La caméra participante de Flaherty L’observation filmique basée sur la collaboration entre observateur et observé
La tradition de Flaherty Long séjour sur le terrain Caméra participante Filmer la rencontre entre observateur et observé, son intersubjectivité Collaboration entre observateur et observé Feedback des enregistrements filmiques Mise en scène du réel, basée sur l’authenticité
Mise en discussion du paradigme positiviste La collaboration avec les personnes filmées, le feedback, remettent en question la méthode d’observation et de récolte de données des anthropologues positivistes La recherche d’une modalité interactive casse le principe de l’observation distante, de la relation verticale et unidirectionnelle entre observateur et observé, qui fonde la démarche positiviste Reconnaissance de l’impact de la relation entre observateur et observé, filmer la réalité inter-subjective qui résulte de la rencontre
« L’auteur fixe toujours son objectif avec un regard adressé vers le bas, il ne se tourne jamais vers l’autre: il est toujours le grand homme de New York ou de Londres. Mais moi j’ai été dépendant de ces personnes, j’ai été avec eux des mois, j’ai voyagé avec eux, j’ai vécu avec eux (…). Tout mon travail a été construit avec ces personnes, je n’aurais rien fait sans eux. Nanook est en définitive le résultat de ces rapports humains. » (Flaherty, in Napolitano, 1975)
Redécouverte de la méthode de Flaherty Sa méthode est redécouverte après les années ‘50, en particulier par Rouch On s’inspire de Flaherty pour casser la rigidité des rôles entre observateur et observé Insertion du feedback en tant que méthode de recherche ethnographique Introduction dans le film ethnographique de la réalité subjective des personnes filmées, compte rendu de la rencontre intersubjective
« Pour Robert Flaherty, en 1920, filmer la vie des Eskimo du Grand Nord c’est filmer un Eskimo en particulier, non pas une chose, mais un individu, et l'honnêteté élémentaire consiste à lui montrer ce que l’on fait. Quand Flaherty bricole un laboratoire de développement dans une cabane de la baie d’Hudson, quand il projette ses images toutes neuves à son premier spectateur, l’Eskimo Nanook, il ne sait pas, qu’avec des moyens dérisoires, il vient d’inventer tout à la fois ‘l’observation participante’ qu’utiliserons quelque trente ans après les sociologues et les anthropologues, et le ‘feedback’ que nous expérimentons encore si maladroitement. » (Rouch, 1979)
La caméra participante Selon Luc de Heusch, la tradition de Flaherty ouvre la voie à une méthode plus féconde pour comprendre la réalité sociale Cette méthode basée sur la collaboration entre cinéaste et personnes filmées annonce l’observation participante utilisée plus tard par les chercheurs et cinéastes en sciences sociales Le cinéma de participation témoigne une rencontre et sa force est celle de rendre évident ce que d’autres films essayent de masquer, en sollicitant les personnes filmées à imprimer leur culture dans le film
« Il s’est avéré depuis une trentaine d’année qu’une méthode bien plus féconde pour appréhender la réalité sociale consiste à obtenir la collaboration effective des hommes dont le cinéaste veut exprimer les passions, les travaux et les soucis. Dans cette perspective, qui renonce aux faux prestiges de la caméra et du reportage ‘saisi sur le vif’, les hommes deviennent les acteurs de leur propre condition authentique. Il ne s’agit plus, cette fois, de capter dans sa pure spontanéité idéale la réalité ‘brute’, mais de rechercher la participation active de l’ouvrier, du paysan, à la construction du film. (…) Le film, dans cette perspective, est à la fois description et essai de communication; il recherche la communion, le dialogue avec la caméra. (…) De cet art dont il a inventé la méthode, Flaherty demeure le maître inégalé. » (Luc de Heusch, 1962)
Nanook of the North Le film qui mieux témoigne l’approche filmique de Flaherty Il passe 15 mois, de 1920 à 1922, dans la baie de Hudson au Canada pour filmer les Inuits, après quatre expéditions où il avait ramené du matériel photographique et filmique qui a brûlé lors d’un essai de montage Son propos est celui de montrer les Inuits face à la nature, avec une vision naturaliste, harmoniciste, nostalgique d’un monde naturel en voie de disparition
La méthode Flaherty observe d’abord la vie de Nanook et de sa famille, en vivant longtemps avec eux Flaherty ne filme pas Nanook à la trace, mais engage avec lui un dialogue, lui demande de collaborer étroitement au portrait ethno-sociologique qu’il entreprend Avant de filmer, il crée avec la collaboration de Nanook et de sa famille un scénario
Mise en scène du réel, feedback, métissage du regard Mise en scène du réel basée sur une reconstruction authentique de la réalité, où Nanook interprète le rôle de Nanook Projection des rushes à Nanook et sa famille pour solliciter leur réaction et introduire dans le film leur représentation subjective, leur manière de percevoir le monde Regard en mouvement d’approche, de sympathie et de proposition d’échange Bases de l’anthropologie dialogique, du métissage du regard, voie ouverte vers la réciprocité des reconnaissances culturelles