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Guy Lanoue, Université de Montréal,

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1 Guy Lanoue, Université de Montréal, 2011-2015
Frugalitas* Modern Times (1936) de Charlot (Charlie Chaplin), devenu un symbole par excellence de l’aliénation due à l’asservissement de l’individu aux rythmes de la chaine de montage industrielle. Cette critique se précise avec les œuvres de Karl Marx, et se vulgarise avec les dystopies populaires de H.G. Wells (Men Like Gods, 1923), Aldous Huxley (Brave New World, 1932), George Orwell (1984, 1949), parmi d’autres. ,%20Charlie/Annex/Annex%20-%20Chaplin,% 20Charlie%20(Modern%20Times)_04.jpg * Ni les Romains ni les Grecs n’avaient de mot pour l’«économie» dans notre sens. À l’époque médiévale, œconomia signifiait uniquement «économe», frugal. C’est à la Renaissance qu’il acquiert son sens de «gestion de la maisonnée», qui deviendrait par la suite «gestion de ressources» à fur et à mesure que la production domine les autres dimensions, tel que la distribution et la consommation.

2 Cette vision de l’économie contemporaine comme une entité oppressive n’est qu’un leitmotiv parmi tant d’autres. L’économie est, avant tout, les activités qui entourent l’exploitation et la gestation de ressources dont la qualité principale est d’assurer la survie biologique de l’individu et la «survie» d’une armature sociale et d’un style de vie d’une société tout entière, inclues toutes ses contradictions. Bien entendu, quand ceci touche les sociétés contemporaines, le sujet n’est pas principalement un domaine anthropologique. Les ethnologues s’y penchent, historiquement, quand ils commencent à réaliser que d’autres sociétés ne semblent pas adopter ou suivre les mêmes principes «rationnels» et «économiques» qui sont censés être primordiaux et universels, selon l’idéologie individualiste et humaniste (John Locke, David Riccardo [Principles of Political Economy and Taxation, 1817], Adam Smith [The Wealth of Nations, 1776], et, à sa façon anticartésienne, David Hume [A Treatise of Human Nature, 1739], parmi d’autres) du capitalisme anglais et donc «occidental». das/ jpg Le mercantilisme est une philosophie (pour ainsi dire) «rationnelle» qui suggère que la richesse d’un pays (ses ressources) impose des limites au stock de bienêtre total de la planète et des citoyens. On ne peut dépasser ces limites, sauf par l’échange «rationnel», qui permet à chacun d’exploiter ses avantages relatifs («comparatifs») en exploitant les ressources qui lui sont «naturellement» propres. Donc, l’Espagne échange du sucre (qu’elle obtient de ses colonies au rabais, grâce à l’esclavage) contre le coton français (qui vient lui-aussi des colonies, à bas prix; il est tissé et teinté à Nîmes, dont le denim). Tout le monde est plus riche, tout le monde est heureux, sauf, évidemment, les esclaves, qui, comme dans la cité de Platon, ne figurent pas comme protagonistes du système «économique», qui cache, au fond, un arrangement politique basé sur la force cachée.

3 Au cœur de l’anthropologie économique sont les préjugés occidentaux qui définissent l’«économique». L’accent est toujours sur la production et sur la distribution, qui sont des catégories d’enquête tout à fait légitime, mais aujourd’hui dépassées par le nouvel ordre mondial et par le système financier mondial. Du point de vue classique, l’économie est la «science lugubre», selon l’écrivain anglo-écossais Thomas Carlyle (c.1850), qui ironisait sur l’expression plus tard rendue immortelle par Frederik Nietzsche, «La science gaie» (c.1880), qui se réfère aux éléments typiques de la haute culture de l’époque: versification, poésie, littérature – le jeu de mots «joyeux» (pour ainsi dire), ou, voulant, qui se réfère à la maitrise de la rhétorique, de la philosophie et de l’idéologie. L’économie, en contraste, serait le secteur banal, du «bas», car on fait des choses surtout avec les mains (voir le PPT Visage) et non avec le cerveau ou l’«esprit». Il y a donc un contraste implicite avec le monde des grands mots, un domaine retenu comme plus valorisant. Souvent, on conserve ce vieux préjugé en limitant l’enquête quand, derrière la production et la production, il y a un système de pouvoir qu’il faudrait découper pour comprendre l’économie. En fait, l’«économie anthropologique», domaine traditionnel d’enquête, devrait aujourd’hui être rebaptisée «anthropologie financière». Il faut comprendre que le choix de métaphore est aussi conditionné par un système caché d’exploitation. 9000/gif/_ _pakistan_economy3_416gr.gif Une vision traditionnelle de l’économie L’image de la nouvelle économie mondiale

4 L’investissement est au cœur de l’enquête
L’investissement est au cœur de l’enquête. On produit de la richesse en misant sur l’une de deux dimensions, chacune conditionnée, logiquement, par la demande pour les marchandises, les biens et les services: investir dans la distribution (le commerce; le capitalisme mercantile), ou investir dans la production (le capitalisme industriel). Ces deux images sont le visage populaire du capitalisme, mais le slogan qui encourage la consommation de biens n’est pas une description exacte du processus qui crée la richesse et confirme le pouvoir. Consommer est commun au capitalisme mercantile et au capitalisme industriel. Ces images ne se réfèrent pas au mécanisme économique, mais aux conditions politiques qui permettent au système économique de fonctionner (et qui sont reproduites par chaque moment de la dynamique économique). Vfpw3BK_E/S6zEFwiAyTI/ AAAAAAAANA/LGCXIT-B2 zk/s1600/socialism_vs_capitalism.jpg uploads/2009/06/the-faces-of-capitalism1.jpg Acheter et vendre de biens pour générer un profit n’est pas au cœur du capitalisme. Des marchands existent depuis toujours, métaphoriquement parlant, mais certainement depuis qu’existent les villes et donc la nécessité de transférer un surplus agricole de la campagne à la ville, et les produits artisanaux d’une ville à une autre pour obtenir des matériaux primaires.

5 http://breakfastwithspanky.files.word press.com/2008/09/yam.jpg
/young-maori-girl-at-te-ariki-pa-shows-her-standing -alongside-a-vegetable-garden-and-a-whare-photograph- taken-in-the-1880s-by-the-burton-brothers.jpg?w=367&h=269 Les ignames maori Un jardin maori, années 1880 Marcel Mauss, neveu et étudiant d’Émile Durkheim, est un des premiers à se pencher sur la question de l’échange (Notez: pas sur la production, que Marx avait identifié comme le foyer où se reproduit l’inégalité innée au capitalisme; la distribution [l’échange], pour lui, n’est que la source rhétorique qui se manifeste sous la forme de la loi du contrat, ce qui cache les rapports déséquilibrés qui sont produits et reproduits par l’appareil financier du capitalisme). Dans L’Essai sur le don ( ), Mauss utilise comme exemple les Maori de la Nouvelle-Zélande, où le hau de l’objet, «l’esprit du don», est censé pousser les personnes à offrir de contre dons. Autrement dit, Mauss tente d’identifier la force motrice pour cette dimension importante de l’activité économique dans des sociétés où l’intérêt rationnel et le calcul stratégique semblent absents, à premier vu d’oeil. Autrement dit, les cadeaux sont échangés selon de règles et de calculs précis, mais ne sont pas de marchandises dans le sens classique du mot.

6 Peut-être le texte anthropologique le plus canonique sur l’économie est, ironiquement, Argonauts of the Western Pacific, de Bronislaw Malinowski (1922; ed. fr. 1963). Ironique, parce que Malinowski décrit un système économique, le Kula des Îles Trobriandais de la zone mélanésienne, où certains biens sont échangés, mais jamais consommés. Des personnes partent en expédition d’une ile à l’autre pour échanger de bracelets blancs (mwali) contre de colliers rouges (soulava). En fait, Malinowski parle d’un «ring», un cercle, parce que les mwali circulent dans le sens inverse aux aiguilles d’une montre, tandis que les soulava circulent dans l’autre direction. L’échange est entre partenaires fixes, mais qui sont dans un rapport compétitif et non amical. Comme le hau maori décrit par Mauss, ces objets ne doivent pas rester dans la possession d’une seule personne. On doit les accumuler uniquement pour les échanger. Ces objets deviennent la source du statut des hommes qui les échangent. Plus on échange, plus on est respecté. Ce système semble mettre en question la notion occidentale de l’«économie», parce que ces objets ont quelques aspects de marchandises (ils ont une valeur, selon le nombre de fois qu’ils ont été échangés), mais ils ne sont pas consommés. Peut-être il est plus apte d’affirmer qu’ils sont symboliquement consommés par chaque échange sans être matériellement détruits (comme l’or). Cependant, l’échange de ces «jetons» facilite le troc (gimwali); dans ce sens, il y a un calcul stratégique au niveau de la sélection de partenaires pour l’échange kula. com/images/massimap.gif /thumbnails2/1/0708/13/1_580b1c 2ed05d781bb6a5fce4591d82d1.jpg Un collier soulava ages/groups/1/AHR001c.jpg Un bracelet mwali

7 Au cœur de la question économique est la rationalité de l’Autre
Au cœur de la question économique est la rationalité de l’Autre. À différence de la rationalité occidentale apparemment centrée sur les intérêts stratégiques et égocentriques de l’individu, les économies «primitives» (p.e., voir Raymond Firth, Primitive Polynesian Economy, 1939) semblent tenir compte des dimensions sociales de l’individu, de ses devoirs et de ses obligations comme membre d’une communauté qui n’est pas uniquement définie par les intérêts économiques individuels. Si les obligations sociales empêchent une personne de réaliser son potentiel économique, pouvons-nous conclure qu’il a agit de façon rationnelle? De plus, la pensée darwinienne des 19e et 20e siècles semble cimenter pour toujours les définitions du «rationnel» et donc de l’«économique» dans les pratiques capitalistes de l’époque. Des activités telles que le potlatch des peuples de la Côte Ouest du Canada sont saisies par les ethnologues comme un exemple d’une pensée économique rationnelle, car ce rituel de redistribution semble conjuguer parfaitement les intérêts stratégiques de la communauté avec ceux de l’avancement du statut individuel. D’autres sociétés, comme les Athapascans septentrionaux, présentent certaines difficultés interprétatives, car plusieurs préfèrent s’aveugler aux dynamiques politiques complexes qui animent leurs activités économiques. Donc, ils ne sont pas «rationnels», parce que l’économique dans son sens occidental n’est pas primordial dans le sens de créer une matrice pour la pensée. Un potlatch contemporain .com/potlatch.jpg Ironiquement, certaines activités sont vues comme purement «sociales» ou «traditionnelles» (la poubelle des ethnologues), car on ne reconnait pas leurs dimensions économiques. Préparant une peau d’orignal, Territoires du Nord-Ouest, 1975

8 Pour simplifier, plusieurs chercheurs ciblent l’«économique» selon trois points de vie:
1) le formalisme, dont les adeptes utilisent le langage des sciences économiques de l’Occident; ils prétendent étudier l’utilité marginale d’un bien (ou d’une activité); leurs analyses reposent sur le postulat que les ressources soient rares et ne sont pas distribuées de façon homogène; c’est la position classique qui définit l’Homo œconomicus, l’homme qui effectue de choix, souvent dans un contexte de compétition. 2) Le substantivisme, proposé par Karl Polanyi (The Great Transformation, 1944), une forme de sociologie historique qui ignore la question de rationalité; ses praticiens admettent que la logique peut éclairer certaines décisions «économiques», mais ils se concentrent sur la façon dont les humains exploitent leur environnement (autrement dit, ils examinent la substance de l’économie et non ses manifestations plus ou moins rationnelles). 3) Le culturalisme, qui prétend qu’il n’est pas suffisant d’examiner les cadres interprétatifs « substantivistes » qui entourent et conditionnent l’activité économique; Il faut rejeter le sous-texte de l’ethnocentrisme inné des théories occidentales pour privilégier les modèles autochtones. Quel modèle du Tiers Monde peut comptabiliser les vrais couts d’un atelier de misère, quand celui-ci existe grâce aux dynamiques financières propres au système mondial?

9 Avec la publication de Stone Age Economics, Marshall Sahlins tente, en 1974, de démontrer que la rationalité «primitive» se distingue de celle typiquement occidentale, car les personnes qui vivent sous un régime tribal tentent d’incorporer et surtout de reconnaitre explicitement que l’économie incorpore de dimensions sociales: les obligations, les devoirs et les droits en tant que membre de la communauté. Il propose deux arguments révolutionnaires: 1) l’absence de biens n’est pas, pour la majorité des peuples tribalisés, signe de la pauvreté, car ils ont opté de maximiser le temps dévoué à d’autres activités, plutôt que de s’enrichir en se concentrant sur la production de choses matérielles; 2) la rationalité qui entoure l’échange n’est peut pas être calculée uniquement dans une durée brève. Ce qui apparait comme la générosité pure (ou le manque de calcul stratégique, selon le point de vue), peut être une forme de réciprocité généralisée, où l’individu donne à un réseau et non à une personne seule, en attente de recevoir un contre-don du réseau (donc, pas nécessairement de la même personne qui à reçu le don original), ou de la réciprocité différée, où le contre-don se fait dans un deuxième temps (on investit «rationnellement» dans le futur). Pourquoi limiter l’idée du rationnel aux évènements qui entourent le moment précis de l’échange? À droit, une banque alimentaire de Vancouver assure la redistribution de dons à la communauté, où le donateur ne connait aucunement le destinataire. /images/birthday_gifts.jpg AAAAAAAAACM/ClwEVRVFnJ8/s1600-R/Vancouver+Food+Bank.jpg

10 Le point que je veux souligner est que se limiter à quelques dimensions de la distribution et non de la production en tant que telle n’est qu’un prétexte pour conclure que l’Autre n’est pas rationnel «comme nous»; on peut donc l’étiqueter comme «primitif» sans utiliser ce mot désormais banni. Par contre, les décisions qui entourent la production sont toujours rationnelles si elles tiennent compte de la dimension politique, des lignes de pouvoir qui définissent l’armature des rapports sociaux. On produit un surplus pour faire un cadeau à quelqu’un. C’est rationnel. On travaille 8 heures sur une chaine de montage ennuyeuse ou dangereuse puisqu’on n’a pas de source de capital et donc pas de choix. C’est rationnel. Un Sekani ne retourne pas à la même zone de chasse chaque année, où sa connaissance intime du lieu le rendrait plus efficace, parce qu’il doit montrer aux voisins que les zones moins productives leur appartiennent autant que les zones plus riches. C’est rationnel.

11 Il est impossible de parler de la production sans préciser la question d’accès aux ressources: qui contrôle l’accès aux ressources? Dans les sociétés industrialisées, on peut formaliser la réponse par un ensemble de définitions assez précises: la bourgeoisie (mais pas nécessairement les bourgeois) contrôle les ressources, et le prolétariat, non. Ceci ne dit rien de la condition économique de personnes qui assument tel statut: il y a de prolétaires riches, comme certains membres de la bourgeoisie sont relativement pauvres: ils sont propriétaires, oui, mais de ressources non stratégiques: un magasin dépanneur, un kiosque de journaux. Il faut penser «ressources» en termes d’un système de pouvoir stratégique: la ressource principale dans une société industrialisée (capitaliste ou communiste; indépendamment de l’idéologie) est le capital. L’argent de poche n’est pas du capital parce qu’il est incapable de générer du revenu dans un système économique. Même une personne qui dispose d’un compte bancaire avec des millions d’économies n’est pas nécessairement un capitaliste, s’il ne participe pas à un régime d’investissement dont les lignes de force sont plus ou moins garanties par le pouvoir gouvernemental et par l’hégémonie culturelle.

12 Il y a beaucoup de confusion autour de la question de classe et l’économie, surtout si nous tenons compte de la question de statut: la classe dans son sens populaire. Existent de microdifférences (voir, p.e. Pierre Bourdieu, Distinctions, 1973). Telles distinctions qui s’expriment en terme de statut (p.e., «la haute classe moyenne», «la classe moyenne professionnelle», «la classe moyenne de banlieue», etc.) sont preuve que la première définition de classe est primordiale: quand les personnes ne contrôlent pas les ressources-clés dont elles ont besoin, elles s’engagent dans de luttes secondaires, pour établir de structures «parallèles» de l’imaginaire, où, semble-t-il, elles peuvent s’approprier de ressources (toujours de l’imaginaire, et non tirées de l’économie) pour établir leur sémiopouvoir.

13 Il y a davantage de confusion quand on tente d’utiliser ces termes pour décrire de sociétés où l’accès aux ressources est souvent plus compliqué comparé à un système capitaliste, parce que la possession est partagée parmi plusieurs groupes ou personnes (p.e., la terre), ou parce que les ressources en tant que telles sont plus éphémères. P.e., en certaines parties de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le réseau de contacts entre Big Men constitue une ressource économique, car ceux-ci permettent l’expansion du village (une dynamique primordiale dans un régime agricole sur brûlis). Certes, tels rapports sont alimentés et cimentés par des échanges, souvent de cochons, dont le nombre et la valeur sont comptabilisables; donc, plus facilement conçus comme «économiques». De plus, tels rapports sont en principe à la portée de la majorité des hommes. Les lignes de force définissent un ensemble de rapports, une structure, mais pas une catégorie sociale comparable à une classe d’un régime capitaliste. Un Big Man local, Southern Highlands Province, PNG, 2004

14 Et comment analyser un système de castes
Et comment analyser un système de castes? Est-ce une économie ou un régime spirituel? Typiquement, dans un tel système, la pureté émanant du sommet de la pyramide sociale est «échangée» contre des biens et des services provenant de couches sociales inférieures. Les castes sont endogames pour garantir que l’échange du visible – les biens et les services – contre la pureté «invisible» ne soit pas contaminé, car les personnes sont formées des composants visibles – le corps – et invisibles – l’âme. En Occident, on insiste que ceci n’est pas un système «économique» parce que l’idéologie «religieuse» limite et canalise les activités qui entourent la vie et la survie, quand le concept de l’Homo œconomicus insiste que chaque personne cherche à maximiser l’utilité marginale. Alors, existait-il une «économie» à l’époque médiévale européenne où l’Église catholique limitait les jours de travail et les taux d’intérêts sur les emprunts? Voir L. Dumont, Homo Hierarchicus: Essai sur le système des castes, 1966. À chaque partie du corps social correspond un degré de pureté spirituelle et ethnique, qui se chevauche avec les idées mythiques de la pureté de certaines parties du corps biologique et de ses produits (p.e., dans le mythe de Purusha le géant primordial dont le corps sacrifié fournit la matrice pour les castes et pour l’environnement naturel et cosmique). Ceci n’est pas une représentation de Purusha (qui était censé avoir mille têtes), mais illustre néanmoins le principe de correspondance de façon simplifiée. La république de Platon reprend une forme de ces idées protoindo-européennes; voir G. Dumézil, Mythe et Épopée, /thumb/e/ef/Homo_Hierarchicus_caste_zh.svg/50 7px-Homo_Hierarchicus_caste_zh.svg.png uploads/2010/08/caste-system.jpg

15 Bref, des distinctions trop formelles ne semblent pas avancer l’analyse de l’économie. Quand un État contemporain occidental, par exemple, se lance dans un programme de redistribution de ressources (le bienêtre social, l’assurance emplois), des programmes qui sont rendus possibles grâce au système d’impôt progressif, ou quand un individu fait une contribution charitable à une fondation, comment centrer l’Homo œconomicus? Pourtant, tels gestes, parfois vus comme l’«altruisme» par les éthologues et les sociobiologues (voir E.O. Wilson, Sociobiology: The new Synthesis, 1975; ed. fr. 1987), qui doivent s’efforcer pour «expliquer» ce comportement antiéconomique, sont assez fréquents. Mais le fait est, comme l’a réalisé l’économiste J.M. Keynes dans les années 1930 (dont l’influence sur le système économique mondial ne se mesure pas uniquement par ses publications, car il était conseiller de tous les chefs d’État de l’époque), que cet altruisme étatique rend possible les économies contemporaines. La «charité» est donc une forme d’investissement dans l’économie, comme l’est la bourse d’études pour les jeunes. La charité et la redistribution peuvent court-circuiter l’impact politique des syndicats et la frustration des prolétaires. Le gouvernement canadien considère que 51% de son budget, soit autour de 94 milliards (2003-4), consiste de paiements de transfert. ( ) 2007/06/15/wbCHARITY2_narrowweb __300x387,0.jpg images/english/transfer%20payments.jpg

16 La nouvelle gouvernance et la pression sur la classe moyenne

17 À travers Hollywood, on est retourné à la Belle Époque coloniale, où les surplus étaient créés outre-mer et transférés au pays mère. Il faut nuancer: où le colonialisme était accompagné par l’émigration européenne (Canada, États-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud), ceci a créé des accumulations locales de capital et de richesse : le surplus généré était partagé en deux, et la partie locale était réinvestie localement. Il est donc vrai qu’après la 2e Guerre mondiale les colonies coutaient plus cher aux pays-mère, car les économies européennes étaient temporairement détruites et ne pouvaient fonctionner de la même façon qu’auparavant. Maddison's estimates of GDP per capita at purchasing power parity in 1990 international dollars for selected European and Asian nations between 1500 and 1950, showing the explosive growth of some European nations after 1800

18 La nouvelle gouvernance ne cache pas que le loisir soit une affaire
La nouvelle gouvernance ne cache pas que le loisir soit une affaire. Titre du Hollywood Reporter, On est loin des commérages sur la vie secrète de Taylor Swift: While the domestic box office was down a sobering 4 percent, the foreign take grew by 7 percent to $22.4 billion; China now second-biggest international market after Japan. The foreign box office rescued Hollywood in 2011, with international ticket sales reaching $22.4 billion, a healthy 7 percent increase over 2010, according to the MPAA's annual Theatrical Market Statistics report.

19 La nouvelle gouvernance et l’accumulation du capital
(April 29, 2008): NEW YORK (AP) - Canadian firm Rogers Communications Inc. said Tuesday it doubled its first-quarter net income on strength in its wireless postpaid business. There are four major wireless carriers in the U.S., and all but Verizon Wireless have a default mobile search provider. Both AT&T and T-Mobile USA use Yahoo! and Sprint Nextel uses Google. « Almost 40 percent of all workers in the U.S. can be considered mobile, which translates into nearly 50 million employees. » (2005) (April 28, 2008): Verizon has reported Q1 revenue of $23.8 billion, up 5.5 percent. Net income increased to $1.64 billion from $1.5 billion. Revenues at the company’s wireless business rose to $11.7 billion, up 13.2 percent year over year. Revenue at Verizon’s wireline business fell 1.4 percent. Wireline data revenues which now make up 40 percent of total wireline revenues were $4.9 billion, an increase of 14.8 percent compared with the first quarter 2007. [23.8g = 95.2g/y; 1.64g profit (net income) = 6.56g/y; 1.64g profit sur un revenue de 23.8g = retour de 5%] Profit annuel de Verizon: 6.56g

20 La gouvernance traditionnelle et l’accumulation, même avant la crise de 2008-09
General Motors Corp. (NYSE: GM) today posted net income for 2006, excluding special items, of $2.2 billion, or $3.88 per share fully diluted, compared with a net loss of $3.2 billion, or $5.67 per share, in 2005, marking a $5.4 billion improvement. Including special items, GM had a net loss of $2.0 billion, or $3.50 per share for 2006, compared with a net loss of $10.4 billion, or $18.42 per share in the year-ago period. General Motors earned record revenue of $207 billion in 2006, compared with $195 billion in 2005. adjusted net income of $2.2 billion - improvement of $5.4 billion reported net loss of $2.0 billion - improvement of $8.4 billion -- Positive fourth quarter net income and operating cash flow -- Year-end cash balance of $26.4 billion [net income (« profit ») de 2.2g sur un revenue de 207g = taux de profit de 1%, comparé au profit de Verizon, approx. 5%, qui génère ainsi 3g de profit de plus sur un investissement d’un tiers du montant investi par GM. Cela veut dire que l’investissement dans ce secteur télécommunications peut générer 5 fois (approx.) de profit par dollar investi]. Point final: GM a des usines: ses investissements sont plus ou moins conditionnés par ses infrastructures énormes. Verizon n’a pas d’usines ni d’infrastructures en tant que telles. Son capital peut «voyager» partout.

21 Le 9 février 2011 la bourse de Londres et TMX (Canada) annonce une fusion:
(FT) -- Shares in London Stock Exchange surged almost 8 per cent on Wednesday after it agreed an all-share merger with TMX Group, operator of Canada's largest stock exchange, creating a platform with the world's largest number of mining company listings at a time of surging commodity prices. Borse Dubai, LSE's largest investor, Italian bank shareholders UniCredit and Intesa Sanpaolo, as well as Qatar Investment Authority, which owns 15 percent of the LSE, favor the deal. The deal is the latest in the sector which faces the growing threat of competition from alternative trading platforms such as Chi-X Europe and Bats Europe. SGX, Singapore's exchange, agreed a $7.8bn bid to takeover Australia's ASX in January, to form Asia's fourth-biggest bourse. The deal valued ASX at 25 times its 2009 earnings. LSE trades at about 10 times earnings. TMX shares have risen strongly on the back of consolidation hopes. The group's subsidiaries include the Toronto Stock Exchange and the Montreal derivatives exchange. TMX also has a 19.9 percent stake in EDX London, a small derivatives exchange run by the LSE. TMX markets itself as the world's leading resources market, but the LSE has also capitalized on the commodities boom. Mining and energy companies account for 34 percent of the companies on LSE's benchmark FTSE 100 index, up from 29 percent three years ago. TMX's main board and TSX Ventures exchange, which specializes in small-cap listings, have a combined 3,900 listings between them. s/London_Stock_Exchange_180.jpg 10/12/Increase-in-the-Toronto-Stock-Exchange.jpg

22 Depuis une vingtaine d’années, de nouvelles théories tentent d’expliquer certains aspects de ces nouvelles tendances émergentes du régime mondial. Paul Krugman, en particulier, dans un poigné de livres, a développé un nouveau modèle de l’économie mondiale qui contourne les limitations toujours plus évidentes de paradigmes antérieurs qui se basaient sur la théorie de l’avantage comparatif. Cette dernière proposait que chaque économie se spécialise dans la production de biens pour lesquels elle est mieux adaptée, tels que le blé au Canada et le café en Colombie. Les économistes classiques ont passé de décennies à se féliciter pour avoir découvert que le café ne pousse pas au Canada, que les tentatives politiques qui visent l’autonomie économique de chaque pays constituent une perte de ressources. content/uploads/2010/03/shirts-tires-2.jpg

23 Le problème avec ce modèle est qu’il prévoit que chaque pays trouvera son équilibre «naturel» dans le régime d’échange international. Malheureusement, ceci contredit les faits, où l’écart entre riche et pauvre est toujours plus significatif. Brésil, par exemple, n’est pas devenu «naturellement» le premier fabricant de pneus grâce à son abondance de caoutchoucs au 19e siècle: on a importé les plantes parce que le marché dictait que le main-d’œuvre coutait rien. La théorie de l’avantage comparatif ignore les rapports de force derrière les structures économiques, comme celles qui imposent un régime colonial sur certains pays pour en tirer de bénéfices importants, p.e., le coton indien forcément exporté pour alimenter l’industrie anglaise de textile aux 18e et 19e siècles; cette pratique a déformé la structure économique de l’Inde, «démontrant» que la théorie est vraie, quand, deux siècles plus tard, les entreprises occidentales décident d’externaliser la fabrication vers l’Inde parce que celle-ci est en pays «en voie de développement» avec une main-d'œuvre à bas cout. On oublie que ce retard économique vis-à-vis de l’Occident est dû au colonialisme. ploads/2009/04/outsourcing_to_india_recession.jpg Les modèles suggèrent que l’externalisation soit une chose positive. La réalité est bien différente.

24 Justement, Krugman s’adresse à la question empirique: pourquoi est-il qu’au 20e siècle, les pays plus avancés sur le plan industriel (et donc plus riche) se ressemblent-ils? Pourquoi disparaissent-elles les différences censées se concrétiser, selon la théorie de l’avantage comparatif? Pourquoi s’installe-t-elle une autre différence, l’écart entre riche et pauvre? Les théories classiques prétendent que l’échange international, surtout s’il est encouragé par un régime douanier qui n’impose aucun tarif (ou, au moins, de tarifs bas) augmente la richesse de la planète. Cette hypothèse s’est révélée vraie, mais on continue à chercher des explications locales (et souvent «culturelles») pour justifier la pauvreté; p.e., pendant de décennies, les théories de développement suggéraient que la pauvreté indienne était due à sa surpopulation, son système de caste restrictif et inefficace, ou même à une religion rendue trop lourde par l’hyperitualisation, qui encourage (toujours selon ces théories) la passivité individuelle face au «destin» collectif; bref, il ne sont pas de bons investisseurs. Pourtant, les faits des dernières deux décennies ont démenti ces modèles. ss.com/2009/07/co2.jpg?w=300&h=299 Ironiquement, la pollution industrielle a été exemptée des soi-disant règles de la nouvelle économie, car on peut «exporter» les émissions en achetant les quote-parts inutilisées par les pays sous-développés, créant ainsi une motivation pour s’assurer que ses pays «importateurs» restent désindustrialisés.

25 Krugman répond que les consommateurs préfèrent avoir de choix diversifiés, mais que les économies d’échelle (quand le cout d’une unité produit baisse grâce à l’augmentation du volume de production) concentrent la production de marchandises plus complexes dans certains pays, étant donné que les pays avec une demande locale très élevée pour ce bien auront tendance à dominer la production à l’échelle mondiale, parce que les couts de transport par unité (et donc le prix de détail) seront naturellement plus bas si le bien est consommé où il est fabriqué. L’effet est la concentration de la puissance économique de pays déjà favorisés par l’efficacité de leur infrastructure industrielle. fanuscaalamus/2009/DoNotDelete/ceteris-paribus.jpg Ceteris paribus n’est pas le nom du protagoniste du dernier Astérix, mais le postulat irréel invoqué par les économistes quand ils proposent leurs théories, même celles qui «expliquent» le nouveau régime mondial. Cela signifie, «toutes choses étant égales par ailleurs». u/~ram15/ie/IEE05-11.jpg

26 Je ne connais pas la littérature spécialisée du domaine, mais une autre critique contre la position de Krugman (qui sans doute a été déjà soulevée par des professionnels du secteur) est la réalité de la trappe à liquidité, quand les politiques keynésiennes ne fonctionnent plus pour stimuler l’économie. Normalement, la banque nationale augmente ou diminue la quantité du liquide en manipulant le taux d’intérêt, pour faciliter ou pour limiter le taux d’emprunt et donc le taux d’investissement, pour ralentir ou pour stimuler l’investissement et la création d’emplois. Dans la nouvelle réalité mondiale, les pays les plus efficaces sur le plan technologique vont accumuler le capital, comme le suggère Krugman. Cependant, la facilité avec laquelle se déplace le capital signifie que les pays qui veulent conserver leur avantage compétitif et qui doivent donc continuellement augmenter le taux de réinvestissement dans l’infrastructure, ont de difficultés à trouver du capital «frais». Ils doivent donc gruger les salaires et baisser le taux de profit. Face à ce paradoxe structurel du capitalisme contemporain, les entreprises et les agents financiers préfèrent envoyer leurs profits (le capital potentiel) dans les zones plus productives (p.e., où le cout de la main-d'œuvre est moindre), ce qui mène à une crise locale de capitalisation dans les pays «avancés», baissant ainsi le taux d’investissement et, donc, les affaiblissant face à des économies où le cout de réinvestissement est relativement moindre (p.e., le cas de la Chine), car les salaires faibles donnent aux entreprises une marge de manoeuvre face à la compétition. Mais certaines industries sont trop complexes pour suivre le capital mobile, qui oblige les gouvernements à parrainer les investissements (p.e., Airbus), surtout que leurs tentatives d’encourager l’investissement en baissant le taux d’intérêt ne fonctionnent plus. Souvent, comme dans le cas du Japon ou, bientôt, des États-Unis, le taux d’investissement n’augmente pas même avec un taux d’intérêt bas, car le capital s’est «enfui» à l’étranger « pauvre ». Les pays «avancés» donc ont une tendance naturelle à se «désindustrialiser». -content/uploads/2009/11/mouth-toilet.jpg

27 Justement, en novembre 2010 s’effectue une intervention massive pour «sauver» la République d’Irlande. Pourquoi parler de ce pays relativement petit, quand le gros de la crise de 2008 (qui a commencé quand en 2004 quand l’ex-Président Bush a permis au FNMA («Fannie Mae») d’offrir des hypothèques «risquées») s’est déroulé aux États-Unis et en les pays piliers de l’Europe? Parce que l’Irlande est un exemple parfait, car ce pays était sous-développé et relativement pauvre jusqu’aux années 1980, quand IBM a été persuadé par le climat favorable (population stable et bien instruite, bonne infrastructure, et surtout salaires bas; voir F. Barry, C. van Egeraat, «The Eastward Shift of Computer Hardware Production: How Ireland Adjusted », NIRSA [cliquez], 2009) d’y situer quelques fabriques, se qui a stimulé le secteur de construction et l’ultérieure libéralisation des taux d’intérêt. Le plan actuel, mis au point par la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, et le EFSF (European Financial Stability Facility), prévoit injecter 100b. d’Euros (€100,000,000,000) pour combler un endettement d’au-delà de demi-million de dollars par personne (pour une population de 4,7 m), ce qui représente approximativement % du PIL (approx. 51,000$ par personne). Le paradoxe: le problème actuel est causé par la richesse, non par la pauvreté. ction_images/2009BX/2009BX8549.jpg housingwatch.com/media/2010/0 8/fanniemae-293mz jpg Un iMac G3, 1999, Made in Ireland

28 La nouvelle gouvernance et la pression fiscale Taxes et impôts par maisonnée, une croissance continuelle

29 Les nouvelles formes du pouvoir
L’index Gini mesure la disparité entre les riches et les pauvres; plus le nombre est haut, plus grande est la disparité. À noter que l’écart entre riche et pauvre augment aux États-Unis et en Chine, tandis qu’il baisse dans quelques pays de l’EU, caractérisés par des politiques sociales hautement interventionnistes.

30 L’augmentation des prix
Cette augmentation n’est qu’un indice que les tensions sociales augmentent dans les pays naguère favorisés par le système mondial. Une autre est le CPI (Consumer Price Index, ou Indice des prix à la consommation. Augmentation des prix (ligne bleue), États-Unis, Augmentation des prix, France, /7/7a/US_Consumer_Price_Index_Graph_French.svg/750px-US_Consumer_Price_Index_Graph_French.svg.png


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