L ’oral objet d ’apprentissage * Apprentissage au niveau locutoire : il s’agit - de bien articuler, bien parler, - d’identifier les éléments de la langue parlée (les sons),les reproduire, les isoler, les associer, moduler, détourner... *Apprentissage au niveau linguistique : *qualité et précision lexicale ( nommer les situations, les objets, les actions) * mémorisation et réinvestissement d’un vocabulaire précis *construction syntaxique des phrases, utiliser les pronoms personnels, les phrases interrogatives, négatives, complexes… * Apprentissage au niveau discursif : parler pour expliquer, parler pour décrire, parler pour questionner, parler pour exprimer un sentiment,…

Pourquoi est ce si difficile d ’enseigner l ’oral ? * Difficulté à identifier et considérer le langage comme un objet de savoir transmissible. * L ’ oral implique l ’ensemble de la personne * L ’ Oral ne laisse pas de traces ….

Quelques clés pour enseigner l ’oral en maternelle

DIMENSION COMMUNICATIVE ( échanger, s ’exprimer) Communiquer, c ’est: OSER DIRE, POUVOIR DIRE * assurer un cadre sécurisant * mettre en place un contexte propice aux apprentissages AVOIR ENVIE DE DIRE * mettre en place une situation naturelle et authentique de communication * mettre en place un projet motivant

Exemples ( pour faire évoluer la quantité de parole émise) * Entretiens liés à tous les moments informels ( accueil, habillage, toilettes …) * Entretiens, conversations à propos des projets de la classe de l ’école ( mise en œuvre, régulation…) * Mascotte * Valise mystère,qu ’y-a-t-il dans mon sac ( apport d ’objets par enseignant et/ou enfant ) * Cahiers de vie

* Situations liées à l ’action, situations problèmes * Boîtes à mots,expressions… * « Dictées » à l ’adulte * Correspondance scolaire * Images pour parler…( reproductions, photos…) * Jeux d ’imitation * Jeux de portrait, devinettes

DIMENSION LINGUISTIQUE Aider l ’enfant à construire un langage élaboré § Objectifs SYNTAXIQUES *Différencier les pronoms *Construire et maîtriser le système des temps *Construire et maîtriser des phrases complexes § Objectifs LEXICAUX *Listes de mots *Catégories de mots

Une évaluation diagnostique fine Par observation pour: * s ’assurer que l ’enfant réalise des progrès * créer des situations pour les susciter

Exemple de situations pour travailler la SYNTAXE *Albums échos * Oralbums * Chansons, comptines * SACLO/MACLO ( situations pour l'acquisition des compétences en langage oral ) *Jeux d ’imitation...

Exemples de situation pour travailler le LEXIQUE IMAGIERS EQUIPER chaque classe, de la PS à la GS, avec des imagiers du commerce ou fabriqués avec les enfants, en consultation libre et permanente dans la bibliothèque de la classe. TRIER/ constituer des séries d'objets, de photos et d'images en fonction de l'entrée thématique travaillée (une série en rapport avec l'alimentation, avec une fête, des objets techniques...) / Travailler, dans la mesure du possible, dans un premier temps avec des objets réels appartenant à l'univers de référence des enfants (présents dans la classe dans l'école ou issus d'un vécu commun au cours d'expérimentations, de sorties, de spectacles...) puis des photos et images (albums photos,catalogues, prospectus, imagiers...).

JEUX DE CATEGORISATION Jeu d ’association: Proposer aux enfants ou réaliser avec ceux des séries d'objets ou images qui "vont bien ensemble". Une série de meubles et d'objets à ranger. Situation problème : comment et où va-t-on ranger tout ce qui traîne ? Nommer les objets et leur fonctionnalité respective (je range les assiettes dans le buffet, les feutres sur l'étagère, les vêtements dans l'armoire...)  Jeu d ’intrus : dans une série d'objets ou d'images en rapport avec un thème, retrouver l'intrus qui n'a pas sa place parmi les autres, et justifier. (une série de jeux : enlever ce qui n'est pas un jeu) Jeu de l ’objet caché : demander aux enfants de retrouver un objet caché en posant des questions à la maîtresse, puis à un enfant qui cache lui-même l'objet (est-ce qu'il est sous le coussin ? sur l'étagère ?...). Répondre uniquement par oui ou non...

Jeu des contraires pour organiser le lexique des verbes ( entrer/sortir…) des adjectifs (long/court…) des adverbes et des prépositions ( dessus/dessous) Jeu des comparaisons: armoire, placard, buffet, étagère... Où les trouve-t-on dans la maison ? Que range-t-on dans chacun de ces meubles ?  Catégo: Outil pour apprendre à catégoriser Sylvie Cèbe/Roland Goigoux ed Hatier Flexi MS: Outil pour apprendre à catégoriser en développant sa flexibilité ed La cigale

ETAYAGE DE L' ENSEIGNANT *Intervention sur la forme: - l'espace: disposition physique dans la gestion du dispositif et modulation de la gestion des groupes ( nombre, taille,forme) - le temps:succession d'un certain nombre d'étapes graduées. - le support: identique ou différent - la tâche langagière: l'attendu - le rôle et le statut donnés aux élèves: privilégier des moments d'interaction en soutenant la prise de parole, en soutenant l'écoute. * Intervention sur le fond: - faciliter la tâche cognitive ( feed back, reformulation...) - privilégier le dialogue pédagogique = INTERVENIR MOINS MAIS MIEUX

Mouvements d’évolution dans la dynamique interactionnelle : des essais aux formes linguistiques stabilisées et maîtrisées (Canut 2006) ADULTE reprises et reformulations REPRISES de l’enfant Immédiates Différées Incomplètes Complètes Essais Autonomie Maîtrise des constructions

Modalités d’interaction peu efficaces pour le développement du langage Non reprise d’occurrences et non reformulation des essais = stagnation linguistique Exemple de Nicole (5 ans 8 mois) N2- i(l) regarde sa chaussette qu(i) est sur la tête A3- Sa chaussette, oui, il a mis une chaussette sur sa tête, hein. 15 jours plus tard : N3- eh ben la petite fille e(lle) / e(lle) / e(lle) va refaire tomber le petit ber/ le petit gars qui passait A3- Elle va le pousser Aucune occurrence dans les enregistrements suivants : l’enfant n’a pas été entraînée à aller au-delà de son niveau actuel, elle ne peut pas faire l’expérience d’autres fonctionnements, elle s’arrête.

Modalités d’interaction peu efficaces pour une verbalisation maximale Les ordres invitent plus à l’action: « viens ici », « montre-moi comment tu fais (réponse : comme ça) » Les questions : engendrent des réponses minimales « oui » ou « non » ou la production de syntagmes isolés. A : c’est quand que tu es née ? - E : ce matin ». A : qu’est-ce qu’on voit ? - E : qu’on voit ? A : comment ils s’appellent tes amis qu(i) ont des chiens ? - E : euh Milou Les phrases interrompues avec ton suspensif A : toi tu es mon cousin et moi je suis quoi ? je suis ta cou/ - E : pine

Des situations de dialogues moins favorables que d’autres à la production de verbalisations maximales L’enfant en action (motricité ou jeu ou dessin…). L’évocation du vécu de l’enfant non partagé par l’adulte. La description d’images représentant des objets et des personnages non impliqués dans des actions. L’invention d’une histoire à partir d’images nouvelles, inconnues. En revanche, la narration d’histoires connues de l’enfant peut être un support efficace de verbalisation élaborée (Cf Bruner, Chiland, Diatkine, Dombey, Giasson et Boisclair, Lentin, Wells,…)

En résumé… Pas de progression identique à tous les enfants. Nécessité d’une évaluation formative. L’apprentissage du langage est individuel, dépendant des modalités d’interaction proposées par l’adulte. Ces affirmations (étayées par les recherches) ont des implications didactiques et pédagogiques…