La contribution des compétences à la réussite éducative Olivier Rey – Janvier 2014
Plan Prologue : un point de vue particulier 1 - Compétences et objectifs de l’éducation 2- De quelles compétences parle-t-on ? 3- Les compétences, vecteur d’amélioration du métier enseignant
Un point de vue particulier Défiance vis-à-vis de l’idée de révolution pédagogique : vision plutôt incrémentale des changements Importance du contexte « ici et maintenant » Compétences replacées dans la recherche de la réussite éducative et donc de l’amélioration : de l’apprentissage (ce qu’en gardent les élèves) de l’enseignement (comment faire son métier du mieux possible)
Compétences et objectifs de L’Éducation Section 1 Compétences et objectifs de L’Éducation
Les objectifs de l’éducation Trois objectifs majeurs : Dimension disciplinaire ( transmettre les savoirs produits et accumulés par les savants) Dimension psychologique (cultiver les capacités cognitives de l’enfant) Dimension sociale et culturelle (faire acquérir un savoir utile pour la vie) Dans les réflexions curriculaires (programmes, enseignement…) certaines dimensions sont parfois implicites voire oubliées !
Déclinaisons des 3 objectifs Nature Dimension disciplinaire Dimension interne ou psychologique Dimension sociale et culturelle Objectifs Acquisition de contenus académiques et scientifiques Développement de fonctions cognitives et d’habiletés intellectuelles Acquisition de codes socioculturels et de comportements pour préparer l’intégration sociale Résultats Capacités et expertise propres au domaine Capacités de réflexion, amélioration des habiletés Littératie, savoirs flexibles et applicables dans différents contextes Références Ensemble organisé de connaissances par champs disciplinaires Résultats de la recherche en psychologie et en éducation Analyses des besoins sociaux et des contextes de mise en œuvre des connaissances et compétences Évaluation Même contexte que l’apprentissage Focus sur les structures : les contenus jouent un rôle secondaire Situations et contextes de la vie quotidienne
Compétences : une réponse au défi du transfert des savoirs Comment mobiliser les savoirs de la situation scolaire vers la vie sociale, citoyenne et professionnelle ? Comment s’assurer que les élèves savent mobiliser les connaissances dans un autre contexte que celui de leur enseignement ? Compromis autour du concept de « littératie élargie » (compétences PISA) : savoirs disciplinaires génériques envisagés dans des contextes variés plus proches de la vie réelle
Compétences et conceptions pédagogiques : le compromis français Durkheim : transmettre une conception du monde et des valeurs d’une génération (version Ferry : programme républicain) Dewey : émancipation et bien-être de l’enfant au centre, éducation comme processus de reconstruction de l’expérience Vygostki : entrée dans les savoirs organisés implique des règles d’apprentissage systématique et progressif
Socle commun « 3 C » Un principe maintenu, des définitions encore parfois concurrentes ou ambiguës. Exemples : Culture académique vs culture anthropologique Egalité des chances vs émancipation pour tous Viatique vs propédeutique
DE QUELLES compétences PARLE-t-ON ? Section 2 DE QUELLES compétences PARLE-t-ON ?
Réseau KeyCoNet http://keyconet.eun.org Un réseau européen sur les compétences clés dans l’éducation Échanges d’expériences, études de cas, revues de littératures et préconisations de politique publique http://keyconet.eun.org
Quelques notions Coordination/intégration de ressources externes (savoirs, outils, objets…) et internes (cognitives) Ce qui nous intéresse dans la compétence c’est ce qui se passe « dans la tête de l’élève » : passage du savoir codifié à la connaissance appropriée, dimension métacognitive Importance de l’explicitation pour comprendre ce qui se passe dans les moments de contextualisation/décontextualisation
Deux dimensions principales Les compétences comme vecteurs de modification des contenus d’enseignement (plus proches de la vie réelle) Les compétences comme vecteurs de transformation des pratiques pédagogiques (travailler sur le transfert et l’appropriation des connaissances)
Compétences et contenus Une réflexion sur le rapprochement entre l’école et la société : réduire la dimension purement scolaire tout en repérant les compétences indispensables au citoyen du 21° siècle Se rapprocher de situations authentiques pour donner plus de sens aux apprentissages Une façon de faire travailler les disciplines entre elles (projets, tâches complexes..) Centration sur certaines habiletés et capacités négligées dans l’enseignement traditionnel : expression écrite et orale, communication, utilisation des outils numériques, travail coopératif, créativité personnelle..
Compétences et pratiques pédagogiques Mettre au centre de l’enseignement la dimension réflexive sur ses apprentissages Expliciter les attentes et les enjeux cognitifs des tâches pour prévenir les malentendus Travailler les moments d’évaluation et de restitution collectifs pour concrétiser ce que signifient la mobilisation des ressources et la diversité des stratégies adoptées
Dilemmes ou difficultés On peut difficilement apprécier une compétence par évaluation d’un échantillon de connaissances ou d’objectifs opérationnels (micro-tâches) Nécessité de tâches complexes qui impliquent une production non réductible à une démarche unique et à un seul résultat Ne pas confondre tâche complexe et inédite avec tâche compliquée et stressante Concilier attendus du système éducatif avec une évaluation des compétences
Compétences et disciplines Les compétences impliquent une collaboration des disciplines plutôt que leur négation (de la production jusqu’à l’application) Les compétences transversales sont plutôt une matrice commune qui s’incarnent dans des mises en œuvres disciplinaires : il appartient à chaque discipline de mieux les prendre en compte
Les compétences, VECTEUR D'Amélioration du métier enseignant Section 3 Les compétences, VECTEUR D'Amélioration du métier enseignant
Conforter une vraie culture professionnelle Le noyau stable de l’identité professionnelle se trouve dans l’enseignement plutôt que dans la maîtrise de savoirs disciplinaires en constante évolution (et parfois en concurrence) Utiliser les compétences pour densifier l’autonomie pédagogique de l’enseignant plutôt que pour déstabiliser le métier : choisir les stratégies adaptées pour mieux apprendre et faire apprendre
Au cœur d’un projet scolaire républicain L’école n’a plus le monopole d’accès aux connaissances : sa plus-value légitime (ou non) dépendra de façon croissante de son cadre collectif : mixité sociale et travail coopératif Pas de dimension culturelle dans une école qui ne repose que sur la logique de tri académique ou de sélection sociale (diplôme = place sociale) Ce qui légitime les savoirs scolaires dans l’école obligatoire c’est de fournir les compétences nécessaires pour vivre à tous, y compris aux élèves qui n’ont pas la « soif d’apprendre »
Merci de votre attention ! Carnet de recherche Eduveille : http://eduveille.hypotheses.org Site personnel : http://perso.ens-lyon.fr/olivier.rey olivier.rey@ens-lyon.fr