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Société civile : une notion en trois dimensions

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Présentation au sujet: "Société civile : une notion en trois dimensions"— Transcription de la présentation:

1 Société civile : une notion en trois dimensions
Gautier PIROTTE Chargé de Recherches FNRS & Maître de Conférences (ULg)

2 « Devenu l’étiquette de toutes sortes de marchandises, ou parfois même le label du vide, « société civile » forme un lieu commun où les commodités d’un mot de passe permettent de se parler sans savoir ce que l’on dit, ce qui évite de trop se disputer. » (Colas, Le Glaive et le Fléau, 1992)

3 Société civile : Succès
Notion clé des politiques de développement (Décentralisation, participation, développement durable…) Succès planétaire (secteurs associatifs) Succès médiatique Succès académique (anglophone).

4 Société civile : Critiques
Caractère nébuleux Charge idéologique Quelle utilité scientifique C’est une notion qui depuis les années 80 a connu un intérêt certain. La société civile est aujourd’hui un peu partout, se glisse dans les discours de chacun de l’homme de la rue comme du journaliste, de l’homme politique comme du scientifique. Je dirais surtout du scientifique anglophone car la notion a du mal à s’implanter dans le monde académique francophone. Il y a des raisons historiques, je dirais presque sociologique et politique à cela et là je vous renvoie au remarquable ouvrage de Pierre Rosanvallon : «Le modèle politique français. La société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours ». La notion de société civile fait aussi l’objet dans le monde francophone, beaucoup moins dans le monde anglophone, de critiques importantes qui touchent principalement à son caractère nébuleux. Dominique Colas écrivait en 1992 dans Le Glaive et le Fléau : « Devenu l’étiquette de toutes sortes de marchandises, ou parfois même le label du vide, « société civile » forme un lieu commun où les commodités d’un mot de passe permettent de se parler sans savoir ce que l’on dit, ce qui évite de trop se disputer» . La seconde critique tient à la charge idéologique dont ce concept serait porteur et, plus grave encore, à son utilité même au sein de l’arsenal théorique habituelle des sciences humaines et sociales. A ce propos Michel Offerlé a souligné récemment « Nous sommes avec cette expression en face d’une sorte de cas d’école, d’expérience en grandeur nature au terme de laquelle une formule, d’abord savante, devient par la multiplication des torsions médiatiques et politiques qu’elle subit un enjeu d’investissements et de luttes d’occupation sémantique. Et risque, si nous n’y prenons garde, (…) de revenir dans le champ des sciences sociales chargé d’autres signification en incitant à des controverses aussi inutiles qu’infructueuses. » Je ne vais pas dans le cadre des 17 minutes qui me restent avoir le temps suffisant pour déconstruire dans la finesse ces reproches mais je vais essayer au moins de les relativiser et formuler ici une première amorce de réflexion sur l’utilité plus que l’usage du concept de société civile eu égard au thème qui nous occupe aujourd’hui, celui de l’engagement.

5 Sociétés civiles : Questions
Quelle définition? Par son contenu ? Par ses fonctions ? Problème des limites « In/Out » Société civile universelle? Plus value scientifique?

6 Qu’est-ce que la société civile?
Trois conceptions de la société civile Trois dimensions de la société civile (…dans les sociétés démocratiques occidentales) Associative ( Capital social) Normative Espace public

7 Première vision : La société civil(isé)e Vs société naturelle
Antiquité Grecque et Romaine Aristote  Koinonia politikè  Polis Organisation politique de la société qui surpasse l’oïkos (la famille) et l’ethnos (le peuple). Cicéron : système politique organisé autour de principes de justice et des lois. Societas civilis désigne la Cité comme groupement d’individus politiquement organisés et la société d’individus qu’elle rassemble. A Rome, societas civilis désigne l’association publique et privée des individus dans la Cité.

8 Philosophes chrétiens du Moyen Âge
Maintien du lien S.C. = organisation politique d’une communauté (lois, règles de bonnes conduites des individus en société) La société civile est construite par des principes religieux et seul les chrétiens peuvent en faire partie.

9 XVIe siècle. Démarrage de la modernité
Sortie des guerres de Religion Qui organise politiquement la société ? L’Eglise ou le Prince? Début des grandes explorations Distinction nous (civilisés) et eux (barbares). Confirmation du lien S.C. = Organisation politique d’une communauté d’individus.

10 Hobbes (The Leviathan,1651) & Locke (Second Treatise on Civil Society, 1690)
la société civile (= organisation politique) protège l’individu de la société sauvage. Contrat. Souverain. Locke : Importance du souverain pour protéger contre la société naturelle. Préservation de la propriété privée. Importance de la confiance entre les hommes.

11 Société marchande et nouvel ordre moral (Smith, Mandeville, Fergusson, Hume – 18e)
S’oppose à la critique de l’Eglise vis-à-vis du capitalisme marchand. Le dynamisme du marché doit entraîner un raffinement permanent de la civilité. Les vices privés font les vertus publiques (Mandeville – Fable des abeilles). Ce qui fonde le pouvoir (contrat)  jusqu’où ce pouvoir peut être exercé.

12 La société civile, un contre-pouvoir
Montesquieu (L’esprit des Lois, 1748) : principe de séparation des pouvoirs + importance des mœurs aristocratiques. Tocqueville (De la Démocratie en Amérique, 1835). Importance du fait associatif. Importance de la décentralisation et démocratie locale.

13 Révolution française (1789)
Suppression des « corps intermédiaires » (Loi Le Chapelier de 1791). Citoyens vs Etat. Raisons ? Source d’interférence entre l’opinion du citoyen et les décisions de l’Etat Persistance de privilèges et sources d’inégalités.

14 HEGEL : les trois moments de la vie éthique (Principes de Philosophie du Droit, 1821)
Vie Ethique. 1er moment : la famille (altruisme particulier) qui est nié par le 2e moment : la société civile (égoïsme universel) à son tour nié par le 3e moment : l’Etat (altruisme universel). Rupture avec l’héritage aristotélicien. Société civile : lieu de l’échange marchand Importance des corporations et division du travail social.

15 MARX - Exploitation Marx : Espace social lentement détaché de l’univers affectif des liens familiaux et au domaine formel de l’Etat bureaucratique à la faveur du triomphe des relations capitalistes de production. S.C. = infrastructure économique. «Egoïsme crasse ».

16 GRAMSCI : Société civile entre hégémonie et révolution
Gramsci : double vision S.C.= institutions où s’exprime l’idéologie, les croyances, les valeurs de la classe dominante (hégémonie). S.C. = Un lieu de conflits, de révolution d’une classe ouvrière enfin éclairée.

17 Société civile, associations et solidarités
Rappel La Loi Le Chapelier (1791) interdit toute association, toute coalition ou corps intermédiaire entre le peuple et l’Etat. Seconde moitié du 19e siècle : Mutuelles Coopératives Syndicats  Loi 1901 (en France) et 1921 (ASBL) en Belgique.

18 Société Civile, Associations et Solidarités
Courants utopistes et sociaux-démocrates (Fourrier, Robert Owen, Proudhon,  Jaurès) Courants sociaux-chrétiens (Frédéric Leplay, Rerum Novarum de Léon XIII).

19 Société civile, associations et solidarités
Société civile = TIERS SECTEUR Nouvelles solidarités nécessaires pour répondre aux inégalités sociales nées d’un marché autorégulé (libéralisme) et à la faiblesse de l’intervention des pouvoirs publics. ETAT SOCIETE MARCHE CIVILE

20 Après la Seconde Guerre mondiale : Déclin civiliste
Etatisme : Etat providence au Nord, Etat modernisateur au Sud et à l’Est Déclin relatif des conceptions « Tiers Secteur » et « contre-pouvoir » Domination du marxisme dans les sciences sociales (Europe)  Désintérêt pour le concept de société civile

21 Regain civiliste (dernier quart du XXe siècle)
Contexte : fin de la Guerre froide, remise en cause de l’Etat-Providence, déclin du marxisme. Concentration des griefs envers l’Etat (à gauche comme à droite, au Sud comme au Nord) Valorisation d’acteurs alternatifs et associatifs (par ex. ASBL, ONG) Idée universelle de société civile Idée d’une société civile universelle

22 Deux conceptions dominantes de la société civile
Société civile comme contre-pouvoir contestataire (ex. Mobilisations collectives et associations « civiques » en Europe de l’Est) Société civile actrice du développement (ONG), conception proche d’un « Tiers Secteur ».

23 Société Civile en trois dimensions
3e dimension Espaces publics Arènes d'argumentations et de délibérations 2e dimension Valeurs, opinions, conceptions du monde 1ère dimension Associations (réseaux, groupes, organisations, institutions, SMO, ONG…) Capital social

24 Trois dimensions : Le fait associatif
Société civile = secteur associatif …qui produit du capital social nécessaire au développement économique, au fonctionnement d’une société démocratique

25 La notion de capital social
Idée centrale : les relations familiales, amicales, professionnelles représentent un capital (dit ‘social’) que l’on peut mobiliser pour résister à une situation de crise ou améliorer son sort.

26 Eléments constitutifs
CAPITAL SOCIAL Normes de réciprocité généralisées Réseaux (Networks) Confiance (Trust)

27 Capital Social – Thèse de Putnam Making Democracy Works, 1993
La base du développement politique et économique est le stock de capitaux sociaux produit par la société civile d’un pays donné. Exemple : la différence de développement économique et politique entre l’Italie septentrionale et l’Italie méridionale depuis la régionalisation en 1970.

28 Bowling Alone Le déclin de la société civile nord américaine (1995 et 1999)
Alerte ! Déclin du stock de capitaux sociaux aux USA car chute des affiliations aux associations constitutives de la société civile. Danger pour le progrès économique mais surtout pour la démocratie américaine (Associations = lieu d’apprentissage de la citoyenneté = contre-pouvoir – cf. Tocqueville)

29 Effets bénéfiques mis en péril :
S’affilier c’est bon pour la santé S’affilier c’est bon pour sa sécurité C’est bon aussi pour obtenir un (meilleur) emploi. Le capital social est source de notre bonheur.

30 Les raisons du déclin Effet générationnel Modes de vie :
1  Repli sur soi (« Home Sweet Home ») 2  Multiplication de nos engagements familiaux et professionnels. Rôle des femmes? Vous regardez trop la télévision !

31 Remarques Importance du fait associatif et de ses conséquences politiques et économiques Thèse du déclin civique doit être relativisée Syndicats, mutuelles, coopératives : déclin ou transformation de l’engagement? Toutes les associations n’ont pas les mêmes vertus démocratiques et économiques (manque l’analyse en termes de valeurs et d’espaces publics)

32 Trois dimensions : l’immatériel (« civile ») (Les valeurs, les normes, les idées…)
Problèmes de la dimension associative : Equivalence des associations Dérive quantitativiste Lien entre S.C. et démocratie n’est pas naturel. Toutes les associations défendent des idées, principes, normes, valeurs, croyances… Toutes ne les font pas triompher ou ne cherchent pas à les faire triompher au-delà d’un cercle de membres.  Nécessité de faire émerger cette dimension « civile »

33 Trois dimensions : L’espace public
Espace où se noue un processus d’argumentation et de délibération au sein d’un tissu dense d’associations et d’institutions. S.C. = « assos, organisations et mouvements qui condensent, répercutent, en les amplifiant dans l’espace public politique la résonance que les problèmes sociaux trouvent dans les sphères de la vie privée. » (Habermas, 1997).

34 Institutions culturelles
Public-Public Etat Privé - Public Espaces publics Arènes d'argumentation et de délibération Associations & Normes, valeurs Institutions culturelles croyances, opinions visions du monde, etc. Privé Intime (famille) J’en viens ici à mon petit schéma qui est encore à l’état de draft et qui n’a rien d’originale puisque sa structure repose sur le schéma classique des trois sphères : intime/société civile/espace politique ou pour reprendre le vocabulaire de Castoriadis : le domaine privé (de l’oikos grèque), le domaine privé-public (de l’agora), le domaine public-public. Ce schéma est marqué par la réflexion autour de la démocratie d’opinion. Mais je pense qu’on est loin d’épuiser tous les rôles de la société civile. La société civile n’est pas uniquement le lieu où les questions de développement individuels, de choix moraux de problèmes quelconque remontent dans l’espace public pour se cristalliser en opinion publique. D’ailleurs, les rapports entre société civile et société politique ne sont pas uniquement down top mais très souvent top down et l’essentiel se joue d’ailleurs dans l’interaction. Les organisations de la société civile ne sont pas uniquement porteuses de revendications, d’idées, d’opinions. Souvent leurs revendications ont déjà été reconnues par la société politique, institutionnalisée et elles se chargent moyennant subsides de résoudre un problème qu’elles ont cherché à mettre en lumière. Les rapports entre l’Etat belge et sa société civile me semble un modèle genre. A ce stade des rapports entre état et société civile, la délibération porte surtout sur les modalités technique d’exécution de programmes et projets et l’opinion publique importe peu. Là on revient à une réflexion sur l’Etat providence et l’institutionnalisation des mouvements sociaux et plus globalement d’un tiers secteur. Est-ce que cette institutionnalisation d’une partie des activités de la société civile tue-t-elle l’engagement? Et n’y a –t-il de véritable engagement que dans l’option advocacy et lobbying des organisations des sociétés civiles dans le cadre d’une démocratie d’opinion? La réponse doit être négative dans un pays où, plus de ¾ du secteur non profit est financé par l’Etat. On peut tout à la fois penser que l’on défende librement une cause tout en trouvant normal que l’Etat prennent en charge le financement de ses activités comme le montrait une étude que j’avais réalisé il y a quelques années sur les Fondations d’Utilité Publique en Belgique. D’autre part, il me semble également que ce schéma ne tient pas suffisamment compte des données structurelles qui influencent les trois sphères. Tout se passe encore un peu comme si nous étions en face d’individu dotés des mêmes capacités d’influence, du même accès au tissu associatif, à la formulation des normes et donc aussi à l’espace public. Après tout, chez Habermas, la connaissance d’une langue naturelle est suffisante pour participer à un espace public. Mais bon, on sait tous ce que parler veut dire…

35 Une définition en quatre traits
« Une sphère d’interactions sociales entre l’économie et l’Etat, composée essentiellement de la sphère privée, de la sphère des associations, des mouvements sociaux et des formes de communications publiques (…) » Elle présente quatre traits essentiels : La pluralité (familles, organisations formelles et informelles) Le caractère public (communication et institutions de la culture) Le caractère privé (développement individuel et choix moraux) La légalité : lois générales et droits fondamentaux nécessaires pour délimiter la pluralité, le caractère privé ou public par rapport à l’Etat et à l’économie. Jean COHEN & Andrew ARATO, Civil Society and Political Theory, Cambridge MIT Press, 1992. L’une des définitions les plus abouties de la société civile dans les théories contemporaines est celle des Habermasiens Jean Cohen et Andrew Arato. Ils définissent la société civile comme « Une sphère d’interactions sociales entre l’économie et l’Etat, composée essentiellement de la sphère privée, de la sphère des associations, des mouvements sociaux et des formes de communications publiques (…) » et cette société civile présente 4 caractéristiques essentielles : La pluralité (familles, associations formelles ou informelles) Le caractère public (communication et institutions de la culture) Le caractère privé (développement individuel et choix moraux) La légalité : lois générales et droits fondamentaux nécessaires pour délimiter la pluralité, le caractère privé ou public par rapport à l’Etat et à l’économie. Par l’insistance sur le caractère public et les formes de communications publiques, c’est une définition très intéressante dans le contexte des sociétés occidentales et des réflexions sur l’évolution des démocraties vers une formule participative et l’importance de l’opinion publique non seulement dans la sphère politique mais même plus loin, je dirais tout ce qui relève du public en ce compris le comportement de grande ou de petite entreprise dans la sphère économique. Thierry Pech et Marc Olivier Padis par exemple montrent bien que les ONG ont bien compris toute l’importance d’un nouveau militantisme qui passe moins par l’action de terrain qu’une action dans le champ médiatique cherchant à modifier le comportement injuste, inéquitable ou peu écologique de tel ou tel groupe commercial ou financier.

36 Bibliographie COHEN J. & ARATO A. [1997], Civil Society and Political Theory, Cambridge, MIT, (4th). COLAS D. [1992], Le Glaive et le Fléau. Généalogie du fanatisme et de la société civile, Paris, Grasset. EDWARDS M. [2004], Civil Society, London, Blackwell Publisher. EHRENBERG J. [1999], Civil Society: The Critical History of an Idea, New York, New York University Press. GHILS P. [1993], « Le concept et les notions de société civile », Associations Internationales, n° 47. PUTNAM R. [1993], Making Democracy Work, Civic Traditions in Modern Italy, Princeton, Princeton University Press. PUTNAM R. [2000], Bowling Alone : the Collapse and Revival of American Community, New York, Simon and Shuster, 2000 RANGEON F. [1986], « Société civile : histoire d’un mot », C.U.R.A.P.P., La société civile, Paris, PUF. ROSANVALLON P. [2004], Le modèle politique français. La société civile contre le jacobinisme de 1789 à nos jours, Paris, Seuil.


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