Le financement participatif Qui? Quoi? Comment? Pourquoi? Un Webinaire du TIESS présenté par Émilien Gruet 30 novembre 2015
Contenu de la présentation Qu’est-ce que le financement participatif? Petit historique Comment ça marche? Les différents modèles de financement L’industrie en chiffres Les campagnes de financement participatif Les plateformes et leurs spécificités Enjeux et opportunités pour l’économie sociale
Qu’est-ce que le financement participatif Nouveau mode de financement et de collecte de fonds Petits montants et nombreuses contributions Web et médias sociaux À qui cela s’adresse-t-il? Entreprise ou projet culturel (musique, cinéma, etc.) Start-up technologique Projet (entrepreneurial ou non) à visée sociale Entreprise d’économie sociale Intérêts et motifs de la « foule » Motivations diverses Parallèle avec la qualité de sociétaire/bénéficiaire On parle aussi de sociofinancement, crowdfunding, etc. Le financement participatif consiste à amasser des fonds grâce à la collecte de petites contributions auprès d’un grand nombre de personnes au moyen d’Internet et des médias sociaux Le FP né de la réunion de deux choses très simples. Petits montants (c’est relatif évidemment, certaine contribution peuvent être de plusieurs K$, mais l’idée reste que chaque contribution est relativement modeste au regard de l’objectif à atteindre et que c’est par le nombre qu’on y arrive). Les motivations des particuliers (de la foule) sont ici diverses, elles vont de la contribution philanthropique et caritative, à l’attente d’un retour financier sur investissement en passant par un large spectre d’intérêt hybride. Mais cet intérêt est également souvent celui de voir se réaliser le projet d’un proche, membre d’une même communauté d’appartenance ou d’un collectif qui répondrait à un besoin éprouvé par le contributeur (ex: projets ou événements culturels, initiatives contribuant à la vitalité d’un quartier ou d’un territoire d’appartenance, services de proximité, etc.) On voit ici les parallèles entre ce modèle et la qualité de sociétaire/bénéficiaire qu’on retrouve en économie sociale.
Petit historique Une vieille formule… Mosquées en Inde, Statue de la Liberté, construction de ponts au Moyen-Âge, etc. Fin 90, un groupe de musique anglais finance sa tournée sur le web En 2005, lancement de Kiva (plateforme de microcrédit P2P) …au potentiel décuplé par internet et les réseaux sociaux Voici quelques points de repère que l’on considère souvent comme significatif dans l’histoire du crowdfunding, il en a d’autres bien sûr. In fact, the construction of the Statue of Liberty was partially crowdfunded by thousands of small donations from around the world, a campaign organized by Joseph Pulitzer using his newspaper, The New York World. Industrie de la musique fin des années 90 un groupe de musique anglais finance sa tournée grâce aux contributions en ligne de ses fans. Kiiva né en 2005 et donne naissance d’une certaine manière la finance entre pair ou particulier via internet Les média sociaux facilite la diffusion au sein d’une communauté et sa mobilisation. Et les plateformes web facilite à travers une transaction simple via quelque click un soutien ou une contribution que certain n’aurait peut-être pas effectuer si le processus avait été plus compliqué. Internet permet de renforcer des communautés existantes voir même d’en créer des nouvelles. Ainsi les communautés de proximité (géographique ou affective) continue de jouer un rôle prépondérant dans le soutien au projet et se voient renforcer par ces nouvelles mises en réseaux mais ce sont surtout les communautés de valeur et d’intérêt qui voient leur échelle démultipliée. Il est intéressant de noter qu’historiquement ce mode de financement a permis de mener à bien des projets collectifs avec une motivation autre que celle d’un rendement financier, alors qu’aujourd’hui les tendances de l’industrie semblent indiquer que c’est surtout l’entrepreneuriat d’affaire traditionnel qui exploite au mieux le potentiel de ces plateformes, il faut s’assurer que l’économie sociale ne rate pas le train… Simplicité de la transaction Changement d’échelle et renforcement des communautés de soutien (communauté de proximité, d’intérêt ou de valeur) Diffusion et mobilisation grandement facilitées
Comment ça marche? 3 parties prenantes Porteur de projet Foule Plateforme web Les entreprises/organisations présentent leurs projets sur des plateformes web Une page web préformatée Un petit texte + photos + court vidéo Modalités de contribution La campagne peut être relayée sur les médias sociaux Le grand public soutient le projet financièrement (don, prêt ou équité) et diffuse et/ou mobilise via les réseaux sociaux Les plateformes se rémunèrent en prenant une commission sur les fonds levés et/ou à travers divers partenariats
Les différents modèles de financement Don sans contrepartie financière « Tout ou rien » ou « gardez tout » Don Don/récompense Prévente Prêt FP en capital Équité Le modèle gardez tout entraîne des frais plus important sur les plateformes. Les modèles de prêt et équité sont légaux au Québec depuis le 14 mai, une nouvelle réglementation permettant de collecter plus de fonds mais avec plus de réglementation est entrée en vigueur le 5 novembre
L’industrie en chiffres - $$$ Plus de 100% de croissance annuel, c’est à dire que d’une année à l’autre le volume total fait plus que doubler. Source : Rapport Massolution (2012) Source : Rapport Massolution (2012)
L’industrie en chiffres - Plateformes Des centaines de plateformes à travers le monde Plus de 1000 plateformes dans le monde 73 au Canada (2015) 12 au Québec (2015) Attention à ce qu’on entend par plateforme de financement participatif, souvent on compte là-dedans des sites de services lié au FP mais pas directement destiné aux contributeurs ou aux récipiendaires, on y trouve aussi des sites destinés aux investisseurs qualifiés ou institutionnels qui ne sont pas à proprement parlé « la foule », et d’autre site ou plateforme qui selon moi ne relève pas du FP. Source : National Crowdfunding Association of Canada (NCFA)
L’industrie en chiffres – Projets caritatifs et à but non lucratif au Canada 8% des campagnes menées 17 % des fonds levés L’utilisation du FP pour ces projets a constamment augmenté depuis 2009 Cette constante augmentation démontre l’importance du potentiel de cette avenue de financement pour l’économie sociale. Source : Crowdfunding guide for non profits, charities ans social impact projects (2015)
Répartition des campagnes réussies (OBNL et caritatifs au Canada) 9 campagnes sur 10 collectent moins de 20 K$ Important de rappeler 3 choses quant à ce sondage a été effectué au Canada sur des plateformes de don et pour des projets à but non lucratif ou caritatifs Ce mode de financement est particulièrement adapté au projet à but non lucratif qui souhaite collecter des sommes ne dépassant pas 20 K$ Source : Crowdfunding guide for non profits, charities ans social impact projects (2015)
Taux de succès des campagnes en fonction de leur objectif (OBNL et caritatifs au Canada) Source : Crowdfunding guide for non profits, charities ans social impact projects (2015)
Source : Crowdfunding guide for non profits, charities ans social impact projects (2015)
Pourquoi se lancer dans une campagne? Se financer Sensibiliser et promouvoir une cause / un projet Valider le besoin (mise en marché) Renforcer le réseau et la communauté de soutien derrière le projet À l’origine les entreprises vont là pour se financer. Assez vite elles se rendent compte que c’est un bel outil de promotion et de communication. Plus que ça, c’est un formidable outil de marketing dans tout les sens du terme (publicité, étude de marché, développer des liens avec le public cible et mieux comprendre ses besoins, etc.) Enfin, les entreprises s’aperçoivent que ces plateformes peuvent devenir un outil de mobilisation des communautés (qui dépasse le financement), d’implication citoyenne et de développement des territoires. Cet diapo est importante en vue du séminaire de demain car elle explique le glissement qui est en train de s’opérer sur de nombreux territoires où ces plateformes s’adaptent à ce que leur clients viennent y chercher et complètent leur offre de service en tendant progressivement vers le soutien au développement territorial. La multiplication des partenariats de toutes sortes est une résultante de ce glissement et de cette diversification.
Étapes de développement d’une campagne Définir un objectif financier réaliste Déterminer la durée de la collecte de fonds Campagnes durent 9 semaines en moyenne Choisir le modèle de financement le plus adapté Définir les modalités de financement (montant et récompense, valeurs mobilières, etc.) Choisir une plateforme adaptée L’objet de cette présentation est faire une introduction générale au FP donc je ne vais pas vous donner ici des conseils sur comment construire votre campagne mais sachez que la plupart des plateformes offrent ce type d’accompagnement et qu’il existe par ailleurs de nombreuses ressources d’appui en ligne. 9 semaines environs mais tout se joue dans les premiers jours.
Facteurs de succès d’une campagne Projet solide Qualité du « pitch » (vidéo, etc.) Diffusion de la campagne et utilisation experte des médias et réseaux sociaux Réseau initial de soutien important et mobilisé L’objet de cette présentation est faire une introduction générale au FP donc je ne vais pas vous donner ici des conseils sur comment construire votre campagne mais sachez que la plupart des plateformes offrent ce type d’accompagnement et qu’il existe par ailleurs de nombreuses ressources d’appui en ligne. 9 semaines environs mais tout se joue dans les premiers jours.
Facteurs de succès d’une campagne 50% 25%
Réussir sa campagne - Ressources de soutien Comment mener une campagne de FP avec succès https://www.marsdd.com/news-and-insights/how-to- successfully-run-a-crowdfunding-campaign/ Guide du FP pour les OBNL http://www.hivewire.ca/crowdfunding-guide-for-nonprofits- and-charities/ Guide de FP pour les entreprises en démarrage https://www.lautorite.qc.ca/fr/entreprises-financement- participatif-pro.html Réussir sa campagne de FP http://veilletourisme.ca/2014/05/14/reussir-sa-campagne-de- financement-participatif/ Cette présentation ainsi qu’un enregistrement du webinaire vous seront envoyés sous peu et vous pourrez consulter ces ressources, il y en a d’ailleurs beaucoup d’autres disponibles en ligne mais qui disent essentiellement la même chose.
Les plateformes et leurs spécificités 7 plateformes dédiées aux OBNL, à l’entrepreneuriat social et à l’ÉS au Canada weeve.it (OBNL) – BC chimp.net (organismes caritatifs et entreprises) – BC giveffect.com (organismes caritatifs) – ON connect2need.com (OBNL) – ON csicatalyst.org (entreprise sociale) – ON SVX (entreprise sociale) – ON Mécènes (économie sociale) - ON On voit que c’est peu en comparaison avec le nombre total de plateforme. Ça ne veut pas dire que les plateformes généralistes ne permettent pas à des entreprises d’ÉS de se financer, mais il n’y en a au jour d’aujourd’hui que Mécéness qui soit exclusivement dédié à l’ÉS. Parmi les autres, il n’y en a aucune qui qui offre une distinction claire et une meilleure visibilité aux entreprises d’ÉS.
Les plateformes et leurs spécificités Quelques exemples de plateformes francophones Haricot.ca - Tout ou rien – Frais de 5% Première plateforme (2011) Pour les projets créatifs, charitables, d'entreprise et d’étudiants. Yoyomolo.com – Gardez tout - 7% Des services additionnels sont offerts en contrepartie de frais mensuels (49$ ou 99$ /mois) Fundo.ca – Mixte– 8% Tout type de projet et porteur de projet Plateforme québécoise bilingue couvrant tout le Canada Laruchequebec.com – Tout ou rien - 7% Ecloid.com – Tout ou rien – 7% Meceness.ca – Gardez tout – 6% À ces frais s’ajoutent des frais de transaction d’environ 2 à 3% (souvent via Paypal)
Les plateformes - Différences et spécificités Modèle de financement Qui peut investir via la plateforme Secteur (culture, industrie spécifique, sport et aventure, social, etc.) Couverture géographique et priorité au local Services et accompagnement offerts autour du financement Rares sont les plateformes qui sont actives dans plusieurs modèles (en partie en raison de l’importance de garder une interface claire). Pour ce qui est des frais grosso modo, les plateformes se valent toute et le porteur de projet peut s’attendre à devoir payer entre 8 et 10% des sommes amassées. Les plateformes qui se concentrent sur un territoire donné sont somme toute assez rares L’accompagnement autour de la campagne de financement et bien souvent inexistant ou très sommaire. C’est encore plus vrai en ce qui concerne l’accompagnement des projets en amont de l’étape de financement et en aval de la conclusion de la campagne de financement participatif. Plateformes généralistes Plateformes spécialisées Industrie (immobilier, musique, jeux vidéos, etc.) Projets créatifs, artistiques et culturels Projets sportifs Secteur à but non lucratif et/ou entrepreneuriat social
Enjeux et opportunités pour l’économie sociale ? Un outil fantastique, mais pas une panacée La proximité entre l’investisseur et le projet reste souvent essentielle Favorise une hybridation des services offerts autour du financement (communication, soutien et d’accompagnement) Des plateformes qui offrent plus que des possibilités de financement/investissement Importance de bien positionner l’économie sociale Une bonne part des capitaux qui transitent sur ces plateformes émanent d’une volonté d’impact social Le financement par les pairs (P2P) comme alternative à la sacrosainte mesure quantitative Un vote de valeur plutôt qu’un vote rationnel Le financement participatif est un outil fantastique de collecte de fonds dont les aspects techniques et réglementaires facilitent la transaction mais la proximité entre le contributeur/investisseur et le projet est essentielle au succès d’une campagne. La proximité géographique (ex: un projet contribuant à améliorer notre quartier ou milieu de vie) reste probablement la plus prégnante mais la proximité culturelle (un projet artistique ou créatif qui répond à certains de nos besoins/aspirations culturelles) ou de valeur (projet ayant une action/approche à laquelle on adhère et qu’on souhaite soutenir: éducation, développement durable, justice sociale, revitalisation intégrée, économie sociale, etc.) peuvent aussi jouer un rôle important. Favorise une hybridation des formes de financement, communication, soutien et d’accompagnement - Partenariat avec des banques Le FP offre une nouvelle avenue de financement pour les projets et entreprises d’ÉS mais il ne doit pas nécessairement être vu comme un concurrent du secteur bancaire ou des intermédiaires de financement existant. - Étude de marché, stratégie de communication, marketing, etc. - Possibilité d’impliquer des mentors et des partenaires terrains spécialisés dans l’accompagnement La propension d’un d’individu à suivre un mouvement ou une majorité sans réfléchir peut conduire au meilleur comme au pire. On revient ici à l’effet boule de neige qui est donc à double tranchant. La démocratisation du financement est une bonne chose mais elle présente de nouveaux défis. Toutes sortes de projets se financent sur les plateformes de FP, le spectre qui va du communautaire caritatif à l’entreprise capitaliste traditionnelle en passant par l’entreprise sociale et l’entreprise collective est ici représenté. Le positionnement de l’ÉS et sa mise en valeur (« branding ») est ici crucial pour attirer les contributeurs dont les valeurs coïncideraient avec le modèle d’entrepreneuriat collectif car si elle ne se démarque pas des autres initiatives, projets et entreprises qui se financeront sur ces plateformes, d’un part elle passera à côté d’un fantastique potentiel et d’autre part elle pourrait perdre en visibilité et éventuellement en reconnaissance. Cf : Salades de patate, etc. Le financement par les pairs (P2P) comme alternative à l’omnipotence de la mesure et de la quantification Un individu donnant, prêtant ou investissant une somme modeste sera plus enclin à effectuer un choix basé sur ces valeurs que sur un calcul risque/bénéfice. Ainsi les projets dont la rentabilité sociale et/ou financière est difficilement mesurable ne seront pas désavantagés. On dépasse ici l’homo economicus néolibéral et la rationalités de ses choix individualistes en permettant, à travers une minimisation du risque, de se concentrer sur des critères sélectifs axés plus sur les valeurs, la confiance dans un projet et la foi en un modèle alternatif. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas »
Merci! Questions? emilien.gruet@tiess.ca