S.El Khadir; F. Ameziane Hassani; H.Salhi; H. El Ouahabi. II. La prévalence et les facteurs prédictifs de la néphropathie diabétique chez le patient diabétique de type 2 (A propos de 575 cas) S.El Khadir; F. Ameziane Hassani; H.Salhi; H. El Ouahabi. Service d’Endocrinologie-Diabétologie et Nutrition. CHU Hassan II. Fès. Maroc INTRODUCTION Le diabète est la cause principale d’insuffisance rénale chronique (IRC) à travers le monde et la première cause de nécessité de suppléance rénale. La néphropathie diabétique (ND) voit sa prévalence grandir de manière constante, notamment en raison de l’augmentation de l’obésité et de la sédentarité. Elle est associée à une importante mortalité. OBJECTIFS DISCUSSION Nos buts consistent à mesurer la prévalence de la néphropathie diabétique, ainsi de déterminer les facteurs prédictifs de sa survenue et les complications qui lui sont associées. Avec l'épidémie de diabète, La néphropathie diabétique est la plus grave des complications microangiopathiques du diabète. Son incidence augmente parallèlement au nombre de patients diabétiques, particulièrement pour le diabète de type 2. L'évolution vers l'insuffisance rénale est le plus souvent inéluctable une dizaine d'années après l'apparition de la protéinurie [1]. Il est recommandé de débuter le dépistage de la néphropathie diabétique dès le moment du diagnostic en cas de diabète de type 2, car environ 7% des patients présentent déjà une microalbuminurie en raison d’une période souvent cliniquement silencieuse de plusieurs années. La micro-albuminurie reste le marqueur de choix du dépistage de la néphropathie diabétique. Des recommandations quant à son dosage et son mode d’expression sont maintenant clairement décrites. De nouveaux marqueurs sont actuellement à l’étude pour tenter de dépister et diagnostiquer encore plus précocement la néphropathie diabétique [2]. Les connaissances actuelles mettent en évidence l'importance des déterminants génétiques et environnementaux qui vont déclencher une cascade physiopathologique complexe conduisant à la maladie rénale diabétique. L'interaction entre ces déterminants expliquerait probablement le fait que tous les patients diabétiques ne développent pas de maladie rénale chronique. Sur le plan clinique, la néphropathie diabétique est initialement incipiens (stade de microalbuminurie), puis elle évolue vers la néphropathie avérée (protéinurie ou insuffisance rénale) [3]. La maladie rénale diabétique doit aussi être considérée comme un facteur majeur d'aggravation du pronostic cardiovasculaire des patients diabétiques. Alors que le développement de la néphropathie diabétique classique est bien connu aussi bien chez les diabétiques de type 1 que de type 2, on observe depuis quelques années, chez un certain nombre de patients, une autre évolution avec développement d’une insuffisance rénale chronique non précédée d’une macro-albuminurie [4]. L'utilisation d'antagonistes du système rénine-angiotensine (SRA) associés aux autres traitements antihypertenseurs, les mesures diététiques, les traitements hypoglycémiants et la prévention des autres facteurs de risque cardiovasculaire (tabac, dyslipidémie et obésité) permettent de retarder l'évolution vers l'insuffisance rénale, mais aussi de réduire la mortalité cardiovasculaire. La découverte des mécanismes physiopathologiques expliquant l'apparition de la microangiopathie permet d'envisager d'autres cibles thérapeutiques. La néphropathie diabétique constitue un facteur de risque de mortalité cardiovasculaire majeur. Ce qui explique l'importance de sa prise en charge qui doit être pluridisciplinaire et agressive, avec des objectifs glycémiques et tensionnels strict [5]. MATERIELS ET METHODES Il s'agit d'une étude transversale ayant concerné 575 patients diabétiques de type II subdivisés en deux groupes. Le premier comprend 219 patients porteurs d'une néphropathie diabétique, le second comprend 356 patients sans néphropathie diabétique. On a comparé dans chaque groupe les caractéristiques cliniques, métaboliques et les complications dégénératives associées. RESULTATS La prévalence de la ND chez les diabétiques de type II est de 38 %. Les porteurs de la néphropathie diabétique étaient relativement plus âgés avec un âgé moyen de 60.2 (+/-10 ans) versus 56 (+/-10 ans) chez les patients indemnes. La durée d’évolution du diabète était significativement plus longue chez les patients avec ND (14 ± 8 ans vs11, 6 ± 7 ans ; p = 0,006). La ND est associée à un mauvais contrôle glycémique avec une HbA1C moyenne de 11.5% dans le premier groupe versus 9.7% dans le deuxième. Les facteurs de risque associés sont la présence d’une HTA : 73% vs 56% (p=0,036) (OR= 2,14) et l’ancienneté de l’HTA : 7 ans vs 5 ans (p=0,047) (OR=0,49). Une ND a été compliquée d'insuffisance rénale chez 39% des cas. L’atteinte rénale est significativement associée aux autres localisations de la micro angiopathie diabétique notamment la rétinopathie (p = 0,02) et la neuropathie (p=0.01), ainsi que la macroangiopathie en particulier la maladie coronaire (p < 0,001). CONCLUSION Nos résultats soulignent l’intérêt du dépistage précoce de la ND au stade de micro albuminurie dès le diagnostic du diabète, et de la prise en charge multidisciplinaire intensive, exigeant un contrôle strict de la pression artérielle et des chiffres glycémiques et une lutte agressive contre l’ensemble des facteurs de risque cardiovasculaire. REFERENCES 1 - Ponte B, Pruijm M, Martin PY, et al. Prevalence of chronic kidney disease in the adult population of Lausanne-Switzerland. J Am Soc Nephrol 2011;22:abstract.. 2 - Gross JL, de Azevedo MJ, Silveiro SP, et al. Diabetic nephropathy : Diagnosis, prevention, and treatment. Diabetes Care 2005;28:164-76 3- Dronavalli S, Duka I, Bakris GL. The pathogenesis of diabetic nephropathy. Nat Clin Pract Endocrinol Metab 2008;4:444-52. 4-. tratton IM, Adler AI, Neil HA, et al. Association of glycaemia with macrovascular and microvascular complications of type 2 diabetes (UKPDS 35) : Prospective observational study. BMJ 2000;321:405-12.[. 5- The DCCT/EDIC research group. Intensive diabetes therapy and glomerular filtration rate in type 1 diabetes. N Engl J Med 2011;365:2366-76.