E.DUVELSON, Y. BOUNOUARA, D. LEGROS Thème : Éducation et socialisation en contextes plurilingues et multiculturels Titre : Compréhension de texte explicatif en L2 en contexte diglossique haïtien : effet de la L1 et de la culture orale E.DUVELSON, Y. BOUNOUARA, D. LEGROS 1
Problématique Des travaux ont montré que les enfants issus de milieux défavorisés éprouvent des difficultés de compréhension de texte (Baudet, 1984). Nous nous demandons si l’origine de ces difficultés, encore plus importantes en L2, n’est-elle pas à rechercher dans une pédagogie qui ne prend pas en compte le contexte linguistique spécifique de ces élèves, plutôt que dans des déficits cognitifs particuliers chez ces apprenants? Quels sont les effets de l’origine socioculturelle et du contexte linguistique, dans les situations de diglossie, sur la compréhension et le rappel de texte en FLS ? Quels sont les effets de l’utilisation de la L1 sur la compréhension et le rappel en langue L2 ? 2
Objectifs de la recherche Étudier l’effet : de la langue (L1, créole vs L2, français), de la modalité de présentation de l’information (orale vs écrite) ; du milieu socio-culturel (défavorisés vs favorisés) sur la compréhension de textes explicatifs en FLS dans le contexte diglossique d’Haïti. 3
Principales hypothèses et prédictions H1 : Effet de la présentation orale (vs écrite) de l’information sur la compréhension et le rappel, en fonction de l’origine sociale : Les élèves défavorisés rappellent mieux les informations du texte lorsqu’ils les écoutent en L2 que lorsqu’ils les lisent en L2. Les élèves défavorisés rappellent plus d’informations issues du Modèle de Situation (MLT) lorsqu’ils écoutent le texte en L2 que lorsqu’ils le lisent en L2. 4
Principales hypothèses et prédictions (suite) H2 : Effet de la présentation orale de l’information en L1 (vs en L2) sur la compréhension et le rappel, en fonction de l’origine sociale : Lorsqu’ils écoutent le texte en L1, les élèves défavorisés rappellent davantage d’informations que lorsqu’ils l’écoutent en L2. Lorsqu’ils écoutent le texte en L1, les élèves défavorisés rappellent plus d’informations issues du Modèle de Situation (MLT) que lorsqu’ils l’écoutent en L2. 5
Méthode Participants : deux groupes de 247 élèves de cycle 3 d’origine sociale différente, âgés de 9 à 16 ans : G1 : élèves de milieux défavorisés G2 : élèves milieux favorisés Matériel : Texte sur le changement climatique. Procédure : Séances Tâches Séance 1 Lecture du texte en français par tous les participants Premier rappel du texte (R1) Séance 2 Relecture/audition du texte selon les modalités suivantes : - G1.1 et G2.1 relisent le texte en français (M1); - G1.2 et G2.2 écoutent le texte en français (M2) ; - G1.3 et G2.3 écoutent le texte en créole (M3) Deuxième rappel du texte (R2) 6
Analyses et unités d’analyse 1ère analyse : propositions rappelées à l’issue de la lecture (R1) et de la relecture (R2) 2ème analyse : informations [ajoutées en 2ème rappel (R2)] analysées en fonction de leur niveau d’importance relative (méthode des juges) : Niveau d’Importance relative des information : informations très importantes (I1) ; informations moyennement importantes (I2) ; informations peu ou pas importantes (I3). 7
Analyses et unités d’analyse 3ème analyse : Informations [ajoutées en 2ème rappel (R2)] analysées en fonction de leur origine : Origine : informations issues de la base de texte (BT) ; du modèle de situation (MS). 8
Principaux résultats et interprétation Effet de la présentation orale de l’information Figure 1 : Moyennes des propositions rappelées en fonction des groupes et des modalités de présentation H1 validée. Présentation oral (M2, M3) > présentation écrite (M1) 9
Principaux résultats et interprétation Effet de la présentation orale de l’information en L1 (vs en L2) Figure 2 : Moyennes des propositions rappelées en fonction des groupes et de leur niveau d‘importance relative Figure 3 : Moyennes des propositions ajoutées en fonction des groupes et des modalités de présentation 10
Discussion La présentation orale des informations et l’utilisation de la langue maternelle favorisent la compréhension de textes explicatifs en FLS chez les élèves issus de milieux socioculturels défavorisés. La présentation orale de l’information dispense en effet l'élève en difficulté des traitements de bas niveau et le focalise sur le traitement sémantique. L'utilisation de la langue maternelle, quant à elle, favorise l'activation des connaissances en mémoire et l'activité inférentielle, et donc le traitement cognitif des textes (Hoareau & Legros, 2006 ; Legros, Noyau, Cordier & Khalis, 2003). 11
Discussion (suite) Les résultats permettent de contester l’hypothèse d’un déficit cognitif chez ces élèves et permettent de concevoir une didactique "cognitive" efficace de la compréhension et de l'apprentissage en L2. 12
Conclusion Nous pouvons nous interroger par la suite sur : L’effet de l’utilisation de la L1 sur la production de texte en L2 ; Et le rôle de la révision et de la co-révision en présentiel et à distance dans une tâche de co-écriture du texte explicatif en langue seconde. 13
Références bibliographiques Baudet, S. (1984). Compréhension et mémorisation de récit chez l'enfant d'âge préscolaire, effet de l'origine sociale. Psychologica Belgica, 24 (1), 1-104. Hoareau Y., & Legros, D. (2006). Rôle des contextes culturels et linguistiques sur le développement des compétences en compréhension et en production de textes en L2 en situation de diglossie. Enfance, 2, 191-199. Legros, D., Noyau, C., Cordier, M. & Khalis, A. (2003). Rôle de la langue (L1 vs. L2 en situation de diglossie) et du type de questionnaire sur l'activation des connaissances dans une tâche de production en L2. Le cas des élèves du Togo. Linguistique et corpus. Types de données et comparaison des langues. 36e colloque international de la société européenne de linguistique, 4-7 septembre 2003, ENS de Lyon. 14