Sociolinguistique - 4 A propos de l’élaboration d’une norme (questions de normalisation/standardisation) La question de l’écriture
A propos de l’histoire du français "Il est fort difficile d'écrire bien en notre langue si elle n'est enrichie autrement qu'elle n'est pour le présent de mots et de diverses façons de parler. Ceux qui écrivent journellement en elle savent à quoi leur en tenir ; car c'est une extrême gêne de se servir toujours d'un même mot". (Ronsard, Préface de la Franciade)
Nombreuses questions à analyser quand on entreprend l’écriture d’une langue « Si le système de notation est une question qui mérite de susciter l'intérêt, on ne peut réduire à cet aspect la totalité des questions posées par l'écriture d'une langue : bien d'autres aspects doivent être analysés qui vont des questions de politique linguistique, ou d'économie, aux données sociolinguistiques et psycholinguistiques (attitudes et voeux des locuteurs), en passant par des problèmes littéraires et textuels qu'il faut aussi analyser. Il conviendrait encore de mentionner les aspects pédagogiques, pour lesquels les références bibliographiques ne manquent pas… » (MCHM, Ecrire en créole, Avant propos)
Débat sur la langue : « standard » : basilecte ou acrolecte ? Dans le cas de la diglossie : cf. thèses de Jean Bernabé avec le concept de « déviance maximale » Mais cf. les thèses du Cercle Linguistique de Prague : accessibles dans Bédard (Edith) et Maurais (Jacques), éds., 1983 : La norme linguistique, Conseil de la langue française, Québec / Le Robert, Paris, 850 p.
Une citation de Havranek, Bohuslav et Weingart, Milos, 1932 : "La compréhension des normes de la langue standard contemporaine ne peut se fonder ni sur une norme antérieure ni sur une forme quelconque de la langue populaire, actuelle ou passée - quoi qu'on en dise dans certains [travaux puristes] ; elle ne peut non plus se fonder uniquement sur la langue qui serait utilisée dans un but fonctionnel particulier, par tel ou tel courant littéraire, ou encore dans un seul secteur de la science ou de la vie quotidienne [...].
On trouve une autre source d'information sur les normes de la langue standard actuelle dans l'intuition linguistique que les intellectuels en ont aujourd'hui ainsi que dans leur propre langue orale, toute coloration locale ou argotique idiolectale étant bien entendu exclue" (p. 800 in Bédard et Maurais, éds.).
C. Baylon (1991, pp. 161-162) rappelle que : « La norme linguistique n'est qu'un aspect de l'ensemble complexe des normes sociales. Elle fonctionne dans une société comme un régulateur du comportement collectif. La mépriser n'entraîne des sanctions que dans l'enseignement, "mais dans des sociétés où des puristes régentent la langue et où l'Etat même légifère, ce qui est le cas en France, les journalistes, les écrivains, les publicistes, etc. risquent également d'être blâmés, s'ils commettent des infractions" (Bodo Muller, Le français d'aujourd'hui, p. 264)... .../...
...De fait, on subit les conséquences de toute atteinte à la norme linguistique en s'exposant en général à une communication plus difficile, à des commentaires critiques, à un déclassement social, à une disqualification (par exemple, quand on manque de compétence dans une langue technique ou que l'on fait des fautes en rédigeant une demande d'emploi). Elément déterminant le comportement social, lequel évolue, la norme linguistique est soumise au changement, même si elle paraît identique pendant plusieurs générations ou que le locuteur la perçoit dans une sorte d'intemporalité. Elle est donc toujours liée à une époque historique. »
Comment une langue accède progressivement à l’écriture
Des différences essentielles entre langue écrite et langue orale (différence de situations de discours, et donc différences dans le degré de connivence et donc dans la redondance) peuvent découler des situations de diglossie… Nous verrons que ces situations de diglossie peuvent aussi provenir de situations de colonisation, de situations de déportation de populations, ou de situations d’obligations de vivre ensemble pour des locuteurs de langues différentes… Avec choix d’une variété linguistique pour certaines fonctions tandis qu’une autre sert à d’autres fonctions…