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Histoire de la Russie contemporaine (1991-2014) Huitième cours : Et maintenant ? État des lieux et esquisse des perspectives de développement du pays.

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1 Histoire de la Russie contemporaine (1991-2014) Huitième cours : Et maintenant ? État des lieux et esquisse des perspectives de développement du pays

2 2 – Les années Poutine 2.1 – Poutine et l’Occident 2.1.1 – La lune de miel de la « lutte antiterroriste » Les relations de la Russie avec l’Ouest ont beaucoup fluctué depuis l’arrivée au pouvoir de Poutine. À l’ouest, on s’attend à ce qu’il maintienne la politique étrangère sur les mêmes rails. Les relations de la Russie avec l’Ouest ont beaucoup fluctué depuis l’arrivée au pouvoir de Poutine. À l’ouest, on s’attend à ce qu’il maintienne la politique étrangère sur les mêmes rails. C’est d’ailleurs ce qu’il fait au début. Il y sera aidé par les attentats du 11 septembre 2001. La Russie se posera en champion de la « civilisation » contre l’Islamisme, arguant être aux prises avec un problème terroriste sur son propre territoire. C’est d’ailleurs ce qu’il fait au début. Il y sera aidé par les attentats du 11 septembre 2001. La Russie se posera en champion de la « civilisation » contre l’Islamisme, arguant être aux prises avec un problème terroriste sur son propre territoire.

3 Poutine est l’un des premiers à téléphoner à Bush pour lui faire part de ses sympathies suite aux attentats. Il sera aussi l’un des premiers à se rendre aux États-Unis par la suite pour rencontrer le président Bush. Poutine est l’un des premiers à téléphoner à Bush pour lui faire part de ses sympathies suite aux attentats. Il sera aussi l’un des premiers à se rendre aux États-Unis par la suite pour rencontrer le président Bush. Pendant quelque temps, on pourra croire que le temps du condominium américano-soviétique sur le monde est revenu, comme dans les belles années de la détente. Pendant quelque temps, on pourra croire que le temps du condominium américano-soviétique sur le monde est revenu, comme dans les belles années de la détente. Mais les Russes devront déchanter puisque Washington n’entend pas partager le monde et ne voit dans la Russie qu’un allié potentiel parmi tant d’autres. Mais les Russes devront déchanter puisque Washington n’entend pas partager le monde et ne voit dans la Russie qu’un allié potentiel parmi tant d’autres. Les Russes ne peuvent de leur côté rien faire pour empêcher cela, puisqu’ils sont trop faibles et ne disposent plus du pouvoir de nuisance qu’ils avaient à l’époque soviétique. Cette alliance légèrement contre nature ne va d’ailleurs pas tarder à s’effriter. Les Russes ne peuvent de leur côté rien faire pour empêcher cela, puisqu’ils sont trop faibles et ne disposent plus du pouvoir de nuisance qu’ils avaient à l’époque soviétique. Cette alliance légèrement contre nature ne va d’ailleurs pas tarder à s’effriter.

4 2.1.2 – Le temps des orages L’événement décisif des relations russo-américaines survient au cours du premier trimestre 2003. Lorsque Washington réclame une action musclée pour empêcher Saddam Hussein d’utiliser ses supposées armes de destruction massive et détruire sa toute aussi supposée alliance avec Al-Qaïda, il se retrouve pratiquement isolé. L’événement décisif des relations russo-américaines survient au cours du premier trimestre 2003. Lorsque Washington réclame une action musclée pour empêcher Saddam Hussein d’utiliser ses supposées armes de destruction massive et détruire sa toute aussi supposée alliance avec Al-Qaïda, il se retrouve pratiquement isolé. À la suite de cette rencontre, une vague de xénophobie va déferler aux États-Unis. La francophobie ne pourra pas durer puisque la France et les États-Unis sont d’excellents mauvais amis. Avec l’Allemagne, la situation est semblable. À la suite de cette rencontre, une vague de xénophobie va déferler aux États-Unis. La francophobie ne pourra pas durer puisque la France et les États-Unis sont d’excellents mauvais amis. Avec l’Allemagne, la situation est semblable. Restent la Chine et la Russie. Compte tenu des intérêts américains en Chine, ils n’ont aucun intérêt à laisser détériorer leurs relations avec elle. Reste la Russie. Restent la Chine et la Russie. Compte tenu des intérêts américains en Chine, ils n’ont aucun intérêt à laisser détériorer leurs relations avec elle. Reste la Russie.

5 Adversaire commode d’un point de vue idéologique, opposant de l’Occident depuis 400 ans, la Russie n’aura pas droit à la même indulgence. Les projets et tentatives d’infiltration des États-Unis dans la sphère d’influence russe alors vont reprendre de plus belle. Adversaire commode d’un point de vue idéologique, opposant de l’Occident depuis 400 ans, la Russie n’aura pas droit à la même indulgence. Les projets et tentatives d’infiltration des États-Unis dans la sphère d’influence russe alors vont reprendre de plus belle. Cela est manifeste lorsque l’on compare le ton des articles des journaux et des revues publiés à l’Ouest et portant sur la Russie avant et après 2003. Or, la Russie n’a que peu changé dans cette période. De l’intérieur, c’est évident : la Russie n’a pas changé, c’est l’Ouest qui a changé. Cela est manifeste lorsque l’on compare le ton des articles des journaux et des revues publiés à l’Ouest et portant sur la Russie avant et après 2003. Or, la Russie n’a que peu changé dans cette période. De l’intérieur, c’est évident : la Russie n’a pas changé, c’est l’Ouest qui a changé. Depuis ce refroidissement, les motifs de tensions n’ont pas manqué. La volonté affichée par Obama d’effectuer une « remise à zéro » n’a guère été suivie de gestes concrets sur les questions considérées comme prioritaires pour Moscou, comme le bouclier antimissile et l’élargissement de l’OTAN. Depuis ce refroidissement, les motifs de tensions n’ont pas manqué. La volonté affichée par Obama d’effectuer une « remise à zéro » n’a guère été suivie de gestes concrets sur les questions considérées comme prioritaires pour Moscou, comme le bouclier antimissile et l’élargissement de l’OTAN.

6 Bouclier anti-missile

7 Malgré la réduction de l’importance du projet antimissile, l’Administration américaine ne semble pas vouloir abandonner l’idée. Malgré la réduction de l’importance du projet antimissile, l’Administration américaine ne semble pas vouloir abandonner l’idée. C’est sur cette question que l’on a pu voir le retour d’une rhétorique guerrière, comme lors du discours de Poutine en 2007 à Munich, où encore lorsque Medvedev a évoqué l’installation possible de missiles Iskanders pointés sur les installations anti-missiles américaines. C’est sur cette question que l’on a pu voir le retour d’une rhétorique guerrière, comme lors du discours de Poutine en 2007 à Munich, où encore lorsque Medvedev a évoqué l’installation possible de missiles Iskanders pointés sur les installations anti-missiles américaines. D’autres problèmes ont surgi, mettant en évidence les différences de conceptions et d’intérêts de la Russie et de l’Occident. D’autres problèmes ont surgi, mettant en évidence les différences de conceptions et d’intérêts de la Russie et de l’Occident. Les vetos russo-chinois au Conseil de sécurité en 2011 et 2012 sur la question syrienne est une belle illustration. Redevenue plus forte, la Russie n’entend plus brader ses intérêts et ses principes pour des concessions restées la plupart du temps théoriques. Les vetos russo-chinois au Conseil de sécurité en 2011 et 2012 sur la question syrienne est une belle illustration. Redevenue plus forte, la Russie n’entend plus brader ses intérêts et ses principes pour des concessions restées la plupart du temps théoriques.

8 Mais malgré des tensions souvent très vives entre Moscou et Washington, certains dossiers importants, au premier chef celui du désarmement, ont pu avancer. Mais malgré des tensions souvent très vives entre Moscou et Washington, certains dossiers importants, au premier chef celui du désarmement, ont pu avancer. En avril 2010, les présidents Obama et Medvedev ont apposé leurs signatures au traité START III, prévoyant une réduction de 25 % à 30 % de leurs arsenaux nucléaires stratégiques. En avril 2010, les présidents Obama et Medvedev ont apposé leurs signatures au traité START III, prévoyant une réduction de 25 % à 30 % de leurs arsenaux nucléaires stratégiques. Avec la ratification par le Congrès et la Douma en 2010 et 2011, le nouveau traité est désormais en vigueur et les deux États se sont donnés 7 ans pour atteindre leurs objectifs. Le maintien d’arsenaux nucléaires au niveau de ce qu’ils étaient pendant la guerre froide n’a plus guère de sens pour les deux puissances, d’autant que l’entretien de ces forces coûte extrêmement cher. Avec la ratification par le Congrès et la Douma en 2010 et 2011, le nouveau traité est désormais en vigueur et les deux États se sont donnés 7 ans pour atteindre leurs objectifs. Le maintien d’arsenaux nucléaires au niveau de ce qu’ils étaient pendant la guerre froide n’a plus guère de sens pour les deux puissances, d’autant que l’entretien de ces forces coûte extrêmement cher.

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10 2.2 – Rééquilibrage de la politique étrangère russe Même si nous n’en sommes pas une confrontation directe entre la Russie et l’Ouest, les tensions se maintiennent. Poutine rêvait d’obtenir un accord de l’Ouest à ses politiques, ce qu’il a obtenu jusqu’à ce que celles-ci entrent en contradiction avec les grands objectifs des États-Unis, en particulier. Même si nous n’en sommes pas une confrontation directe entre la Russie et l’Ouest, les tensions se maintiennent. Poutine rêvait d’obtenir un accord de l’Ouest à ses politiques, ce qu’il a obtenu jusqu’à ce que celles-ci entrent en contradiction avec les grands objectifs des États-Unis, en particulier. Ainsi, Moscou s’est mis à la recherche de nouveaux alliés et de nouveaux partenaires. Le forum des BRICS, l’OCS, l’OTSC et l’Union eurasienne témoignent de la volonté de Moscou de s’éloigner de l’Occident. Ainsi, Moscou s’est mis à la recherche de nouveaux alliés et de nouveaux partenaires. Le forum des BRICS, l’OCS, l’OTSC et l’Union eurasienne témoignent de la volonté de Moscou de s’éloigner de l’Occident. 2.2.1 – La Russie et l’Europe Les relations russo-européennes suivent une évolution semblable à celle des relations russo-américaines. Mais depuis quelques années, les choses ont changé. Les relations russo-européennes suivent une évolution semblable à celle des relations russo-américaines. Mais depuis quelques années, les choses ont changé.

11 La clé de ces relations, ce sont les ressources énergétiques de la Russie et les besoins énergétiques de l’Europe. Le poids de la Russie sur les décisions de l’UE s’accroît considérablement, d’autant que les États membres sont incapables de définir face à Moscou une position commune. La clé de ces relations, ce sont les ressources énergétiques de la Russie et les besoins énergétiques de l’Europe. Le poids de la Russie sur les décisions de l’UE s’accroît considérablement, d’autant que les États membres sont incapables de définir face à Moscou une position commune. La Russie compte en Europe à la fois des alliés et des ennemis irréductibles. La Russie compte en Europe à la fois des alliés et des ennemis irréductibles. Dans la première catégorie se trouve l’Allemagne, qui s’est retrouvée premier partenaire européen de la Russie avec l’arrivée au pouvoir de Poutine, mais aussi la France, dont les relations avec la Russie furent historiquement cordiales. Dans la première catégorie se trouve l’Allemagne, qui s’est retrouvée premier partenaire européen de la Russie avec l’arrivée au pouvoir de Poutine, mais aussi la France, dont les relations avec la Russie furent historiquement cordiales. Parmi les ennemis irréductibles, il y a la Pologne, dont les inimitiés avec la Russie sont très bien assises dans le temps, les deux États ayant été presque continuellement en guerre depuis 500 ans. Parmi les ennemis irréductibles, il y a la Pologne, dont les inimitiés avec la Russie sont très bien assises dans le temps, les deux États ayant été presque continuellement en guerre depuis 500 ans.

12 À celle-ci il faut ajouter d’autres États, dont les inimitiés sont moins solides et qui tendent à mettre de côté leurs différends avec la Russie depuis quelques années. Il s’agit dans une certaine mesure de la Lituanie et surtout des ex démocraties populaires, pour qui l’histoire des relations avec la Russie a été très fluctuante. À celle-ci il faut ajouter d’autres États, dont les inimitiés sont moins solides et qui tendent à mettre de côté leurs différends avec la Russie depuis quelques années. Il s’agit dans une certaine mesure de la Lituanie et surtout des ex démocraties populaires, pour qui l’histoire des relations avec la Russie a été très fluctuante. La cacophonie est accentuée par la vocation humaniste et libérale de l’Union européenne, la vieille tare moralisatrice du vieux continent. La cacophonie est accentuée par la vocation humaniste et libérale de l’Union européenne, la vieille tare moralisatrice du vieux continent. Dans le cas des relations russo-européennes, cela se manifeste par une tendance à gronder le président russe, mais juste un peu. Dans le cas des relations russo-européennes, cela se manifeste par une tendance à gronder le président russe, mais juste un peu. Exemple de l’art de la division russe : le gazoduc de la Baltique. Construits à l’époque soviétique, les réseaux de transports des hydrocarbures passent par les territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Pologne. Exemple de l’art de la division russe : le gazoduc de la Baltique. Construits à l’époque soviétique, les réseaux de transports des hydrocarbures passent par les territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Pologne.

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14 Cela pose problèmes à la Russie et ces États n’ont pas hésité à utiliser cette situation pour faire pression sur les Russes. Par exemple, l’Ukraine est ainsi parvenue pendant longtemps à obtenir un tarif dérisoire pour l’achat du gaz russe. Cela pose problèmes à la Russie et ces États n’ont pas hésité à utiliser cette situation pour faire pression sur les Russes. Par exemple, l’Ukraine est ainsi parvenue pendant longtemps à obtenir un tarif dérisoire pour l’achat du gaz russe. En 2005, un accord préliminaire a été conclu entre la Russie, l’Allemagne et la Suède pour la construction sous la Baltique d’un gazoduc. Inaugurées en septembre 2011, les installations sont fonctionnelles et permettent d’acheminer directement en Allemagne le gaz russe, sans passer par des territoires hostiles. En 2005, un accord préliminaire a été conclu entre la Russie, l’Allemagne et la Suède pour la construction sous la Baltique d’un gazoduc. Inaugurées en septembre 2011, les installations sont fonctionnelles et permettent d’acheminer directement en Allemagne le gaz russe, sans passer par des territoires hostiles. Cela témoigne clairement de la difficulté éprouvée par les membres de l’Union pour s’entendre au sujet de la Russie : leurs intérêts sont trop divergents. Cela témoigne clairement de la difficulté éprouvée par les membres de l’Union pour s’entendre au sujet de la Russie : leurs intérêts sont trop divergents. L’Europe joue sa propre partition dans le Caucase et c’est aussi autour de la question énergétique. L’Europe joue sa propre partition dans le Caucase et c’est aussi autour de la question énergétique.

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16 L’Union européenne parraine un projet de gazoduc dans la région de la Caspienne (Nabucco) qui relierait l’Iran à l’Europe centrale. L’Union européenne parraine un projet de gazoduc dans la région de la Caspienne (Nabucco) qui relierait l’Iran à l’Europe centrale. La Russie promeut de son côté la construction d’un South stream, d’un tracé plus complexe techniquement, reliant son territoire à la Hongrie. La Russie promeut de son côté la construction d’un South stream, d’un tracé plus complexe techniquement, reliant son territoire à la Hongrie. Il n’y a aucune raison de construire deux gazoducs dans la même zone et le projet russe semble pour le moment remporter la mise. Il est moins complexe politiquement, sa clientèle est déjà identifiée, et surtout, les sources de gaz à exporter sont déjà sécurisées. Il n’y a aucune raison de construire deux gazoducs dans la même zone et le projet russe semble pour le moment remporter la mise. Il est moins complexe politiquement, sa clientèle est déjà identifiée, et surtout, les sources de gaz à exporter sont déjà sécurisées. En mai 2011, le début de la construction du gazoduc Nabucco a encore une fois été reporté, cette fois indéfiniment. Du côté de l’option russe, les choses vont rondement et la construction du gazoduc a officiellement été lancée en décembre 2012. En mai 2011, le début de la construction du gazoduc Nabucco a encore une fois été reporté, cette fois indéfiniment. Du côté de l’option russe, les choses vont rondement et la construction du gazoduc a officiellement été lancée en décembre 2012.

17 Nabucco et South Stream

18 Depuis quelques années, le commerce des armes entre la Russie et l’Europe s’est développé, soulevant des controverses à chaque occasion, lesquelles démontrent, encore une fois, l’incapacité des États européens à s’entendre sur une politique commune face au puissant voisin de l’est. Depuis quelques années, le commerce des armes entre la Russie et l’Europe s’est développé, soulevant des controverses à chaque occasion, lesquelles démontrent, encore une fois, l’incapacité des États européens à s’entendre sur une politique commune face au puissant voisin de l’est. La signature à l’été 2011 d’un contrat de construction de 4 navires de projection de classe Mistral est un bon exemple. La signature à l’été 2011 d’un contrat de construction de 4 navires de projection de classe Mistral est un bon exemple. Les États est-européens, et surtout ceux de la Baltique, ont critiqué ce geste du gouvernement français, qui consiste pour eux à armer un ennemi, mais pour Paris, qui ne peut d’ailleurs se permettre de cracher sur un aussi important contrat, le geste s’inscrit dans une politique plus générale visant à dépasser les clivages de l’époque de la guerre froide. Les États est-européens, et surtout ceux de la Baltique, ont critiqué ce geste du gouvernement français, qui consiste pour eux à armer un ennemi, mais pour Paris, qui ne peut d’ailleurs se permettre de cracher sur un aussi important contrat, le geste s’inscrit dans une politique plus générale visant à dépasser les clivages de l’époque de la guerre froide.

19 2.2.2 – Le Proche Étranger Après avoir rétablit l’autorité et la puissance de l’État sur le territoire, Poutine s’emploie à reconstruire l’influence du pays dans le monde. Après avoir rétablit l’autorité et la puissance de l’État sur le territoire, Poutine s’emploie à reconstruire l’influence du pays dans le monde. Il ne faut pas voir nécessairement dans cette volonté une résurgence de l’impérialisme russe, le monde ayant grandement changé et les méthodes d’influence des États les uns sur les autres aussi. Il ne faut pas voir nécessairement dans cette volonté une résurgence de l’impérialisme russe, le monde ayant grandement changé et les méthodes d’influence des États les uns sur les autres aussi. Si l’État russe continue de se voir comme une puissance mondiale, sa priorité se porte avant tout sur son « étranger proche », c’est-à-dire sur les États qui lui sont frontaliers et qui partagent son histoire et sa culture. Si l’État russe continue de se voir comme une puissance mondiale, sa priorité se porte avant tout sur son « étranger proche », c’est-à-dire sur les États qui lui sont frontaliers et qui partagent son histoire et sa culture. Même si la CEI, incluant la majorité des ex- républiques soviétiques, n’a pas joué un grand rôle dans la politique d’influence de Moscou sur son étranger proche, elle permit la mise en place d’autres structures. Même si la CEI, incluant la majorité des ex- républiques soviétiques, n’a pas joué un grand rôle dans la politique d’influence de Moscou sur son étranger proche, elle permit la mise en place d’autres structures.

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21 Sur le plan sécuritaire, l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC) s’est construite dans un contexte de tension liée à la radicalisation musulmane en Asie centrale et dans le Caucase. Sur le plan sécuritaire, l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC) s’est construite dans un contexte de tension liée à la radicalisation musulmane en Asie centrale et dans le Caucase. Regroupant Russie, Biélorusse, Arménie, Tadjikistan, Kazakhstan et Kirghizie (en plus de la Serbie, qui a le statut d’observateur), l’OTSC remplit plusieurs fonctions sécuritaire et militaire. Regroupant Russie, Biélorusse, Arménie, Tadjikistan, Kazakhstan et Kirghizie (en plus de la Serbie, qui a le statut d’observateur), l’OTSC remplit plusieurs fonctions sécuritaire et militaire. Il va de soi que dans cet ensemble, Moscou domine ses partenaires et l’OTSC constitue un instrument d’influence de la Russie sur les autres États membres, étroitement liés au complexe militaro-industriel russe. Il va de soi que dans cet ensemble, Moscou domine ses partenaires et l’OTSC constitue un instrument d’influence de la Russie sur les autres États membres, étroitement liés au complexe militaro-industriel russe. Moscou cherche à étendre son soft power, dont sa puissance économique, par des accords de libre- échange avec ses voisins. C’est à ce désir que répond la création de l’Union économique eurasienne, qui entrera en vigueur en janvier 2015. Moscou cherche à étendre son soft power, dont sa puissance économique, par des accords de libre- échange avec ses voisins. C’est à ce désir que répond la création de l’Union économique eurasienne, qui entrera en vigueur en janvier 2015.

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23 L’organisation vise la suppression des barrières douanières entre les États membres et possiblement un jour la mise en place d’une union monétaire. L’organisation vise la suppression des barrières douanières entre les États membres et possiblement un jour la mise en place d’une union monétaire. L’Union pourrait être élargie à l’Arménie, au Tadjikistan et à la Kirghizie. Des accords sont aussi en négociations avec le Viet Nam, Cuba et la Syrie, entre autres. L’Union pourrait être élargie à l’Arménie, au Tadjikistan et à la Kirghizie. Des accords sont aussi en négociations avec le Viet Nam, Cuba et la Syrie, entre autres. La disproportion entre l’économie russe et celle de ses partenaires donne à la première un avantage. Mais l’Union va permettre un accroissement des exportations de tout le monde. Il ne s’agit pas, d’une résurrection de l’URSS mais d’un accord économique. La disproportion entre l’économie russe et celle de ses partenaires donne à la première un avantage. Mais l’Union va permettre un accroissement des exportations de tout le monde. Il ne s’agit pas, d’une résurrection de l’URSS mais d’un accord économique. Au cours des dernières années, les relations entretenues par la Russie avec ses voisins ont fluctué en fonction du recul, puis du retour, de la puissance russe. Au cours des dernières années, les relations entretenues par la Russie avec ses voisins ont fluctué en fonction du recul, puis du retour, de la puissance russe. Il faut tenir compte des différentes régions et des différents États, dont les rapports avec l’ancienne puissance dominante sont très variables. Il faut tenir compte des différentes régions et des différents États, dont les rapports avec l’ancienne puissance dominante sont très variables.

24 En ce qui concerne les républiques baltes, rapidement admises dans l’OTAN et l’UE, les relations ont été généralement froides, sans être toujours hostiles. En ce qui concerne les républiques baltes, rapidement admises dans l’OTAN et l’UE, les relations ont été généralement froides, sans être toujours hostiles. La Russie n’a pas cherché à maintenir son influence, à l’exception du cas de la Lettonie, où la minorité russophone de 40 % de la population se voit déniée les mêmes droits que les Lettons, offrant ainsi à Moscou la possibilité de défendre « ses frères » de l’étranger. La Russie n’a pas cherché à maintenir son influence, à l’exception du cas de la Lettonie, où la minorité russophone de 40 % de la population se voit déniée les mêmes droits que les Lettons, offrant ainsi à Moscou la possibilité de défendre « ses frères » de l’étranger. En Lituanie et Estonie, qui comptent aussi des minorités russes, elles ne sont pas assez importantes pour inquiéter les dirigeants locaux et conséquemment pour que la Russie prétende y avoir une influence. En Lituanie et Estonie, qui comptent aussi des minorités russes, elles ne sont pas assez importantes pour inquiéter les dirigeants locaux et conséquemment pour que la Russie prétende y avoir une influence. L’Asie centrale est une zone de forte influence russe. Les minorités russes y sont importantes (particulièrement au Kazakhstan), et ces États n’ont jamais eu d’existence étatique en dehors du cadre de la domination russe, à l’exception de l’Ouzbékistan. L’Asie centrale est une zone de forte influence russe. Les minorités russes y sont importantes (particulièrement au Kazakhstan), et ces États n’ont jamais eu d’existence étatique en dehors du cadre de la domination russe, à l’exception de l’Ouzbékistan.

25 Kazakhstan, Tadjikistan et Kirghizie sont demeurés très proches de Moscou. Cela n’a cependant pas empêché Bichkek et Douchanbe (et Astana non plus) de discuter avec l’Occident et même d’autoriser le déploiement de forces américaines sur leur territoire, pour des raisons liées à la lutte contre l’islamisme radical. Kazakhstan, Tadjikistan et Kirghizie sont demeurés très proches de Moscou. Cela n’a cependant pas empêché Bichkek et Douchanbe (et Astana non plus) de discuter avec l’Occident et même d’autoriser le déploiement de forces américaines sur leur territoire, pour des raisons liées à la lutte contre l’islamisme radical. À Astana, Nazarbaïev a toujours entretenu de bonnes relations avec Moscou, ce qui s’illustre par la participation de son pays à la totalité des organisations multilatérales de la région. À Astana, Nazarbaïev a toujours entretenu de bonnes relations avec Moscou, ce qui s’illustre par la participation de son pays à la totalité des organisations multilatérales de la région. Avec l’Ouzbékistan, membre du GUAM, les relations sont plus difficiles. Cela tient à l’histoire du pays, où se trouvent concentrées les grandes cités États médiévales, dont le rôle dans la région fut fondamental. Il y a ici un esprit national qui n’existe pas ailleurs. Avec l’Ouzbékistan, membre du GUAM, les relations sont plus difficiles. Cela tient à l’histoire du pays, où se trouvent concentrées les grandes cités États médiévales, dont le rôle dans la région fut fondamental. Il y a ici un esprit national qui n’existe pas ailleurs.

26 État le plus peuplé de la zone, très divers ethniquement et aux prises avec des mouvements séparatistes liés à ses voisins, l’Ouzbékistan a tenté de développer une 3 e voie entre Moscou et le monde occidental. Le pays a multiplié les renversements d’alliance depuis 25 ans. État le plus peuplé de la zone, très divers ethniquement et aux prises avec des mouvements séparatistes liés à ses voisins, l’Ouzbékistan a tenté de développer une 3 e voie entre Moscou et le monde occidental. Le pays a multiplié les renversements d’alliance depuis 25 ans. C’est avec le Turkménistan que les relations furent plus difficiles. Sa richesse en gaz permet à Achgabat de ne pas dépendre de Moscou, même si le pays a besoin des gazoducs russes pour l’exportation de son gaz. Il travaille très fort pour s’affranchir de cette dépendance, en orientant ses exportations plutôt vers la Chine. C’est avec le Turkménistan que les relations furent plus difficiles. Sa richesse en gaz permet à Achgabat de ne pas dépendre de Moscou, même si le pays a besoin des gazoducs russes pour l’exportation de son gaz. Il travaille très fort pour s’affranchir de cette dépendance, en orientant ses exportations plutôt vers la Chine. Mais le Turkménistan est isolé et politiquement peu puissant et la Russie s’accommode de ces relations, d’autant qu’Achgabat entretient aussi des relations distantes avec ses voisins et les États occidentaux. Mais le Turkménistan est isolé et politiquement peu puissant et la Russie s’accommode de ces relations, d’autant qu’Achgabat entretient aussi des relations distantes avec ses voisins et les États occidentaux.

27 Dans le Caucase, les relations avec Erevan sont excellentes, ce qui tient à une communauté historique, culturelle et religieuse et à la difficile situation de la petite république. Dans le Caucase, les relations avec Erevan sont excellentes, ce qui tient à une communauté historique, culturelle et religieuse et à la difficile situation de la petite république. L’Arménie a toujours eu grand besoin de la Russie pour sa défense et elle fait partie de la plupart des organisations multilatérales dominées par la Russie. L’Arménie a toujours eu grand besoin de la Russie pour sa défense et elle fait partie de la plupart des organisations multilatérales dominées par la Russie. Les relations avec l’Azerbaïdjan ont été plus difficiles, même si Moscou s’est bien gardé de prendre parti dans le conflit du Haut-Karabagh Les relations avec l’Azerbaïdjan ont été plus difficiles, même si Moscou s’est bien gardé de prendre parti dans le conflit du Haut-Karabagh La situation géographique du pays et sa grande richesse en hydrocarbures lui ont permis de se détacher de l’influence russe, au point où Bakou est membre fondateur du GUAM. Cela étant, il n’y a pas de contentieux d’importance entre les deux États La situation géographique du pays et sa grande richesse en hydrocarbures lui ont permis de se détacher de l’influence russe, au point où Bakou est membre fondateur du GUAM. Cela étant, il n’y a pas de contentieux d’importance entre les deux États On ne peut pas en dire autant de la Géorgie. En 2003, après avoir été réélu de façon douteuse, Chevardnadze est renversé par une réaction populaire. On ne peut pas en dire autant de la Géorgie. En 2003, après avoir été réélu de façon douteuse, Chevardnadze est renversé par une réaction populaire.

28 Saakachvili, formé aux États-Unis, prend le pouvoir et s’entoure de personnalités pro-occidentales. Dès lors, les relations russo-géorgiennes vont se tendre, jusqu’à atteindre le point de rupture. Saakachvili, formé aux États-Unis, prend le pouvoir et s’entoure de personnalités pro-occidentales. Dès lors, les relations russo-géorgiennes vont se tendre, jusqu’à atteindre le point de rupture. Les contentieux entre les deux États sont nombreux et tous deux portent une part de responsabilité. Moscou a de la difficulté à admettre qu’elle n’exerce plus sa souveraineté sur la Géorgie; celle-ci oublie que les relations avec la Russie sont vitales pour son économie. Elle tente de mettre à mal l’influence de la Russie dans le Caucase, mais dépend de celle-ci pour survivre économiquement… Les contentieux entre les deux États sont nombreux et tous deux portent une part de responsabilité. Moscou a de la difficulté à admettre qu’elle n’exerce plus sa souveraineté sur la Géorgie; celle-ci oublie que les relations avec la Russie sont vitales pour son économie. Elle tente de mettre à mal l’influence de la Russie dans le Caucase, mais dépend de celle-ci pour survivre économiquement… Il y a les problèmes de séparatisme de part et d’autre de la frontière : Moscou accuse Tbilissi de se montrer complaisante envers les rebelles tchétchènes réfugiés sur son territoire; Tbilissi accuse Moscou de favoriser la partition du territoire géorgien. Il y a les problèmes de séparatisme de part et d’autre de la frontière : Moscou accuse Tbilissi de se montrer complaisante envers les rebelles tchétchènes réfugiés sur son territoire; Tbilissi accuse Moscou de favoriser la partition du territoire géorgien.

29 L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie souhaiteraient rejoindre la Russie, nettement plus tolérante envers ses minorités que la Géorgie, ou encore l’indépendance. L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie souhaiteraient rejoindre la Russie, nettement plus tolérante envers ses minorités que la Géorgie, ou encore l’indépendance. Depuis 2006, les gestes de provocation se sont multipliés. À l’automne 2006, l’arrestation de conseillers militaires russes accusés d’espionnage a été suivie par une réaction excessive de Moscou, qui a décrété un blocus à l’endroit de la Géorgie et commencé à « régulariser » les Géorgiens vivant en Russie (ils sont près d’un million). Depuis 2006, les gestes de provocation se sont multipliés. À l’automne 2006, l’arrestation de conseillers militaires russes accusés d’espionnage a été suivie par une réaction excessive de Moscou, qui a décrété un blocus à l’endroit de la Géorgie et commencé à « régulariser » les Géorgiens vivant en Russie (ils sont près d’un million). La tension a atteint son paroxysme en août 2008, lorsque la Géorgie a tenté de reprendre par la force le contrôle des deux régions séparatistes du nord, entraînant ainsi une réplique fulgurante de Moscou. La tension a atteint son paroxysme en août 2008, lorsque la Géorgie a tenté de reprendre par la force le contrôle des deux régions séparatistes du nord, entraînant ainsi une réplique fulgurante de Moscou. Après avoir écrasé l’armée géorgienne, les Russes se sont retirées sur le territoire des deux États, qui se sont déclarés indépendants et ont réclamé leur soutien. Après avoir écrasé l’armée géorgienne, les Russes se sont retirées sur le territoire des deux États, qui se sont déclarés indépendants et ont réclamé leur soutien.

30 Géorgie

31 La situation n’a pas bougé depuis l’automne 2008 et il n’y a aucune négociation entre Tbilissi, Tskhinvali et Soukhoumi, ces deux derniers ne voulant rien entendre d’un retour de leur territoire dans le giron géorgien. La situation n’a pas bougé depuis l’automne 2008 et il n’y a aucune négociation entre Tbilissi, Tskhinvali et Soukhoumi, ces deux derniers ne voulant rien entendre d’un retour de leur territoire dans le giron géorgien. L’ombre de Washington se profile derrière les gestes du président géorgien, l’arrestation des diplomates ayant suivi de quelques jours une visite de Saakachvili à Washington et l’annonce d’une intensification des pourparlers entre Tbilissi et l’OTAN. Washington cherche à s’implanter militairement dans la région, ce qui ne peut de braquer Moscou. L’ombre de Washington se profile derrière les gestes du président géorgien, l’arrestation des diplomates ayant suivi de quelques jours une visite de Saakachvili à Washington et l’annonce d’une intensification des pourparlers entre Tbilissi et l’OTAN. Washington cherche à s’implanter militairement dans la région, ce qui ne peut de braquer Moscou. Les élections de 2012, qui ont vus la victoire de l’adversaire de Saakachvili, le milliardaire Bidzina Ivanichvili (abusivement qualifié de prorusse) ne semblent pas avoir permis, pour le moment, de détendre vraiment les relations, même si le dialogue à au moins été rétabli entre les deux États. Les élections de 2012, qui ont vus la victoire de l’adversaire de Saakachvili, le milliardaire Bidzina Ivanichvili (abusivement qualifié de prorusse) ne semblent pas avoir permis, pour le moment, de détendre vraiment les relations, même si le dialogue à au moins été rétabli entre les deux États.

32 Sur la frontière ouest, les relations de Moscou et de Minsk sont excellentes. La proximité des deux États s'explique aussi par une polonophobie ancienne, qui fait que la Biélorussie s’est longtemps appuyée sur la Russie. Sur la frontière ouest, les relations de Moscou et de Minsk sont excellentes. La proximité des deux États s'explique aussi par une polonophobie ancienne, qui fait que la Biélorussie s’est longtemps appuyée sur la Russie. Loukachenko, considéré comme un pestiféré dans le monde occidental, a besoin du grand frère de l’est. La Biélorussie et l’un des grands exportateurs de pétrole hors OPEP, mais n’en produit aucune goutte : Minsk revend à l’étranger le pétrole que Moscou lui cède. Loukachenko, considéré comme un pestiféré dans le monde occidental, a besoin du grand frère de l’est. La Biélorussie et l’un des grands exportateurs de pétrole hors OPEP, mais n’en produit aucune goutte : Minsk revend à l’étranger le pétrole que Moscou lui cède. Avec la Moldavie, les relations sont fraîches, mais surtout peu élaborées. Les deux pays pas de frontière et Chisinau est historiquement lié à une autre sphère culturelle, la Roumanie, et conséquemment, à l’Europe. Avec la Moldavie, les relations sont fraîches, mais surtout peu élaborées. Les deux pays pas de frontière et Chisinau est historiquement lié à une autre sphère culturelle, la Roumanie, et conséquemment, à l’Europe. La présence d’une forte minorité slave, concentrée dans la région de la Transnistrie, a conduit au début des années 1990 à une guerre civile dans laquelle la Russie s’est trouvée impliquée. La présence d’une forte minorité slave, concentrée dans la région de la Transnistrie, a conduit au début des années 1990 à une guerre civile dans laquelle la Russie s’est trouvée impliquée.

33 C’est elle qui a mis fin au conflit en imposant des conditions qui font en sorte aujourd’hui que Tiraspol est officieusement indépendant de Chisinau. Si cette situation pose problème dans les relations russo- moldaves, ce n’est pas d’une grande importance pour Moscou, la Moldavie étant un État pauvre et faible. C’est elle qui a mis fin au conflit en imposant des conditions qui font en sorte aujourd’hui que Tiraspol est officieusement indépendant de Chisinau. Si cette situation pose problème dans les relations russo- moldaves, ce n’est pas d’une grande importance pour Moscou, la Moldavie étant un État pauvre et faible. De toutes les relations bilatérales de Moscou avec ses voisins, c’est la relation d’amour-haine russo- ukrainienne qui est la plus complexe, pour une foule de raison : puissance relative de Kiev, ambition russe et occidentale sur le territoire, cohabitation linguistique, ethnique et culturelle, dépendance économique, etc. De toutes les relations bilatérales de Moscou avec ses voisins, c’est la relation d’amour-haine russo- ukrainienne qui est la plus complexe, pour une foule de raison : puissance relative de Kiev, ambition russe et occidentale sur le territoire, cohabitation linguistique, ethnique et culturelle, dépendance économique, etc. L’Ukraine a joué un rôle fondamental dans l’éclatement de l’URSS et c’est en quelque sorte le référendum de septembre 1991 sur l’indépendance ukrainienne qui met fin à l’union. L’Ukraine a joué un rôle fondamental dans l’éclatement de l’URSS et c’est en quelque sorte le référendum de septembre 1991 sur l’indépendance ukrainienne qui met fin à l’union.

34 Son importance pour la Russie est telle qu’elle constitue le nœud d’une confrontation continuelle entre Moscou, qui tient à garder le pays dans son orbite, et le monde occidental, qui fait tout pour l’en éloigner. Son importance pour la Russie est telle qu’elle constitue le nœud d’une confrontation continuelle entre Moscou, qui tient à garder le pays dans son orbite, et le monde occidental, qui fait tout pour l’en éloigner. Il est de coutume de dire en Occident qu’avec l’Ukraine, la Russie est un empire; sans elle, ce n’est qu’une puissance régionale. Il est de coutume de dire en Occident qu’avec l’Ukraine, la Russie est un empire; sans elle, ce n’est qu’une puissance régionale. Au cours des 25 dernières années, les relations entre les deux pays ont fluctué, passant de la coopération, à l’hostilité, en fonction de la conjoncture internationale. Au cours des 25 dernières années, les relations entre les deux pays ont fluctué, passant de la coopération, à l’hostilité, en fonction de la conjoncture internationale. Le pays est jeune, complexe et dépourvu de réalités politiques, alors qu’Ouest et Est, peuplés de populations différentes, tirent dans des directions différentes. Le pays est jeune, complexe et dépourvu de réalités politiques, alors qu’Ouest et Est, peuplés de populations différentes, tirent dans des directions différentes. C’est ce qui explique ces changements d’orientation. Dans les années 1990, l’Ukraine est d’ailleurs membres et du GUAM, organisation hostile à la Russie, et de la CEI, organisation dominée par la Russie. C’est ce qui explique ces changements d’orientation. Dans les années 1990, l’Ukraine est d’ailleurs membres et du GUAM, organisation hostile à la Russie, et de la CEI, organisation dominée par la Russie.

35 L'Ukraine est alors dirigée par un pro-occidental devenu prorusse au début des années 2000, mais une « révolution colorée » en 2005 porte au pouvoir un pro- occidental, dont la popularité s’effrite entre 2005 et 2010, ce qui se solde par l’arrivée au pouvoir d’un prorusse, à son tour renversé en février 2014... L'Ukraine est alors dirigée par un pro-occidental devenu prorusse au début des années 2000, mais une « révolution colorée » en 2005 porte au pouvoir un pro- occidental, dont la popularité s’effrite entre 2005 et 2010, ce qui se solde par l’arrivée au pouvoir d’un prorusse, à son tour renversé en février 2014... De sorte que si la Russie, et l’Occident, portent une responsabilité dans la crise actuelle, le problème de fond ne vient pas de l’extérieur, mais bien de l’intérieur des frontières. De sorte que si la Russie, et l’Occident, portent une responsabilité dans la crise actuelle, le problème de fond ne vient pas de l’extérieur, mais bien de l’intérieur des frontières. Le drame de l’Ukraine est de ne pas avoir eu le temps de créer une unité nationale. Tant que cela ne sera pas fait, le pays continuera de balancer entre ses deux pôles culturels… Le drame de l’Ukraine est de ne pas avoir eu le temps de créer une unité nationale. Tant que cela ne sera pas fait, le pays continuera de balancer entre ses deux pôles culturels…

36 2.2.3 – Regards vers l’Orient Les divers conflits entre la Russie et l’Occident ont incité le gouvernement russe à rechercher des alliés en dehors de l’Ouest. Le monde a un besoin de plus en plus grand de ressources naturelles, et la Russie en dispose en très grande quantité; elle peut ainsi se permettre de se montrer sélective dans ses alliances. Les divers conflits entre la Russie et l’Occident ont incité le gouvernement russe à rechercher des alliés en dehors de l’Ouest. Le monde a un besoin de plus en plus grand de ressources naturelles, et la Russie en dispose en très grande quantité; elle peut ainsi se permettre de se montrer sélective dans ses alliances. D’autant qu’elle partage la plus longue frontière du monde avec la Chine, qui souffre d’une boulimie de ressources naturelles. D’autant qu’elle partage la plus longue frontière du monde avec la Chine, qui souffre d’une boulimie de ressources naturelles. Les deux pays se méfient l’un de l’autre. La Chine n’a pas oublié l’impérialisme russe qui au XIXe siècle s’est allié avec l’Europe pour dépecer le territoire chinois. Et elle se souvient du social-impérialisme de l’URSS, qui tenta dans les années 60 d’imposer la révision du modèle soviétique au régime de Mao. Les deux pays se méfient l’un de l’autre. La Chine n’a pas oublié l’impérialisme russe qui au XIXe siècle s’est allié avec l’Europe pour dépecer le territoire chinois. Et elle se souvient du social-impérialisme de l’URSS, qui tenta dans les années 60 d’imposer la révision du modèle soviétique au régime de Mao.

37 Du côté russe, la méfiance vient des pronostics : la Chine est puissante et le sera de plus en plus. Son territoire est petit compte tenu de sa population et il existe toujours la possibilité d’un affrontement pour le contrôle de la Sibérie et de la région maritime. Du côté russe, la méfiance vient des pronostics : la Chine est puissante et le sera de plus en plus. Son territoire est petit compte tenu de sa population et il existe toujours la possibilité d’un affrontement pour le contrôle de la Sibérie et de la région maritime. Mais les deux États partagent des objectifs communs et des inimitiés communes. Une alliance stratégique entre les deux géants d’Asie devient ainsi possible. Mais les deux États partagent des objectifs communs et des inimitiés communes. Une alliance stratégique entre les deux géants d’Asie devient ainsi possible. Le rapprochement sino-russe a été entamé par Gorbatchev, mais la chute de l’URSS et la vague d’occidentalisme qui souffla ensuite sur la Russie ont ralenti le processus de rapprochement. Le rapprochement sino-russe a été entamé par Gorbatchev, mais la chute de l’URSS et la vague d’occidentalisme qui souffla ensuite sur la Russie ont ralenti le processus de rapprochement. Mais les tensions grandissantes dans les relations de la Russie avec l’Ouest, la méfiance des États occidentaux face à la Chine et les complémentarités des deux États ont relancé ce processus depuis quelques années, lequel prend la forme de la doctrine Primakov. Mais les tensions grandissantes dans les relations de la Russie avec l’Ouest, la méfiance des États occidentaux face à la Chine et les complémentarités des deux États ont relancé ce processus depuis quelques années, lequel prend la forme de la doctrine Primakov.

38 Élaborée dans les années 90, cette doctrine avait été écartée par Eltsine, qui voulait se rapprocher de l’Occident. Pour Primakov, c’était une erreur puisque l’Ouest n’acceptera jamais de négocier d’égal à égal avec la Russie. Élaborée dans les années 90, cette doctrine avait été écartée par Eltsine, qui voulait se rapprocher de l’Occident. Pour Primakov, c’était une erreur puisque l’Ouest n’acceptera jamais de négocier d’égal à égal avec la Russie. Dans ce contexte, la Russie doit chercher des alliés ailleurs, qui sont plus près d’elle au plan des traditions politiques et qui peuvent accepter des ententes bénéfiques sans s’immiscer dans les affaires intérieures : la Chine et l’Inde. Dans ce contexte, la Russie doit chercher des alliés ailleurs, qui sont plus près d’elle au plan des traditions politiques et qui peuvent accepter des ententes bénéfiques sans s’immiscer dans les affaires intérieures : la Chine et l’Inde. Une alliance de ces trois États, très difficile à consolider, signerait la mort de la suprématie de l’Ouest sur le monde depuis 500 ans. Une alliance de ces trois États, très difficile à consolider, signerait la mort de la suprématie de l’Ouest sur le monde depuis 500 ans. À l’origine, l’Organisation de coopération de Shanghai ne visait que des questions sécuritaires et était bien vue à l’Ouest, compte tenu de son objectif anti-terroriste. À l’origine, l’Organisation de coopération de Shanghai ne visait que des questions sécuritaires et était bien vue à l’Ouest, compte tenu de son objectif anti-terroriste.

39 L’OCS (Organisation de coopération de Shanghai)

40 Cependant, les conférences de l’organisation depuis 2005 sont plus préoccupantes pour l’Occident. Cependant, les conférences de l’organisation depuis 2005 sont plus préoccupantes pour l’Occident. D’abord, les questions sécuritaires semblent prendre la forme d’une coopération militaire entre deux des plus grandes puissances de la planète. À l’été 2006, les armées russes et chinoises ont procédé à des exercices militaires conjoints. On s’achemine de plus en plus vers ce qui pourrait devenir une alliance militaire. D’abord, les questions sécuritaires semblent prendre la forme d’une coopération militaire entre deux des plus grandes puissances de la planète. À l’été 2006, les armées russes et chinoises ont procédé à des exercices militaires conjoints. On s’achemine de plus en plus vers ce qui pourrait devenir une alliance militaire. D’un autre côté, sont apparus depuis deux ans des intérêts mutuels en matière économique et de façon très informelle, des discussions en vue de mettre en place un libre-échange euroasiatique, qui concurrencerait l’Union Européenne et deviendrait rapidement la première puissance économique mondiale. D’où l’intérêt de plus en plus grand manifesté par d’autres États à rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai. D’un autre côté, sont apparus depuis deux ans des intérêts mutuels en matière économique et de façon très informelle, des discussions en vue de mettre en place un libre-échange euroasiatique, qui concurrencerait l’Union Européenne et deviendrait rapidement la première puissance économique mondiale. D’où l’intérêt de plus en plus grand manifesté par d’autres États à rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai.

41 En ne tenant compte que des deux meneurs de l’organisation, on obtient en chiffre une puissance impressionnante : 5 millions de soldats (sans compter les réservistes), 60 % des armes stratégiques, 27 millions de km2 (près de 25 % des terres du globe), près de 1,5 milliard de personnes (25 % là aussi), des ressources naturelles en abondance, une puissance financière colossale, etc. En ne tenant compte que des deux meneurs de l’organisation, on obtient en chiffre une puissance impressionnante : 5 millions de soldats (sans compter les réservistes), 60 % des armes stratégiques, 27 millions de km2 (près de 25 % des terres du globe), près de 1,5 milliard de personnes (25 % là aussi), des ressources naturelles en abondance, une puissance financière colossale, etc. Cela étant, il y a loin de la coupe aux lèvres et si Moscou et Pékin partagent certains objectifs communs et une certaine vision des relations étrangères, les deux États sont aussi de potentiels rivaux d’un point de vue géographique et stratégique. Cela étant, il y a loin de la coupe aux lèvres et si Moscou et Pékin partagent certains objectifs communs et une certaine vision des relations étrangères, les deux États sont aussi de potentiels rivaux d’un point de vue géographique et stratégique. Et il y a aussi la conférence des BRICS, qui demeure encore peu structurée, mais dont les ambitions sont très grandes, au sein de laquelle on retrouve les deux États en question. Et il y a aussi la conférence des BRICS, qui demeure encore peu structurée, mais dont les ambitions sont très grandes, au sein de laquelle on retrouve les deux États en question.

42 Huitième cours : Et maintenant ? État des lieux et esquisse des perspectives de développement du pays 1 – Politique 1 – Politique 2 – Économie 2 – Économie 3 – Société 3 – Société 4 – Relations étrangères 4 – Relations étrangères 5 – Ukraine 5 – Ukraine

43 1 – Politique 1.1 — L’état de la fédération Aujourd’hui, rares sont ceux qui prétendent que la fédération russe est menacée d’éclatement et l’accroissement du contrôle du centre, allié à l’embellie économique, a permis de faire entrer dans le rang les opposants régionaux de l’ère Eltsine. Aujourd’hui, rares sont ceux qui prétendent que la fédération russe est menacée d’éclatement et l’accroissement du contrôle du centre, allié à l’embellie économique, a permis de faire entrer dans le rang les opposants régionaux de l’ère Eltsine. Ainsi, le Tatarstan a finalement signé l’accord fédératif et réintégré le cadre constitutionnel, en échange de pouvoir conserver 50 % des redevances sur les hydrocarbures. Ainsi, le Tatarstan a finalement signé l’accord fédératif et réintégré le cadre constitutionnel, en échange de pouvoir conserver 50 % des redevances sur les hydrocarbures. Ainsi aussi le problème de Tchétchénie est-il en voie de normalisation... apparente... Ainsi aussi le problème de Tchétchénie est-il en voie de normalisation... apparente...

44 La poigne de fer de Kadyrov a permis en 2009 de décréter la fin de l’Opération antiterroriste, laissant aux autorités locales le soin de continuer la lutte contre un mouvement qui n’a plus beaucoup d’appuis. La poigne de fer de Kadyrov a permis en 2009 de décréter la fin de l’Opération antiterroriste, laissant aux autorités locales le soin de continuer la lutte contre un mouvement qui n’a plus beaucoup d’appuis. Mais des risques de déstabilisation demeurent et la fin complète des opérations ne semble pas imminente. Mais des risques de déstabilisation demeurent et la fin complète des opérations ne semble pas imminente. Depuis 2010, la violence est en baisse et peu d’attentats ont été commis depuis 2010, ce qui témoigne d’un contrôle plus grand de la mouvance terroriste. Poutine a gagné son pari : plus personne ne se préoccupe de la situation au Caucase russe... Depuis 2010, la violence est en baisse et peu d’attentats ont été commis depuis 2010, ce qui témoigne d’un contrôle plus grand de la mouvance terroriste. Poutine a gagné son pari : plus personne ne se préoccupe de la situation au Caucase russe...

45 1.2 — Poutine 3.0 Les élections présidentielles étant encore loin, il n’y aura guère d’événement politique d’importance au cours des prochaines années, à moins de surprise majeure. Les élections présidentielles étant encore loin, il n’y aura guère d’événement politique d’importance au cours des prochaines années, à moins de surprise majeure. L’opposition fantasme sur la possibilité que Poutine ne parvienne pas à terminer son mandat, mais cela est peu probable, l’appui au président fléchissant doucement depuis deux ans, mais demeurant supérieur à celui de toute autre figure politique. L’opposition fantasme sur la possibilité que Poutine ne parvienne pas à terminer son mandat, mais cela est peu probable, l’appui au président fléchissant doucement depuis deux ans, mais demeurant supérieur à celui de toute autre figure politique. Tout dépendra de la réponse de la majorité aux tentatives de l’opposition. À en juger par les derniers rassemblements tenus depuis mars 2012, on peut croire qu’il n’y aura plus guère de risques de ce côté. Tout dépendra de la réponse de la majorité aux tentatives de l’opposition. À en juger par les derniers rassemblements tenus depuis mars 2012, on peut croire qu’il n’y aura plus guère de risques de ce côté. Golos a même dû admettre, malgré les fraudes qu’elle a pu constater, que Poutine aurait été élu dès le premier tour. L’argument principal de l’opposition libérale se retrouve alors sans grand contenu. Golos a même dû admettre, malgré les fraudes qu’elle a pu constater, que Poutine aurait été élu dès le premier tour. L’argument principal de l’opposition libérale se retrouve alors sans grand contenu.

46 On a fait grand cas des réformes « annoncées » par Medvedev, mais celles-ci avaient été mises de l’avant dès l’été 2011 et conséquemment, l’opposition libérale ne peut même pas se prévaloir de ce « succès ». On a fait grand cas des réformes « annoncées » par Medvedev, mais celles-ci avaient été mises de l’avant dès l’été 2011 et conséquemment, l’opposition libérale ne peut même pas se prévaloir de ce « succès ». D’autant que certaines des réformes pourraient s’avérer à double tranchant pour l’opposition, que le pouvoir s’apprête à diviser. De sorte que lors des élections législatives de 2016, on risque de se retrouver avec une opposition éclatée à la Douma. D’autant que certaines des réformes pourraient s’avérer à double tranchant pour l’opposition, que le pouvoir s’apprête à diviser. De sorte que lors des élections législatives de 2016, on risque de se retrouver avec une opposition éclatée à la Douma. Il n’en demeure pas moins qu’une frange importante de la population est mécontente et pourrait parvenir à faire beaucoup de bruit si un chef arrivait à l’unifier. Il n’en demeure pas moins qu’une frange importante de la population est mécontente et pourrait parvenir à faire beaucoup de bruit si un chef arrivait à l’unifier. Cette frange de mécontents pourrait se consolider si les revendications d’une part de la population continuent d’être ignoré par un pouvoir parfois trop confiant. Une main tendue à cette frange de l’opposition disposée à entamer un dialogue serait de bonne politique. Cette frange de mécontents pourrait se consolider si les revendications d’une part de la population continuent d’être ignoré par un pouvoir parfois trop confiant. Une main tendue à cette frange de l’opposition disposée à entamer un dialogue serait de bonne politique.

47 D’autant que si Poutine demeure le politicien le plus populaire du pays, sa cote de popularité s’érode depuis l’automne 2010. Fin 2012, à peine plus d’un tiers des répondants à un sondage du Centre Levada affirmait faire confiance au président, en baisse de plus de 10 points depuis deux ans. Le deuxième homme du tandem est encore plus critiqué par la population. D’autant que si Poutine demeure le politicien le plus populaire du pays, sa cote de popularité s’érode depuis l’automne 2010. Fin 2012, à peine plus d’un tiers des répondants à un sondage du Centre Levada affirmait faire confiance au président, en baisse de plus de 10 points depuis deux ans. Le deuxième homme du tandem est encore plus critiqué par la population. Mais cette baisse de popularité ne profite à aucun des chefs de l’opposition, officielle ou « hors système ». Ziouganiov, l’inamovible chef du PCFR suit derrière Poutine et Medvedev dans l’indice de crédibilité avec un maigre 10%. Mais cette baisse de popularité ne profite à aucun des chefs de l’opposition, officielle ou « hors système ». Ziouganiov, l’inamovible chef du PCFR suit derrière Poutine et Medvedev dans l’indice de crédibilité avec un maigre 10%. Pour sa part, la principale figure de l’opposition hors système, Alexeï Navalny, n’a la confiance que de 2% de la population. La Russie devient ainsi de plus en plus un pays normal à ce titre, alors qu’on y vote de plus en plus souvent pour le moins pire… Pour sa part, la principale figure de l’opposition hors système, Alexeï Navalny, n’a la confiance que de 2% de la population. La Russie devient ainsi de plus en plus un pays normal à ce titre, alors qu’on y vote de plus en plus souvent pour le moins pire…

48 2 - Économie La crise de 2008 a frappé de plein fouet la Russie, qui a aussi essuyé un effondrement de ses recettes d’exportations pétrolières. Au cours des mois de septembre et octobre, la capitalisation boursière des plus grandes entreprises s’est effondrée. La crise de 2008 a frappé de plein fouet la Russie, qui a aussi essuyé un effondrement de ses recettes d’exportations pétrolières. Au cours des mois de septembre et octobre, la capitalisation boursière des plus grandes entreprises s’est effondrée. Mais l’État russe a tiré les leçons de la catastrophe de 1998, et le système bancaire a bien tenu le coup. Même que la faillite des banques les plus faibles peut être vue de façon positive, permettant ainsi le nettoyage du secteur et sa consolidation pour les années à venir. Mais l’État russe a tiré les leçons de la catastrophe de 1998, et le système bancaire a bien tenu le coup. Même que la faillite des banques les plus faibles peut être vue de façon positive, permettant ainsi le nettoyage du secteur et sa consolidation pour les années à venir. Ainsi, la jeune Russie capitaliste a fait preuve d’une remarquable résilience, tirant les leçons des crises économiques précédentes. Ainsi, la jeune Russie capitaliste a fait preuve d’une remarquable résilience, tirant les leçons des crises économiques précédentes.

49 Le capitalisme d’État a démontré une bonne résistance, malgré des impacts importants sur la population. Le capitalisme d’État a démontré une bonne résistance, malgré des impacts importants sur la population. D’autres tempêtes économiques pointent et comme en 2008, c’est à l’extérieur des frontières du pays que se trouve la source des problèmes, même si c’est la structure de l’économie russe qui les rend dangereux. D’autres tempêtes économiques pointent et comme en 2008, c’est à l’extérieur des frontières du pays que se trouve la source des problèmes, même si c’est la structure de l’économie russe qui les rend dangereux. La base de l’économie demeure l’exportation des hydrocarbures. Si on peut supposer que les prix devraient se maintenir, l’arrivée d’une « récession double » pourrait faire très mal à l’économie et à l’équilibre des comptes. La base de l’économie demeure l’exportation des hydrocarbures. Si on peut supposer que les prix devraient se maintenir, l’arrivée d’une « récession double » pourrait faire très mal à l’économie et à l’équilibre des comptes. La rente pétrolière compte pour 45 % du budget du pays. Les prévisions budgétaires s’appuient sur un prix du baril autour de 90 $, mais advenant une diminution du prix du baril, le budget se retrouverait déficitaire, ce qui obligerait le gouvernement russe soit à emprunter, soit à sabrer les dépenses. La rente pétrolière compte pour 45 % du budget du pays. Les prévisions budgétaires s’appuient sur un prix du baril autour de 90 $, mais advenant une diminution du prix du baril, le budget se retrouverait déficitaire, ce qui obligerait le gouvernement russe soit à emprunter, soit à sabrer les dépenses.

50 Des sommes importantes pourraient être dégagées en revoyant à la baisse le programme de réarmement, mais cela obligerait le gouvernement à revoir ses ambitions internationales. Des sommes importantes pourraient être dégagées en revoyant à la baisse le programme de réarmement, mais cela obligerait le gouvernement à revoir ses ambitions internationales. La privatisation de certaines entreprises contrôlées par l’État pourrait générer des sommes importantes, mais il ne s’agit pas d’une solution miracle. La privatisation de certaines entreprises contrôlées par l’État pourrait générer des sommes importantes, mais il ne s’agit pas d’une solution miracle. La situation économique limite le nombre d’entreprises intéressées par l’acquisition des actifs et l’État semble désireux d’obtenir des sommes qui ne correspondent pas à la valeur de ces actifs sur le marché, comme en font foi les tentatives de ventes des parts de S7. La situation économique limite le nombre d’entreprises intéressées par l’acquisition des actifs et l’État semble désireux d’obtenir des sommes qui ne correspondent pas à la valeur de ces actifs sur le marché, comme en font foi les tentatives de ventes des parts de S7. Autre possibilité : une modification au régime d’imposition. Mais une telle modification pourrait se traduire par une baisse des rentrées, tout en menaçant l’appui populaire à l’équipe Poutine. Autre possibilité : une modification au régime d’imposition. Mais une telle modification pourrait se traduire par une baisse des rentrées, tout en menaçant l’appui populaire à l’équipe Poutine.

51 La classe moyenne devra se développer pour que le marché intérieur puisse compenser la diminution des revenus d’exportations. La classe moyenne devra se développer pour que le marché intérieur puisse compenser la diminution des revenus d’exportations. L’État a un rôle important à jouer ici, puisque les budgetniki continuent de représenter une part significative de la main-d'œuvre active. La politique de bonification des salaires de cette catégorie de la population suivie par Poutine depuis 10 ans devra donc se poursuivre, mais il faudra des fonds pour y parvenir. L’État a un rôle important à jouer ici, puisque les budgetniki continuent de représenter une part significative de la main-d'œuvre active. La politique de bonification des salaires de cette catégorie de la population suivie par Poutine depuis 10 ans devra donc se poursuivre, mais il faudra des fonds pour y parvenir. À plus ou moins long terme, la dépendance aux recettes d’exportations des hydrocarbures devra être réduite. Le gouvernement le sait et s’emploie à revaloriser le secteur industriel À plus ou moins long terme, la dépendance aux recettes d’exportations des hydrocarbures devra être réduite. Le gouvernement le sait et s’emploie à revaloriser le secteur industriel Il est cependant difficile de procéder de façon isolée et les entreprises doivent rechercher des partenaires étrangers afin que ceux-ci participent à la relance et procèdent à des transferts technologiques. Il est cependant difficile de procéder de façon isolée et les entreprises doivent rechercher des partenaires étrangers afin que ceux-ci participent à la relance et procèdent à des transferts technologiques.

52 Une autre solution partielle, avancée par les cercles libéraux, serait de relever l’âge de la retraite davantage pour diminuer les versements de retraite que pour maintenir plus longtemps la population au travail. Une autre solution partielle, avancée par les cercles libéraux, serait de relever l’âge de la retraite davantage pour diminuer les versements de retraite que pour maintenir plus longtemps la population au travail. Lors des élections de 2012, Poutine s’est cependant clairement engagé à ne pas toucher à cette question sensible et le coût politique d’un reniement de cet engagement pourrait être élevé. Lors des élections de 2012, Poutine s’est cependant clairement engagé à ne pas toucher à cette question sensible et le coût politique d’un reniement de cet engagement pourrait être élevé. Les moyens de l’État sont considérables. Grâce à son fonds de stabilisation, l’État est en mesure d’aider les entreprises, comme à l’hiver 2008-2009, alors que 60 milliards de dollars de ce fonds ont permis d’aider les grandes banques et les grandes entreprises industrielles. Les moyens de l’État sont considérables. Grâce à son fonds de stabilisation, l’État est en mesure d’aider les entreprises, comme à l’hiver 2008-2009, alors que 60 milliards de dollars de ce fonds ont permis d’aider les grandes banques et les grandes entreprises industrielles. Un mot sur l’agriculture : le pays dispose des plus importantes terres arables du monde, mais celles-ci sont de qualité variable et le climat empêche une exploitation intensive de l’ensemble. Un mot sur l’agriculture : le pays dispose des plus importantes terres arables du monde, mais celles-ci sont de qualité variable et le climat empêche une exploitation intensive de l’ensemble.

53 Il faut ajouter à cela des limitations en terme de développement et de structure, ce qui fait que la Russie n’occupe toujours pas la place qui devrait être la sienne à l’échelle mondiale en ce qui concerne la production et l’exportation des produits agricoles. Il faut ajouter à cela des limitations en terme de développement et de structure, ce qui fait que la Russie n’occupe toujours pas la place qui devrait être la sienne à l’échelle mondiale en ce qui concerne la production et l’exportation des produits agricoles. Mais les choses s’améliorent : les pénuries de produits alimentaires appartiennent depuis longtemps au passé, les importations sont en baisse, et les exportations en hausse. La Russie occupe le 5 e rang mondial dans le domaine de la production agricole. Mais les choses s’améliorent : les pénuries de produits alimentaires appartiennent depuis longtemps au passé, les importations sont en baisse, et les exportations en hausse. La Russie occupe le 5 e rang mondial dans le domaine de la production agricole. La Russie s’approche peu à peu d’une structure économique de type occidental, mais le développement d’une classe moyenne importante tarde. La Russie s’approche peu à peu d’une structure économique de type occidental, mais le développement d’une classe moyenne importante tarde. Après avoir été négative en 2009 (-8 %), comme presque partout sur la planète, la Russie a renoué avec une croissance positive en 2010 (autour de 5 %), en 2011 (à 4,3%) et en 2012 (autour de 3,5 %). Après avoir été négative en 2009 (-8 %), comme presque partout sur la planète, la Russie a renoué avec une croissance positive en 2010 (autour de 5 %), en 2011 (à 4,3%) et en 2012 (autour de 3,5 %).

54 La croissance a ralentie au cours du second semestre de 2012 et le début de 2013 est inquiétant, le premier trimestre ayant vu une croissance de 2% en rythme annualisé. On prévoit un meilleur second semestre, mais les prévisions ont été abaissé autour de 3%. La croissance a ralentie au cours du second semestre de 2012 et le début de 2013 est inquiétant, le premier trimestre ayant vu une croissance de 2% en rythme annualisé. On prévoit un meilleur second semestre, mais les prévisions ont été abaissé autour de 3%. Si ces chiffres demeurent supérieurs, et de loin, à la situation en Occident, il n’en demeure pas moins qu’une croissance de cet ordre remet à plus tard le rattrapage nécessaire des économies occidentales. Ils mettent en outre en évidence la dépendance de l’économie russe par rapport aux économies occidentales, dont la faiblesse handicape forcément la croissance russe. Si ces chiffres demeurent supérieurs, et de loin, à la situation en Occident, il n’en demeure pas moins qu’une croissance de cet ordre remet à plus tard le rattrapage nécessaire des économies occidentales. Ils mettent en outre en évidence la dépendance de l’économie russe par rapport aux économies occidentales, dont la faiblesse handicape forcément la croissance russe. Bref, si la Russie parvient à diversifier la structure de son économie, elle sera mieux équipée pour résister aux bourrasques économiques provenant de l’occident, qui continue d’être un client important, même si la Chine occupe désormais le premier rang. Bref, si la Russie parvient à diversifier la structure de son économie, elle sera mieux équipée pour résister aux bourrasques économiques provenant de l’occident, qui continue d’être un client important, même si la Chine occupe désormais le premier rang.

55 3 - Société 3.1 – Entre nostalgie et réalisme Les années 90 comptent parmi les plus noires de l’histoire du pays : recul de la population, croissance de la mortalité, baisse de la natalité, du taux de fréquentation universitaire, du PIB, du revenu disponible par habitant, de l’espérance de vie, etc. L’embellie des années 2000 n’est pas parvenue, loin de là, à effacer toutes les traces de cette catastrophe nationale. Les années 90 comptent parmi les plus noires de l’histoire du pays : recul de la population, croissance de la mortalité, baisse de la natalité, du taux de fréquentation universitaire, du PIB, du revenu disponible par habitant, de l’espérance de vie, etc. L’embellie des années 2000 n’est pas parvenue, loin de là, à effacer toutes les traces de cette catastrophe nationale. Les Russes ne sont pas encore parvenus à s’affranchir des schémas idéologiques soviétiques, d’autant que de nombreux schémas sont en fait présoviétiques. Les Russes ne sont pas encore parvenus à s’affranchir des schémas idéologiques soviétiques, d’autant que de nombreux schémas sont en fait présoviétiques.

56 Mais l’idée d’une restauration du modèle soviétique n’a plus guère d’adhérents. Les Russes savent qu’ils font maintenant partie du système capitaliste. Mais l’idée d’une restauration du modèle soviétique n’a plus guère d’adhérents. Les Russes savent qu’ils font maintenant partie du système capitaliste. Nous sommes encore dans une phase transitoire, qui provoque des contradictions dans le discours économique se manifestant par le rejet du contrôle de l’État sur la réglementation, les prix, etc., et un rejet du principe de rentabilité dans les services. Nous sommes encore dans une phase transitoire, qui provoque des contradictions dans le discours économique se manifestant par le rejet du contrôle de l’État sur la réglementation, les prix, etc., et un rejet du principe de rentabilité dans les services. Ce n’est d’ailleurs pas une contradiction aux yeux des Russes, mais plutôt l’expression d’une forme russe du capitalisme. Un capitalisme dirigé et encadré par l’État. Ce n’est d’ailleurs pas une contradiction aux yeux des Russes, mais plutôt l’expression d’une forme russe du capitalisme. Un capitalisme dirigé et encadré par l’État. En bref, si le retour en arrière est désormais exclu, rares sont les Russes qui rêvent d’un système économique à l’occidentale, la majorité souhaitant un retour contrôlé aux grandes missions sociales de l’État. Une sorte de socialisme autoritaire, sans pression indue de l’État. La quadrature du cercle en fait… En bref, si le retour en arrière est désormais exclu, rares sont les Russes qui rêvent d’un système économique à l’occidentale, la majorité souhaitant un retour contrôlé aux grandes missions sociales de l’État. Une sorte de socialisme autoritaire, sans pression indue de l’État. La quadrature du cercle en fait…

57 3.2 — Les conditions de vie Les choses s’améliorent de façon continue depuis le début des années 2000. La crise a affecté une part importante de la population, mais cette fois, c’est le secteur privé qui a souffert le plus, les budgetniki n’ayant pas eu à subir de pertes d’emplois massives. Les choses s’améliorent de façon continue depuis le début des années 2000. La crise a affecté une part importante de la population, mais cette fois, c’est le secteur privé qui a souffert le plus, les budgetniki n’ayant pas eu à subir de pertes d’emplois massives. Mais la vie demeure difficile pour beaucoup. Le problème du logement continue de se poser, les revenus ne permettant qu’un accès difficile au crédit. Mais la vie demeure difficile pour beaucoup. Le problème du logement continue de se poser, les revenus ne permettant qu’un accès difficile au crédit. Le nombre de mètres carrés par habitant demeure très en deçà des normes occidentales, la cohabitation de plusieurs générations sous un même toit, ou l’entassement de plusieurs personnes sur une faible superficie demeurent l’horizon pour de grandes couches de la population. Le nombre de mètres carrés par habitant demeure très en deçà des normes occidentales, la cohabitation de plusieurs générations sous un même toit, ou l’entassement de plusieurs personnes sur une faible superficie demeurent l’horizon pour de grandes couches de la population.

58 L’alimentation s’améliore, aidée par l’effondrement du rouble à la fin des années 90. Les Russes ont alors cessé d’acheter à l’étranger et redécouvert la grande qualité des produits russes. L’alimentation s’améliore, aidée par l’effondrement du rouble à la fin des années 90. Les Russes ont alors cessé d’acheter à l’étranger et redécouvert la grande qualité des produits russes. Mais des problèmes importants continuent de se manifester. La part des revenus consacrée à l’alimentation demeure élevée (moyenne nationale de 30-35 %), et en hiver, il est très coûteux d’avoir une alimentation équilibrée. Mais des problèmes importants continuent de se manifester. La part des revenus consacrée à l’alimentation demeure élevée (moyenne nationale de 30-35 %), et en hiver, il est très coûteux d’avoir une alimentation équilibrée. La classe moyenne à l’occidentale est embryonnaire et la part des revenus consacrée aux loisirs est faible ou inexistante pour une partie de la population, les revenus étant pour l’essentiel consacrés à assurer le minimum. La classe moyenne à l’occidentale est embryonnaire et la part des revenus consacrée aux loisirs est faible ou inexistante pour une partie de la population, les revenus étant pour l’essentiel consacrés à assurer le minimum. Il faut désormais payer pour l’école, l’université, certains soins de santé, etc, ce qui représente une charge très lourde pour une majorité de la population. Il faut désormais payer pour l’école, l’université, certains soins de santé, etc, ce qui représente une charge très lourde pour une majorité de la population.

59 Le taux de pauvreté recule de façon constante et aujourd’hui, moins de 11 % de la population vit avec un revenu inférieur à ce qui est considéré comme le minimum vital, alors qu’il y a dix ans, ce chiffre atteignait 40 %. Le taux de pauvreté recule de façon constante et aujourd’hui, moins de 11 % de la population vit avec un revenu inférieur à ce qui est considéré comme le minimum vital, alors qu’il y a dix ans, ce chiffre atteignait 40 %. Les revenus demeurent mal répartis. La richesse nationale continue de croître à un rythme important, mais la faiblesse de l’impôt, les difficultés de perception de celui-ci et un manque de volonté politique font en sorte que la richesse est concentrée entre les mains d’un groupe restreint d’individus : 1,5 % de la population contrôle 50 % de la richesse nationale. Les revenus demeurent mal répartis. La richesse nationale continue de croître à un rythme important, mais la faiblesse de l’impôt, les difficultés de perception de celui-ci et un manque de volonté politique font en sorte que la richesse est concentrée entre les mains d’un groupe restreint d’individus : 1,5 % de la population contrôle 50 % de la richesse nationale. Le plus important demeure cependant qu’il y a amélioration. Les Russes sont patients, et tant que des avancées existent, ils se montreront satisfaits et continueront d’appuyer le système poutinien, malgré ses ratés. Le plus important demeure cependant qu’il y a amélioration. Les Russes sont patients, et tant que des avancées existent, ils se montreront satisfaits et continueront d’appuyer le système poutinien, malgré ses ratés.

60 4 – Relations étrangères Les difficultés dans lesquelles les Américains sont empêtrés depuis 10 ans ont modifié la situation issue de l’éclatement de l’URSS. L’ère de l’hégémonie américaine appartient déjà au passé. Les conflits actuels sont là pour nous rappeler que les armes ne suffisent pas à gagner les guerres… Les difficultés dans lesquelles les Américains sont empêtrés depuis 10 ans ont modifié la situation issue de l’éclatement de l’URSS. L’ère de l’hégémonie américaine appartient déjà au passé. Les conflits actuels sont là pour nous rappeler que les armes ne suffisent pas à gagner les guerres… Union européenne, Chine, Inde, Russie, Amérique latine : les centres de pouvoir sont désormais nombreux et la résolution des grands problèmes ne peut désormais faire l’économie de consensus entre les puissances. Union européenne, Chine, Inde, Russie, Amérique latine : les centres de pouvoir sont désormais nombreux et la résolution des grands problèmes ne peut désormais faire l’économie de consensus entre les puissances.

61 Les sphères d’influence demeurent, mais elles ne sont plus exclusives : la pénétration des Chinois et des Russes en Amérique latine, et celle des Américains en Asie centrale démontrent clairement que nous sommes entrés dans une ère de compétitivité. Les sphères d’influence demeurent, mais elles ne sont plus exclusives : la pénétration des Chinois et des Russes en Amérique latine, et celle des Américains en Asie centrale démontrent clairement que nous sommes entrés dans une ère de compétitivité. Les acteurs régionaux en bénéficient, eux qui peuvent de plus en plus faire monter les enchères, afin de défendre et de promouvoir leurs intérêts nationaux. Les acteurs régionaux en bénéficient, eux qui peuvent de plus en plus faire monter les enchères, afin de défendre et de promouvoir leurs intérêts nationaux. Quels sont les atouts et les faiblesses de la Russie dans ce nouveau contexte international? Quels sont les atouts et les faiblesses de la Russie dans ce nouveau contexte international? Ses ressources naturelles figurent bien sûr au premier plan et la boulimie énergétique de l’Europe et de la Chine la place en très bonne position de négociation. Ses ressources naturelles figurent bien sûr au premier plan et la boulimie énergétique de l’Europe et de la Chine la place en très bonne position de négociation. Les ressources diplomatiques sont importantes et la Russie participe directement à toutes les grandes discussions internationales. Les ressources diplomatiques sont importantes et la Russie participe directement à toutes les grandes discussions internationales.

62 Dans ses relations avec l’Occident, la Russie souffre de sa mauvaise réputation en tant que « démocratie » et en ce qui concerne les droits humains. Dans ses relations avec l’Occident, la Russie souffre de sa mauvaise réputation en tant que « démocratie » et en ce qui concerne les droits humains. Avec l’interpénétration de l’information et la place importante des opinions publiques en Occident, cet élément peut contribuer à isoler la Russie de ses partenaires de l’Ouest. Cependant, il ne faut pas exagérer le rôle de la « bonne conscience » dans les relations internationales, celle-ci pouvant toujours se monnayer. Avec l’interpénétration de l’information et la place importante des opinions publiques en Occident, cet élément peut contribuer à isoler la Russie de ses partenaires de l’Ouest. Cependant, il ne faut pas exagérer le rôle de la « bonne conscience » dans les relations internationales, celle-ci pouvant toujours se monnayer. À contrario, la Russie se positionne souvent comme l’un des grands défenseurs du droit des États à gérer leur politique intérieure contre les ingérences étrangères (donc de l’Occident, le plus souvent). C’est d’ailleurs souvent autour de cet axe que se constituent les relations d’amitiés et d’inimitiés de la Russie. À contrario, la Russie se positionne souvent comme l’un des grands défenseurs du droit des États à gérer leur politique intérieure contre les ingérences étrangères (donc de l’Occident, le plus souvent). C’est d’ailleurs souvent autour de cet axe que se constituent les relations d’amitiés et d’inimitiés de la Russie.

63 5 – L’Ukraine Trois interrogations peuvent être soulevées quant à l’évolution de la situation autour du problème ukrainien : le statut de la Crimée, l’avenir de l’Ukraine et les conséquences de la confrontation Russie-occident. Trois interrogations peuvent être soulevées quant à l’évolution de la situation autour du problème ukrainien : le statut de la Crimée, l’avenir de l’Ukraine et les conséquences de la confrontation Russie-occident. L’avenir de la Crimée est confus. On voit mal Moscou rétrocéder un territoire dont l’intégration est déjà bien avancée, mais il apparait peu probable que d’autres États s’engagent à reconnaître légitime le rattachement. L’avenir de la Crimée est confus. On voit mal Moscou rétrocéder un territoire dont l’intégration est déjà bien avancée, mais il apparait peu probable que d’autres États s’engagent à reconnaître légitime le rattachement. Si le discours officiel de Kiev ne peut admettre ouvertement ce rattachement et que certains membres du gouvernement menacent de reprendre le contrôle de la péninsule par la force, il est peu probable qu’une telle opération puisse être lancée par Kiev. Si le discours officiel de Kiev ne peut admettre ouvertement ce rattachement et que certains membres du gouvernement menacent de reprendre le contrôle de la péninsule par la force, il est peu probable qu’une telle opération puisse être lancée par Kiev.

64 La situation en Transnistrie donne une illustration de l’avenir immédiat de la péninsule : un conflit gelé qui se traduit par la création d'une zone de non-droit international, mais permet à la population d’avoir une vie à peu près normale. Après tout, il n’y a pas de frontière reconnue entre la Chine et l’Inde depuis 1962. La situation en Transnistrie donne une illustration de l’avenir immédiat de la péninsule : un conflit gelé qui se traduit par la création d'une zone de non-droit international, mais permet à la population d’avoir une vie à peu près normale. Après tout, il n’y a pas de frontière reconnue entre la Chine et l’Inde depuis 1962. Plus préoccupante pour l’Ukraine est la question du Donbass, que la Russie aimerait régler, car elle empoisonne ses relations avec le monde occidental. Mais certaines problèmes se posent. Plus préoccupante pour l’Ukraine est la question du Donbass, que la Russie aimerait régler, car elle empoisonne ses relations avec le monde occidental. Mais certaines problèmes se posent. Le premier, c’est la guerre elle-même et ses conséquences, 4 000 cadavres bloquant la voie d’une réconciliation entre le Donbass et Kiev. Le premier, c’est la guerre elle-même et ses conséquences, 4 000 cadavres bloquant la voie d’une réconciliation entre le Donbass et Kiev. Difficile de voir comment l’une deux parties pourrait reculer sans perdre la face. Pour Porochenko, la situation est intenable, puisque toute concession à l’est provoquera une salve de critiques, si ce n’est pire, de la part des autres forces politiques à la Rada. Difficile de voir comment l’une deux parties pourrait reculer sans perdre la face. Pour Porochenko, la situation est intenable, puisque toute concession à l’est provoquera une salve de critiques, si ce n’est pire, de la part des autres forces politiques à la Rada.

65 L’autre problème concerne le statut qui devra être accordé aux régions séparatistes, entendu que Donetsk et Louhansk réclament l’indépendance, ce que Kiev ne peut consentir sans déstabiliser le pays. L’autre problème concerne le statut qui devra être accordé aux régions séparatistes, entendu que Donetsk et Louhansk réclament l’indépendance, ce que Kiev ne peut consentir sans déstabiliser le pays. Toutes les solutions apparaissent mauvaises. La reprise de l’intervention armée entraînerait des difficultés économiques encore plus grandes et une intervention plus ou moins ouverte de la Russie, qui pourrait finir par se prévaloir de la « responsabilité de protéger ». Toutes les solutions apparaissent mauvaises. La reprise de l’intervention armée entraînerait des difficultés économiques encore plus grandes et une intervention plus ou moins ouverte de la Russie, qui pourrait finir par se prévaloir de la « responsabilité de protéger ». Ici aussi, « l’issu » risque fort d’être un conflit gelé. Kiev pourra cependant d’autant moins s’y résoudre que, plus le temps passe, plus la possibilité d’une normalisation avec ses régions séparatistes va diminuer, la Russie ne pouvant rester indifférente à la situation humanitaire de la population russophone. Ici aussi, « l’issu » risque fort d’être un conflit gelé. Kiev pourra cependant d’autant moins s’y résoudre que, plus le temps passe, plus la possibilité d’une normalisation avec ses régions séparatistes va diminuer, la Russie ne pouvant rester indifférente à la situation humanitaire de la population russophone. Poutine n’est pas le plus grand partisan d’une intervention, mais plus la situation va se détériorer, plus il lui sera difficile de se soustraire à la pression. Poutine n’est pas le plus grand partisan d’une intervention, mais plus la situation va se détériorer, plus il lui sera difficile de se soustraire à la pression.

66 Mais au-delà de l’avenir de l’Ukraine, la situation soulève des inquiétudes quant aux résultats de la reconfiguration des forces à l’échelle mondiale. Mais au-delà de l’avenir de l’Ukraine, la situation soulève des inquiétudes quant aux résultats de la reconfiguration des forces à l’échelle mondiale. Car l’équilibre européen en place depuis 1991 a été remis en question, quel que soit le responsable de cette situation. L’ordre mondial n’est plus aujourd’hui ce qu’il était en février 2014. Car l’équilibre européen en place depuis 1991 a été remis en question, quel que soit le responsable de cette situation. L’ordre mondial n’est plus aujourd’hui ce qu’il était en février 2014. Si on peut passer outre les discours à l'emporte- pièce tenus par les différentes parties en présence, ils n’en contribuent pas moins à rendre la situation internationale dangereuse. Si on peut passer outre les discours à l'emporte- pièce tenus par les différentes parties en présence, ils n’en contribuent pas moins à rendre la situation internationale dangereuse. La présence dans le conflit de puissances nucléaires rend peu probable, comme pendant la guerre froide, une confrontation directe entre les parrains internationaux du conflit ukrainien, mais elle ne facilite pas la sortie de la crise, car le risque de perdre la face pour l’un des deux camps est trop grand. La présence dans le conflit de puissances nucléaires rend peu probable, comme pendant la guerre froide, une confrontation directe entre les parrains internationaux du conflit ukrainien, mais elle ne facilite pas la sortie de la crise, car le risque de perdre la face pour l’un des deux camps est trop grand.

67 La situation risque de pourrir, avec des conséquences sur les rapports de forces internationaux. Par exemple, alors que la situation au Proche-Orient pourrait être résolue plus facilement par une collaboration est-ouest, la « bouderie » à laquelle on assiste avantage Daesh. La situation risque de pourrir, avec des conséquences sur les rapports de forces internationaux. Par exemple, alors que la situation au Proche-Orient pourrait être résolue plus facilement par une collaboration est-ouest, la « bouderie » à laquelle on assiste avantage Daesh. Les sanctions ont des conséquences importantes, car si elles mettent en difficulté la Russie, elles nuisent aussi à l’économie européenne, qui aurait bien besoin de l’un de ses grands partenaires pour sortir du marasme. Les sanctions ont des conséquences importantes, car si elles mettent en difficulté la Russie, elles nuisent aussi à l’économie européenne, qui aurait bien besoin de l’un de ses grands partenaires pour sortir du marasme. Autre conséquence, le réalignement de la politique étrangère et économique de la Russie vers l’Asie, alors que ses principaux partenaires de la région n’ont pas emboité le pas aux sanctions occidentales, rendant par ailleurs celles-ci beaucoup moins efficaces. Autre conséquence, le réalignement de la politique étrangère et économique de la Russie vers l’Asie, alors que ses principaux partenaires de la région n’ont pas emboité le pas aux sanctions occidentales, rendant par ailleurs celles-ci beaucoup moins efficaces. Compte tenu de l’affaiblissement de la position russe, le principal gagnant de la confrontation, c’est la Chine… Compte tenu de l’affaiblissement de la position russe, le principal gagnant de la confrontation, c’est la Chine…

68 Un rapprochement entre les deux camps devra survenir pour calmer la situation internationale et assurer un rétablissement de la paix en Ukraine. Un rapprochement entre les deux camps devra survenir pour calmer la situation internationale et assurer un rétablissement de la paix en Ukraine. La menace que fait peser Daesh pourrait servir de ciment aux rétablissements de relations plus sereines et à la fin d’une guerre des mots qui affaiblit tout le monde. Ou presque… La menace que fait peser Daesh pourrait servir de ciment aux rétablissements de relations plus sereines et à la fin d’une guerre des mots qui affaiblit tout le monde. Ou presque…


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