des élites traditionnelles : il ne suffit pas qu’un régime soit violent pour être qualifié de fasciste.

23 2.3 – Le fascisme et le nazisme dans le monde occidental contemporain Depuis environ 20 ans, les mouvements d’extrême droite ont le vent en poupe en Europe. Mais même si souvent les médias assimilent extrême droite et fascisme, ce rapprochement n’est pas toujours fondé. L’une des grandes différences entre les mouvements d’extrême droite contemporain et le fascisme, c’est que les premiers s’inscrivent souvent dans des courants conservateurs et antimodernistes, comme les courants monarchistes (de Villiers en France), alors que le fascisme est par essence révolutionnaire et modernisateur. La nostalgie de Jean-Marie Le Pen pour la grandeur française est d’extrême droite, mais n’a rien à voir avec les projets téléologiques des fascismes originaux.

24 En fait, les mouvements fascistes et nazis véritables sont aujourd’hui une rareté et seuls quelques groupuscules sans grande influence politique peuvent être considérée comme des héritiers idéologiques. En Italie au lendemain de la guerre, le mouvement social italien (MSI) a connu certains succès électoraux de 1950 à 1990, avant de se saborder et de devenir en 1995 l’Alliance nationale, un parti de droite modérée, donnant ainsi naissance au Mouvement social – Flamme tricolore, fondée par les dissidents qui refusaient de suivre cette transformation. Il y a aussi le parti ultranationaliste de l’Action sociale d’Alessandra Mussolini, qui utilise les références idéologiques du système politique de son grand-père, mais cela relève davantage de l’incantation que de la filiation. Raciste, la Ligue lombarde d’Umberto Bossi ne peut être qualifiée de néofasciste au sens strict.

25 En France, au cours des années 50 à 70, plusieurs formations à tendance néofasciste (Jeune Nation, Œuvre française, entre autres) n’ont jamais vraiment remporté de succès auprès de la population, à l’inverse du populisme d’extrême droite d’un Poujade, qui ne saurait cependant être qualifiée de fasciste. Au Royaume-Uni, l’Union Movement d’Oswald Mosley (chef de la British Union of Facists d’avant-guerre) n’a pas non plus connu de grand succès électoral et est resté jusqu’à sa dissolution en 1973 un groupuscule sans réelle influence politique. En Belgique, le parti ultranationaliste flamand Vlaams Belang, connu entre autres pour ses prises de position antiimmigrations est souvent assimilé aux courants néofascistes, de même que le Voorpost, présent en Afrique du sud et aux Pays-Bas, mais ici encore, il s’agit davantage de mouvements racistes que fascistes à proprement parler.

26 En Espagne existent certains partis se réclamant du régime de Franco, comme Fuerza Nueva. Le néonazisme, qui utilise explicitement les références au IIIe Reich d’Hitler, est également un courant politique dont la couverture médiatique excède largement l’influence réelle. C’est le cas en Allemagne de l’Office fédéral de protection de la Constitution qui, sous ses airs légalistes, constitue l’une des plus puissantes organisations néonazies (elle compte selon diverses sources de 3 000 à 5 000 membres). En Belgique, le mouvement Sang, terre, honneur et fidélité démantelée en 2006 était sans doute l’une des organisations néonazies les plus radicales du continent, mais elle demeurait extrêmement limitée en terme d’adhérents, alors que seulement dix-sept personnes (dont onze militaires) ont été arrêtées en vertu des lois antiterroristes du pays.

27 Étrangement, compte tenu du fait que c’est justement dans cette partie de l’Europe que les méfaits nazis furent les plus manifestes, c’est en Europe de l’Est que les mouvements néonazis sont les plus forts. En Bulgarie, par exemple, le parti Ataka ouvertement raciste, antisémite et xénophobe a obtenu plus de 20 % des suffrages lors de l’élection présidentielle en 2006. Les attaques contre les Tsiganes et les Turcs y sont très fréquentes, car tolérées visiblement par les autorités. En Russie, où le néonazisme est interdit, on retrouve de multiples formations et mouvements politiques qui s’inspirent clairement de la symbolique du IIIe Reich et s’en prennent aux commerçants issus de l’immigration (surtout du Caucase et de l’Asie centrale). Enfin, mentionnons qu’il y existe aussi au sein du KKK américain certaines cellules fortement colorées par le néonazisme, même si à proprement parler le Klan ne saurait être assimilé au nazisme.

28 À cela il faut ajouter les activistes du Stormfront, groupuscule sans réelle influence politique, mais violemment antisémite et anticommuniste, le Aryan Nations, ainsi que le American Nazi Party, encore plus insignifiants en termes d’audience, même si ce dernier dispose d’un lobbyiste au congrès depuis 2012. Bref, si l’extrême droite occidentale se porte bien, les mouvements fascistes et néonazis ne constituent qu’une petite partie de ce courant et les craintes quelques fois exprimées quant à la résurrection politique du fascisme et du nazisme sont très exagérées : ils appartiennent désormais au passé.

29 3 – Postérité du stalinisme Si en 1945 l’échec patent du fascisme et du nazisme fait en sorte que peu de régimes et de mouvements politiques veulent s’en inspirer, le stalinisme, au contraire triomphant, va susciter un grand nombre d’imitateurs plus ou moins convaincants. Il convient ici de relever le paradoxe le plus éclatant du « marxisme pratique » : si Marx envisageait le communisme comme le stade suprême du développement économique, possible seulement dans les États les plus avancés, ses disciples ont tous tenté, en parfaite contradiction avec ses recommandations, de lancer la « marche vers l’avenir radieux » dans des États très en retard d’un point de vue économique sur les régimes que Marx avait en tête.

30 De sorte qu’historiquement, pour le moment, au moins, le « marxisme appliqué » (qui n’a rien à voir avec Marx, ou si peu) s’est avant tout manifesté comme une doctrine de modernisation pour des États faiblement urbanisés et industrialisés. La marque de Staline est ici parfaitement évidente, de même que la déformation des théories marxistes que son régime a induites.

31 3.1 – Maoïsme Le plus remarquable des avatars du stalinisme, c’est bien sûr le maoïsme. La réaction de Mao à la déstalinisation est très évocatrice du changement qui survient alors en URSS et témoigne de l’éloignement de plus en plus grand de la direction soviétique du mode de fonctionnement du pays à l’époque stalinienne. Si la Russie d’avant la révolution était généralement considérée par les marxistes comme le dernier État où pourrait survenir une révolution à caractère marxiste, la chose est encore plus évidente dans le cas de la chine prémaoïste. En effet, en 1949, la Chine est très loin de présenter les caractéristiques d’une société industrielle : son taux d’urbanisation est inférieur à 10 %, moins de 15 % de la population du pays est alphabétisée et son économie est essentiellement agricole.

32 Comme dans la Russie d’avant 1917, des progrès importants ont été réalisés dans les années précédent la prise du pouvoir par le PCC. La Chine de 1949 est donc un État en cours de modernisation, tout comme l’était la Russie en 1917. Il n’est guère étonnant dans ce cas que Mao se soit grandement inspiré du modèle stalinien. Mais il y existe de grandes différences entre les deux, car le contexte démographique chinois est très différent de celui de la Russie impériale, avec une population près de 5 fois plus importante. La marche à l’industrialisation devra donc prendre d’autres formes qu’une urbanisation accélérée, dans la mesure où il est impossible de concentrer aussi rapidement que l’a fait Staline la population dans des ensembles urbains : la Chine vient à peine d’atteindre un taux d’urbanisation de 50 % et à la mort de Mao en 1976, ce taux n’était que de 20 % à peine.

33 Le modèle de développement est conséquemment différent : par exemple, la politique du Grand Bond en avant (1956) visait à l’industrialisation des campagnes, plutôt qu’à leur « urbanisation » comme dans le modèle stalinien des années 1930. Mao ne s’est jamais rendu aussi loin que son homologue géorgien dans le processus d’enrégimentement social. Bien sûr, le PCC est le seul parti politique autorisé et il y existe une multitude d’organisations sociales ayant pour objectifs d’encadrer la population, mais le degré de pénétration de celles-ci ne sera jamais comparable au modèle stalinien. Ainsi, la révolution culturelle lancée à la fin des années 1960 a avant tout concerné les populations urbaines, alors que dans les campagnes, elle ne pouvait que concerner certains bourgs plus importants, la campagne profonde demeurant largement impénétrable à cette époque.

34 Tout comme Staline, Mao pratique le culte de la personnalité avec d’autant plus de facilité que le contexte historique chinois et sa tradition politique se prêtent très bien à une personnification du pouvoir. Bref, même si le maoïsme partage de nombreux points communs avec son système politique de référence, peut-il pour autant être qualifié de « totalitaire »? Certes, Mao manifeste une volonté totalitaire, mais les caractéristiques propres à la Chine rendent encore plus difficile le recours à cette caractérisation : si on peut admettre qu’il était sur la voie du totalitarisme, le maoïsme en était encore très éloigné lorsque Deng Xiaoping entame ses réformes à la fin des années 1970. D’ailleurs, la Chine s’est considérablement éloignée du modèle maoïste et a pris depuis 35 ans des formes s’inspirant davantage du confucianisme que du marxisme. La Chine ne conserve plus guère du marxisme qu’un certain lexique révolutionnaire.

35 3.2 – Castrisme Lorsqu’il s’empare de La Havane en 1959, après avoir chassé le dictateur Batista, le Comandante ne peut pas être qualifié de marxiste et entretient des liens tenus avec les organisations se réclamant de cette idéologie. À son origine, le castrisme est un mouvement anticolonial qui a d’abord pour objectif la libération du territoire national. Ce n’est qu’une fois au pouvoir, et suite à l’accroissement de l’influence de certains de ses lieutenants (Ernesto Guevara au premier chef) que Castro sera entraîné dans l’orbite soviétique. La réaction américaine à l’arrivée au pouvoir de Castro a eu une influence prépondérante sur le régime : d’abord relativement sympathiques au personnage, les autorités américaines vont déchanter lorsque le régime choisit en 1960 de nationaliser une part importante des entreprises étrangères au pays.

36 Les intérêts américains se trouvant menacés, Washington change son fusil d’épaule et s’emploie à faire tomber le régime de Castro qui, particulièrement après la tentative de la Baie des Cochons 1961, n’a d’autres choix que de chercher un appui extérieur. Le plus évident de ces alliés potentiels est bien sur l’URSS. Assimiler le castrisme au stalinisme apparaît très exagéré : même si le régime se montre parfaitement dictatorial, il n’atteint jamais un degré de répression comparable au stalinisme ou au maoïsme. À titre d’exemple, la violente épuration des institutions gouvernementales menée par Guevara en 1960 entraîne la condamnation à mort d’environ 600 personnes. Mais c’est surtout en ce qui concerne l’idéologie que le castrisme se distingue nettement de sa matrice stalinienne, car il s’agit avant tout d’un mouvement de libération national.

37 Même si le « marxisme pratique » accroit son influence au cours des années 1960, cette dimension anti-impérialiste demeure fondamentale (alors que chez Staline elle est plutôt accessoire) et se traduit par l’implication des forces cubaines dans de nombreuses luttes « anti-impérialistes », comme en Angola par exemple. Le guévarisme, qui est d’une certaine façon un avatar du castrisme, accentue cette dimension, le Che préférant abandonner rapidement ses prérogatives gouvernementales pour se consacrer à exporter la révolution cubaine en Amérique latine et en Afrique. De ce point de vue, castrisme et guévarisme sont plus près du trotskysme que du stalinisme.

38 3.3 – Polpotisme Caricature la plus repoussante du marxisme, le régime du Kampuchéa démocratique est passablement éloigné du stalinisme et des théories marxistes. En fait, dans la grande famille du « marxisme appliqué », il s’agit davantage d’une forme nationale du maoïsme, compte tenu de l’absence totale dans la société cambodgienne des éléments matériels nécessaires à la mise en place de la société communiste. Car si la Chine de 1949 est très loin d’une société industrielle, c’est encore plus vrai du Cambodge de 1975. Ici encore, il y a fusion entre les aspirations à la souveraineté nationale et les courants marxisants. Le régime de Pol Pot (de son vrai nom Saloth Sar) a le triste privilège d’être le plus sanglant de tous les systèmes politiques à s’être ouvertement réclamé du marxisme.

39 Au cours de la courte période de direction de Pol Pot, environ 2 millions de personnes ont été exterminées. Si ce chiffre fait pâle figure face au stalinisme, il faut tenir compte de la faible population du pays pour pouvoir comprendre toute l’horreur du régime : il s’agit en effet de 25 % de la population. Le polpotisme est aux antipodes du régime technologisée que suppose le totalitarisme : le Cambodge est l’un des États les moins développés du monde en 1975, mais surtout, le modèle de « développement » est une exaltation de la tradition cambodgienne rurale. Parmi les aberrations du régime de Pol Pot, il faut noter la désurbanisation et l’archaïsation sociale. Faiblement urbanisé, le Cambodge de 1975 l’est trop aux yeux des dirigeants, qui vont vider la capitale, Phnom Penh, de ses quelques 2 millions d’habitants.

40 Les déplacés seront contraints à vivre dans des camps de fortune en campagne à cultiver le riz, que le régime considère comme la ressource fondamentale qui permettra un jour le développement du pays. Profondément antiintellectuel (le port des lunettes est interdit), le régime de Pol Pot confond dans un même rejet Occident et modernité et tout ce qui appartient au second terme renvoie dans son esprit au premier, donc au passé colonial du pays, et doit conséquemment être annihilé.

41 3.4 – Stalinisme et Occident À côté de tous les régimes du tiers-monde et des États en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine qui s’en sont inspirés, le stalinisme a survécu à sa mort pendant quelques décennies en Occident par le biais de certains partis politiques qui s’en réclamaient. À la fin de la guerre, deux PC d'Europe occidentale occupent une place fondamentale dans leur pays en conséquence du rôle qu’ils ont joué pendant la guerre en tant que force de résistance au fascisme : le parti communiste italien et le parti communiste français. Le PCI s’est rapidement éloigné du modèle stalinien à la suite de la déstalinisation entreprise en 1956. Il ira même plus loin, alors que, dans la foulée de la répression hongroise de 1956, Togliatti, alors secrétaire général, prend ses distances avec Moscou.

42 De même, il est le premier parti communiste d’Occident à défendre clairement la théorie des voies multiples vers le socialisme et il est aussi l’initiateur de l’eurocommunisme au début des années 1970. Ce retournement et cette critique du monopole idéologique de l’URSS sur le mouvement communiste international conduiront à différents schismes au sein du PCI, dont le plus célèbre entraînera le développement des Brigades rouges, organisation terroriste d’extrême gauche des années 1970. Avant même l’effondrement de l’URSS, en janvier 1991, le PCI se dissous et donne naissance à deux partis politiques distincts, le parti démocratique de gauche, une formation de tendance sociale-démocrate et la Refondation communiste, très minoritaire, qui s’inscrit dans une tendance radicale sans pour autant être stalinienne.

43 Le PCF connaîtra une évolution différente. Encore plus stalinien que le PCI en 1945, le parti de Maurice Thorez a joué un rôle si fondamental dans la résistance française au cours de la guerre qu’il est à la fin de celle- ci l’un des principaux partis politiques du pays. Lors de la déstalinisation en 1956, le PCF maintient une ligne très stalinienne, qui fait de lui une exception dans la famille des partis communistes d’Occident. Il faudra attendre la mort de Thorez en 1964 pour que le PCF commence à remettre en question les dogmes de l’époque stalinienne. Il devient alors, plus le temps passe, une force politique secondaire et n’est plus aujourd’hui que l’un des multiples partis de gauche radicale en France. Aujourd’hui, il n’y existe plus guère en Occident de partis politiques déclarant s’inspirer ouvertement du stalinisme, terme devenu tout aussi infamant que celui d’hitlérisme.


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