De l’Université à l’emploi : l’insertion professionnelle des étudiants de Lettres, Langues, Arts, Sciences Humaines et Sociales Un débat crucial et légitime qui mérite d’être abordé avec rigueur et lucidité Jacques Migozzi Doyen FLSH Limoges, Président CEDUL vendredi 13 octobre 2006
Un débat d’actualité auquel participent de nombreuses publications L’insertion professionnelle des jeunes issus de l’enseignement supérieur (avis du CES, 6 juillet 2005) Pistes d’amélioration pour l’employabilité des jeunes (Rapport du cercle Vinci, remis à M. le Ministre François Goulard, 9 juin 2006) Commission du débat national Université – Emploi (Bilan d’étape remis par le recteur Hetzel aux 2 ministres de tutelles, 29 juin 2006) L’insertion des sortants de l’enseignement supérieur : les générations 1998 et 2001 (Enquête CEREQ, avril 2006) Les diplômés de lettres et sciences humaines et sociales : nouveaux métiers : quelles compétences ? (Dossier de la DEP n°154, juillet 2004) Devenir professionnel des diplômés et stratégie des universités (Pierre Dubois, Université de Marne-la-Vallée, 2005,
Un débat souvent mal engagé par des postures radicales et/ou caricaturales Diabolisation de l’entreprise Stigmatisation des formations universitaires qui seraient déconnectées des réalités du monde du travail …la palme de l’inadaptation revenant aux LLASHS
L’avenir des formations LLASHS en jeu Un constat préoccupant Les filières LLASHS toujours très attractives…. Lettres : inscrits Langues : inscrits Sc. Humaines : inscrits Psycho : inscrits ….mai s : Une orientation « par défaut » conduisant à un manque de confiance dans leur avenir professionnel pour 59 % d’entre eux (ONVE, enquête 2003) Un taux de sortants non diplômés très élevé : 39, 8 % alors que la moyenne nationale des autres disciplines est de 21,3 % (Cereq, Génération 1998) TOTAL : inscrits
L’avenir des formations LLASHS en jeu Un constat préoccupant Une insertion professionnelle plus problématique et moins valorisante Situation à 3 ans des diplômés de Licence et Master ChômageCDIcadresSecteur public salaires Source : CEREQ 16 %59 %27 %51 %1 300 euros
L’avenir des formations LLASHS en jeu Un constat préoccupant Une insertion professionnelle plus problématique et moins valorisante Situation à 3 ans des diplômés de doctorats Chômage CDDSecteur public salaires Source : CEREQ 17 %22 %74 %1 900 euros
L’avenir des formations LLASHS en jeu Un constat préoccupant Globalement la spécificité des LLASHS : Un taux de chômage plus élevé Un temps d’accès au 1 er emploi retardé Des salaires médians plus faibles Des statuts plus précaires Une insatisfaction plus grande par rapport à leur situation professionnelle y compris chez les plus diplômés : 73,8 % LLASHS contre 83,1 % autres sortants (Dossier DEP, Cereq, génération 1998)
LLASHS Un potentiel mal discerné, des atouts méconnus mais bien réels Les parcours professionnels à moyen et long terme de diplômés LLASHS sont « …très souvent caractérisés par une capacité à saisir des opportunités d’emploi, voire à créer des fonctions et des postes, […] une aptitude à faire reconnaître et à transférer leurs capacités en LSHS » « Le prix à payer pour le caractère non professionnel du diplôme serait un statut plus modeste au départ, avec des perspectives de carrières souvent intéressantes, car fondées sur des qualités et capacités plus profondes » Or quelles sont ces compétences valorisées à long terme qui dépassent le bagage technique, théorique ou méthodologique spécifique à chaque discipline de LLASHS ? D’après les études de la DEP :
LLASHS Un potentiel mal discerné, des atouts méconnus Les employeurs des étudiants stagiaires comme les diplômés répondant aux enquêtes de l’APEC après insertion s’accordent sur les capacités transversales qui distinguent positivement les LSHS : - Qualité rédactionnelle - Esprit de synthèse - Analyse critique des documents, situations et modes d’intervention - Aptitude à la prise de parole - Esprit d’ouverture La « culture générale » et « l’esprit critique » ne participent pas seulement à la formation citoyenne mais préparent donc à l’emploi Source : dossier DEP 2004, enquête de l’APEC
Un vaste chantier Améliorer l’employabilité des étudiants LLASHS en valorisant les atouts de nos formations Briser le cercle vicieux de l’ignorance dévalorisante « Repérer les acquis des formations qui ne se présentent généralement pas sous la forme de compétences directement applicables sur le terrain professionnel, mais plutôt comme des capacités générales qui fructifient dans la durée. […] Source : synthèse dossier DEP 2004 Extrait de la synthèse de l’étude DEP Dans l’analyse des situations d’insertion difficiles et des dysfonctionnements du système, on retrouve […] une problématique des capacités et des compétences : - incapacité des individus à formuler une stratégie d’acquisition de connaissances pour satisfaire un projet professionnel - manque d’assurance liée à la méconnaissance des capacités acquises et des potentialités qu’elles recouvrent - analyse insuffisante du portefeuille de capacités que confère l’enseignement par les enseignants eux-mêmes - défaut de communication vers les employeurs, lesquels ne reconnaissent pas pleinement les potentialités des diplômés LSHS
Un vaste chantier Améliorer l’employabilité des étudiants LLASHS Pour relever ce défi, une réforme raisonnée des maquettes de nos formations s’impose … Au-delà des préconisations du bilan d’étape du recteur Hetzel : - Amélioration de l’orientation - Création d’Observatoires des parcours étudiants et de leur insertion professionnelle - C2i obligatoire - Accent porté sur les Langues Vivantes - Module obligatoire en Licence de Projet Professionnel Personnalisé - Un développement de l’apprentissage …d’ores et déjà entérinées par les documents de cadrage de la vague B des contrats quadriennaux
Mieux préparer, au sein de l’Université, l’insertion professionnelle des étudiants LLASHS Des capacités réelles mais souvent latentes acquises lors de la formation académique… … qui demandent à se révéler comme compétences et à fructifier sur le marché du travail
Susciter des prises de conscience chez tous les acteurs de l’insertion : - Les enseignants - Les employeurs - Les étudiants pour faire connaître et reconnaître les atouts des formations LLASHS Mieux préparer, au sein de l’Université, l’insertion professionnelle des étudiants LLASHS
Faire connaître et reconnaître les atouts des formations LLASHS Par une information partagée : - Sur le large spectre des métiers ouverts aux LLASHS - Sur les compétences généralistes ou spécifiques attendues dans les différents milieux professionnels Mieux préparer, au sein de l’Université, l’insertion professionnelle des étudiants LLASHS Par l’orientation et le conseil aux différents paliers d’orientation ou de pré- orientation en L1, L2, L3, M1…
Par l’élaboration d’un référentiel des capacités « Il faudrait que la réflexion sur les capacités acquises en LSHS s’accompagne de l’élaboration d’un référentiel de capacités (plutôt que de compétences) constituant une sorte de langage commun entre les universités de LSHS et le monde du travail, afin que les entreprises apprennent à mieux connaître les formations et capacités des étudiants en LSHS et que les étudiants puissent, dans leur recherche d’emploi, faire preuve de plus d’assurance afin de mieux les valoriser » (DEP, 2004) Ce qui supposera une clarification des pratiques et des représentations, et une concertation Université / employeurs Mieux préparer, au sein de l’Université, l’insertion professionnelle des étudiants LLASHS Faire connaître et reconnaître les atouts des formations LLASHS
Par des mises en situation qui impliquent l’étudiant et développent le savoir-faire et le savoir être - Conduite de projets et modalités d’évaluation favorisant le travail autonome et en équipe Mieux préparer, au sein de l’Université, l’insertion professionnelle des étudiants LLASHS Faire connaître et reconnaître les atouts des formations LLASHS - Stages en cursus, co-tuteurés et analysés - Apprentissage, alternance - Internationalisation des formations
Repenser la professionnalisation de nos formations pour la réussite et l’insertion de tous Actuellement, l’offre de formation professionnelle des universités est en grande partie, via les Licences Pro et les Master Pro, focalisée sur des niches d’emploi et des spécialités originales propres à chaque établissement… … mais elle ne peut concerner qu’une minorité d’étudiants, car non transposable, financièrement et pratiquement, à l’ensemble des Licences et des Masters. De plus, elle n’assure pas forcément l’emploi à long terme, donc ne garantit pas la «sécurisation des parcours professionnels des diplômés » Mieux préparer, au sein de l’Université, l’insertion professionnelle des étudiants LLASHS
Aller vers une professionnalisation généraliste - au bénéfice de tous les étudiants - qui prépare à une gamme de métiers identifiés - pour des sorties réussies en L3, M2 et D Ce qui suppose : - d’atténuer la distinction Master Pro / Master Recherche Mieux préparer, au sein de l’Université, l’insertion professionnelle des étudiants LLASHS Repenser la professionnalisation de nos formations pour la réussite et l’insertion de tous - de reconsidérer le nombre de Licence Pro « de niche » ? - de faire reconnaître le doctorat comme gage d’une compétence critique et analytique de haut niveau et d’une polyvalence forte sur le plan communicationnel
Proposer en complément et en interaction avec les fondamentaux disciplinaires, des suppléments professionnalisants - double compétence - ouvertures pluridisciplinaires - développement de « capacités transversales » valorisées dans le monde du travail - Langues Vivantes techniques Valoriser les « capacités transversales » propres aux LLASHS dans le cadre de la formation tout au long de la vie Mieux préparer, au sein de l’Université, l’insertion professionnelle des étudiants LLASHS Repenser la professionnalisation de nos formations pour la réussite et l’insertion de tous
Pour conclure…. Quels moyens pour permettre à l’université de relever le défi de l’insertion ? - L’amélioration de l’orientation ne résoudra pas tout - une réforme structurelle efficace suppose un effort financier de la nation envers les universités Quels moyens pour le secteur LLASHS ? - si mal doté jusqu’alors par San Remo - peu favorisé par l’orientation actuelle qui prévaut sur les créations de postes « Pas de réforme à moyens et idées constants : chacun est bien conscient que dans la société du savoir, il faudra investir davantage dans l’enseignement supérieur mais il faut être certains que l’argent investi sera utilisé de la façon la plus efficace possible. » (extrait du bilan d’étape rédigé par le recteur Hetzel, 2006)