La scolarisation des élèves présentant des troubles importants des fonctions cognitives Anne LECLERC-JACQUET Psychologue Scolaire
INTRODUCTION Une nécessaire coopération entre tous les acteurs présents autour de l’enfant : •Enseignants •Accompagnement Humain à la vie Scolaire (AVS/EVS.) •Médecin scolaire •CAMSP •CMPP/CMP •SESSAD •Professionnels de PMI •Les services sociaux
La scolarisation tient une place importante dans la démarche de soins. elle prévient la tendance de la maladie mentale à se fixer sur un mode déficitaire elle augmente les possibilités et les moyens d’expression de l’enfant avec des effets positifs sur la prise en charge elle offre à l’enfant un champ d’expériences dans lequel il pourra réinvestir ce que les différentes prises en charge lui permettent de découvrir elle offre à l’enfant un espace tiers contenant et structurant
La déficience intellectuelle a des retentissements sur : le langage le raisonnement, l’analyse des situations les contenants de pensée, l’espace, le temps l’attention, la concentration la mémoire le domaine du corps Les capacités de base pour traiter la réalité sont minorées mais elles existent.
1/ LES DIFFERENTES FONCTIONS SUSCEPTIBLES D’ETRE TROUBLÉES ET LES CONSÉQUENCES SUR LES APPRENTISSAGES
1.1 LA MÉMOIRE La mémoire peut se définir en trois temps : La mémoire peut se définir en trois temps : 1) l’enregistrement : aptitude à acquérir les informations et les connaissances 2) la fixation : fixer les informations et les conserver 3) le rappel : restituer les informations et connaissances Elle se manifeste au travers de la mémoire sensorielle, de la mémoire à court terme et de la mémoire à long terme.
Limitation des capacités, des empans Ne peut traiter que peu d’information à la fois. Mémoire de travail peu performante, vite saturée.
1.2 LA PERCEPTION Reconnaissance et interprétation des stimuli sensoriels Perceptions auditive, visuelle, olfactive, gustative, tactile : discrimination Perception visuo-spatiale : distinction par la vue et la position relative des objets dans l’environnement ou par rapport à soi
1.3 L’ATTENTION Capacité de concentration sur un stimulus externe ou une expérience interne pour un temps donné Maintien de l’attention Déplacement de l’attention Partage de l’attention Attention parasitée par autre chose (prendre en compte le contrôle émotionnel)
Difficulté à être attentif sur un temps demandé Difficulté à être attentif sur une tâche demandée (digression vers autre chose, autre personne, autre lieu) Incapacité à mobiliser l’attention sur 2 choses à la fois
1.4 LES FONCTIONS EMOTIONNELLES Gamme des émotions Pertinence des émotions en regard d’une situation Maîtrise des émotions : contrôle de l’expérience et de la démonstration de l’affect
Beaucoup de bonne volonté, de curiosité, motivation et d’envie de savoir Précipitation dans la réponse avec l’envie de vouloir faire plaisir Manque de confiance en soi chronique, mauvaise estime de soi Les prises de risque paraissent insurmontables Un vécu personnel ou familial douloureux Rapport aux autres peut se faire sur le mode de la moquerie, du sentiment de la différence, de l’incompréhension Sentiment de solitude, d’infériorité
Les troubles de l’articulation 1.5 LE LANGAGE Les troubles de l’articulation Les troubles du rythme de la parole Les retards de langage (retard vs trouble)
1.6 LES FONCTIONS DE LA PENSÉE Rythme de la pensée Forme de la pensée Contenu de la pensée Contrôle de la pensée
1.7 LES FONCTIONS COGNITIVES DITES DE NIVEAU SUPERIEUR Peu de capacités d’abstraction, de généralisation Organisation et planification Gestion du temps Flexibilité cognitive Intuition Jugement Résolution de problème
1.8 LE DOMAINE DU CORPS La latéralisation L’acquisition du schéma corporel La difficulté à enchaîner différentes actions dans un ordre établi La prise de risques
1.9 L’IMPULSIVITE Toute tâche scolaire nécessite: Une prise d’information Une mobilisation des connaissances La production d’inférence, c’est à dire augmenter l’information disponible en produisant de nouvelles informations à partir des informations disponibles De l’anticipation et de la planification La vérification et la récapitulation. L’impulsivité dans les réponses données ne permet pas de mettre en œuvre ces 5 étapes.
1.10 ET AUSSI… Les références scolaires, implicites chez les enfants ordinaires n’ayant pas de difficultés, sont difficiles à acquérir . Il n’a pas conscience de ses moyens de réussite, tout lui semble insurmontable.
2/LES AMÉNAGEMENTS
MISE EN GARDE La ségrégation La stigmatisation La « pathologisation » L’impossibilité à être seul Les tâches répétitives Un excès de guidage et d’accompagnement des tâches
« "Un cas lourd " ne peut que peser, " un élève en difficulté " ne peut que poser problème, un élève " en retard " ne peut qu’être en décalage, un élève "déficitaire " ne peut que manquer à tout et un élève troublé est toujours troublant et plutôt irritant.» J.M Wavelet
2.1 A PROPOS DU LANGAGE Attention aux moqueries, à l’impatience et donc aux interruptions (de votre fait ou des pairs) Il ne doit pas venir s’ajouter une dévalorisation de ce qui est dit (blocage, refus de s’exprimer) Il vous faut organiser la parole de chacun, réguler et favoriser les échanges au sein d’un groupe Aider à établir une communication réelle avec autrui Assortir toute situation vécue de verbalisation dans l’instant (récréation, sport, sortie) puis différée, en classe, pour revenir sur ce qui a été vécu dans le cadre d’un échange et donc favoriser le fonctionnement de la pensée
2.2 LE RAISONNEMENT, L’ANALYSE DES SITUATIONS Donner une consigne après l’autre. Décomposer pour aller progressivement vers des consignes simultanées. Favoriser les manipulations en raison des difficultés à entrer dans l’abstraction, proposer des représentations graphiques d’un énoncé. Valider précisément par des paroles toutes les actions innovantes de l’enfant en s’assurant de sa compréhension Contribuer à la prise de conscience de l’action de la pensée, à l’importance d’une réflexion organisée, en étapes chronologiques et surtout compréhensibles par d’autres personnes que lui même Aider à construire une démarche de réflexion au travers de dessins, schémas, prise de parole, analyse des difficultés et des moyens trouvés pour avancer
2.3 L’ESPACE, LE TEMPS Retravailler ces concepts dans la durée, de manière ritualisée, au travers de situation jouées, vécues corporellement, verbalisées, symbolisées Penser à l’organisation et au repérage au niveau du pupitre puis de la classe, de l’école Aider à l’organisation du pupitre, du matériel Mettre l’élève en connivence avec l’enseignant Dire, expliquer, prévenir, raconter, mettre des mots sur ce qui va arriver après (annoncer systématiquement chaque changement à l’avance), sur ce qui s’est passé avant et sur ce que l’on fait maintenant Aider, guider l’enfant dans le repérage possible sur les différents supports relatifs au temps (emploi du temps, calendrier, frise, horloge)
2.4 L’ATTENTION, LA CONCENTRATION Moduler les activités, alterner, inclure des pauses ("temps calmes") Laisser aux enfants le temps de s’imprégner des consignes Proposer des activités stimulantes qui donnent à l’enfant l’envie de faire. Adapter l’environnement en limitant les stimulations qui pourraient parasiter l’écoute. Montrer à l’élève en quoi les efforts fournis ont pu l’amener à mener un travail à son terme (et cela quelque soit le résultat, juste ou faux)
2.5 LA MÉMOIRE Présenter l’information par plusieurs entrées : visuelle et auditive Analyser le matériel à mémoriser Documents aérés, pas trop surchargés Répéter souvent les choses Ré-expliquer Travailler sur les difficultés par le biais d’activités ludiques Importance des repères spatiaux et temporels dans le rappel des informations
L’acquisition du schéma corporel 2.6 LE CORPS La latéralisation L’acquisition du schéma corporel La difficulté à enchaîner différentes actions dans un ordre établi La prise de risques
2.7 L’ANTICIPATION: une stratégie « facilitante » Un apprentissage nouveau peut être préparé avec l’élève avant le reste de la classe. Ce travail a l’intérêt de ne pas le mettre en situation d’échec dans la séance en classe . (Ex: lecture d’un album de jeunesse pour familiariser l’élève à l’histoire, aux personnages. Cela permet de lever les implicites, les difficultés de compréhension et donc une meilleure écoute lors du regroupement.) 2.8 LES TEMPS CALMES Ennui, agitation, fatigue possibilité de mettre en place des moments de "décompression« ( ranger son matériel, prendre conscience de sa respiration, étirements etc.…)
UNE EFFICACITÉ REDOUTABLE CONCLUSION Des "petits riens" tout au long de la journée UNE EFFICACITÉ REDOUTABLE