DÉFINITIONS DE L’ATTITUDE
En langage courant, l’attitude renvoie à l’idée de posture, c’est-à-dire, une manière de se tenir. Par extension, réfère à une conduite.
Quelques définitions Etat mental prédisposant à agir d’une certaine manière lorsque la situation implique la présence réelle ou symbolique de l’objet de l’attitude THOMAS, R., et ALAPHILIPPE, D., Les attitudes, P.U.F, Paris, 2è éd. 1993, p.5 (coll. « Que sais-je ? ». Une tendance psychologique exprimée en évaluant une entité avec un certain degré d’appréciation ou de dépréciation (Eagly et Chaiken,1993)
Etat d’esprit qui détermine un individu à formuler une opinion, à agir d’une certaine façon à l’égard d’un objet social, cet objet social pouvant recouvrir des aspects différents (Thomas et Znaniecki, ) Etat mental de préparation à l’action organisé à travers l’expérience, exerçant une influence directive et dynamique sur le comportement (Allport, 1935)
Disposition à réagir de façon favorable ou défavorable à un objet particulier ou à une classe d’objets. (Oskamp, 1977)
L’attitude est une tendance psychologique (prédisposition) qui détermine la façon dont un individu évalue les situations (objets), les personnes, les comportements et donc, se positionne vis-à-vis de ceux-ci. se fonde sur le système de représentations d’un individu, sa grille de lecture acquise par son éducation, ses valeurs, ses expériences et son milieu d’appartenance. Possède une relative force prédictive sur les comportements (cfr liens entre attitude et comportement)
L’attitude permet de prédire un comportement. EX: Je n’aime pas les légumes je n ’en mange pas. MAIS liens pas toujours automatiques. Pour connaître l’attitude, on va procéder par hypothèses à partir d’éléments « objectivables » (opinions déclarées – manières d’agir)
Caractéristiques L’attitude est relativement stable L’attitude est acquise (par l’éducation, l’expérience) L’attitude est individuelle
Les 3 composantes de l’attitude (Milton Rosenberg et Carl Hovland, 1960) Affective Cognitive Conative ou comportementale
Composante affective= la partie émotionnelle de l’attitude, fondée parfois sur une part d’irrationnel (ex: préjugés). renvoie aux sentiments éprouvés face à un objet.
Composante cognitive= les connaissances acquises, les savoirs, la partie argumentée mais aussi, les croyances vis-à-vis de quelque chose ou de quelqu’un. (ex: stéréotypes)
Composante comportementale= comportements associés par le passé à l’objet de l’attitude. les habitudes, manières de faire.
Dans l’élaboration de messages éducatifs, connaître quelle composante est prédominante me donne des indications pour le contenu et l’argument à utiliser. Ex: Je ne mange pas de légumes faire découvrir d’ autres manières de les manger, donner des arguments rationnels en faveur de la consommation de légumes ou montrer que c’est bon au goût…
La conception de messages susceptibles d’influencer autrui suppose donc de la part du communicateur : de reconstruire par empathie l’univers des objets cognitifs du manipulé; d’anticiper le résultat final des comparaisons entre ces objets qui seront opérées par le récepteur.
Exemple: prévention VIH auprès de jeunes en France. Blocages vis-à-vis du port du préservatif lié à des croyances (gênant, pas pratique ni poétique, contraignant). Les promoteurs de l’action décident alors d’agir sur le comportemental. Ils lancent une pétition demandant l’installation de distributeurs de préservatifs dans les établissements scolaires. Constat: les jeunes qui ont été les premiers à signer la pétition sont aussi ceux qui l’ont adopté et restent fidèles par la suite au préservatif.
FORCE PRÉDICTIVE DES ATTITUDES SUR LE COMPORTEMENT?
L’expérience de Richard La Piere (1934) Enquête relative au racisme anti orientaux des Américains. S’est présenté dans 66 hôtels et 184 restaurants accompagné d’un couple de chinois de bonne prestance et parlant sans accent. 1 seul refus de les loger 6 mois après, envoi d’un questionnaire aux mêmes établissements: > 90% de refus.
Conclusion? Attitude peu prédictive du comportement. Croyances stables
L’expérience de Asch (conformité- 1951) cfr pression de conformité
Théorie de l’action raisonnée (Fishbein et Ajzen (1975) Croyances sur les Conséquences Attitude envers le comportement Évaluations des conséquences Intention d’adopter le cpt Comportement Croyances normatives Normes subjectives Motivation à se plier aux attentes des autres
Le comportement dépend de l’intention de l’adopter. Celle-ci est déterminée par l’attitude mais aussi, par les normes subjectives. Mes normes et celles de mon groupe d’appartenance. Je mesure le poids du comportement à adopter en fonction de mes valeurs et celles de mon entourage. ex: régimes alimentaires
Théorie du comportement planifié (Ajzen, 1985) Attitude comportementale Normes subjectives Intention comportementale Comportement Contrôle comportemental perçu
Variable supplémentaire dans l’intention d’adopter un nouveau comportement = la perception par l’individu du contrôle qu’il a sur un comportement (cfr: concept d’auto efficacité de Bandura). Cette variable fait référence à la manière dont un individu évalue les ressources dont il dispose pour opérer un changement = les moyens matériels (ex: transports en commun), = les capacités (aptitudes) d’un individu (efficacité)
Efficacité ou le sentiment qu’a un individu de sa capacité ou non de réaliser des performances (= croyances dans le succès) Détermine : 1. l’engagement du sujet dans une action de changement, poursuite d’un BUT et mise en œuvre de procédures efficaces pour l’atteindre; 2. sa capacité à maintenir son effort sur la durée; 3. sa capacité à surmonter les échecs
Déterminants ? 1. Sentiment de maîtrise sur les tâches à effectuer. 2. Le fait de voir des « pairs » vivre sans conflits ou difficultés la même situation.
LES FACTEURS DE CONDUITE
Typologie des 5 facteurs de conduite de D. Leclercq (Ulg) Selon Dieudonné Leclercq(professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Ulg), 5 facteurs interviennent comme déterminants de la conduite d’un individu. 1) La motivation (Le VOULOIR): c’est l’attractivité subjective des choses, l’envie, le plaisir réel ou supposé lié à un comportement. 2) La connaissance(Le SAVOIR) ou l’information dont j’ai besoin pour adopter un comportement. 3) L’image de soi(Le SE VOIR): est-ce que je me sens capable d’adopter un comportement ou au contraire, incapable d’en changer ?
Typologie des 5 facteurs (suite) 4) La capacité à choisir (Le CHOISIR): l’adoption d’un comportement est toujours le résultat d’un choix. Quels sont les avantages comparatifs de différents comportements? Les coûts personnels et/ou collectifs? 5) L’aptitude ou l’habileté (Le POUVOIR): ai-je la capacité matérielle, les aptitudes, les moyens d’adopter un nouveau comportement? Quel est le poids des habitudes?
Aussi longtemps que l’un de ces facteurs bloque l’adoption du comportement visé, il n’y aura pas de changement.
Alors, serez-vous capable de détecter le ou les facteurs de comportement qui sont activés dans les messages suivants? Est-ce le SAVOIR, le VOULOIR, le POUVOIR, le SE VOIR ou le CHOISIR?
l=0 l=0 action/Violences/Mauvais-traitements/Media/Ne- restons-pas-muets-face-aux-violences-conjugales action/Violences/Mauvais-traitements/Media/Ne- restons-pas-muets-face-aux-violences-conjugales- 642 international-anti-violence-femmes-c-est-arrive- pres-de-chez-vous international-anti-violence-femmes-c-est-arrive- pres-de-chez-vous
Publics auxquels on s’adresse? Les campagnes ne s’adressent pas toujours au public bénéficiaire. Certaines s’adressent à des publics relais ou intermédiaires pas directement concernés mais susceptibles d’influencer la cible (cfr: campagne de santé publique) On active alors des leviers spécifiques (sens des responsabilités- affectivité- force du lien ou soutien spécifique…)