Introduction dune composante santé mentale dans les soins de santé primaires sur base dun document de lOrganisation Mondiale de la Santé (1990)

Dans les années 70, déjà lO.M.S. insiste sur la nécessité de décentraliser les soins de santé mentale et de les intégrer aux soins de santé primaires, tâches confiées au personnel de santé de formation générale plutôt quà des spécialistes. Au cours des années 80, lO.M.S. collabore avec ceux de ses Etats Membres qui sefforçaient dintroduire les soins de santé mentale dans leurs programmes nationaux de santé.

Nécessité de méthodes mieux appropriées et plus souples dans la prestation des soins de santé la clé de la santé pour tous en lan 2000 (objectif fixé par lO.M.S. en 1990) réside dans les soins de santé primaires (SSP) SSP fondés sur les besoins des populations au lieu dêtre conditionnés par loffre de soins des structures sanitaires décentralisés ils exigent la participation active de la communauté et de la famille

un système SSP laisse aux spécialistes un rôle capital (contrairement à certaines craintes du personnel médical) exige de la part des personnels de santé des qualifications nouvelles (pédagogiques, relationnelles, travail en équipe…) suppose donc une nouvelle approche de formation et renforce le rôle des cadres médicaux

les soins de santé mentale : composante souvent négligée à lexception des établissements spécialisés dans le traitement des maladies mentales, la plupart des systèmes de santé négligent laspect mental de la vie humaine souvent lenseignement de la médecine met laccent sur les maladies dune collection dorganes à réparer ou considère lindividu indépendamment de son contexte social

les patients se plaignent de préoccupations excessives accordées à la technique, aux détriment des considérations humaines des soins satisfaisants doivent donc aller au-delà de la lutte contre la maladie : il faut aussi quils contribuent à faire naître un sentiment de bien être, individuel et collectif on sait que létat psychologique dun individu influe sur son état physique, sa prise en compte conditionne lefficacité du traitement ou celle dun programme de prévention

lintroduction dune composante santé mentale ne se limite pas au traitement des maladies mentales, elle a des prolongements dans tous les aspects des soins un état de bien-être psychologique et social ne découle pas automatiquement dun état de bien être physique il arrive souvent que faute de tenir compte des besoins psychologiques dun patient, on échoue dans le traitement dun trouble somatique particulier

la prise en compte de la santé mentale : une condition essentielle à lutilité des soins de santé primaires les patients consultent souvent pour des troubles divers qui peuvent refléter des problèmes psychologiques les troubles somatiques mis en avant peuvent exprimer une détresse psycho- sociale, lignorer conduit à gaspiller les ressources sanitaires

on sait que les comportements des hommes sont pour beaucoup dans lapparition et le maintien de leurs maladies pour être efficaces, préventions et traitements doivent viser, avant tout, à faire évoluer les comportements orienter les comportements à risques pour la santé vers des comportements favorables à la santé il est essentiel que dans toutes les activités de promotion sanitaire, on se préoccupe du bien-être psychologique et de la qualité de la vie mentale

Place de la santé mentale dans les soins de santé primaires il ne sagit pas dajouter une composante santé mentale, les problèmes de santé mentale font déjà partie des problèmes généraux de santé, mais restent souvent inaperçus ou sont volontairement négligés on se rappellera que la découverte du rôle pathogène des microbes na pas ajouté une charge supplémentaire mais a permis au contraire dabandonner des méthodes longues, inappropriées et inefficaces dans le traitement des maladies infectieuses

lintroduction dactivités de conseil dans la pratique médicale générale, réduit le nombre de médicaments prescrits et dexamens complémentaires réalisés les soignants jugés antipathiques ou hostiles ont moins de chance dêtre efficaces dans leur activité thérapeutique, et leurs avis risquent dêtre délibérément négligés de même une idée négative à propos dun hôpital ou dun dispensaire peut compromettre lefficacité de ses interventions la représentation sociale des soins disponibles joue un rôle déterminant

on na pas toujours besoin de techniques complexes pour améliorer la qualité de la vie les activités de promotion sanitaire et de traitement de la maladie qui relèvent des SSP ne sont acceptés par une communauté que lorsque les agents de ces services participent activement au développement communautaire les services SSP peuvent agir aussi dans le domaine du développement de lenfant, repérer les familles à risque, planifier des interventions au niveau communautaire comme au niveau familial

lhomme na pas seulement besoin de soins physiques, pourtant il hésite parfois à aborder dautres questions par crainte de la connotation déplaisante liée au qualificatif mental les maladies mentales nexigent pas toujours le recours à des spécialistes des troubles mentaux graves peuvent être traités en dehors de lhôpital

de même que la distribution de sel iodé peut réduire le nombre de cas darriération mentale de même un secours psychologique en période de crise ou de deuil par exemple aura de très nettes répercussions sur la santé

les maladies mentales peuvent provoquer des symptômes physiques les symptômes physiques et affectifs peuvent cacher par exemple un problème dalcoolisme ou de toxicomanie les maladies somatiques peuvent être à lorigine de troubles mentaux la santé est impossible si les besoins affectifs sont négligés

importance dune politique nationale de la santé mentale un solide programme de santé mentale représente une composante essentielle de tout système efficace de soins de santé seule laction coordonnée de toute une série dorganismes officiels et dONG peut aboutir à un programme complet en matière de soins de santé mentale

les politiques qui ont fait la preuve de leur efficacité veillaient à ce que : les services de santé mentale soient intégrés aux services généraux de santé la prestation des soins de santé mentale soit solidement établie dans le système des soins de santé primaires et soit assurée par des non-spécialistes la formation appropriée aux problèmes de santé mentale soit fournie à tous les personnels de santé

les politiques qui ont fait la preuve de leur efficacité veillaient à ce que : (suite) des mesures soient prises pour promouvoir chez les jeunes des attitudes saines la politique nationale de santé mentale prenne en charge les problèmes de santé liés à lalcoolisme et à labus des drogues les « malades mentaux » aient les mêmes droits que les « malades somatiques » et soient traités à lintérieur de leur collectivité

les tâches de santé mentale attribuées aux agents chargés des soins primaires : dépistage des troubles mentaux jugés prioritaires, comme lépilepsie, les psychoses chroniques, lalcoolisme ou la pharmacodépendance et les crises affectives ou psychologiques aiguës recensement des malades qui doivent être adressés à un niveau supérieur repérage des patients dont les symptômes somatiques sont la manifestation dun problème psychologique sous-jacent

les tâches de santé mentale attribuées aux agents chargés des soins primaires : (suite) organisation dactivités éducatives sur le maintien dune bonne santé mentale lancement de programme simple comme relaxation, activités sportives… recours aux techniques de communication pour développer la participation communautaire

nécessité de la formation dépistage des sujets en situation de risque (famille, travail, pauvreté…) apprendre à conduire un entretien et écouter attentivement réaliser que les aspects psychologiques, affectifs, sociaux et somatiques concourent au bien-être de façon globale