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La variation diasystémique dans le protoroman à partir d’un exemple :

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1 La variation diasystémique dans le protoroman à partir d’un exemple :
La variation diasystémique dans le protoroman à partir d’un exemple : */'plak‑e‑/ (DÉRom) 20 nov – ΔΙΑ II Le sujet de notre présentation est la variation dyasistémique en protoroman, ce qui peut sembler difficile à un premier abord puisqu’il s’agit d’une langue pour laquelle nous n’avons pas d’attestations écrites. Dans ce contexte, les données dyasistémiques acquièrent une grande importance pour le DERom, le nouveau Dictionnaire d’Etymologie Romane lancé en 2007 et rédigé à l’ATILF CNRS à Nancy sous la double direction franco-allemande d’Eva Buchi et Wolfgang Schweickard.

2 Méthodologie du DÉRom Objectif du DÉRom faire l’étymologie du lexique roman héréditaire commun Méthodologie du DÉRom Langues romanes Proto roman Latin Le principal objectif du DÉRom est de faire l’étymologie du lexique roman héréditaire. Mais il apporte une nouveauté par rapport à la perspective et la méthodologie classique : il ne part plus du latin pour arriver aux langues romanes en passant directement des attestations écrites du latin à des langues romanes déjà formées en ignorant un stade intermédiaire par lequel les langues en formation ont dû forcément passer (le ? sur notre pyramide), mais tout d’abord, il part des données des idiomes romanes et remonter dans le temps jusqu’au protoroman, ce qui n’exclue pas du tout le latin de la réflexion méthodologique puisque une corrélation avec les données du latin écrit se fait de manière obligatoire et systématique dans les articles du DERom. Ce changement de méthodologie modifie les rapports entre les étapes d’évolution des langues romanes puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’un rapport pyramidal et donc hiérarchique, mais plutôt d’un engrenage dans lequel s’il y a une roue qui ne marche pas, le mécanisme s’arrête Ce changement de méthodologie modifie les rapports entre les étapes d’évolution des langues romanes puisqu’il ne s’agit pas vraiment d’un rapport pyramidal et donc hiérarchique, mais plutôt d’un engrenage dans lequel s’il y a une roue qui ne marche pas, le mécanisme s’arrête à un moment donné, c’est pourquoi les directeurs de ce projet innovant dans le paysage de la romanistique, qui sont comme par hasard une suissesse et un allemand grands spécialistes en mécanique fine et en montres (!), propose de substituer la méthodologie classique par une nouvelles

3 La variation diasystémique dans le DÉRom
Variation diachronique apparition des différents types de l’étymon protoroman à des moments différents dans le temps Variation diatopique prise en compte des formes dialectales pour la reconstruction de l’étymon protoroman Variation diastratique un continuateur régulier de l’étymon protoroman peut parfois être transmis grâce à un sociolecte Variation diamésique manque d’attestation dans le code écrit / trace de leur existence dans le code oral Cette démarche de reconstruction du protoroman fait que la dimension de la variation diasystémique prend toute son importance dans la démarche lexicographique de faire l’étymologie et donc l’histoire des mots. Les données variationnelles représentent une constante dans le DERom. Elles se retrouvent sous la formes de la : variation diachronique en premier lieu – les différents types phoniques, morphologiques ou sémantiques apparaissent à des moments différents dans le temps ; Deuxièmement, variation diatopique – nous nous pouvons remonter aux étymons protoromans grâce à des formes héréditaires des langues romanes standardisées, mais aussi grâce aux dialectes ; Troisièmement, variation diastratique - dans la mesure où les langues standardisées n’ont pas toujours hérité du continuateur régulier de l’étymon protoroman, tandis qu’il a pu être transmis jusqu’à aujourd’hui grâce à un sociolecte ; Et quatrièmement, variation diasémique - certains types flexionnels sont mieux attestés dans le code écrit que d’autres qui n’ont pas eu accès au code écrit en raison de leur apparition tardive ou de leur appartenance à un registre bas de la langue, mais qui pourtant ont clairement existé dans le code oral. Ces aspects représentent aussi les quatre points que je me propose de discuter dans ma présentation en partant de l’article plak-e-, un article imparfait qui est en cours de rédaction, mais en m’appuyant aussi sur d’autres exemples tirés des articles du DERom qui sont déjà publiés.

4 La variation diachronique dans le DÉRom
Aspects méthodologiques : si le latin écrit connaît le corrélat du lexème : le dater précisément si le latin écrit ne connaît pas de corrélat : le préciser Les attestations du latin tardif ou médiéval ne sont pas mentionnées S’il existe plusieurs types flexionnels du lexème : dater le corrélat latin de chaque type flexionnel préciser leur étymologie Par rapport à la variation diachronique, quelques précisions méthodologiques du DERom s’imposent : En ce qui concerne le corrélat latin des lexèmes est connu, il est daté précisément, en règle générale, sous la forme d’un nom d’auteur et d’une datation. Dans les cas où le lexème ne connaît pas de corrélat en latin écrit de l’Antiquité (jusqu’en 600), on le précise explicitement. Les éventuelles attestations en latin tardif et médiéval (à partir de 600 quand les langues romanes sont considérées comme déjà formées) ne sont pas mentionnées. Mais il y a des lexèmes et surtout des types flexionnels de la plupart des lexèmes pour lesquels on ne trouve pas de corrélat dans le latin de l’Antiquité (avant 600). Pour ces cas, le DERom a choisi comme principe méthodologique de dater chaque type flexionnel au fur et à mesure de son apparition. Ainsi, il est possible qu’un premier type flexionnel trouve son corrélat dans le latin écrit, mais un second type flexionnel s’est développé dans le temps et il a un corrélat uniquement dans le latin tardif ou il n’a pas du tout de corrélat latin étant donnée son apparition tardive. En plus, la méthodologie du DERom demande que l’étymologie de chaque type flexionnel soit précisée.

5 La variation diachronique : */as'kʊlt‑a‑/
Protorom. */as'kʊlt‑a‑/ v.tr. « tendre l'oreille vers ce qu'on peut entendre, écouter ; accueillir avec faveur (les paroles de quelqu'un), suivre » reconstruit d’après les cognats de toutes les branches romanes, à l'exception du dalmate, de l'occitan, du gascon et du catalan Le corrélat du latin écrit, auscultare v.tr. « id. », est connu durant toute l'Antiquité, mais seulement tardivement sous la forme ascultare Le protorom. */as'kʊlt‑a‑/ v.tr. avec le sens « tendre l'oreille vers ce qu'on peut entendre, écouter ; accueillir avec faveur (les paroles de quelqu'un), suivre » a été reconstruit d’après les cognats de toutes les branches romanes, à l'exception du dalmate, de l'occitan, du gascon et du catalan. Le corrélat du latin écrit, auscultare v.tr. « id. », est connu durant toute l'Antiquité (dp. Plaute [* ca 254 – ✝ 184], TLL 2, 1534), mais seulement tardivement sous la forme ascultare (dp. Flavius Caper [2e s. apr. J.-Chr.], TLL 2, 1534), où la diphtongue a été réduite par dissimilation régressive (cf. s.v. */as'kʊlt‑a‑/).

6 La variation diachronique : */'barb‑a/1
Protorom. */'barb‑a/1 s.f. « ensemble des poils qui poussent au bas du visage de l'homme (sur le menton et les joues), barbe ; partie du visage située sous la lèvre inférieure et constituée par l'extrémité du maxillaire inférieur, menton » reconstruit d’après les cognats toutes les branches romanes sans exception divisé en deux types sémantiques : I. « barbe » : le corrélat du latin écrit connu durant toute l'Antiquité II. « menton » : le corrélat du latin écrit connu à partir du 3e siècle seulement Le protorom. */'barb‑a/1 s.f. « ensemble des poils qui poussent au bas du visage de l'homme (sur le menton et les joues), barbe ; partie du visage située sous la lèvre inférieure et constituée par l'extrémité du maxillaire inférieur, menton » reconstruit d’après les cognats toutes les branches romanes sans exception, est divisé en deux types sémantiques, I. « barbe » et II. « menton », qui apparaissent à des époques différentes (cf s.v. */'barb‑a/1) : Le corrélat du latin écrit de I., barba, -ae s.f. « ensemble des poils qui poussent au bas du visage de l'homme (sur le menton et les joues), barbe », est connu durant toute l'Antiquité (dp. Plaute [* ca 254 – ✝ 184], TLL 2, 1724), celui de II., « partie du visage située sous la lèvre inférieure et constituée par l'extrémité du maxillaire inférieur, menton », à partir du 3e siècle seulement (gloses, TLL 2, 1724). s.v. */'barb‑a/1)

7 La variation diachronique : */'lakt‑e/
Protorom. */'lakt‑e/ s.n. « liquide blanchâtre (opaque, légèrement sucré) sécrété par les glandes mammaires, lait » les issues romanes ont été subdivisées selon les trois classes de flexion : type I : neutre originel type II : changement de genre : substantif masculin type III : changement de genre : substantif féminin le corrélat latin du type I (lac, -tis s.n.) : est usuel durant toute l'Antiquité celui du type II, masculin : est connu depuis Pétrone celui du type III, féminin, n'est attesté qu'à partir du 5e/6e s. Le protorom. */'lakt‑e/ s.n. « liquide blanchâtre (opaque, légèrement sucré) sécrété par les glandes mammaires, lait », reconstruit d’après les cognats toutes les branches romanes sans exception, présente des issues romanes qui ont été divisées selon les trois genres dont elles relèvent : neutre originel (type I.) ; masculin innové (type II.) ; féminin encore plus récent et plus restreint (type III.). Entre ces différents types morphologiques, le rédacteur a constaté une évidente variation diachronique puisque les trois types morphologiques apparaissent à des époques différentes : Le corrélat du type I., lac, -tis s.n. « id. », est usuel durant toute l'Antiquité (dp. Ennius [* 239 – ✝ 169], OLD), celui du type II., masculin, est connu depuis Pétrone (* ca 12 – ✝ ca 66, OLD)9, tandis que celui du type III., féminin, n'est attesté qu'à partir de Caelus Aurelianus et de l'Oribase latin (5e/6e s., TLL 7, 816). s.v. */'lakt‑e/)

8 La variation diachronique : */'plak‑e‑/
Protoroman */'plak‑e‑/ v. trans. indir. « être agréable, plaire » reconstruit d’après les cognats de toutes les branches romanes deux types morphologiques : type I (infinitif */pla'k-e-re/) : le corrélat latin placeō, -ēre est connu durant toute l'Antiquité type II (infinitif */'plak-e-re/) : corrélat latin uniquement en latin tardif Position retenue : dans les domaines du gallo-roman et du catalan il s’agit de phénomènes de réfection Quant au protoroman */'plak‑e‑/, verbe transitif indirect « être agréable, plaire », illustre l’axe de la variation diachronique si on considère que ce verbe relève de deux types morphologiques : un premier type flexionnel est apparu le premier dans le temps et il remonte à la conjugaison en */-'e-re/ (infinitif */pla'k-e-re/) dont le corrélat latin, placeō, -ēre est connu durant toute l'Antiquité (dp. Plaute [* ca 254 – ✝ 184]), OLD, Ernout/Meillet4). Mais von Wartbourg a lancé l’hypothèse d’un 2ème type flexionnel qui relèverait de la conjugaison en */'-e-re/ (infinitif */'plak-e-re/) qui s’est développé dans le temps à partir du type I et qui a un corrélat latin uniquement en latin tardif (dp. 438, CodexTheodosianus [placit ind. 3], TLL 10/1, 2256, 64, s.v. placeo). Pourtant, dans l’appui de ce deuxième type flexionnel nous n’avons pas encore assez d’arguments, ce qui fait que nous préférons prendre une position moins risquée (sur l’exemplier au sous-chapitre ?? Sous */plak-e-/) : L'hypothèse envisagée dubitativement par von Wartburg (FEW 9, 5b, note 28) de l'existence d'un concurrent */'plak-e-re/ auquel remonteraient le sarde (cité ci-dessus), ainsi que les formes gallo-romanes et catalanes refaites (v. notes 8 et 9) doit être écartée, malgré l'hapax placit (438, CodexTheodosianus [placit ind. 3], TLL 10/1, 2256, s.v. placeo). Il est important de dire que dans ces notes j’ai apportés les arguments des linguistes qui viennent contre l’hypothèse de von Wartburg et qui écartent l’existence des formes concurrentes de */'plak-e-re/ pour lesquelles il existe des formes attestées dans les domaines gallo-roman : Notes : 8. En français l'infinitif a été refait comme celui des verbes en -sir [-'dzir] (issus de V + -k- + -ēre/-īre) : taisir/taire, nuisir/nuire, luisir/luire, ou bien gesir/gire (FouchéVerbe  ; MeyerLübkeGLR 2, § 125 ; BourciezPhonétique § 116, remarque II), d‘où fr.plaire (dp. ca 1174, BenDucF 1, 279 ; Gdf ; FEW 9, 1b-5b ; TL ; TLF ; ALF 1672). Les autres domaines galloromans présentent la même réfection, plus tardive ou plus rare, qui concurrence les formes régulières ci-dessus, mais qui se manifeste plus tardivement : frpr. plaire (dp. 1286/1310 [playre] MargOingtD 116 ; FEW 9, 1b ; ALF 1672), occit. plaire (dp. 1455, Levy ; FEW 9, 1b), gasc. plaire (dp. 1238, [playre], DAG s.v. plaire ; CorominesAran 175 ; Palay ["peu usitée aujourd'hui sauf vers la Garonne "] ; FEW 9, 1b). L‘ancien occitan atteste 5 exemples de plaire contre 239 de plaser et 931 de plazer (cf. COM2). Ces réfections galloromanes doivent être dues à l'influence du français. De même que pour le catalan : Note 9. La forme catalane plaure (dp. 1399, CasacubertaMetge), est analogique (cf. DECat 6, 599) et elle est à mettre en relation avec les phénomènes linguistiques du domaine galloromain. Plaer se conserve comme substantif : "el resultat fonètic plaer restà fins avui amb caràcter de substantiu abstracte" (DECat 6, 600). […] Mais nous avons pu voir des lexèmes traités dans le DERom pour lesquels la variation diachronique est évidente et repose sur des faits linguistiques moins dubitatifs.

9 La variation diatopique dans le DÉRom : */pla'k‑e‑/
Aspects méthodologiques : Les issues romanes peuvent représenter : des langues romanes standardisées des dialectes de la Romania Le DÉRom = un dictionnaire étymologique des langues romanes standardisées = mais de tous les parlers romans */pla'k‑e‑re/ > aroum. plac, dalm. placaro, istriot. piàʃi,[…], sard. centr. pràkere (LRL 4, 897), frioul. plasê, lad. plajëi, romanch. plascher, […], ast. placer Les issues qui entrent dans la constitution des matériaux d’un article du DERom peuvent représenter des langues romanes standardisées, mais ils peuvent représenter tout aussi bien des dialectales de la Romania car le DERom n’est pas un dictionnaire étymologiques des langues romanes standardisées, mais de tous les parlers romans. Le choix entre la forme d’une langue romane standardisée et une forme dialectale est clairement réglementé par la méthodologie du DERom contenu dans un livre bleu de règles internes à destination interne du projet. Ainsi, nous avons des idiomes dialectaux qui sont obligatoirement cités au même rang que les idiomes standardisées. C’est le cas des dialectes du roumain qui viennent toujours compléter les attestations du dacoroumain, le seul des quatre dialectes du roumain qui est arrivé à une langue standardisée. Mais si les cognats romans ne nous ont pas été transmis par la langue standardisée, mais uniquement par des formes dialectales, ce sont ces dialectes qui sont cités dans les matériaux. Dans le cas des idiomes standardisés, la forme typique correspond à la graphie conventionnelle contemporaine. Dans le cas des idiomes non standardisés (sauf cas particuliers cités ci-dessous), on s’efforce de citer la forme la plus représentative parmi celles issues directement de l’étymon ; elle sera alors marquée par des taquets de typisation (┌ ┐). l’évolution de */pla'k‑e‑/ illustre l’axe de la variation diatopique puisque nous avons pu remonter à l’étymon protoroman grâce à des formes héréditaires dans des langues romanes standardisées, mais aussi dans des formes dialectales de la Romania, comme au cas du sarde central prákere (cf. LRL 4, 897) et, de manière générale, nous avons pu remonter jusqu’à l’étymon protoroman grâce aux idiomes dialectaux qui représentent des idiomes obligatoires dans le DERom : les dialectes du roumain, le dalmate, l’istriote, le frioulan, le ladin, le romanche, le francoprovençal, l’occitan, le gascon, le catalan, l’asturien, le galicien.

10 La variation diatopique : */ka'βall‑u/ vs */ka'βall‑a/
protorom. */ka'βall‑u/ s.m. « mammifère domestique appartenant à la famille des équidés, utilisé notamment comme animal de monture et de trait, cheval » dacoroum. cal istroroum. cå méglénoroum. cal aroum. cal dalm. kavúl it. cavallo sard. kaváḍḍu frioul. ciaval lad. ćiavàl romanch. chavagl/cavagl fr. cheval frpr. [tså'va] occit. ┌caval┐/┌cavau gasc. cauàt cat. cavall esp. caballo ast. caballu gal. cabalo/port. cavalo Pour chaque lexème et, le cas échéant, chaque variante flexionnelle, cite la totalité des idiomes obligatoires qui présentent un continuateur de l’étymon (ou de la variante en question de l’étymon). Quand les idiomes obligatoires ne présentent pas de de continuateur de l’étymon ou de la variante en question de l’étymon, la reconstruction se fait sur la base des idiomes facultatifs, le plus souvent des dialectes. Nous pouvons le voir sur cette carte basée sur celle qui est publiée dans Lexikon der Romanistischen Linguistik (LRL) 3. Exemple : Le protorom. */ka'βall‑u/ s.m. « mammifère domestique appartenant à la famille des équidés, utilisé notamment comme animal de monture et de trait, cheval » est reconstruit d’après les cognats de toutes les branches romanes sans exception de sorte que les cognats dialectaux ont été cités uniquement quand ils représentent des idiomes obligatoires dans al méthodologie du DERom, comme c’est de l’asturien, du catalan, du sarde, du dalmate, du ladin, du romanche, du ladin et des dialectes du roumain. Nous pouvons le voir sur cette carte cette carte basée sur celle qui est publiée dans Lexikon der Romanistischen Linguistik (LRL) 3.

11 La variation diatopique : */ka'βall‑u/ vs */ka'βall‑a/
Protorom. */ka'βall‑a/ s.f. « femelle du mammifère domestique appartenant à la famille des équidés, utilisée notamment comme animal de monture et de trait » dalm. kavúla/kavuóla it. cavalla lad. ćiavàla romanch. chavalla/cavalla Par contre, le protorom. */ka'βall‑a/ s.f. « femelle du mammifère domestique appartenant à la famille des équidés, utilisée notamment comme animal de monture et de trait, jument » reconstruit d’après les cognats du dalmate, italien, frioulan, ladin et romanche, ce qui fait que nous avons pu remonter à un étymon protoroman surtout grâce aux données dialectales. En plus de la variation diatopique, une variation diamésique accompagne la situation de ces deux lexèmes, car le corrélat du latin écrit, caballus, -i s.m., est attesté depuis le latin préclassique dans le sens originel « cheval hongre ; cheval de somme ; cheval de peu de valeur » (dp. Lucilius [✝ 103 av. J.-Chr.], TLL 3, 3 ; cf. Ernout/Meillet4 s.v. caballus ; StefenelliSchicksal 51), puis, trois générations plus tard, dans le sens généricisé de « cheval » (dp. Varron [* 116 – ✝ 27], TLL 3, 3), tandis que le corrélat latin écrit caballa, -ae s.f. n'est attesté en latin que tardivement (6e s. [Anthologiae latinae], TLL 3, 4) (cf s.v. */ka'βall‑a/). Et finalement, on constate que la variation diachronique est étroitement liée dans ce cas aux rapports entre la distribution géographique des attestations. Il faut spécifier que la méthodologie du DERom précise que si un continuateur roman n’est plus attesté après 1600, l’idiome le caractérisant (qu’il soit obligatoire ou facultatif) est transcrit par la marque “a.” de « ancien », comme c’est le cas dans cet exemple de l’ancien occitan (aocc.) et de l’ancien français (afr.). Les variations diachroniques et diatopiques permettent au rédacteur de suggérer le scénario de l’articulation des données romanes au fur et à mesure de leur apparition en corrélation avec les données latines pour toute la Romania (cf s.v. */ka'βall‑a/).

12 La variation diastratique dans le DÉRom : */pla'k‑e‑/
Variation diastratique : continuateur régulier de l’étymon protoroman transmis grâce à un sociolecte protoroman */pla'k‑e‑/ esp. placer (dp. ca 1140 [plazer], DCECH 4, 572 ; Kasten/Cody ; DME), ast. placer (dp [ms. 1295 ; plazera fut. 3], DELlAMs ; DGLA), gal. pracer (dp [prazer], TMILG ; DDGM), aport. prazer (13e s. – 16e s., DDGM ; Ir Indo ; DELP3 ; Houaiss2)9. Pour l’évolution du groupe pl- > pr- en galicien et portugais, on avance les hypothèses : évolution semi-savante lexèmes appartenant à un registre moins populaire lexèmes plus utilisés par certaines classes sociales (paysans ou marins) La variation diastratique est présente dans le DERom dans la mesure où les langues standardisées n’ont pas toujours hérité du continuateur régulier de l’étymon protoroman, tandis qu’il a pu être transmis jusqu’à aujourd’hui grâce à un sociolecte. Le protoroman */pla'k‑e‑/ illustre la variation diastratique dans la mesure où les langues standardisées n’ont pas toujours hérité du continuateur régulier de l’étymon protoroman, tandis qu’il a pu être transmis jusqu’à aujourd’hui grâce à un sociolecte. C’est le cas des cognats ibéroromans de */pla'k‑e‑/ : ainsi, pour l’évolution du groupe pl- > pr- en galicien et portugais, on avance l’hypothèse d’une évolution semi-savante, mais aussi l’hypothèse de lexèmes appartenant à un registre moins populaire, ou encore de lexèmes « plus utilisés dans d’autres classes sociales (paysans ou marins) » (cf. WilliamsPortuguês § 67 ; Vasconcelos,RL 28, 23).

13 La variation diastratique : */'baβ‑a/
protorom. */'baβ‑a/ s.f. « salive visqueuse qui s'échappe de la bouche d’une personne ou de la gueule d‘un animal, bave » reconstruit d’après les cognats de toutes les branches romanes, à l'exception du dalmate Ce lexème = diaphasisme il appartenait à l'origine à la variété de langue employée par les adultes pour s'adresser aux enfants pas de corrélat dans le latin écrit de l'Antiquité des indices de son existence dans le langage populaire le nom de personne Baba des dérivés : babulus s.m. « bavard » (Apulée [2e s. apr. J.-Chr.], TLL 2, 1652) bavosus adj. « stupide » (ca 550 apr. J.-Chr., LEI 4, 99) (cf. s.v. */'baβ‑a/) Le protorom. */'baβ‑a/ s.f. « salive visqueuse qui s'échappe de la bouche d‘une personne ou de la gueule d‘un animal, bave » reconstruit d’après les cognats de toutes les branches romanes, à l'exception du dalmate est un cas typique d’un lexème diastratiquement marqué appartenant au registre oral de la langue qui est largement hérité par les langues romanes : « Ce lexème reconstruit est un diaphasisme : il appartenait à l'origine à la variété de langue employée par les adultes pour s'adresser aux enfants et qui adopte, pour cette raison, les caractéristiques du langage enfantin : redoublement syllabique, alternance consonnes/voyelles, prépondérance des labiales (et des dentales) et de la voyelle /a/ (cf. JakobsonEnfantin ). De plus, on peut y voir une onomatopée déictique (selon la terminologie de Guiraud,VD 20/21), la suite des deux bilabiales attirant l'attention sur les lèvres, ouverture d'où sort la bave. »  (cf s.v. */'baβ‑a/) En plus le protoroman : « Protoroman. */'baβ‑a/ ne possède aucun corrélat dans le latin écrit de l'Antiquité. On trouve cependant différents indices de son existence dans le langage populaire, ainsi le nom de personne Baba (Sénèque [1er s. apr. J.-Chr.], TLL 2, 1650 ; OLD : “ name of a fool ”) ou des dérivés comme babulus s.m. « bavard » (Apulée [2e s. apr. J.-Chr.], TLL 2, 1652) et bavosus adj. « stupide » (ca 550 apr. J.-Chr., LEI 4, 99). » s.v. */'baβ‑a/)

14 La variation diamésique dans le DÉRom : */'plak-e-/
Variation diamésique : certains types flexionnels sont mieux attestés dans le code écrit apparition tardive ou appartenance à un registre bas de la langue */'plak-e-/  des cognats très peu attesté dans la langue écrite d'usage dialectal (cf. DGLA) acat. plaer (12e s. – 14e s.)  évincé par agradar esp. placer (dp. ca 1140)  concurrencé par agradar (dp. 15e s.) et par gustar (dp. 16e s.) ast. placer (dp. 1145) concurrencé par prestar et gustar gal. pracer (dp )  évincé par gustar aport. prazer (13e s. – 16e s.)  évincé par agradar Finalement, la variation diamésique est présente par le fait que certains types flexionnels sont mieux attestés dans le code écrit que d’autres qui n’ont pas eu accès au code écrit en raison de leur apparition tardive ou de leur appartenance à un registre bas de la langue, mais qui pourtant ont clairement existé dans le code oral. Dans l'ibéro-romania, les issues de */pla'k-e-re/ ont été concurrencées ou évincées par d'autres formes. Ainsi, en catalan courant, l'issue régulière de */pla'k-e-re/ a été évincée par agradar, pourtant la forme si us plau ("s'il vous plaît") est grammaticalisée et conservée dans la langue moderne ; en espagnol, cette forme a été concurrencée par agradar (dp. 15e s.) et par gustar (dp. 16e s.), mais au Moyen Âge placer était quasiment la forme unique pour exprimer le sens de "plaire", cf. DCECH ; en asturien placer est fortement concurrencé dans la langue courante par prestar et dans une moindre mesure par gustar ; en galicien, pracer, d'usage commun au Moyen Âge, a été évincé par gustar ; en portugais, cette issue régulière a été évincée par le verbe agradar et dans une moindre mesure par le dérivé aprazer (dp. 13e s., Houaiss2). C’est le cas de certains issues pour */'plak-e-re/ , comme l’asturien placer, par exemple, qui est très peu attesté dans la langue écrite et qui reste aujourd’hui uniquement d'usage dialectal (cf. DGLA) étant fortement concurrencé dans la langue courante par prestar.

15 Conclusion DÉRom  représente un enrichissement et une mise à jour des connaissances accumulées depuis le REW dans le domaine de l’étymologie protoromane La prise en compte des variations diasystémiques  le DÉRom réussit à enrichir et renouveler le paysage de la lexicologie romane En conclusion, je voudrais attirer l’attention sur l’apport du DÉRom au diasystème protoroman. Les exemples présentés montrent que ce nouveau dictionnaire n’est pas uniquement une refonte du REW, mais il représente un enrichissement et une mise à jour des connaissances que nous avons accumulées depuis presque 100 ans dans le domaine de l’étymologie protoromane. Dans ce sens, nous avons voulu évoquer à travers ces exemples le fait que lorsque le REW ne présente pas de variation diachronique, diatopique, diastratique ou diamésique (par exemple REW3 s.v. placēre), le DÉRom réussit à enrichir et renouveler complètement le paysage de la lexicologie romane. Sur l’exemplier j’ai constitué une liste des données pour lesquelles les rédacteurs du DERom enrichissent et mettent à jour les données du REW ou apportent des précisions.


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